Better an honest enemy than a false friend ※ JAMES

28/08/1985

Better an honest enemy than a false friend

feat @James Weatherton & Halston Hargreeves 

L’indifférence était censée être le pire des mépris, comment devait-elle donc prendre celle de James Weatherton ? Halston ne le savait pas, du moins pas encore. Ce vieil ami avait eu une attitude étrange, lorsqu’il avait décidé d’approcher son compagnon sans même lui en toucher un seul mot. Eddie n’était pas une chasse gardée au niveau professionnel, l’agente de stars le savait bien, même si elle avait aimé la période où il « appartenait » à son agence. Ils n’avaient jamais été plus liés qu’à cette époque et malgré les problèmes que cela avait engendrés, la brune ne le regrettait pas car sans ce lien là, leur histoire n’aurait probablement jamais existée. Il était sain de ne plus mêler privé et travail, il en était persuadé, cela était un véritable mantra pour lui, cela devrait aussi l’être pour elle, tout du moins c’était ce qu’ils pensaient lui et sa famille. Il s’agissait d’un exercice moins simple qu’il ne le paraissait, pour une femme qui avait tout quitté pour suivre l’une de ses actrices dans un autre pays, dans lequel elles partagèrent un même logement. Les protégés de l’américaine avaient eu de l’influence sur sa vie et ce à trois reprises, même si cela ne lui avait pas rapporté que du positif, elle voulait encore croire qu’elle ne le regrettait pas, du moins pas entièrement. Le premier lui avait apporté un divorce, une carrière en lambeaux, la seconde lui avait permis de renaître tel un phœnix et le dernier avait rendu la création de sa propre famille possible, avant de lui faire croire qu’elle pourrait de nouveau porter le nom d’un autre homme. De grands pas en avant avaient été effectués, avant qu’elle ne soit contrainte de reculer. La fierté d’une Hargreeves ne devait jamais être mise à mal, et cela Eddie comme James ne l’avaient pas compris. Les derniers échanges qu’elle avait eus avec l’homme d’affaires l’avaient amplement prouvés, il n’avait pas mentionné une seule fois le magazine people qui avait semé le désordre, bien que son emploi du temps soit digne de celui d’un ministre, elle ne voulait pas croire que les propos de celui-ci ne soient jamais parvenus à ses yeux ou même à ses oreilles. L’humain est un être bavard, il l’est d’autant plus lorsqu’il a des potins à se mettre sous la dent. Halston avait donc décidé qu’elle allait mettre les choses au clair, en se rendant à son domicile.

L’américaine n’avait jamais été une grande adepte des esclandres publiques, elle savait pertinemment qu’elle ne serait pas capable d’être entièrement honnête en étant observée de toute part, elle était en partie soulagée qu’il accepte de la recevoir chez lui. Elle restait tout de même nerveuse à l’idée de devoir le confronter, parce qu’elle savait que cela ne serait pas une partie de plaisir, mais elle ne pouvait pas continuer d’intérioriser plus longtemps. Il ne devait pas être épargné sous prétexte qu’il l’avait soutenu durant la tempête médiatique MeToo, ni parce que le malheureux devait être actuellement en deuil. Une tragédie l’avait frappée, il avait perdu son père, ce qui représentait l’une des plus épouvantables épreuves que l’on pouvait affronter. La décence voudrait certainement qu’elle ne lui accorde son pardon, sans même lui faire comprendre qu’il l’avait blessé, mais Halston était suffisamment âgée pour savoir que sa bonté avait des limites. La brune ne pouvait pas fermer les yeux sur tout, encore moins sur un événement qui avait considérablement fragilisé son couple et dont il était en partie responsable. Il lui avait permis de rencontrer l’objet de discorde, mais surtout il lui avait permis de passer suffisamment de jours avec celui-ci pour qu’un rapprochement ne puisse se produire. Elle était curieuse de savoir ce qu’il allait en penser, allait-il remonter dans son estime ou au contraire l’enterrer profondément sous terre ? Il ne s’agissait plus qu’une question de minutes avant qu’elle ne le sache, puisqu’elle venait de sonner chez lui. Une fois qu’elle se retrouva face à son visage, elle fut dans l’incapacité de lui offrir le moindre sourire. « Bonjour, James. » La politesse n’était pas une chose sur laquelle elle allait faire l’impasse, elle attendit qu’il lui fasse un signe avant de pénétrer dans sa demeure. Les couleurs qu’elle arborait étaient à l’image de son humeur, sombres. James devait se douter qu’elle n’était pas assez soucieuse de ses tenues pour faire systématiquement exprès de les accorder à ses pensées, mais le fait qu’elle ne cherchait pas à masquer son absence de bonheur était tout de même flagrant. « Nous devons grandement discuté, toi et moi. » Dit-elle pour lui faire comprendre qu’elle ne supporterait pas que leurs discussions soient expédiées à la va-vite. Halston ne savait pas comment il se comportait lors d’une dispute, s’il allait chercher à fuir ou non, puisqu’elle ne s’était jamais querellée avec lui jusqu’à présent.

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10/08/1992

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@Halston Hargreeves ☆ James Weatherton

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Halston n'était pas rentrée dans les détails, lorsqu'elle avait insisté pour qu'ils passent un moment ensemble au domicile du créateur, qui bien que traversant des moments suffisamment compliqués pour avoir d'abord préféré vivre son deuil dans une certaine solitude chérissait ici l'idée de profiter de la compagnie de son amie. Halston non plus n'avait pas vraiment été épargnée ces dernières semaines, lorsque la presse à scandales s'était emparée du rapprochement survenu entre Eddie et la jeune Ruby, et là où l'on pourrait justement croire que James avait fait le lien entre cette affaire et le besoin d'Halston de s'entretenir avec lui, il en était en vérité bien autrement. Parce que si cet épisode était évidemment remonté jusqu'aux oreilles du créateur, qui n'avait eu qu'à poser les yeux sur un de ces journaux pour comprendre que le première fashion week d'Eddie Yang n'était définitivement pas passée inaperçue, il en avait vu suffisamment dans ce milieu pour que ce dérapage lui ait tout juste fait arquer un sourcil. Bien sûr, le fait qu'il soit ici question d'Halston et de l'homme que son amie était supposée épouser l'avait un temps placé dans une position inconfortable, mais James ne serait pas réellement James s'il n'était pas capable de balayer du revers de la main n'importe quelle situation dont il jugeait qu'on exagérait en vérité l'importance. Eddie avait posé ses lèvres sur celles d'une jeune et jolie mannequin ? Il n'était pas le premier dans ce cas, James en avait vu plus d'un se perdre dans les jolies yeux d'une de ces ravissantes jeunes femmes sans que ça n'ait pour autant secoué autre chose que la planète people.

