Anwar&Jordan - Everything is temporary

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Hors RP:

début septembre 2024
Bristol City Center :: Bridewell Police Station

Tu es devant le poste de police. Tu dois voir l’inspecteur en charge de l’affaire kidnapping de Birdie. Il est en retard sur l’horaire qu’il t’avait donné y’a quelques jours de ça. Apparement il est sur quelque chose de urgent et devrait être de retour d’ici une heure. Tu as été faire un tour en ville mais tu es déjà de retour ici 20 minutes plus tôt que le nouvel horaire. On sait jamais s’il a fini son urgence plus tôt que prévu. Tu as ton nez dans ton téléphone et tu as un écouteur dans une seule oreille pour rester alerte à ce qu’il se passe aux alentours.

Il fait bon dehors aujourd’hui. Manquerait plus que ça que tu sois voué à attendre dehors et sous la pluie par dessus le marché. Tu sais pertinemment que l’inspecteur ne va rien te donner de plus comme informations. Ca fait bien longtemps qu’il n’y a plus rien de nouveau dans l’affaire. C’est très frustrant et malgré tout, tu ne perds pas espoir et tu espères avoir tort. Tu essaies de te mettre dans la tête qu’il faut que tu penses positif pour attirer le positif, mais tu as du mal. C’est dur de voir que l’homme qui a fait le plus de mal à Birdie est toujours en vadrouille tranquillement quelque part sur cette planète. C’est tellement injuste. Même si elle remonte la pente, votre vie n’est plus du tout comme avant pour l’instant. La période de transition est toujours là et peut être que vous allez y rester encore des années. Tu seras à ses côtés quoi qu’il en soit. Ce que tu veux le plus au monde c’est qu’elle soit heureuse. Ca va mieux ces derniers temps, mais tu la vois qui se prend des coups de stress ici et là avant de réaliser que tout est ok. Elle est toujours très très affecté et tu ne l’oublies pas malgré ses grands sourires et vos coups de folies à deux.

La porte du poste de police s’ouvre et tu relèves la tête instinctivement. Y’a un visage qui t’es familier et puis en même temps y’a un gros bruit de choc qui se fait entendre. Ta tête se tourne vers la rue où un accident vient d’avoir lieu. Tu ne sais pas si les dégâts sont importants mais le bruit a été assez impressionnant.

everything is temporary

Sticks and stones they say, but we dont have bones inside our brains, if bones are the walls between you and I then I feel pretty tempted to beat myself with sticks and stones anyway. I got a ray gun in my bag a treasure map under my hat, and i'll never miss a headshot or a dotted line, I've spent way too much time thinkin about dreamin about life to miss the point. ★★

@JORDAN FISHER ☆ @ANWAR ZEHRI

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09/2024 bridewell police station (city center)

« Et maintenant ? Qu’est-ce qu’on fait ? »
« Maintenant, on attend. »

La patience, pourtant, n’était pas inscrite dans l’ADN d’Anwar. Était-ce la raison pour laquelle ses deux autres collègues étaient restés silencieux, se contentant de hocher la tête après avoir échangé un regard, avant que l’un d’eux ne se lève pour se servir une nouvelle tasse de café ? Si Zehri le premier mettait la patience sur le tapis, ils étaient tous partis pour ronger leur frein un moment. Appuyant du bout du pied contre son bureau, l’inspecteur avait fait rouler sa chaise loin de son bureau d’un air songeur, et jeté un coup d’oeil à sa montre « Le greffe répond jamais en moins d’une heure, si vous avez envie d’un casse-dalle c’est maintenant. » Dieu sait à quelle heure ils finiraient ce soir, si la réponse du bureau du procureur était positive et les autorisait à aller fourrer leur nez là où ils n’avaient actuellement pas (encore) le droit de le mettre. « Si je dois monter en voiture avec toi ensuite, j’crois pas, non. » Ah, ah. « Ta perte, pas la mienne. » S’était en tout cas contenté de rétorquer le concerné en haussant les épaules, quittant son bureau pour aller attraper sa veste derrière la porte du bureau leur accordant un brin de calme, loin de l’agitation des open spaces du rez-de-chaussée – privilège de flic en civil, dirait-on. « J’vais me chercher un sandwich, je crève de faim. » Avait-il alors annoncé, sans mentionner qu’il avait surtout terriblement besoin de prendre l’air après les heures passées par chacun d’entre eux à éplucher des relevés téléphoniques. « Tu peux me prendre un jus d’aloé au passage ? » Ew, disait le visage de l’inspecteur Zehri, qui néanmoins avait répondu par un signe “ok” avant de tourner les talons.

