caleb - let me show you how sadness can turn into happiness

prénom(s) : Caleb Jonathan nom de famille : Anderson âge : trente-cinq ans. origines & lieu de naissance : anglais, né à Bristol le 20 Avril 1989 statut civil ou amoureux : happily married emploi ou études : Chef étoilé et patron de l'Interlude, restaurant de gastronomie française dans le quartier de Clifton orientation sexuelle : hétérosexuel. Tu ne t'es clairement jamais posé aucune question à ce sujet, les courbes féminines sont les seules qui te font vibrer. aspiration choisie : to build a home [/i]) faceclaim : Penn Badgley  

Ton personnage a choisi une aspiration, autrement dit un souhait à long terme ou un but à poursuivre : que peux-tu nous dire sur ce qui l'anime ? Pourquoi cette aspiration et pas une autre, en quoi iel se retrouve dans celle-ci et en quoi cela influe aujourd'hui sur sa vie ?

Tu as toujours été un romantique. Un amoureux de l’amour. Alors on aurait sûrement pu te retrouver dans l’aspiration de l’amour. Surtout que tu en as beaucoup à donner. Si on t’avait posé cette question il y a cinq ans c’est surtout cette partie qui aurait été la plus élevée pour toi, bien que tu aies toujours aimé ta famille. Les relations que tu entretiens avec tes parents ont toujours été bonnes. Tu aimes tes sœurs, tu les aimes beaucoup et tu seras toujours là pour elles quand elles auront besoin de leur grand-frère. Mais le sens de la famille ou plutôt le réel amour profond de celui-ci, tu l’as vraiment découvert depuis la naissance de tes enfants. D’abord ce sont les jumelles qui sont arrivées, Lucy et Lena. Tes princesses, comme tu les appelles tout le temps. Tu te rappelles encore de toutes les émotions qui sont venues te donner une claque quand tu les as tenues pour la première fois dans tes bras à la maternité. Ces deux petites filles sont les tiennes. Elles ont ton sang. Elles portent ton nom. La moitié de ton ADN. Et c’est quand tu as plongé ton regard dans le leur que tu as compris : tes enfants seront ta priorité à présent et tu t’es instantanément transformé en papa poule. Complètement gaga de tes enfants. Parce qu’aujourd’hui il y a aussi Mael qui vous a rejoint. Comme tout parent tu passes tout ton temps à t’inquiéter pour tes enfants. Toujours. Tout le temps. Tu les aimes tes enfants. Oh que oui. Et tu es déjà tellement fier d’eux. Fier de leur évolution. Fier des jumelles qui vont bientôt avoir quatre ans et qui ont déjà bien leur propre caractère toutes les deux. Fier de Mael qui aura deux ans dans quelques semaines et qui continue d’évoluer toujours un peu plus chaque jour. Tu as longtemps cru que le rôle de ta vie se trouvait en cuisine, à chercher de nouvelles recettes pour provoquer toute sorte d’émotion lorsque les clients goûteront au nouveau plat. Mais tu t’es trompé. Le rôle de ta vie, c’est ton rôle de père. Tu es fait pour ça.  

PART I

Blackberry Hill Hospital, Bristol – Juin 2017

Tu comptes bien ignorer la raison qui t’a poussée à te retrouver ici le plus longtemps possible, tu n’as absolument pas envie d’en parler. Le psychiatre que tu as rencontré lors de ton arrivée dans cet hôpital t’a vivement conseillé des sessions avec la psychologue du service, alors dans l’espoir que l’on te laisse rentrer chez toi au plus vite, tu as accepté.

