take me to church (jor & eli)

take me to church

 @Jordan Fisher ☆ Eli Cash

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novembre / 2011
dans une discothèque
tw : Mention de drogue, propos homophobes

La musique est plus forte qu’elle ne l’était avant, les lumières sont plus vives ; il entend les rires derrière lui, et les vibrations des basses s’installent jusqu’au fond de ses veines alors qu’il balance la tête de gauche à droite, profitant de toutes les sensations décuplées par la cocaïne qu’il vient de sniffer quelques minutes auparavant - il ne saurait même pas dire combien, ne sait pas depuis quand il est au centre de la piste de danse à profiter de l’ambiance et des corps chauds autour de lui. Il lui faut quelques minutes supplémentaires pour se forcer à sortir de cette transe bien trop agréable et pour réaliser que Jor n’est plus à côté de lui. Il s’extirpe immédiatement de la foule pour partir à la recherche de son ami, un sourire béat collé aux lèvres. Y’a pas à dire, il est heureux, tout simplement heureux.

Il le reconnaît aux cheveux, et même s’il tente de l’appeler, il sait bien que c’est tout à fait inutile au vu du brouhaha et de la musique assourdissante. Il s’approche peu à peu et c’est là qu’il peut observer qu’un mec est en train de s’approcher un peu trop de lui - est-il en train d’essayer de l’embrasser ? Son sang ne fait qu’un tour dans ses veines et l’euphorie qu’il ressentait quelques secondes plus tôt s’accompagne désormais d’une colère qu’il ne peut contrôler à l’idée que son ami se fasse agresser par une tarlouze. En quelques enjambées seulement, il se retrouve face au duo et n’hésite pas à pousser l’inconnu et à le faire reculer de quelques pas, l’attrapant au passage au col pour lui glisser quelques mots. « T’as de la chance qu’on soit en public ou j’t’aurais refait le portrait ! » Que de la gueule, bien sûr, Eli n’est pas du genre à se battre, il a plutôt pris de Joseph sur ce coup-là. « Allez dégage ! » Il le pousse plus loin avant de se tourner vers Jordan et de crier près de son oreille pour se faire entendre. « ça va ? » Trop de bruit ici alors les deux jeunes amis se retrouvent quelques minutes plus tard devant la boîte, Eli s’empressant de sortir deux cigarettes pour en tendre une à l’agressé. « Putain je suis arrivé au bon moment. Tu le connais ? Si tu veux j’en parle à deux-trois potes et on s’en occupe de ce type. » qu’il promet en allumant le cylindre meurtrier, sachant pertinemment que le on ne l’impliquerait pas et pas certain que Joseph ou les autres aient envie de faire quoique ce soit; mais bon, ça se tente.

@Eli Cash ☆ Jordan Fisher Novembre 2011 dans une discothèque Jordan a 20 ans Rosa est dans le coma depuis 1 an et 8 mois. tw : Mentions de relation sexuelles homosexuelles, de drogue Avatar © lux aeterna

Une soirée dans une discothèque, c’est plus facile de trouver des gens avec qui finir la nuit sur une bonne note. Plus facile par rapport à un concert car les gens ne sont pas forcément là pour ça, même si t’a déjà réussi à emballer dans cette configuration là aussi. Quand tu as des substances dans le sang tu es capable de tout. Tu oses aller vers les gens et leur demander directement s’ils veulent baiser. Car t’as pas le temps pour tenter la drague. Si le mec est pas intéressé tu vas au prochain et ainsi de suite.