Au rez-de-chaussée on s’entendait à peine penser. Les sonneries de téléphones se mêlaient au grésillement des radios des agents en uniforme de passage entre deux patrouilles, ceux qui attendaient pour déposer plainte se mêlaient dans la salle d’attente à ceux qui attendaient l’heure d’une convocation, et une femme excédée réclamait à l’accueil de pouvoir parler à son fils mis en garde à vue durant la nuit. Un lundi comme les autres au poste de police du centre-ville, en somme. Traversant tout juste la rue pour rejoindre le kebab dont la moitié du chiffre d’affaire se faisait probablement grâce au poste de police voisin, l’inspecteur avait commandé un gyros végétarien, un jus d’aloé et deux thés glacés qu’on lui avait tendu dans un sac en papier contre un billet de dix livres – le prix allait avec le statut d’habitué. De même que l’habitude de traverser sans regarder, ce qui ce jour-là aurait bien pu lui coûter plus cher qu’un sandwich grec tant la camionnette de livraison arrivée à toute allure l’avait frôlé de près. Bien mal lui en avait d’ailleurs pris, puisque le chauff(ard)eur s’était embouti quelques dizaines de mètres plus loin dans l’arrière d’un SUV dont les dégâts vaudraient probablement plus chers que la camionnette toute entière. Fort heureusement pour lui, deux bobbies avaient fait irruption du poste quelques secondes plus tard, et l’inspecteur Zehri avait pour sa part pu se féliciter d’en être suffisamment loin dans sa carrière pour que les accidents de la route ne soient plus son problème.

Derrière la vitre du pupitre d’accueil, l'auxiliaire semblait s’être débarrassée de de la mère en furie et avait interpellé Anwar alors qu’il s’apprêtait à remonter dans les bureaux. « Y’a ce type là-bas. » Du menton, elle lui avait désigné un grand dadet à la crinière blonde en bataille, lequel semblait faire le pied de grue devant l’entrée comme s’il attendait quelqu’un. « Hm ? » Comprenant qu’elle allait devoir élaborer, la policière avait repris « Il prend racine là depuis au moins vingt minutes. Je sais pas, c’est bizarre. C’est juste qu’avec tout ce qui se passe en ce moment … » Avec tout ce qui se passait en ce moment, elle avait peur que le bonhomme prépare un mauvais coup – ou pire. Elle n’avait pas eu besoin de le dire, un regard lourd de sous-entendu avait suffit, et tâchant de ravaler le soupir qui lui venait à l’idée que son gyros allait refroidir, Anwar avait répondu « C’est bon, c’est bon … Je vais voir ce qu’il veut. Et ne t’avise pas de piocher dans mes frites. » avant de déposer son sac de l’autre côté du comptoir pour faire demi-tour. Réajustant sa veste pour mettre en évidence la plaque de police à sa ceinture et le holster sous son bras gauche, il était allé se planter devant l’inconnu et lui avait tendu une main « Bonjour. Inspecteur Zehri, je peux vous renseigner ? » Soit il avait une bonne raison d’être là, soit il était à un échange d’être invité à aller s’enraciner ailleurs que dans l’entrée d’un poste de police – le suspens était à son comble.