Te voilà donc, recroquevillé sur toi-même jouant nerveusement avec tes doigts en évitant tant bien que mal le regard de la psychologue dont tu n’as même pas retenu le nom. « On peut prendre tout le temps dont vous avez besoin, Monsieur Anderson. » C’est finalement elle qui brise le silence régnant dans la pièce mais malgré cette sollicitation tes yeux fixent toujours tes mains. « Parlez-moi de votre famille, de quelque chose qui vous rend heureux. » Cette fois elle parvient à te faire rire, mais pas parce qu’elle vient de dire quelque chose qui t’amuse, non. C’est un rire vide, sans joie, parce que le bonheur, tu en as oublié la sensation. À cet instant présent tu es persuadé que plus jamais tu ne seras heureux et c’est d’ailleurs pour ça que tu es ici, parce que t’as voulu en finir. Comme si respirer te demandait un effort insurmontable, tu reprends une longue inspiration et pour la première fois depuis que tu t’es installé sur cette chaise, tes yeux noisette se posent sur la psychologue assise en face de toi. « Qu’est-ce que c’est le bonheur selon vous ? » Ses sourcils se lèvent, comme si elle ne s’attendait pas à ce que tu lui poses cette question, ou comme si elle ne pensait pas entendre le son de ta voix aujourd’hui. « En voilà, une question intéressante. Je peux vous poser la même question ?  » Tu n’en as pas la moindre idée. Pour toi le bonheur n’est qu’une illusion dans laquelle on se cache pour essayer de survivre à la cruauté de la vie. « Je suis né à Bristol. Mes parents étaient jeunes quand ils se sont rencontrés. Avant de rencontrer mon père, ma mère vivait à Bristol mais quand mon père a décidé de racheter un corps de ferme à Elimbah, elle a tout lâché pour partir vivre avec lui. C’est seulement à une heure de Bristol en voiture, donc elle pouvait faire la route régulièrement pour rendre visite à sa famille. Mon père adore bricoler, alors il a retapé toute la maison quasiment intégralement seul. Je suis l’aîné de ma fratrie, j’ai trois petites sœurs. Primrose est née quand j’avais cinq ans, et les deux dernières sont des jumelles j’avais douze ans quand elles sont arrivées. » Mieux vaut parler de ton enfance plutôt que répondre à sa question sur le bonheur. Elle n’est pas bête, elle est psychologue, elle sait très bien que tu as décidé d’éviter les sujets sensibles pour le moment. Tu n’as pas envie d’évoquer ce qui t’a poussé à essayer de mettre fin à tes jours il y a quelques jours. Tu n’as pas envie de parler d’elle. Tu n’as pas envie de lui expliquer ce que tu ressens. Tout va bien. C’est ce que tu essaies de lui faire croire en tout cas – ou bien tu tentes tant bien que mal de t’en convaincre ? Oui, c’est sûrement ça.

Sauf que tu te rends compte assez rapidement qu’il n’y a pas matière à tourner autour du pot, avant l’événement tragique qui s’est passé il y a six mois tu n’étais pas à plaindre. Tu as eu la chance d’avoir des parents présents et surtout, aimants, qui t’aiment toi mais aussi tes sœurs. Mais il y a tout de même une petite part d’ombre qui vient hanter ton enfance et une partie de ton adolescence et ça, tu n’en parles que très peu. Tristement, tu as fait partie ces personnes qui avaient du mal à parler. Tu as bégayé pendant des années, et on ne parle pas d’un petit bégaiement par-ci par-là, non, mais de celui-ci qui t’a bouffé la vie. Il était impossible de t’entendre prononcer une phrase sans buter sur plusieurs mots et vous vous doutez bien qu’un handicap pareil, ça ne passe pas inaperçu. Les enfants sont cruels entre eux, n’est-ce pas ? Et tes camarades de classe prenaient tous un malin plaisir à pointer ça du doigt en se moquant ouvertement de toi. Aujourd’hui on peut le dire clairement, t’as été victime d’harcèlement scolaire durant la quasi-totalité de ta scolarité. T’avais l’étiquette du bègue, et chacune de tes prises de parole étaient toujours suivies des rires de tes camarades. Autant dire que ta confiance en toi en a pris un coup, et déjà que tu étais plutôt solitaire et introverti leurs moqueries n’aidaient en rien. À l’école tu n’avais pas beaucoup d’amis mais ça, c’est sans aucun doute la faute de ton bégaiement (et sûrement aussi parce que la solitude ne t’a jamais dérangée, bien au contraire tu aimes ça et tu en as clairement besoin pour le bien de ton équilibre personnel.) Il y a bien Birdie qui prenait ta défense de temps en temps, elle n'était pas non plus l'élève la plus populaire ni la plus aimée à l'école et bien que vous ayez toujours été très différents sur bien des points, au moins là-dessus vous pouviez vous comprendre. Après plusieurs années d’orthophoniste et un grand travail sur toi-même, tu as fini par laisser ce trouble derrière toi, et bien qu’il lui arrive de ressortir encore à l’heure d’aujourd’hui lors de grand moment de stress ce n’est rien comparé à ce que c’était avant. Mais même si lors de ton entrée à l’adolescence le bégaiement était derrière-toi ça, tu avais cette étiquette bien trop collée sur le front pour qu’on ne continue pas à l’utiliser pour faire de toi la risée de la cruauté des autres. Au final, tu ne disais plus rien, te contentant simplement de baisser la tête en les laissant dire.