Il faut dire que dans ce monde clinquant et démesuré, où l'on croisait autant d'artistes dévergondés que de génies peu enclins à s'enfermer dans des carcans, la fidélité n'était pas vraiment chose commune et la plupart de ses connaissances se moquaient bien de faire quelques entorses à leurs contrats de mariage – quand ils n'étaient pas déjà conçus pour leur offrir une totale liberté, à l'instar de celui de l'anglais. Ainsi James était-il à mille lieux de s'attendre à ce qui allait lui tomber sur le coin du bec, lui qui s'était convaincu qu'Halston avait tourné la page avec le même empressement que lui. Après tout, elle aimait Eddie, et tout un chacun savait que ce qui se passait pendant ces fashions weeks n'avait aucune raison d'en sortir. Et parce que les dernières semaines l'avaient déjà confronté aux moments les plus éprouvants de sa vie, il avait eu d'autres choses pour lui occuper l'esprit. Alors, c'est vrai, peut être bien qu'il n'avait pas été un ami à la hauteur sur ce coup et qu'il avait même manqué à tous ses devoirs, en traitant cet incident comme quelque chose de futile. « Bonjour, James. » L'accueillant avec un sourire poli, en demi-teinte en cette période encore douloureuse pour le créateur, James souffla. « Halston. Entre, je t'en prie. » Et s'écarta pour la laisser entrer, déjà un peu trop concentré sur l'énergie qu'il devrait déployer pour ne pas montrer l'état de détresse émotionnelle qui était le sien pour noter que le regard de la brune, lui, laissait transparaître une certaine froideur. « Nous devons grandement discuter, toi et moi. » - « C'est pourquoi on sera bien mieux ici que dans un lieu public. » Ils auraient pu aller prendre un café dans un de ces lieux où ils avaient leurs habitudes, mais à défaut de prendre la pleine mesure de l'importance de cette conversation, James pressentait au moins que ni elle ni lui n'aurait sûrement envie de s'épancher au milieu d'oreilles potentiellement indiscrètes.

L'invitant à le suivre, James prit la direction du salon et laissa Halston disposer de ces lieux que la brune connaissait bien mais qui aujourd'hui ne s’empliraient peut être pas de l'ambiance amicale et légère qui régnait généralement entre eux. Parce que même si James était doué pour tourner ce qui l'arrangeait en dérision, une part de lui pouvait déjà sentir qu'Halston n'était pas venue lui partager les derniers potins circulant dans le milieu, pas plus que boire une tasse de thé en toute décontraction. Prenant finalement place sur l'un des canapés, James reposa son regard sur la jeune femme et reprit. « Tu as dit que c'était important, au téléphone. Cristina ne devrait pas rentrer avant plusieurs heures, personne ne nous dérangera. » Ainsi quoi qu'elle soit précisément venue lui dire – il avait au moins le pressentiment que ça n'annonçait pas la discussion la plus décontractée qu'ils aient pu avoir – on ne les interromprait pas. Shady serait peut être le seul à pointer le bout de son museau, mais si quelqu'un avait toujours particulièrement apprécié la présence du félin au caractère pourtant bien trempé, c'était justement son amie. Finalement, alors que l'heure était pourtant à la prudence et qu'il aurait peut être mieux valu qu'il attende de savoir ce dont elle était venue discuter, James se risqua comme bien souvent à écouter son intrépidité lorsqu'il souffla quelques mots qu'il finirait probablement par regretter. « Et tiens, puisque tu es là, tu me feras penser à te montrer les croquis que j'ai commencé pour ta robe. Ils sont à l'étage, j'ai profité d'avoir un regain d'inspiration l'autre soir pour les avancer. » S'il avait seulement été capable de se mettre à sa place, il aurait déjà eu suffisamment d'éléments en sa possession pour comprendre que son futur mariage était justement la dernière chose dont Halston entendait discuter avec lui. C'était son problème, à James : il était peut être d'une dextérité hors pair quand il fallait manipuler une aiguille, mais dans son cercle proche il lui manquait bien souvent une dose cruciale d'intuition et de diplomatie.

28/08/1985

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Elle n’entendra pas une once d’interrogation sur son état, ce qui était soit une preuve qu’il s’en fichait éperdument, soit une preuve qu’il était trop centré sur lui-même pour s’en rendre compte. Le deuil était une épreuve à laquelle personne ne voulait se confronter, mais la mort n’était pas une chose contre laquelle on pouvait lutter, elle était inéluctable. Halston ne pouvait pas en dire autant de l’article qui avait mis le feu aux poudres, puisqu’il aurait pu ne jamais voir le jour si James n’avait pas eu l’idée absurde de transformer Eddie en mannequin. Est-ce qu’il aurait le culot de souligner qu’il avait pour unique but de le mettre en valeur, de lui donner une belle opportunité professionnelle ? Elle ne le savait pas encore, elle venait tout juste de mettre un premier pied chez lui. Il était évident qu’elle ne lui dirait rien sur son perron, elle n’avait pas spécifié vouloir le retrouver chez lui pour prendre le moindre risque d’être entendu par quelqu’un. La présence de Cristina aurait été encore plus gênante que de tomber sur un voisin un peu trop curieux, James avait donc judicieusement choisi le bon moment pour que leurs chemins ne se croisent pas. Le tempérament de sa femme aurait pu la pousser à se mêler de ce qui ne la regardait pas, même si elle n’avait probablement aucune idée de ce qu’elle pouvait ressentir, leur mariage étant loin d’être conventionnel. « Je ne pense pas que nous aurons besoin de plusieurs heures, mais l’absence d’interférence ne pourra que nous être bénéfique. » Le jeune homme n’avait pas besoin de son épouse pour le défendre, après tout. Ils n’étaient pas dans un tribunal seulement dans son salon, confortablement installés sur des canapés.