Ce soir t’es venu avec Eli. C’est la première fois que vous venez en club ensemble. D’habitude vous rester à squatter le canapé de quelqu’un pour fumer ou vous taper des rails de coke. Il est devenu ton dealer naturellement car vous vous entendez bien. Mais ce soir, tu l’as déjà perdu de vue. Ca ne te dérange pas plus que ça car t’as bien remarqué un gars qui t’a regardé de haut en bas de manière appréciative. Pas de manière à te vouloir des noises et te mettre une droite peu de temps après juste pour le fun. Ca t’arrive aussi d’être d’humeur à juste vouloir taper sur le tronche de quelqu’un mais pas ce soir. Tu veux t’assoir sur le visage de quelqu’un ouais. C’est pas si facile de tomber sur des mecs qui te matent ouvertement dans un club qui n’est pas LGBT. Tu n’as donc pas attendu longtemps pour t’approcher du mec en question. Inutile de demander son prénom, c’est pas une information qui va t’apporter quoi que ce soit. Plus intéressant de savoir s’il a du lubrifiant dans sa voiture, car des capotes, tu en as sur toi. Ca fait deux minutes que vous vous parlez à l’oreille l’un de l’autre à tour de rôle. La musique est forte et c’est bien cool comme prétexte pour avoir ton visage si près du sien. C’est lui qui arrête le premier d’aller vers ton oreille pour venir vers tes lèvres.

Sauf qu’avant qu’elles ne touchent les tiennes, il se fait pousser par Eli. What?  « T’as de la chance qu’on soit en public ou j’t’aurais refait le portrait ! » T’es tellement surpris par sa réaction que ça te fait marrer. « Allez dégage ! » Ouais ça t’amuse, tu trouves ça ridicule et tu découvres une nouvelle facette de Eli ce soir. « ça va ? » Celui qui vient vérifier si tu vas bien parce qu’un mec était sur le point de t’embrasser. « Ouais ça va. » Tu dis avec un léger rire. « Putain je suis arrivé au bon moment. Tu le connais ? Si tu veux j’en parle à deux-trois potes et on s’en occupe de ce type. » Là ça te fait un petit peu moins rire car peut être bien que tu es sur le point de perdre ton dealer/pote s’il a en tête de casser la gueule des mecs qui aiment embrasser des mecs. « Nan pas besoin. Va falloir je me trouve un autre plan pour ce soir, parce que je crois pas que lui va vouloir reprendre où on en était. Tu lui as bien fait peur. » Tu le dis avec un ton d’amusement mais tu es conscient de ce que la suite pourrait être. « Tu vas me casser la gueule à moi aussi ? » Tu demandes car c’est bien ça l’important. Est-ce qu’il va te lâcher parce qu’il va te détester juste pour ça ?

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novembre / 2011
dans une discothèque
tw : Mention de drogue, propos homophobes

Depuis quelques années, ce monde de la nuit est devenu celui d’Eli ; il passe ses journées à comater sur un lit - que ce soit le sien au foyer ou bien celui de Joseph ou d’un autre gars - et ses nuits à sortir, laissant la musique enivrer ses sens avant que les substances ne viennent prendre le relai, remplaçant peu à peu les grammes dans son sac à dos par des billets qu’il rentrera le lendemain matin refiler à la clique. Ici, il est à l’aise et ça fait bien longtemps qu’il ne s’était pas senti de la sorte, errant dans un monde qui n’était pas le sien avant de découvrir ceux qui le mèneront sur un autre chemin. D’un point de vue extérieur, pas le meilleur, mais les étoiles qu’il voit et la joie qui coule dans ses veines ne peuvent que lui faire penser l’inverse : ici, il est heureux, ici est sa place.