“ You get ready, you get all dressed up to go nowhere in particular. Back to work or the coffee shop, doesn't matter 'cause it's enough to be young and in love.”

Blackberry Hill Hospital, Bristol –  Juin 2017

Voilà une semaine que tu es arrivé dans cet hôpital. Une semaine que tu refuses constemment la moindre visite de ta famille ou de certains de tes amis qui veulent te montrer leur soutien en venant passer quelques heures avec toi. En réalité, au fond de toi tu as bien évidemment conscience que ça pourrait te faire du bien mais tu ne t’en sens pas encore capable. Tu n’as pas la force d’affronter leur regard plein de pitié, ou d’empathie. Pas la force de devoir faire face à leurs questions sur les raisons qui t’ont poussées à passer à l’acte il y a une semaine. Tous les médicaments que tu prends depuis ton arrivée ici devraient commencer à faire effet mais pourtant, tu ne vois aucune amélioration dans ton état. La seule chose que tu peux affirmer c’est que les angoisses sont beaucoup moins envahissantes et ça, tu sais que le dois à ce petit comprimé blanc que tu prends plusieurs fois par jour mais le reste est bien inchangé.

Aujourd’hui, c’est la deuxième séance avec la psychologue. Ça fait beaucoup, pour toi, parce que ce matin tu as aussi eu droit à un entretien avec le psychiatre du service mais t’es pas franchement sûr qu’ils soient réellement utiles. Le médecin te donne l’impression qu’il n’est là que pour la prescription des médicaments mais il t’a aussi dit qu’il faut attendre deux semaines pour que les antidépresseurs puissent commencer à faire effet. Alors tout ce qu’il te reste à faire, c’est attendre. Encore et toujours. « Comment est-ce que vous vous sentez aujourd’hui ? » Doucement, tu relèves le regard vers la psychologue sans trop réellement savoir quoi lui répondre. Tu vas mal. Toujours. Des idées noires envahissent toujours ton esprit et tristement, tu te détestes toujours autant de ne pas avoir réussi à mettre fin à tes jours. Voilà ce que tu as envie de lui répondre, mais n’en trouvant pas la force tu te contentes de lever les épaules sans un mot. « Le médecin m’a dit que ce matin, vous lui avez exprimé une baisse des angoisses ? C’est une bonne chose, ça. Vous devez vous sentir un peu apaisé. » Encore une fois, tes épaules se lèvent et voilà ta réponse. Elle a raison, tu es moins angoissé mais le bout du tunnel est encore loin, tu n’en vois même pas la lumière. Mais mine de rien, votre dernière séance t’avait tout de même fait du bien, alors autant essayer d’en tirer quelque chose et c’est après quelques minutes de silence durant lesquelles tu essaies de te souvenir de là où tu t’es arrêté la dernière fois. Tes yeux se baissent sur tes mains, tes doigts viennent effleurer ton alliance encore autour de ton annulaire malgré le décès récent de ta femme. « J’ai commencé à cuisiner assez jeune. Je ne sais plus si je vous en ai parlé la dernière fois ? » Tes yeux trouvent les siens rapidement. Habituellement lorsque tu parles de cuisine ton regard pétille mais là, rien. Rien du tout. « Je suis chef cuisinier, dans mon propre restaurant, l’Interlude, dans la quartier de Clifton. Tout petit, j’adorais aider ma mère en cuisine, et puis assez vite j’ai commencé à vouloir cuisiner moi-même pour la famille les dimanche midi. Au début je me contentais de reproduire à la lettre les recettes dans les livres de ma mère, et puis très vite j’ai commencé à avoir plein d’idées différentes. Il y a eu des ratés, clairement. Mais quand je sentais qu’il y avait du potentiel dans la recette, je la refaisais en boucle toutes les semaines jusqu’à ce que je trouve les dosages et combinaisons parfaites. » Il y a d’ailleurs des chances pour que tes parents et tes sœurs en aient eu marre plus d’une fois de toujours devoir goûter au même plat mais avec des versions différentes en boucle. Mais ils ont rapidement compris que tu avais du potentiel et avec ta passion, ton talent grandissait de jour en jour et aujourd’hui, même si la dépression profonde dans laquelle tu te trouves t’empêche de t’en rendre compte, la cuisine est, et restera ton échappatoire. Pour le moment tu ne peux pas le savoir, mais la cuisine et ton restaurant vont te sauver et être ton plus gros pilier dans les mois et années à venir. « Je disais même que plus tard, je serai un grand chef étoilé et que j’aurai plusieurs restaurants un peu partout dans le monde.  » Tu avais de l’ambition, en étant enfant ça c’est une certitude.