La déconnexion du Weatherton avait dépassé celle de son imagination, au point de la rendre muette. Il s’imaginait réellement que ce mariage allait avoir lieu malgré l’humiliation qu’elle venait de subir ? Pensait-il qu’elle était une femme dénuée de fierté ? La lèvre supérieure de la brune tressauta, avant qu’elle ne lui donne son opinion. « Tu peux les mettre à la poubelle. » Une réplique irrespectueuse envers son travail, mais pourquoi prendrait-elle la peine d’y aller avec des pincettes, quand lui n’en prenait même pas pour l’observer ? La bague qu’elle lui avait fièrement envoyée n’était pas présente à son doigt et cela aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. S’il devait exister un seul homme prêtant attention à tous les détails dans son entourage, c’était bien lui, celui qui savait comment embellir les femmes. Elle ne lui avait pas confié la confection de sa robe de mariée par hasard, il avait une vision que les autres ne possédaient pas, en plus de connaître ses goûts à la perfection. Halston n’avait pas eu besoin de s’étaler sur ses préférences pour qu’il débute son travail, qui l’attendait sagement à l’étage.

Elle aurait peut-être dû se taire, accepter de les voir pour s’accorder le loisir de les déchirer devant lui, mais l’américaine n’était tout bonnement pas douée pour calculer à l’avance comment causer le plus de mal possible à ses proches. Si la directrice de l’agence de stars était parvenue à blesser Eddie, c’était parce qu’elle avait agi sous le coup de l’émotion, elle n’avait aucunement prémédité de lui dire qu’il était pire que Nolan. « Je n’arrivais pas à croire tu puisses être aussi insensible à ma situation et pourtant tu l’es, juste devant moi. » Il l’avait vu s’effondrer pour son ex-mari, mais cette fois-ci elle doutait fortement qu’il puisse lui apporter le moindre soutien. « Et encore moins avec la part de responsabilité que tu as là-dedans. » Elle était à la limite de sous-entendre qu’il avait été un entremetteur, elle était certaine qu’il avait eu son mot à dire sur ce pairing. Il lui était impossible d’être blanc comme neige, elle était curieuse de voir comment il allait essayer de s’en sortir. Il allait devoir effectuer un numéro d’équilibriste, s’il espérait sauver une amitié qui était sacrément compromise. James s’imaginait peut-être qu’elle était encore du genre à pardonner facilement, comme dans ses jeunes années, mais les épreuves l’auraient rendu moins encline à être miséricordieuse.

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10/08/1992

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@Halston Hargreeves ☆ James Weatherton

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Pourtant loin d'imaginer la tournure que prendrait bientôt cet échange, James s'était employé à faire en sorte que personne ne viendrait les déranger dans ce qu'il considérait comme l'occasion de prendre des nouvelles de son amie. Et ça, tout en discutant de ces projets de mariage qui l'auraient déjà réjoui s'il n'avait pas été chargé par la brune de dessiner sa robe de noces mais qui forcément l'enthousiasmaient d'autant plus maintenant qu'il se sentait investi de ce devoir particulièrement symbolique – devoir qu'il aurait été impensable qu'Halston place entre les mains de qui que ce soit d'autre, alors que James avait la prétention de se considérer comme l'un de ses plus anciens amis. « Tu peux les mettre à la poubelle. » Alors rien n'aurait pu le préparer à cette réponse lorsqu'il s'était proposé de lui montrer les premières esquisses qu'il avait réalisé pour sa robe, ses yeux bruns s'arrondissant sous le coup d'une surprise difficile à réprimer. « Excuse-moi ? » Quelle mouche l'avait subitement piquée ? Halston avait toujours montré le plus grand des respects pour son travail et semblait enchantée de pouvoir lui confier la confection de sa robe, alors pourquoi réagissait-elle ainsi ? « Tu sais combien d'heures de travail ont nécessité ces dessins ? » Elle en avait sans doute une très nette idée, ce qui rendait sa réaction encore plus incompréhensible. Après tout, elle l'avait observé à l’œuvre assez de fois pour savoir qu'il ne les lui présenterait pas sans être sincèrement satisfait de son travail. « Je m'en suis occupé sur mon temps libre, à coté du boulot que j'ai déjà à l'atelier. Je les ai même fait passer avant d'autres commandes pour pouvoir te les montrer au plus vite. » Des arguments qu'il aurait pu s'épargner s'il avait seulement voulu réfléchir un instant à la raison de la colère d'Halston, qui ne l'avait pas habitué à réagir aussi impulsivement sauf quand elle était sincèrement blessée. Et là était justement tout le problème : l'esprit encombré par ses propres soucis, James avait énormément sous-estimé l'affaire qui avait intimement impactée son amie au retour de la Fashion Week de Paris et qui, il était sur le point de le comprendre, n'y était pas pour rien dans sa réaction aujourd'hui. « Je n’arrivais pas à croire tu puisses être aussi insensible à ma situation et pourtant tu l’es, juste devant moi. » Parce que tout s'éclairait peu à peu pour lui et qu'il ne voyait pas d'autre raison pour qu'Halston tienne des propos aussi durs, qui trouvaient forcément leur source dans ce que James avait traité avec bien peu d'empathie jusque là. « Ne me dis pas que tu veux parler de cette histoire entre Eddie et Ruby. » Une histoire ridicule, qu'il aurait sûrement ajouté s'il n'avait pas déjà l'impression qu'elle se retenait de lui en mettre une, son dos retrouvant le dossier du sofa avec un poil plus de gravité lorsqu'il ajouta. « Tu sais comme moi comment fonctionne la presse à scandales. Si on prenait à cœur tout ce qui se retrouve dans ces torchons, on n'arrêterait plus. Et il y a longtemps que j'aurai plus eu à dessiner la moindre robe de mariée, tu peux me croire. » Parce que bien peu de couples parmi ceux qui le sollicitaient communément pour ce genre de commandes auraient résisté à ce genre de tempêtes, tout un chacun apprenant à faire des compromis et à pardonner quand c'était dans son intérêt.