L’idée que son petit bonheur puisse éclater ; l’idée qu’un ami à lui soit dans une situation qui ne lui convienne pas - tout ça le rend dingue et il ne peut même pas contrôler ses pas, ses gestes, ses paroles. La réalité, c’est qu’il ne réalise pas vraiment ce qui se passe - pas complètement conscient de chacun de ses faits et gestes -, tout autant que ça ne vient pas de nul part. Y’a le problème de l’agression et y’a le problème de ce truc entre eux qu’il ne comprend pas. C’est pas normal et il n’imagine pas que son ami puisse être concerné par ces bizarreries, ça ne lui traverse même pas l’esprit. « Nan pas besoin. Va falloir je me trouve un autre plan pour ce soir, parce que je crois pas que lui va vouloir reprendre où on en était. Tu lui as bien fait peur. » Son cerveau n’enregistre pas tout, tout de suite ; ou peut-être qu’il fait exprès de ne pas le faire. Peut-être qu’il filtre, comme pour le protéger de quelque chose qu’il ne comprend pas, simplement parce qu’il ne connaît pas. L’euphorie retombe, il la sent s’éloigner peu à peu de son corps alors qu’il ne peut qu’entendre les injures résonner dans ses oreilles - c’est pas normal, ils devraient brûler c’est ça qu’il a entendu, c’est ça qu’il croit. Mais peut-être qu’il se trompe ; c’est sûr-même, il a mal entendu, ça ne peut pas être ça, c’est impossible de toute façon alors il sourit - il pourrait presque rire de sa propre idiotie, et dire qu’il a failli penser que Jordan était comme eux. « Tu vas me casser la gueule à moi aussi ? » Et pourtant, ça y ressemble drôlement. Merde.

Eli ne sait pas exactement combien de temps il reste là, prostré sans aucune réaction. Son cerveau tourne tellement vite qu’il n’arrive plus à arrêter le flot de pensées ; des souvenirs de l’enfance passent à côté de ses ressentis de presque adulte, il revoit des séquences de film en même temps qu’il fixe celui qu’il considère comme un ami. Mais que faire ?

Alors il part ; sans jeter un dernier regard en arrière, il prend ses jambes à son cou. Parce qu’il ne sait pas quoi dire, parce que c’est trop, parce qu’il ne comprend pas, qu’il ne tolère pas ; parce qu’il ne sait pas quoi faire et qu’il vaut mieux partir. Parce que c’est plus simple et que c’est pas le moment, pas l’heure, pas l’endroit, pas le bon état pour penser à tout ça. Il fuit parce que c’est ce qu’il fait de mieux, Eli. Il part.

@Eli Cash ☆ Jordan Fisher Novembre 2011 dans une discothèque Jordan a 20 ans Rosa est dans le coma depuis 1 an et 8 mois. Avatar © lux aeterna

Tu t’attends à ce qu’il t’en colle une éventuellement. Il a l’air comme gelé sur place Eli. Il bouge plus. Il est là mais il a la tête ailleurs ça se voit. Il a peut être pris un rail juste avant ou autre chose. Tu veux pas croire une seule seconde que ce soit lié à la position dans laquelle il vient de te trouver avec un mec. « Eli ? » Tu tentes de le faire revenir sur Terre avec cette petite exclamation mais si jamais c’est ça qui le sort de sa torpeur, il en décide de tourner les talons et s’éloigner de toi. Tu le suis des yeux jusqu’à ce qu’il ne soit plus dans ton champ de vision. Il prend la direction de la sorti. Tu roules les yeux et tu cherches l’autre type des yeux. Sur un mal entendu peut être qu’il n’en tiendra pas rigueur et que vous pourrez reprendre où vous vous êtes arrêté.

Deux jours plus tard, tu décides d’envoyer un SMS à Eli avant de bouger au squat habituel. Tu préfères prendre la température avant car il était super bizarre on va pas se mentir.

Jordan The Fisherman
Hey

Et en fait une fois que tu as envoyé ce premier message, tu ne sais pas quoi écrire d’autre alors tu laisses juste ça.