Si la cuisine t’a aidée à surmonter les années difficiles à l’école, ce n’est pas la seule chose qui a aidé à rendre tes années lycée moins compliquées. Il y avait cette fille, aussi. Que tu as rencontré lors de ta dernière année au lycée. « Je ne sais pas si vous croyez au coup de foudre, à l’amour dès le premier regard ? » C’est une question rhétorique, tu n’attends pas réellement une réponse de sa part. « Elle s’appelle Alexandra. Alex. On s’est rencontrés au lycée. Elle venait tout juste d’arriver, elle avait un an de moins que moi, on n’était pas dans la même classe. Mais je me souviens encore de la toute première fois que je l’ai croisé dans les couloirs… je sais que ça peut sembler cliché ou même faux, mais je suis tout de suite tombé amoureux d’elle. Elle dégageait quelque chose de spécial… Un charme naturel, je sais pas trop. Mais dès que je l’ai vu, je suis tombé amoureux d’elle…. » Ça a été très fort entre vous. Alex est ton premier amour après tout. Le premier baiser, la première fois, le premier tout, c’est avec elle que tu as tout expérimenté. Tu étais très amoureux, et la relation avec Alex t’a au moins permis d’apprécier la dernière année au lycée. Vous étiez inséparables, c’était beau à voir et assez touchant à l’époque, mais personne ne misait sur votre relation. En même temps, on ne peut pas leur en vouloir. Tu avais dix-sept ans lorsque vous vous êtes rencontrés, bien trop jeune pour imaginer que ce couple d’adolescents allait durer aussi longtemps. Et pourtant…. Et pourtant c’est cinq années que vous avez partagé ensemble. Cinq ans ça peut sembler pas grand-chose, mais sur l’échelle d’un jeune de vingt ans c’est finalement beaucoup. C’est ce dont tu avais l’impression en tout cas. Alexandra est très vite devenue le centre de ta vie, le genre d’histoire d’amour que l’on pourrait presque raconter dans les films. Lorsque vous n’étiez pas au lycée ensemble vous passiez l’entièreté de votre temps à vous appeler ou vous envoyer des messages pour vous raconter vos journées. Tes parents l’aimaient beaucoup, bien que plus vous grandissiez, plus vos chemins semblaient prendre une direction différente. Toi tu es toujours resté ce jeune homme timide et réservé dans son coin et plus tard, elle a fini par se transformer en une vraie fêtarde aimant frôler l’excès pour tester ses limites et toujours les pousser un peu plus loin. Ce mode de vie, toi, tu ne l’as jamais compris. T’as toujours été bien plus calme et sur la réserve que la jeune fille, mais toutes ces différences, selon toi, elles faisaient aussi le charme de votre couple. Tu aimais Alex aussi parce qu’elle te poussait à sortir de ta zone de confort et à tester de nouvelles choses. Tu l’aimais parce qu’elle te faisait voir le monde autrement. Lorsque le lycée s’est terminé pour toi, tu te préparais à entrer dans une école de restauration et Alex devait terminer sa dernière année au lycée. L’école que tu convoitais se trouvant à Bristol – et donc à une heure de là où ta famille vivait, la mère d’Alex t’a gentiment proposé de t’héberger pour te faciliter la vie. C’était assez inespéré, et l’idée de pouvoir vivre dans la même ville où tu allais étudier et partir en stage était bien évidemment parfaite, alors tu n’as pas hésité une seule seconde avant d’accepter. Non seulement tu savais que ça te faciliterait la vie, mais pouvoir vivre avec ta petite-amie était clairement un plus non négligeable. C’était génial, cette première année. Tu passais tes journées à l’école à en apprendre plus sur la cuisine, la pâtisserie, sur différentes techniques que tu ne connaissais pas et le soir tu pouvais profiter de ton temps libre pour le passer avec Alex, puisque tu vivais avec elle et sa mère. Il y aussi ton oncle, patron de son propre restaurant qui avait accepté de te donner des petits jobs dans son restaurant, comme la plonge ou même le service certains soirs ou le week-end de temps en temps. Ainsi, tu pouvais continuer à te rapprocher de la cuisine, parfois il te prenait un peu sous son aile pour te montrer deux trois astuces en cuisine, et puis ça te permettait de gagner un peu d’argent pour aider tes parents à payer tes études.