« Et encore moins avec la part de responsabilité que tu as là-dedans. » Sa façon de reprendre la parole fut plus mordante encore et James dut reconnaître se sentir un peu piqué qu'elle puisse insinuer qu'il était à l'origine de cette situation. « Donc c'est ça que tu me reproches, en vérité, hm ? » C'est cette idée qui alimentait la colère qu'il percevait dans le regard d'Halston, le fait qu'il soit pour elle directement responsable de la façon dont Eddie était apparu en première page des magazines entrain d'embrasser une jeune et jolie mannequin. James, lui, considérait plutôt qu'il avait indirectement offert à la blonde une occasion de croiser la route du danseur, sans imaginer pour autant que les choses vireraient rapidement au drame. Comment l'aurait-il pu ? « C'est vrai, Ruby pose pour Weatherton depuis des années, mais je suis pas responsable de ce qu'elle fait en dehors des shootings et des défilés. Ni d'avec qui elle le fait. » Il ne réalisa pas sur le coup que sa formulation était franchement maladroite, un peu plus inquiet à l'idée que celle qu'il considérait comme une amie proche se considère visiblement tout autant trahie par lui que par l'homme qui partageait sa vie. « Que ton fiancé soit à son goût, ça non plus c'est pas une chose que j'aurais pu prévoir quand il nous a rejoint. Mais Eddie est un jeune homme séduisant, il fait forcément des émules partout où il passe. » Et était-ce pour autant un drame, qu'il puisse plaire et s'attirer quelques convoitises ? Son visage et sa plastique se retrouvaient sur des affiches et se laissaient admirer à travers des magazines, ça faisait tout simplement partie de ce pour quoi il avait signé en devenant l'égérie d'une marque aussi visible et réputée. Halston le savait sans doute mieux que quiconque, elle était encore son agente il y a peu et était assurément la mieux placée pour savoir combien le pouvoir d'attraction d'Eddie pouvait faire ses preuves. Mieux encore, elle avait l'habitude de gérer des artistes et de composer avec tout ce que la notoriété pouvait vous valoir comme bonne ou moins bonne publicité ; il aurait pensé que si quelqu'un accorderait à cette histoire l'importance qu'elle méritait – aucune, de son point de vue – c'était justement elle. Mais ça, c'était probablement oublier qu'il s'agissait de nul autre que son compagnon et que dans leur cas, l'exclusivité n'était en aucun cas une condition négociable. « Sincèrement Halston, est-ce tu penses que ça vaut vraiment la peine d'en faire toute une histoire ? Je suis sûr qu'Eddie s'est empressé de te rassurer, j'ai tort ? » Parce qu'il l'aimait et que ces deux-là étaient heureux ensemble il y a encore bien peu de temps, ça ne faisait pas de doute aux yeux de l'anglais, alors pourquoi prétendre que tout ça avait la moindre importance et que ça changeait quoi que ce soit ? Il n'y avait aucune raison pour que Ruby devienne une rivale sérieuse risquant de menacer sa future union avec Eddie, la mannequin avait même probablement déjà jeté son dévolu sur quelqu'un d'autre et avait sans doute d'autres ambitions que celle de détruire un couple pour lequel Eddie lui donnait l'impression d'être le genre d'homme à se battre. Le point de vue de James, lui, était beaucoup trop biaisé – quand ça l'arrangeait – pour concevoir que ça ne suffise pas à tourner la page. Ce qui ne vous tuait pas vous rendait plus fort, non ?

28/08/1985

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L’incrédulité de James n’étonnait guère Halston, il était fort probable qu’il ne l’aurait jamais pensé capable de tenir de tels propos avec lui. Des paroles assumées, qui n’avaient pas été bredouillées, accompagnés d’un regard qui démontrait qu’elle les assumait, ne pouvaient qu’être assassines pour le styliste. Il lui demanda de réfléchir aux nombres d’heures qu’il avait pu passer sur ses dessins, bien qu’elle ne soit pas dotée d’un bon coup de crayon ou d’une quelconque capacité artistique, elle savait que le chiffre devait être conséquent. L’américaine avait trop souvent travaillé avec des maisons de couture, côtoyé James depuis assez longtemps pour se faire une idée sur la question, il était même certain qu’elle se soit directement renseignée sur le sujet avec lui par le passé. La brune était prête à poser de nombreuses questions sur des domaines qui ne l’intéressaient même pas, dans le but de pouvoir apporter des biles à ses acteurs, alors elle pouvait se montrer encore plus curieuse lorsqu’il s’agissait de choses qui la captivaient, comme les créations sophistiquées du Weatherton. Il mit en avant qu’il s’était occupé de ses croquis durant son temps libre, qu’il l’avait fait passé en priorité, des arguments qui étaient censés lui prouver qu’il avait de l’estime pour leur amitié, mais qui avaient peu d’effet sur elle. La commissure de ses lèvres s’étira nerveusement à plusieurs reprises. « Devrais-je te féliciter de faire passer une amie avant des clients lambdas ? » Prononcer le mot amie lui écorchait la langue, puisqu’elle ne considérait pas avoir été traitée comme telle, mais elle osait croire qu’il utilisait toujours cette dénomination lorsqu’il devait définir le lien qu’ils avaient. Elle souligna l’indifférence dont il avait fait preuve, il ne trouvera pas que de lui rétorquer qu’il espérait qu’il ne parlait pas de l’histoire avec cette mannequin, une réplique qui eut le don de l’irriter encore plus. « De quoi d’autre ? » Répliqua-t-elle sans attendre, sous-entendant que s’il détenait d’autres informations qu’il gardait secrètes, leur entrevue allait véritablement tourner au vinaigre. Il tint un laïus qui détenait une part de vérité qu’elle ne pouvait pas contredire, puisqu’elle conseillait elle-même à ses protégés de ne pas trop prendre en compte la presse à scandales, il était aisé de prodiguer ce conseil, moins de le suivre quand il la concernait aussi intimement. « Ce n’est pas un motif valable pour fermer les yeux là-dessus. » Dit-elle pour lui faire comprendre que la Halston qui pardonnait quasiment tout faisait partie de l’histoire ancienne.

