(alexandra) retrouvailles inattendues

Novembre 2024. Elena était dans une galerie d'art prisée de Bristol. Les murs d'un blanc éclatant étaient sublimés par les œuvres de divers artistes contemporains et l'éclairage tamisé projetait des reflets vibrants sur les pièces exposées. L’ambiance était feutrée et le murmure des conversations se mêlait au léger tintement des verres, ajoutant à l’atmosphère une note de sophistication. Vêtue d’une robe noire qui épousait parfaitement sa silhouette, Elena incarnait le raffinement. Ses cheveux, soigneusement relevés en un chignon élégant, laissaient tomber quelques mèches encadrant son visage. Autour d’elle, les invités admiraient les œuvres, échangeaient avec les artistes et s’imprégnaient de l’ambiance vibrante de la soirée.

Un open bar, brillant sous les projecteurs, attirait les convives à quelques mètres de là. Les serveurs, en vestes impeccables, déambulaient avec des coupes de champagne et des cocktails colorés, les verres scintillant à chaque passage. Le simple parfum de l’alcool éveillaient en elle une vive tentation. Depuis plusieurs mois, l’alcool était devenu un échappatoire pour elle, un remède éphémère contre la mélancolie. Elle savait que si elle cédait à un premier verre, il serait difficile de s’arrêter, mais elle essayait de se convaincre qu'elle saurait se maîtriser dans un cadre aussi public. Elle regarda autour d’elle, son regard s'attardant sur les artistes dont les noms circulaient sur toutes les lèvres. Le succès de ces artistes la renvoyaient à ses propres choix, aux rêves qu’elle avait abandonnés lorsqu’elle avait décidé, il y a longtemps, de laisser de côté ses propres ambitions pour élever ses enfants et s'occuper de son mari. Elle aurait pu être à leur place, exposant ses œuvres sous les projecteurs, mais elle était seulement elle. Elena, femme au foyer. Éternelle spectatrice de la vie des autres. Un regret profond, presque douloureux, émergea en elle et se mêla à une pointe d'envie qu'elle tenta en vain de dissimuler.

Ses pensées se brouillèrent et, sans même s’en rendre compte, elle tendit la main pour saisir une coupe de champagne. Le liquide doré glissa dans sa gorge et, pendant un instant, elle se sentit plus légère, presque apaisée. Mais ce n’était qu’un mirage, car l’envie ne faiblit pas – elle s'amplifia. Encouragée par ce premier verre et par le tumulte intérieur qu’elle ne parvenait plus à apaiser, Elena prit un deuxième verre, trouvant dans chaque gorgée un soulagement fugace à cette mélancolie sourde qui s'était invitée à la soirée.

retrouvailles inattendues

@Elena Rosenthal " ☆ Alexandra Anderson

Novembre 2024
Bristol - Gallerie d'art

Ca faisait longtemps qu'elle n'avait pas mis les pieds dans une gallerie d'art. Croiser Alex dans des stades, gymnases, ou autres lieux sportifs n'avaient rien de surprenant. Cela faisait partie de son métier mais aussi de ses passions et si le sport était une passion connue pour la journaliste sportive, l'art était une passion plus secrète. Le dessin avait toujours fait partie de la vie d'Alex. D'abord un moyen d'expression, c'était devenue une véritable passion, un moment pour se détendre et exprimer les choses qu'elle n'arrivait pas à dire, ou à gérer et si le dessin avait été un peu délaissé durant quelques années, aujourd'hui, elle retournait à l'une de ses premières passions. L'art et si son domaine c'était le dessin, elle arrivait à apprécier la peinture et s'autorisait une petite parenthèse dans une galerie d'art reconnue de Bristol. Un moyen de couper du milieu du sport, de son podcast et de cette pression qu'elle se mettait pour réussir et gérer ce podcast et son choix de développer son projet depuis quelques mois. Elle aime ce qu'elle fait, elle est fière de voir les chiffres d'écoute et de visionnage augmenter, elle est fière de voir le nombre de personnes présentes lors des lives augmenter live après live, mais avec la réussite arrive aussi la pression, les critiques, les attentes et les haters ainsi que le besoin de s'améliorer encore pour satisfaire ceux qui suivent le podcast. Une pression qu'Alex ne gère pas toujours très bien même si sa vie familiale l'aide énormément à trouver un équilibre, et le soutien à toutes épreuves de Caleb est primordial pour elle. Mais, parfois, tout semble trop pour Alex et ces dernières semaines, les évènements n'ont pas été les plus favorables pour elle et la fatigue, le stress sont venus difficilement gérable pour elle. Et comme chaque année depuis 6 ans désormais, c'est avec une appréhension et un sentiment qu'elle n'arrive pas à gérer qu'elle doit vivre ce mois de Novembre. Le souvenir de sa mère est toujours un peu plus présent à cette période de l'année et Alex n'a jamais été très douée pour gérer ce que cela fait naitre en elle. Elle a tout pour être heureuse et elle l'est sincèrement et c'est sans doute pour ça qu'elle se sent coupable d'être incapable de passer ce moment sans être affectée par cet anniversaire du décès de sa mère.

Parfois le destin est étrange. Cruel ou heureux, le destin est plein de surprise et ce soir alors qu'elle se perds dans son observation des différentes toiles, laissant son imagination donner du sens à ces peintures, se perdant dans ses représentations pour éviter d'avoir à penser à cette réalité et à ses propres pensées. Elle s'allège l'esprit en focalisant ses pensées sur les détails des œuvres jusqu'au moment ou son regard se pose sur cette femme, elle aussi visiblement seule et si Alex la remarque c'est parce qu'elle la renvoit à des souvenirs auquels Alex ne veut pas penser, surtout pas en ce moment. Elle est venue ici pour se vider l'esprit, ne plus penser, oublier, et voilà que le destin met sur sa route cette femme qu'elle connait que trop bien. Ou plutôt qu'elle a connu dans une autre vie. Elena, le prénom n'a pas mit longtemps à lui revenir, elle se souvient bien d'elle et malgré les années d'écarts, la vie les a lié à différents moments de leurs jeunesses et adolescences, et si Alex a réellement fait la connaissance d'Elena quand cette dernière a perdu sa mère, aujourd'hui, c'est au moment ou Alex essaye de ne pas penser à la mort de la sienne, qu'elle retrouve Elena après des années sans se parler. « Elena ? » C'est bien plus une manière de s'annoncer à cette femme qu'une réelle question. Alex connait son prénom, elle sait bien qui est cette femme et si une part d'elle trouve que le moment est sans doute mal venue, il y a aussi une partie d'elle qui se dit que ça ne peut pas être un hasard. « Ca fait tellement longtemps. Comment vas tu ? » A cet instant alors qu'elle revoit Elena pour la première fois depuis des années, Alex réalise une chose : Elena ne sait pas pour le décès de celle qui fut la meilleure amie de sa mère mais sans grande surprise, ce n'est clairement pas le sujet dont Alex a vraiment envie de parler. « Tu es venue pour observer ou tu exposes certaines de tes toiles ? » Elles sont toutes les deux des artistes et Alex se souvient de la passion d'Elena et de son talent pour le milieu artistique, alors elle ne serait pas surprise de découvrir qu'Elena aurait réussi dans ce domaine, parce que si Alex ne l'a jamais dis, elle a toujours eu une certaine admiration pour Elena parce qu'elle semble réussir tout ce qu'elle entreprends, en apparence du moins.