Tout était parfait, et tout se passait tellement bien qu’un an après, Alex et toi vous décidez de vous émanciper et de prendre un appartement tous les deux. C’était pas grand-chose. C’était même assez petit et plutôt modeste, mais tu n’as jamais eu besoin de beaucoup pour être heureux, surtout lorsque tu es amoureux. Et amoureux, tu l’étais. Oh que oui. Plus le temps passait, plus tu l’étais. Tu t’es d’ailleurs très rapidement imaginé te marier et fonder ta famille avec Alex. C’était un peu prématuré pour en parler ou même pour sauter le pas. Après tout, tu n’avais que vingt ans à l’époque. Mais plus les années passaient, plus tu y pensais. Jusqu’à ce que tu te dises que tu allais enfin sauter le pas. Vous étiez encore assez jeunes à ce moment-là. T’avais que vingt-deux ans mais tu savais. Tu savais que tu avais trouvé la femme de ta vie. Tu savais que tu allais vieillir à ses côtés et qu’elle serait la mère de tes enfants. Après tout, tu avais vingt-deux ans mais vous étiez ensemble depuis cinq ans. Tu étais décidé de lui faire ta demande, t’avais même demandé à Nate le cousin d’Alex de t’aider à lui trouver une bague de fiançailles. Il était plus vieux que vous, déjà marié, tu lui avais demandé quelques conseils pour rendre ce moment magique pour Alex et toi. La bague de fiançailles que tu avais achetée pour elle était cachée dans un endroit où Alex ne mettait jamais les pieds : la cuisine (oui oui.) Planquée au fin fond d’un placard qu’Alex n’avait sûrement jamais ouvert de sa vie.

Sauf que t’es tombé de haut.
Parce que si toi tu étais fou amoureux d’elle, ce n’était apparemment pas réciproque.
Tu n’as finalement pas eu le temps de lui faire ta demande.
Tu n’as finalement pas eu le temps de réfléchir à comment rendre ce moment magique pour vous deux.

Alex ne t’aimait plus. Alex n’était plus là. Un soir, alors que tu rentrais épuisé du service du soir ta petite-amie n’était pas chez vous. C’était loin d’être la première fois, étant bien plus fêtarde que toi il n’était pas rare qu’elle profite des soirées que tu passais au travail pour sortir avec ses amis mais elle t’envoyait toujours un message pour te tenir au courant sauf que cette fois, rien du tout. Alors c’est toi qui as essayé de l’appeler pour te rassurer et ne pas t’inquiéter. Pas de réponse. Elle est sûrement occupée et n’a pas vu ton appel alors tu ne t’inquiètes pas tout de suite, tu lui envoies un message et lui laissant le temps de répondre tu files sous la douche afin de te préparer à aller au lit. Et puis toujours rien. Il faut dire que lorsque tu entres dans la salle de bain de votre appartement tu remarques que ses produits ont disparus : tu n’y vois plus ses crèmes ou son maquillage qui traîne toujours un peu partout. C’est plutôt rare, mais il est déjà arrivé une ou deux fois qu’elle dorme sur place après une soirée et peut-être que c’est ce qu’elle prévoit de faire ce soir, ce qui expliquerait la disparition de ses produits. En revanche, si elle ne dormait pas chez vous cette nuit-là il est sûr qu’elle t’aurait prévenu. Ok d’accord. C’est bizarre. C’est étrange. Tes sourcils se froncent et tu ne comprends clairement pas ce qu’il se passe. Après ta douche tu lui envoies deux nouveaux messages qui restent sans réponse parce que là, tu commences à t’inquiéter. Le lendemain Alex non plus n’est pas là et c’est tout simplement parce que tu viens de te faire larguer, Caleb. Enfin. Est-ce qu’on peut réellement appeler ça une rupture ? Pas vraiment, non. Alex ignore tes messages et tes appels depuis plusieurs jours et tu as maintenant réalisé que toutes ses affaires ont disparues. Elle est partie. Elle t’a quitté, Caleb. Elle ne veut plus être avec toi et n’a pas assez d’estime pour ta personne pour te quitter directement. Elle a préféré s’évaporer sans un mot à ton égard. Son cousin devait savoir pourquoi elle était partie ainsi puisqu’il s’est contenté de te dire qu’il veillait sur elle.