Elle le pointa du doigt sans prendre de détour, ce qui sembla causé une illumination chez le styliste. Il avait eu besoin de cela pour ouvrir les yeux, comprendre la source de sa colère. L’amitié de James et Halston n’avait connu qu’un maigre nombre de turbulences, celle-ci serait sans aucun doute la plus importante. Il prononça une nouvelle fois le prénom qu’elle était obligée d’entendre aujourd’hui, il refusait d’endosser la moindre responsabilité concernant la mannequin qui travaillait pour lui, mais le problème ne résidait pas à ce niveau. « Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. » James était un homme intelligent, il ne partageait pas la même conception du couple qu’elle, mais il pouvait deviner l’impact d’une telle rumeur sur un couple monogame comme celui de la brune. Il appuya sur le fait qu’il soit tout à fait normal qu’Eddie ait du succès, une évidence qu’elle ne pouvait pas nier, mais elle n’allait pas pour autant lui donner entièrement raison. « Tu as mis un poisson dans un bassin rempli de requins et tu as sincèrement cru qu’aucun d’entre eux n’aurait essayé de croquer dedans ? » Il était déjà tentant pour une jeune femme lambda de chercher à se rapprocher de lui, il devait l’être dix fois plus pour des mannequins en quête de coups de projecteurs. James ne devait vraisemblablement pas essayer de se mettre dans la tête de ses employés, mais Halston avait l’habitude de le faire, d’essayer d’anticiper les futurs comportements des autres, il avait été évident pour elle que cette situation de produirait tôt ou tard. Il lui demanda s’il fallait vraiment en faire toute une histoire, des mots qui ne pouvaient que la faire sortir de ses gonds. Il fit preuve d’une solidarité masculine dont elle se serait bien passée, en ajoutant qu’Eddie avait dû s’empresser de l’apaiser. « Tu crois vraiment que j’ai quitté mon pays, divorcé, pour accepter ce genre d’humiliation à Bristol ? » L’air anglais ne rendait pas tout plus doux, plus supportable. « Tu croyais vraiment, que j’allais bien prendre qu’on parle d’Eddie dans la presse comme s’il s’agissait d’un homme disponible ? » Elle ne souhaitait pas pour autant voir posséder une page wikipédia, mentionnant le nom de leur fils ainsi que le sien, mais elle ne voulait pas le voir présenté comme une célébrité en vogue célibataire, que n’importe qui peut courtiser. « Bien sûr qu’il a essayé de me rassurer, comme l’aurait fait n’importe quel homme, encore plus dans ce type de cas précis. » Rares étaient ceux qui reconnaissaient facilement d’avoir fauté, ce n’était pas pour rien que les femmes étaient celles qui initiaient le plus de demandes de divorces. « Je n’ai pas quitté toute une vie pour revivre les traumatismes du passé, le travail que tu lui as fourni a justement réouvert des plaies qui ont mis une éternité à se colmater. » James l’avait pourtant aidé à les faire cicatriser, elle ne pouvait pas lui pardonner de lui avoir fait un tel coup de poignard dans le dos. Elle attendait de plates excuses de sa part mais pas que, son pardon ne s’obtiendrait pas qu’avec une poignée de mots...

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10/08/1992

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@Halston Hargreeves ☆ James Weatherton

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02/2024 logements, Redland

Abandonner n'importe quel projet susciterait déjà une grande frustration chez le créateur, mais en abandonner un qui ait autant d'importance à ses yeux et d'un point de vue personnel, ça lui coûterait davantage encore. La réaction d'Halston était on ne peut plus inattendue quand on savait à quel point cette robe lui tenait à cœur, alors James ne s'expliquait pas qu'elle n'ait subitement plus envie de voir ses dessins. « Devrais-je te féliciter de faire passer une amie avant des clients lambdas ? » Elle le connaissait, elle savait qu'il ne fallait pas s'offenser quand il n'y mettait pas les formes pour présenter les choses. « T'es pas sans savoir que je croule sous le boulot, alors oui, j'apprécierais un peu de gratitude. » Des paroles qu'il serait peut être amené à regretter, puisqu'il apparaissait évident que derrière l'animosité de son amie se cachait en vérité une histoire que James pensait prête à être enterrée. Une histoire dont il n'avait même pas pris la peine de s'entretenir avec elle, alors même qu'elle la touchait intimement, parce qu'il avait estimé qu'on en avait déjà trop fait au sujet de quelque chose qui ne méritait pas autant d'attention. « De quoi d’autre ? » Poussant un soupire, il secoua la tête au moment de souffler. « J'en sais rien, Halston. Je pensais qu'on était tous passés à autre chose. » De toute évidence il était le seul à avoir déjà tourné la page, et ça parce que ça l'arrangeait bien d'une certaine façon de minimiser ce qui était arrivé. Eddie et Ruby n'avaient pas fait preuve de beaucoup de jugeote en se laissant photographier dans un moment comme celui-là et il était prêt à parier que le champagne qui avait coulé à flot pendant la Fashion Week avait tenu un rôle prédominant dans cette histoire, mais au bout du compte tout le monde devrait pouvoir s'entendre pour dire que ça n'était qu'une histoire sordide qui mériterait de se faire oublier. « Ce n’est pas un motif valable pour fermer les yeux là-dessus. » - « Dans ce cas, dirige ta colère sur ces vautours qui se sont assurés que l'histoire fasse la une. » Ils ne l'auraient pas volé, pour toutes les fois où ils avaient mis leur nez dans les affaires des autres sans y avoir jamais été conviés.

« Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Tu as mis un poisson dans un bassin rempli de requins et tu as sincèrement cru qu’aucun d’entre eux n’aurait essayé de croquer dedans ? » La comparaison lui aurait sûrement arraché un sourire dans d'autres circonstances, mais à cet instant précis même James savait qu'il n'était pas dans son intérêt de tenter un trait d'esprit pour dédramatiser l'atmosphère. « J'ai pas pour habitude de materner mes nouvelles recrues, même quand elles sont susceptibles de faire tourner des têtes. Et je passe pas non plus mon temps à suspecter les personnes avec qui je travaille d'avoir des intentions cachées. Tu sais bien que je m'en sortirais plus, si je commençais. » Bien sûr qu'Eddie était beau garçon et que c'était aussi la raison pour laquelle il avait décroché ce contrat, et bien sûr qu'il y avait de nombreuses paires d'yeux pour l'avoir remarqué, mais il ne pouvait pas mettre le danseur sous cloche simplement pour lui éviter des convoitises. Eddie était un adulte, un homme fiancé et engagé dans une relation monogame de surcroît : James ne pensait pas avoir besoin de poser des limites auprès de ses mannequins. « Tu crois vraiment que j’ai quitté mon pays, divorcé, pour accepter ce genre d’humiliation à Bristol ? » Bien sûr que non, James était bien placé pour savoir qu'elle avait espéré mettre ses blessures passées derrière elle en quittant son pays. « Tu croyais vraiment, que j’allais bien prendre qu’on parle d’Eddie dans la presse comme s’il s’agissait d’un homme disponible ? » C'est vrai, les articles n'y étaient pas allées de main morte pour insinuer qu'Eddie était un homme tout ce qu'il y avait de plus libre, qui faisait sensation auprès des jeunes et jolies mannequins qui croisaient sa route, mais combien de fois avaient-ils propagé des âneries ? « Non, mais je pensais que tu saurais que toute cette histoire a été exagérée et que personne s'attend à lire ce genre de torchons et à y trouver la vérité. » Ils avaient fait toute une montagne d'une photo qui n'allait pas chercher aussi loin de son point de vue et ils en avaient rajouté pour faire vendre, voilà tout. Halston connaissait elle aussi cette mécanique tordue.