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novembre / 2011
chez un pote d'eli, où il vit

ça fait deux jours qu’Eli ne pense qu’à ça, incapable de supprimer le souvenir de Jordan prêt à embrasser un autre homme et la réalité qu’il en avait envie et que c’est quelque chose qu’il fait, qu’il est. Les gars ont bien essayé de le sortir de son lit mais Eli a prétexté une maladie et depuis, il laisse tourner son cerveau dans tous les sens. Il sait pas quoi en penser, il comprend pas et il veut pas comprendre ; les choses sont censées être simples et tout à coup, voilà que son ami vient tout compliquer. Il se pose des milliers de questions : pourquoi ? étant celle qu’il revient le plus. Mais finalement, l’interrogation qui revient le plus, c’est quand il se demande si ça vaut le coup de perdre un de ses amis ou s’il ferait mieux d’ignorer la chose. Deux jours de réflexion, et Eli n’a toujours pas osé faire un message à Jordan ; poule mouillée qu’il est.

Jordan The Fisherman
Hey

Il saute sur son téléphone pour s’en emparer et découvrir le message, soulagé - étrange, non ? - de lire le nom s’afficher.

Eli
Hey

Il commence à taper autre chose et passe de nombreuses minutes à effacer, remplacer, corriger, jeter son téléphone, le reprendre, réécrire, réessayer et désespérer.

Eli
Tfk aujourdui ? jsuis a lappart

Et voilà, cette fois-ci, il jette son téléphone avant d’enfouir sa tête sous sa couette comme un enfant qui souhaite se couper du monde.

@Eli Cash ☆ Jordan Fisher Novembre 2011 chez un pote Jordan a 20 ans Rosa est dans le coma depuis 1 an et 8 mois. Avatar © lux aeterna

Tu reçois aussitôt une réponse et ça te rassure. Surtout que y’a rien d’agressif dans sa réponse. Il y a juste un « Hey » comme toi. On dirait que tout est comme d’habitude entre vous deux non ? Tu ne sais pas trop. T’es installé dans le canapé chez ton ami Trent, tu te grattes l’arête du nez parce que t’es déjà en pleine réflexion de ce que tu vas répondre à Eli. Tu n’as pas pensé plus loin que juste cette petite salutation. Au fond de toi tu ne pensais pas qu’il répondrait vu sa réaction, mais c’est cool. Il a répondu. Et puis il envoie un autre message quelques minutes plus tard. Il a été plus rapide que toi à trouver quoi dire pour relancer. Il a l’air de te proposer de te voir non ? Y’a un grand sourire qui s’affiche sur ton visage car ça confirme qu’il veut pas te casser la gueule. Ou bien… Ton sourire s’efface aussitôt. Peut être au contraire que c’est un piège pour qu’il te casse la gueule tranquille à son appart’.

Jordan The Fisherman
Jvoulais voir ce que tu fais avant de me décider. T’as de la poudre?

Et puis ton cerveau décide que s’il veut te casser la gueule et bien qu’il le fasse. Ca vous fera du bien à tous les deux. Tu n’as pas peur. Tu en as pris des coups dans ta vie et c’est pas cette année que ça va s’arrêter.

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novembre / 2011
chez un pote d'eli, où il vit

Il arrive pas à arrêter le flot de pensées qui le traverse depuis plusieurs jours ; il ne sait pas sur quel pied danser et c’est difficile à supporter. Il est pris entre ce qu’il imagine être le bien et le mal, pris entre une personne qu’il apprécie et ce qu’il sait - croit - être la vérité ultime. Il est serré entre son dégoût et ses interrogations, et refuse de laisser son imagination aller trop loin. Il est perdu mais il répond à Jordan, peut-être pour des raisons que lui-même n’est pas capable d’exprimer et d’expliquer.

​​

Jordan The Fisherman
Jvoulais voir ce que tu fais avant de me décider. T’as de la poudre?

Eli
Ouai. tu vient ?

Il répond dans la foulée, pas d’hésitation possible en cet instant. Mais une fois que Jordan sera là, il se passe quoi ? Ils font semblant que rien ne s’est passé et ils ignorent pour toujours l’éléphant au milieu de la pièce ? Il lui fout sur la gueule avant de lui cracher au visage et de se barrer ? Il faut dire que si ça avait été n’importe qui d’autre, cette réaction aurait été la première ; mais on ne parle pas de n’importe qui ici et les quelques jours qui séparent aujourd’hui et l’incident lui ont permis de se perdre dans les tréfonds de ses pensées et il sait franchement pas quoi en penser.