Elle te t’aimait plus et elle est partie.
Et toi tu l’aimais tellement que tu allais lui demander en mariage.
Ton cœur est totalement brisé.

Oui, Alex était ton premier amour et ton premier tout. Il y a quelques jours lorsque tu disais ça à quelqu’un, c’était beau, c’était mignon.
Mais à présent tu pouvais aussi dire qu’elle était la première femme à t’avoir brisé le cœur et ça, tu t’en serais bien passé. T’es resté seul dans cet appartement que vous aviez choisi à deux, que vous aviez décorés à deux, à te répéter sans cesse que tu la détestais du plus profond de ton être de t’avoir brisé ainsi, alors qu’au final malgré tout, tu l’aimais toujours.

« On est restés cinq ans ensemble…mais ça ne s’est pas bien terminé. Un jour elle a juste disparue. Elle est partie avec toutes ses affaires et je n’ai jamais eu droit à une explication. Alex est partie du jour au lendemain et au même moment Birdie est revenue à Bristol. » Le contact visuel avec la psychologue est toujours très rare, tu préfères largement garder la tête baissée. « Qui est Birdie ? » Tu pensais en avoir parlé lors de la dernière séance mais apparemment, non. Rapidement tu relèves les yeux vers elle pour la regarder quelques secondes avant de te concentrer à nouveau sur tes mains. « On a un peu grandis ensemble. On était voisins, on se connait depuis…longtemps. tu serais incapable de donner un nombre d’années exact. On vivait dans la même petite ville et on allait à l’école à Bristol alors on prenait le bus tous les jours ensemble. On est très différents elle et moi. Comme vous avez pu le comprendre, j’ai toujours eu plus de facilité à créer des liens avec des personnes différentes de moi, je ne sais pas quelle analyse vous pouvez en tirer. » En temps normal tu aurais sûrement ri en disant cela, mais tu n’as plus le cœur à rire depuis des mois maintenant. « Enfin… on a fini par vraiment devenir amis et finalement on était assez proches. » Mais parler de Birdie te fait mal aussi. Parce que si elle et toi vous êtes tous les deux proches, elle l’était encore plus de Victoria. Sauf que Victoria n’est plus là. Victoria est décédée et t’as l’impression que quelque chose s’est légèrement brisé entre Birdie et toi depuis. De toute façon la fin de la séance vient de sonner et c’est avec un grand soulagement que tu quittes le bureau pour aujourd’hui.

PART III

“Love, it stings and then it laughs at every beat of my battered heart, a sudden jolt, a tender kiss I know I'm gonna die of this, and that's because I could drown myself in someone like you, I could dive so deep I never come out, I thought it was impossible but you make it possible”

Il s’en est passé des choses dans ta vie ces dernières années. À peine un mois après l’obtention de ton étoile c’est le retour d’une personne dans ta vie qui est venue tout bouleverser. Alex. Alexandra. Ton ex petite-amie. Ton premier amour. Celle qui t’avait brisé le cœur huit ans plus tôt était là, installée à une table de ton restaurant. Au début tu as cru rêver mais non, c’était bien réel. Pourquoi était-elle à l’Interlude ? Elle voulait voir l’accomplissement de ta vie, elle voulait être témoin de ta réussite. Enfin ça c’est ce qu’elle t’a dit, c’est l’excuse qu’elle a utilisée mais pour être tout à fait honnête tu ne l’as jamais vraiment cru. Encore aujourd’hui, d’ailleurs. T’es persuadé que si ce soir-là elle a choisi l’Interlude pour manger c’était dans l’espoir de te revoir et que vos chemins se recroisent. Tu ne lui en veux pas, tu ne t’en plains pas bien au contraire parce qu’aujourd’hui si tu as de nouveau une alliance qui habit ton annulaire c’est parce qu’elle est devenue ta femme il y a bientôt trois ans. Vos retrouvailles n’ont pas été simples, mais rien ne l’est avec Alex. Mais elle a finalement assez rapidement retrouvé une place dans ton cœur qui saignait pourtant encore le décès de Victoria. Quand Alex est revenue dans ta vie, si cliniquement parlant ton psychiatre venait de te déclarer enfin guéri de la dépression, tu ne nageais pas non plus dans le bonheur. Sûrement parce que tu refusais de faire entièrement le deuil de ta femme et qu’inconsciemment tu continuais à vivre dans le passé avec elle. Même lorsque tu as obtenu ton étoile tu n’es pas parvenu à être entièrement heureux. Tout simplement parce que pour atteindre un état de complet bien-être mental tu as toujours eu besoin d’avoir quelqu’un dans ta vie. T’es un amoureux de l’amour, Caleb. Un romantique inconditionnel, et si le décès de Victoria t’a complètement brisé ça n’a pas changé cette partie de ta personnalité. Bien que même un peu plus de deux ans après cette perte tu ne t’intéressais plus aux femmes. Tu ne les regardais plus. Tu ne pensais même plus pouvoir te remettre en couple un jour, mais ça c’est aussi tout simplement parce que tu ne t’autorisais pas à cela. Et puis Alex est arrivée. Alex t’a redonné le sourire. Elle te faisait rire et te donnait envie d’avancer. Elle parvenait même à te faire sortir de ta cuisine et ça, c’était un vrai petit miracle. C’est presque drôle quand on y pense. Victoria était celle qui avait soigné ton cœur brisé par Alex. Et Alexandra fut celle qui a guéri ton âme complètement brisée par le décès de Victoria.