« Bien sûr qu’il a essayé de me rassurer, comme l’aurait fait n’importe quel homme, encore plus dans ce type de cas précis. » James n'en attendait pas moins d'Eddie, qui depuis le premier jour semblait éperdument épris d'Halston. Voilà pourquoi rien de tout ça ne faisait vraiment de sens aux yeux du créateur et pourquoi il minimisait cette histoire plus qu'il ne le devrait sans doute. « Ça crève les yeux que tu es la seule femme qui compte pour lui. » Alors James avait envie de croire que tout ça ne remettrait pas en question leurs projets de mariage, sans que ce soit pour une fois seulement une pensée égoïste et seulement motivée par ses efforts pour lui créer une robe de mariée unique. « Je n’ai pas quitté toute une vie pour revivre les traumatismes du passé, le travail que tu lui as fourni a justement réouvert des plaies qui ont mis une éternité à se colmater. » Il avait sans aucun doute sa part de responsabilité dans ce qui était arrivé, au moins indirectement, mais ça ne rendait pas plus facile de l'entendre de la bouche de son amie, surtout alors qu'il s'était assuré de la soutenir après son divorce et savait donc ce qu'elle avait traversé. « Je sais bien que tu me reproches d'avoir fait signer ce contrat à Eddie. » Parce qu'elle savait aussi bien que lui qu'il n'avait aucun contrôle sur ce qui pouvait bien se passer aux abords de la fashion week ou même de n'importe quel défilé, et ce entre qui que ce soit. La rancœur d'Halston trouvait sa source plus profondément, il le savait. « Je lui ai pas forcé la main, Halston. Et jamais j'aurais pu imaginer qu'un voyage en France se finirait en une de magazine... » Il n'était pas du genre crédule, James, et il en avait vu assez pour savoir que ces choses-là pouvaient arriver dès qu'on mettait un pied dans ce milieu. Mais il n'avait aucune raison de croire que ce voyage à Paris placerait Eddie dans cette situation, ni que la presse se chargerait de faire plus de dégâts. « Est-ce que ça jouerait juste un peu en ma faveur si je te disais que j'aurais fait en sorte de l'étouffer si j'avais su que cette histoire sortirait au grand jour ? » Est-ce que ça aiderait à ce qu'elle lui pardonne, de savoir qu'il aurait au moins fait en sorte de la protéger de cette humiliation publique ? « Je l'ai souvent fait pour Tybalt, je l'aurais fait là encore si j'avais su. » Mais il n'en avait pas eu le temps et lorsque cette une s'était retrouvée entre ses mains, il était déjà trop tard.

28/08/1985

Better an honest enemy than a false friend

feat @James Weatherton & Halston Hargreeves 

L’amitié était régie par des règles tacites, qu’aucun d’entre eux ne respectait et pour cause, il ne la connaissait plus ou ne se souciait plus assez d’elle, c’était le triste constat qu’elle tirait de cette conversation. James la traitait comme une femme capricieuse, qui décidait du jour au lendemain qu’elle ne voulait plus de ses croquis, alors qu’il devait savoir que ce n’était pas son genre. Halston ne manquerait pas de respect envers un ami de longue date sans avoir une bonne raison, elle abaissa donc sa tête dès qu’elle entendit le mot gratitude. La brune ne revenait pas qu’il s’attende encore à ce qu’elle se montre reconnaissante envers lui, ses sourcils s’étaient haussés. « De la gratitude ? » Qu’elle répétait pour souligner l’invraisemblance de la chose. « C’est vrai que je t’en dois une infinie, de ne pas avoir pris cinq pauvres minutes de ton temps pour me demander comment j’allais. Il faut aussi que je te remercie d’avoir mis Eddie sur le chemin de cette mannequin de malheur bien sûr. » Où était passé celui qui était à son chevet, lorsqu’elle était au plus bas ? Celui qui voulait lui donner de l’espoir quand elle n’en avait plus ? Il n’était plus le repère réconfortant qui lui avait permis de ne pas se sentir trop isolée dans cette ville, lorsqu’elle était une expatriée fraîchement débarquée. Il osa lui balancer qu’il pensait qu’ils étaient tous passés à autre chose, creusant toujours plus le fossé qui se créait entre eux. « Tu es le seul à être passé à autre chose. » Les Hargreeves ne faisaient que de lui en parler, de lui demander si elle n’avait pas fini d’être un objet de risée, de ne pas écouter les conseils qu’on lui prodiguaient. Quant à ses employés, ils étaient partagés entre la pitié et le fait qu’elle l’avait « bien cherché à jouer à la cougar », qu’elle ne pouvait que s’attendre à ce genre de résultat. Le couturier souhaitait qu’elle dirige sa colère vers le magazine, bien sûr, cela était plus arrangeant pour lui. « Ces vautours ne sont pas mes amis, eux. » Saissisait il la différence maintenant ? Entre des vendeurs de torchons et lui ? L’américaine n’était pas son frère aîné, elle n’allait pas chercher à s’en prendre à tous ses ennemis, elle voulait avant tout régler ses comptes avec les proches qui avaient fauté.