@Eli Cash ☆ Jordan Fisher Novembre 2011 chez un pote Jordan a 20 ans Rosa est dans le coma depuis 1 an et 8 mois. Avatar © lux aeterna

Tu fais que de gigoter dans le canapé, t’as la bougeotte, t’as besoin de sortir, t’as besoin d’un peu de substance pour faire du bien à ta tête. Pour couper tes pensées et autres mauvais souvenirs. Tu es déjà en train de te mettre sur tes deux pieds quand il te propose de le rejoindre.

​​

Jordan The Fisherman
J’arrive

Vingt minutes plus tard, te voilà arrivé à destination. Tu te déplaces en vélo ces derniers temps, tu préfères mettre ton fric dans la drogue que dans l’essence. Vêtu d’un jeans, d’un hoodie noir et d’une doudoune pour te tenir au chaud dans le froid de Novembre, tu entres quand la porte t’es ouverte. Tu as un grand sourire au visage quand ton regard croise celui de Eli. « Hey… » Que tu lui dis encore même si tu l’as déjà fait par messages. Ca y est toi t’as déjà oublié l’affaire de la boite de nuit et de comment il t’a fait déguerpir le mec que tu allais emballé. Il te parle toujours, il te propose de le rejoindre, ça veut dire qu’il n’y a plus aucun problème. « T’as de la qualité ? » Tu demandes assez rapidement car ça reste un point essentiel de ta venue chez lui (même si tu sais que ce n’est pas vraiment chez lui).

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novembre / 2011
chez un pote d'eli, où il vit

Y’a mille questions qui se bousculent dans sa tête avant que Jordan n’arrive ; l’appartement se vide de ses occupants, tous ayant mieux à faire et il se retrouve bien vite affalé sur le canapé, une manette de console entre les mains, un joint calé entre ses lèvres, faisant de son mieux pour ne pas trop réfléchir et laisser la vie suivre son cours. Depuis quand il se prend autant la tête, sérieux ?

Quand quelques coups se font entendre, le voilà qui pose la manette et se lève rapidement pour aller lui ouvrir, sentant encore cette appréhension insupportable en lui, ce qui ne l’empêche pas d’afficher un air nonchalant et détaché, espérant que le tourbillon qu’il ressent à l’intérieur ne sera pas vu de l’extérieur. « Hey… » Refermant la porte derrière eux, Eli tire une taffe du cylindre mortel avant de le passer à Jordan. « T’as de la qualité ? » Bon, visiblement, on fait comme si de rien n’était et très franchement, ça lui convient largement, préférant mettre un voile sur la situation que de la confronter. C’est tellement plus facile ainsi. Sur la table se trouvent quelques pochons déjà prêts ; faudrait clairement pas que les flics fassent une descente ici, ce serait le trou assuré. Récupérant un petit pochon, il lui jette, attendant de lui qu’il le rattrape avant de revenir près de lui récupérer son joint. Il n’a pas besoin de lui dire le prix, ils effectuent cette transaction depuis suffisamment longtemps pour que y’ait plus besoin de dire quoique ce soit. « Tu restes un peu ou quoi ? » qu’il demande alors, se réinstallant rapidement sur le canapé et récupérant sa manette.

Il fait mine de rien mais ses pensées vont à toute vitesse alors que la scène se repasse dans son cerveau ; il ne le regarde même pas, n’ose même pas croiser son regard. Il comprend pas et s’il est tout à fait honnête, ça le dégoûte même un peu d’imaginer tout ce qui aurait pu se passer s’il n’était pas intervenu. Puis y’a de la honte de se poser tant de questions, la honte de se demander, la honte d’imaginer.