Mais tu as fini par connaître la vérité sur le départ précipité d’Alex huit années plus tôt. Tu as fini par savoir pourquoi t’avait-elle un jour, abandonné du jour au lendemain après cinq ans de relation. Elle avait vingt-et-un an et elle était tombée enceinte. Déni de grossesse. Lorsqu’elle l’a appris cinq mois s’étaient déjà écoulés alors dans la panique, elle a fui sans plus jamais te donner de nouvelles. Mais malheureusement ce bébé elle l’a perdu. La nouvelle a été dure à avaler mais la raison pour laquelle tu lui en voulais le plus c’était simplement pour t’avoir abandonné comme elle l’a fait. Ça a été compliqué pour toi de lui refaire confiance. Il t’a fallu de longs mois pour ça. Sauf qu’encore aujourd’hui, il t’arrive d’avoir une montée d’angoisse à l’idée que le schéma puisse se reproduire à nouveau.

Aujourd’hui tu vas mieux. Beaucoup mieux. Bien que ta santé mentale ne soit toujours pas exemplaire, cette dépression et ce deuil t’ont réellement changé. Tu n’es plus le même Caleb que tu étais avant tout ça. Les moments d’angoisse et d’anxiété sont encore très nombreux et tu es encore traité pour ça.

Aujourd’hui votre couple va bien. Très bien même. Tu es toujours fou amoureux d’elle, et même peut-être encore plus depuis qu’elle a donné naissance à Lucy et Lena. Des jumelles qui n’étaient pas forcément prévues – pas si tôt dans votre relation en tout cas – mais qui ont tout de suite pris une place primordiale dans ton cœur et il ne va de même pour Mael, le petit dernier qui fêtera ses deux ans le mois prochain. Tu as longtemps pensé qu’être chef et patron de l’Interlude était ta raison de vivre mais aujourd’hui, tu sais que ce n’a jamais été vrai. Le rôle de ta vie, c’est celui de père de famille. Tu as toujours rêvé d’avoir des enfants, tu n’as jamais eu aucun doute là-dessus. Mais maintenant lorsque tu regardes tes enfants ou lorsque tu les prends dans tes bras, tu as l’impression que tous tes maux se taisent ou s’apaisent le temps d’un instant. C’est ça, le rôle de ta vie. C’est ton rôle de papa, et pour tes enfants tu pourrais faire n’importe quoi. Tu as tout pour être heureux. Une femme dont tu es fou amoureux et qui continue à te faire vibrer malgré les années passées ensemble. Des enfants que tu aimes plus que n’importe quoi. Un travail dans lequel tu t’épanouis.
Une santé mentale, certes, encore fragile et qui le sera certainement toujours, mais tu es heureux et apaisé. C’est finalement le principal.

deathly hallows (pronom elle)
prénom : Alicia âge : trente ans pays : france fréquence de connexion : tous les jours comment as-tu découvert Get Together ? suis-je vraiment obligée de répondre ?   type de personnage : inventé multicomptes : patience, patience... crédits : rileykeouhg & tay-swifts  un petit mot pour terminer ? tout est beau, tout est parfait, je ne suis qu'émotion