James et Halston ne fonctionnaient pas de la même façon, aussi bien sur le plan personnel que professionnel, il le soulignait en lui disant qu’il ne cherchait pas à rentrer dans la tête de ses recrues, qu’il ne surveillait pas. Ils avaient des métiers trop différents pour avoir besoin d’agir de la même façon à première vue, mais ils côtoyaient tous les deux des célébrités, des paons du narcissisme qui ne manquaient pas une occasion de parader. Il était évident qu’envoyer l’un d’entre eux dans la capitale française, accompagné d’un jeune homme dont la tête ne savait plus où donner, était le jeter en pâture. « Tu devrais peut-être un peu plus t’intéresser à l’humain, James. » Ses créations étaient destinées à des humains, il ne pouvait pas ignorer toute la dimension émotionnelle sous prétexte qu’il était avant tout un artiste. Halston devait faire preuve d’une lucidité supérieure à la moyenne, parce qu’elle baignait dans ce monde depuis bien longtemps, elle le savait, elle ne s’attendait pas à lire des propos dénués de mensonges dans les magazines, mais elle savait qu’ils pouvaient avoir une part de vérité. Si le temps lui avait bien appris une chose, c’était que les choses qui étaient toutes noires ou toutes blanches étaient rares, lorsqu’on allait au-delà des couches supérieures, le monde était souvent gris. « Tu te trompes. » Il existait des personnes naïves prêtent à croire ce qu’elles lisaient, même celles qui savaient discerner l’exagération de la réalité, pouvaient s’en servir pour s’en repaître dans leurs mauvaises intentions. Les Hargreeves en étaient le parfait exemple, cette pseudo aventure avec une mannequin leur avait fourni des munitions pour abattre ce couple qu’ils ne voulaient pas voir, lui rappeler qu’elle n’était pas capable de prendre de bonnes décisions sans eux. La brune détestait par-dessus tout qu’on leur donne raison, manquer de moyens de riposter, cette situation l’avait coincée dans une impasse, dont l’unique sortie lui avait semblé être la fin à ses fiançailles.

Elle était pourtant la seule femme qui comptait aux yeux d’Eddie, c’était ce qu’il lui énonçait comme une vérité absolue. Halston sentit le besoin irrépressible de lui dévoiler une partie de ses échanges avec le père de son enfant. « Je compte tellement qu’il n’a jamais mentionné mon existence ni celle de notre fils à cette Ruby. » James allait probablement être aligné avec lui, en lui racontant qu’il était normal de ne pas déballer toute sa vie privée à des collègues, mais elle n’en avait rien à faire, de cet argument. La brune maintiendra qu’il aurait dû montrer qu’il était un homme engagé, durant ces nombreux jours passés loin d’eux, constamment accompagné d’autres personnes. Le Weatherton avait conscience qu’elle lui en voulait d’avoir fait signé ce contrat à Eddie, mais qu’il ne l’avait aucunement forcé à se lancer là-dedans. Halston le savait, on ne forçait pas le danseur à saisir des opportunités professionnelles qui ne l’intéressaient pas, il le lui avait fait comprendre dès leur rencontre. « De tous les hommes qui existent sur cette planète, pourquoi avoir jeté ton dévolu sur lui ? » Qu’elle lui demanda sincèrement, le pays ne manquait pas d’hommes au charme indéniable et photogéniques, pourquoi avoir choisi le compagnon de l’une de ses amies ? D’une amie qui ne voulait pas voir son fiancé dans le mannequinat ? Cela n’avait pas de sens, de prendre le risque de mettre ces deux relations en péril. James lui fit part de ce qu’il aurait pu faire, s’il avait été mis au courant assez tôt, il aurait étouffé cette affaire avant qu’elle ne voit la lumière du jour. Il avait l’habitude de le faire pour son frère, il connaissait les bons leviers. « Probablement. » Cela aurait été mieux que toute cette passivité, même s’il se serait sûrement gardé de l’informer de ce qu’il avait enterré six pieds sous terre, elle aurait été épargnée d’une humiliation publique. « Quel gâchis. » Tant de choses auraient pu être évitées, si les deux hommes l’avaient écouté un minimum. Halston avait l’impression d’être de nouveau cette jeune femme que personne ne consultait, dont l’avis n’importait pas, de mauvais souvenirs qui ne lui donnaient qu’une seule envie : celle de quitter ces murs...

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10/08/1992

better an honest enemy than a false friend

@Halston Hargreeves ☆ James Weatherton

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02/2024 logements, Redland

Il lui avait déjà connu quelques élans de contrariété, quelques regards noirs particulièrement dissuasifs, mais jamais il ne s'était attiré le courroux d'Halston comme aujourd'hui. La jeune femme lui en voulait amèrement et bien que ce ne soit pas sa spécialité de reconnaître ses torts, une part de James savait au moins reconnaître qu'il l'avait sûrement bien cherché. Parce qu'à défaut d'accorder à toute cette histoire l'importance qu'elle méritait, le créateur restait au moins conscient d'avoir très vraisemblablement manqué d'adresse dans sa manière de gérer les choses, comme c'était bien souvent le cas lorsque les sentiments d'autrui entraient en ligne de compte. « De la gratitude ? » Peut être bien qu'à cet instant, il était particulièrement rassuré de se trouver dans son salon et non dans son atelier à Weatherton, à proximité d'une paire de ciseaux ou d'une aiguille. « C’est vrai que je t’en dois une infinie, de ne pas avoir pris cinq pauvres minutes de ton temps pour me demander comment j’allais. Il faut aussi que je te remercie d’avoir mis Eddie sur le chemin de cette mannequin de malheur bien sûr. » La rancœur qu'elle éprouvait à l'égard de Ruby, James la trouvait plutôt justifiée et ça alors que les questions de fidélité lui parlaient pourtant assez peu. Pour ce qui en était de lui, il savait qu'il n'avait pas particulièrement assuré mais éprouva malgré tout le besoin de rappeler que lui aussi sortait d'une passe compliquée. « Excuse-moi d'avoir eu mes propres problèmes à gérer ces derniers mois. Et puis, tout ce que j'ai fait c'est proposer un contrat à Eddie, tu peux pas prétendre que je savais où tout ça allait nous mener Halston. » Il n'avait pas fait les présentations en bonne et due forme entre Eddie et la jeune mannequin, ou en tout cas il ne l'avait pas fait en pensant qu'elle y verrait une quelconque invitation à apprendre à le connaître en dehors de Weatherton et d'une manière qui nuirait au couple du danseur. « Tu es le seul à être passé à autre chose. » Tout ce qu'il en disait, lui, c'est qu'on avait déjà accordé beaucoup d'importance à cette histoire et que les choses pouvaient sans doute se régler entre Eddie et elle sans que ça prenne de plus grandes proportions encore. James était prêt à assumer la partie qui le concernait et à tout mettre en œuvre pour gagner le pardon qu'Halston lui refusait jusque là, mais pour le reste c'est avec son fiancé qu'elle aurait à discuter. « Ces vautours ne sont pas mes amis, eux. » Et voilà pourquoi elle lui en voulait tant, il le savait. « Je suis de ton coté, quoi que tu en penses. » Et si ça n'était pas aussi flagrant qu'il l'aurait voulu, c'est parce qu'il n'était pas l'ami le plus démonstratif ni le plus habile qui soit. Pourtant, elle savait que ça ne l'avait jamais empêché d'être sincère.