@Eli Cash ☆ Jordan Fisher Novembre 2011 chez un pote de Eli Jordan a 20 ans Rosa est dans le coma depuis 1 an et 8 mois. Avatar © lux aeterna

Y’a l’air de n’y avoir pas un chat dans cet appart’, ce qui est cool. Tu prends toujours ça comme une façon de te dire que tu n’auras pas d’embrouille ce soir. On sait jamais avec les gens qui sont sous l’influence des drogues. T’as vu des trucs très moche. Tu t’es déjà enfui en courant d’un de ces endroits là. Eli a l’air peu commode quand il t’ouvre la porte alors que toi t’affiches un super grand sourire. Tu te dis qu’il est pas d’humeur mais pas une seconde tu penses que ce soit lié à toi vu qu’il te reparle normalement. Les hauts et les bas dans l’humeur tu connais mieux que personne. T’es un peu naïf car en réalité peut être qu’il t’as répondu juste parce que t’es un client. Mais tu n’y penses pas un seul instant à ça.

La transaction faites, tu te sens grave plus léger juste de savoir que tu as de quoi d’allumer le cerveau pour quelques jours. Y’a deux plaisirs. Y’a celui quand tu as tes munitions et y’a celui quand tu vas enclencher celles ci. Tu vas faire durer. Juste d’avoir ça dans ta poche ça t’enivre. « Tu restes un peu ou quoi ? » Et ça, ça te conforte dans l’idée qu’il n’y a aucun soucis vis à vis de ce qu’il s’est passé la veille. « Ouais. J’ai rien à faire. » Tu répliques alors que tu t’installes à côté de lui sur le canapé. Tu regardes l’écran alors qu’il est en train de jouer et toi c’est ton petit sachet en plastique avec lequel tu t’amuses. Tu le tripotes, ce sachet, y’a un sourire sur tes lèvres. Tu replaces ton sachet dans ta poche pour le garder en sécurité. Tu te redresses pour appuyer tes coudes sur tes cuisses, tu prends la parole en même temps et ton genou touche celui de Eli un bref instant. « C’est quoi ce jeu ? » Tu ne joues pas aux jeux vidéos, tu n’y connais rien, mais tu regardes souvent les autres jouer.

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novembre / 2011
chez un pote d'eli, où il vit

C’est presque normal entre eux. Jordan ne semble pas faire cas de ce qu’il s’est passé la dernière fois qu’ils se sont vus et Eli décide bien évidemment de suivre le mouvement. En apparence du moins, car dans sa tête tout se chamboule et il ne sait pas vraiment comment il va faire pour oublier ce qu’il a vu, pour oublier ce qu’il sait. C’est gravé au fer rouge dans sa mémoire et c’est assez difficile à supporter. C’est pas normal, c’est pas ce qu’il connaît mais c’est son ami. Une putain de situation compliquée à gérer. Alors le plus simple pour le moment, c’est de ne faire mine de rien et de reprendre sa vie ; et sa place sur le canapé, laissant son ami le rejoindre rapidement.

Du coin de l'œil, Eli ne peut qu’observer ses moindres faits et gestes ; il le voit s’amuser avec le petit pochon, reporte son attention sur la télévision, ne dit rien mais pense un peu trop, le regarde à nouveau puis ignore. Si tout se passe très vite - car il ne s’agit que d’un mouvement -, Eli, lui, voit tout et sent tout au ralenti. Moment suspendu qui vient l’électriser dans tellement de sens du terme qu’il préfère couper net et fermer son cerveau quelques instants. Il n’entend même pas les mots de son ami, tout ce qu’il voit c’est ce qui pourrait arriver. Il le revoit en train de rouler une pelle à un mec, il le revoit le sourire aux lèvres - heureux, visiblement. Il le revoit lui demander s’il va le taper lui aussi, assumant alors ce que le dealer imagine être l’impossible. « Tu fais quoi ! » qu’il demande alors d’un bond en arrière, se décalant au bout du canapé pour éviter que quelques parties de leurs corps ne se touchent. « J’suis pas comme toi moi hein. » La manette abandonnée, il est sur la défensive ; peut-être un peu trop. Y’a son coeur qui bat vite, de colère, de frustration, de peur, et de quelque chose d’autre qu’il peut pas nommer.

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« Tu fais quoi ! » Il te fait sursauter le con. Tu ne l’avais pas vu arriver avec son saut en arrière et son ton pressant autant que menaçant. « De quoi ? » Parce que toi t’as même pas capté que t’as touché son genou. Tu t’es juste replacé un peu mieux sur le canapé. Le mec est fou là, c’est ce que tu te dis. Nan il doit être en plein trip en fait. Il devait l’être depuis tout à l’heure et ça vient de se déclencher juste maintenant. « J’suis pas comme toi moi hein. » Tu fronces les sourcils parce que tu comprends pas ce qu’il veut dire par là. « Mais de quoi tu parles ? » Parce que tout était si chill jusque là, tu as déjà oublié cette histoire. Pour toi tout est ok aussi pour lui. Que tu es mignon dans ta naïveté Jordan.

Puis tu vois qu’il est limite sur le point de t’en mettre une et y’a quelques connexions qui se font dans tes neurones. Tu as eu peur - pas vraiment - qu’il te mette une droite après sa réaction de l’autre soir. Il avait dit qu’il irait casser la gueule du mec si tu le voulais mais tu ne le voulais pas du tout, évidemment. Tu voulais baiser la gueule du mec ouais. « Quoi t’es encore là dessus ? » Tu dis alors que tu réalises tout clairement enfin. « Je vais pas t’embrasser si c’est ce qui te fait peur hein putain t’es vraiment con parfois. » Tu dis avec tout le fond de ta pensée. Tu le trouves con, vraiment trop con là. Même l’autre soir il était con. Surtout l’autre soir parce que c’est là que tout a commencé.

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novembre / 2011
chez un pote d'eli, où il vit
tw : propos homophobes

Évidemment qu’il est con, y’a pas photo et y’a pas de débat à avoir mais dans sa tête à lui, c’est tout l’inverse. Pour Eli, y’a trop de choses qui se jouent ici et maintenant, des choses qu’il n’est même pas vraiment capable de comprendre encore et qui font que le remuer depuis cette fameuse soirée. Alors maintenant qu’il est bien calé à un bon mètre de Jordan, et même s’il le fuit du regard, il reste concentré sur les moindres faits et gestes du garçon - sait-on jamais. « T’as pas intérêt. » qu’il se contente de répondre, l’envie de fuir à toutes jambes qui le prend encore - ça devient une habitude. Le problème, c’est qu’il est chez lui et que y’a pas vraiment moyen de fuir là tout de suite pied nus qu’il est. « J’suis pas pédé donc garde tes mains pour toi. » Il s’enfonce Eli mais il peut clairement pas s’en empêcher, c’est tout ce qu’il a toujours connu et même si c’est pas une excuse, c’est la seule qu’il pourrait avoir aujourd’hui. Mais lui ne s’en cherche pas, persuadé d’être dans le vrai ; effrayé à l’idée de pouvoir se tromper.

Il a les dents serrées et les yeux rivés sur l’écran qui ne bouge plus ; parce que lui ne bouge plus. Et maintenant on fait quoi ? Ouais, il est toujours en boucle sur le même sujet, sûrement que ça va durer un moment il peut juste pas s’en empêcher. Est-ce que cette histoire va mener son amitié avec Jordan droit dans le mur ? Et qu’en est-il du business entre eux ? Et pourquoi ça l’énerve autant ? Tout autant que ça lui pose question. Et pourquoi ça existe ? et pourquoi, et pourquoi. « Pourquoi ? » Ah, c’est sorti tout seul ? Tant pis.