Halston lui reprochait d'avoir lâché Eddie au milieu d'un troupeau de lions affamés de viande fraîche et c'est vrai, il savait depuis le départ que le physique avantageux du jeune danseur susciterait forcément des convoitises, auprès du public mais également en coulisses. Mais c'était le cas chaque fois qu'un nouveau minois débarquait à Weatherton et qu'on pouvait observer son pouvoir d'attractivité opérer en temps réel, parce que toute nouvelle recrue attirait forcément les regards et que parmi eux, certains étaient un peu moins désintéressés que d'autres. Des histoires sentimentales, il y en avait eu entre les murs de Weatherton, mais il s'était convaincu que le statut d'Eddie couperait court à ce type de convoitises. « Tu devrais peut-être un peu plus t’intéresser à l’humain, James. » Ce n'était pas la première fois qu'on le lui faisait remarquer, et ça n'était assurément pas la dernière. Tous ceux qui l'avaient connu dans sa jeunesse savaient qu'il avait déjà su se montrer un peu moins rustre et tenir un peu plus compte des ressentis des autres, mais tout avait changé au décès d'Alessandro et lorsque son cœur s'était refermé comme une huître. « Ça a jamais été mon fort, et tu le sais. » Il n'y avait donc pas que du vrai dans ce qu'il soulignait ici, mais ça avait toujours été plus simple de prétendre que cet événement ne l'avait pas changé et qu'il n'en avait pas gardé des traces indélébiles. « Tu te trompes. » James n'était pas naïf, mais il se refusait à croire que qui que ce soit d'un peu malin pouvait ouvrir l'un de ces magazines people remplis d'âneries et espérer y apprendre quoi que ce soit d'instructif. Pourtant, tout au fond de lui, il savait bien qu'il y aurait toujours des gens pour imprimer ce genre de torchons parce qu'il y aurait toujours des gens pour y prêter de l'attention. « Je compte tellement qu’il n’a jamais mentionné mon existence ni celle de notre fils à cette Ruby. » James n'avait aucune idée de la teneur des échanges entre Ruby et Eddie, la façon dont ses recrues pouvaient sympathiser en marge des défilés et des séances photo ne le regardant aucunement. Aujourd'hui, il savait pourtant que s'il s'en était mêlé un peu plus, toute cette situation serait peut être restée sous contrôle. « Tu connais Eddie mieux que moi, mais j'ai pas l'impression qu'il soit le genre de type à beaucoup se confier à ceux qu'il connaît peu. C'était sûrement sa façon à lui de ne pas vous mettre sous le feu des projecteurs inutilement. » Ou Eddie ne voulait pas tout mélanger et avait tâché de cloisonner sa vie, ce qui ne s'était pas avéré particulièrement payant au bout du compte, c'est vrai.

« De tous les hommes qui existent sur cette planète, pourquoi avoir jeté ton dévolu sur lui ? » L'idée qu'il ait pu penser à Eddie pour devenir le visage de leur nouvelle collection de parfums avait vraisemblablement été ressenti comme une première trahison par son amie, sans qu'il sache si elle aurait mieux accueilli la nouvelle s'il avait pris la peine d'en discuter avec elle avant de finaliser le contrat. Probablement. « Pour les mêmes raisons que t'as voulu le représenter, Halston. Parce qu'il a quelque chose de spécial, que ce qu'il dégage avait toutes les chances de plaire à notre cœur de cible. » Parce qu'Eddie n'était pas seulement un jeune homme séduisant et bourré de charisme, il représentait aussi une jeune génération d'artistes audacieux que tout un chacun pouvait vouloir prendre pour modèle et à qui un public jeune pouvait facilement s'identifier. Il avait du talent, de la prestance et il s'adaptait suffisamment vite pour que tout ça semble déjà familier pour lui. « Je lui aurais jamais fait signer ce contrat si j'avais su que ça te gênerait autant. Je te dirai pas que je me suis imaginé que tu sauterais au plafond, parce que je sais ce que tu penses de ce milieu, mais je pensais que tu jugerais au moins ça bon pour son image. » Parce que Weatherton avait déjà mis en lumière de nombreux artistes et que signer avec eux, c'était aussi se voir ouvrir les portes d'un monde auquel on n'accédait pas sous prétexte qu'on était déjà monté sur une scène. Poser pour une marque de prestige, c'était avoir des millions d'yeux braqués sur soi et de potentiels nouveaux contrat d'égéries à la clé si les résultats étaient au rendez-vous. Et jusqu'ici, ils l'étaient. « C'était censé être des campagnes pour nos collections de parfums. Juste ça. » Rien de tout ce bordel que James n'avait pas pu prédire et qui venait entacher une collaboration pourtant prometteuse. S'il n'avait pas l'intention de se débarrasser d'Eddie, pas même après cette histoire de une de magazine et alors qu'au contraire, elle n'avait pas causé de tort particulier à Weatherton, James était pour autant conscient que tout ça planerait au-dessus d'eux. « Probablement. » Elle savait maintenant qu'il se serait assuré de faire les choses différemment s'il avait eu la moindre idée que la presse s'emparerait de cette histoire et qu'elle se retrouverait humiliée au passage. Sans tout rattraper, James espérait que ça aiderait à ce qu'elle accepte un peu plus facilement l'idée de lui pardonner. « Quel gâchis. » Il était du même avis. « Ça n'a pas à se finir comme ça. » Il souffla, retrouvant son regard après quelques secondes. Ça n'avait pas à se finir comme lors de son premier mariage, surtout alors qu'Eddie et elle faisaient partie des rares couples de son entourage à respirer la sincérité depuis le début. C'était plus rare qu'on le pensait, suffisamment pour qu'il se refuse à laisser tout ça séparer deux personnes qu'il savait heureuses ensemble avant tout ça. « Tu peux continuer de m'en vouloir mais ce que vous avez Eddie et toi, c'est pas cette histoire qui peut le détruire. » Et pour que James se fasse l'avocat de l'amour qu'il y avait entre deux personnes, c'est qu'il croyait vraiment à ce qu'il disait.