@Eli Cash ☆ Jordan Fisher Novembre 2011 chez un pote de Eli Jordan a 20 ans Rosa est dans le coma depuis 1 an et 8 mois. Avatar © lux aeterna

tw : langage sexuel cru, homophobie, prostitution  

« T’as pas intérêt. » Tes sourcils froncés, tu secoues la tête de gauche à droite en signe de consternation. Tu ne le pensais pas aussi con mais tout est bien clair depuis l’autre soir. Il l’est véritablement. « J’suis pas pédé donc garde tes mains pour toi. » Il le répète tellement que tu commences à douter de ces propos. Il n’est pas le premier que tu entends avec ce discours. Y’en a plein qui t’ont dit ça alors que tu avais leur queue dans la bouche, quelle ironie. Tu les connais ces mecs là. Tu pensais pas que Eli faisait parti de ces mecs là. Tu sais même pas quoi lui répondre tellement t’es consterné par sa stupidité. Tu voudrais bien lui poser des questions, celles que tu ne poses pas au mec qui te baisent en te disant ces mêmes mots parce que eux ils te filent de la thune ou de la drogue, ça dépend, mais ça reste un échange de bons procédés.

« Pourquoi ? » Là tu comprends pas la question. « Pourquoi quoi ? Pourquoi je vais pas me jeter sur toi ? » Tu sais que c’est pas ça la question mais tu joues le con toi aussi, tu tentes de prendre la palme entre toi et lui là y’a du niveau. Tu continues de le questionner sans laisser le temps qu’il réplique entre deux. « Pourquoi ? Tu voudrais ? » Tu le provoques ouvertement parce qu’il t’énerve là et c’est toi qui a envie de lui mettre une droite, même deux. Tu pourrais juste partir et éviter toute cette conversation merdiques mais ce connard a des très bons prix et tu ne dirais pas non taper sur sa sale gueule de con qui te juge parce que tu baises des mecs. Ca te défoulera et ça lui remettras peut être des idées en place.

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novembre / 2011
chez un pote d'eli, où il vit

La question est sortie toute seule et même lui est pas certain de savoir ce qu’il voulait, même pas sûr de vouloir comprendre pourquoi le mec est comme ça, pourquoi ça existe, pourquoi il garde pas ça pour lui, pourquoi il fait le fier à en parler ouvertement ; y’a rien qui est compréhensible et il faut pas être plus intelligent que la moyenne pour sentir que la tension montre entre les deux aux points de vue tellement opposés que c’est déjà très surprenant qu’ils ne soient pas en train de régler ça à l’aide de leurs poings. Il devrait pas insister comme ça, quand ça va juste lui attirer des ennuis et lui faire perdre un ami mais il peut pas s’en empêcher, y’a une force invisible qui le pousse à continuer la conversation, à aller au bout des choses. Mais quelles sont-elles ?

« Pourquoi quoi ? Pourquoi je vais pas me jeter sur toi ? » « Ta gueule putain. » qu’il répond simplement, voyant bien que Jordan commence à se foutre ouvertement de sa gueule. ça le rend dingue, et il sait que de l’autre côté c’est pareil. Ils feraient mieux d’arrêter là mais aucun d’eux ne semble prêt à appuyer sur le bouton stop. « Pourquoi ? Tu voudrais ? » C’est sûrement la goutte de trop, peut-être parce que ça fait écho, qui sait. Alors qu’il s’était éloigné pour éviter de le toucher, voilà qu’il n'hésite pas à revenir près de lui, se levant du canapé pour le choper par le col et le forcer à se lever. « J’te jure arrête de dire des conneries comme ça Jor. » Son poing est fermé, tenant le t-shirt entre ses doigts ; il sent ses ongles rentrer dans sa peau et sa mâchoire qui se serre de plus en plus. Pour la première fois de la journée, il le regarde droit dans les yeux.