« Bonjour. Inspecteur Zehri, je peux vous renseigner ? » T’as du le croiser lors d’une autre de tes visites dans les locaux ces derniers mois car son visage te parle. Tu enlèves l’écouteur de ton oreille car tu veux lui donner toute ton attention vu qu’il te parle. Et qu’il est inspecteur. Pourquoi on se sent toujours coupable alors qu’on a rien fait de mal quand une personne des forces de l’ordre vous adresse la parole. « Bonjour. Je dois voir l’Inspecteur Lucas il est sur un truc urgent apparemment alors j’attends qu’il arrive. » Tu expliques tout simplement. « Vous avez travaillé sur l’affaire du kidnapping de Birdie Cadburry ? » Si jamais un autre inspecteur peut te filer des informations, tu prends.

T’as la sensation que l’inspecteur Lucas te sort des excuses à chaque fois mais la réalité de la situation c’est que tu ne connais rien de leur boulot. Et oui ça doit pas être facile de remettre la main sur un mec dans le pays entier, ou le monde entier. Qui sait ? Il avait plein de fric, il a peut être des passes droits pour une autre identité ou tu ne sais pas. Mais ton esprit est très conscient que tout est possible et oui, ça ne doit pas être simple. MAIS ça reste leur travail et ils ont des moyens que tu n’as pas. Donc si eux ils trouvent rien, tu sens qu’il ne sera jamais arrêté le bourg. Peut être que tu devrais reprendre les services d’un détective privé. Tu sais pas trop si c’est pas des arnaques ça aussi. Au moins la police tu n’as pas des frais à leur payer. Mais ça veut aussi dire que t’es loin d’être le seul à utiliser leurs services. Rien que de t’imaginer la montagne des enquêtes qu’ils doivent avoir en cours, ça te file un petit coup de panique. Tu voudrais faire leur boulot pour rien au monde.

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Il y avait une différence entre la méfiance et la prudence, et elle s’illustrait dans la posture qu’avait adoptée Anwar avec l’inconnu posté devant l’entrée du commissariat, à la seconde où l’agente chargée de l’accueil le lui avait fait remarquer. Il ne s’agissait pas de prêter de mauvaises intentions à quiconque, mais de s’assurer que rien de fâcheux n’était en passe de se produire – et de fait, l’inconnu ne s’était montré ni agressif ni particulièrement antipathique au moment de répondre à la question de l’inspecteur qui venait à sa rencontre. « Bonjour. Je dois voir l’inspecteur Lucas, il est sur un truc urgent apparemment alors j’attends qu’il arrive. » Sa posture se relâchant un peu, Anwar avait néanmoins laissé paraître une vague grimace en retour à la réponse du bonhomme, qui déjà ajoutait « Vous avez travaillé sur l’affaire du kidnapping de Birdie Cadburry ? » avec dans la voix ce qui ressemblait fort à de l’impatience. Pas celle agacée dont se retrouvait parfois témoin et victime l’agent posté à l’accueil du poste de police, mais celle inquiète de l’homme persuadé que son dossier était à deux doigts de la clôture définitive – et pas de façon satisfaisante. « Il est au tribunal, je doute qu’il revienne tout de suite. » Marquant une pause, et réalisant que sa phrase manquait un peu de clarté, il avait finalement ajouté « L’inspecteur Lucas. Une convocation de dernière minute, ce n’est pas son genre de faire faux-bond. Et vous m’avez dit que vous étiez … » L’homme n’avait rien dit du tout, et derrière la politesse avec laquelle il affirmait l’inverse Anwar entendait bien obtenir une réponse à cette question (capitale) avant de fournir le moindre détail supplémentaire à propos d’une enquête ouverte – une enquête qui n’était pas la sienne, qui plus est. « Je n’ai pas pour habitude de parler d’enquêtes en cours sur un bout de trottoir avec des inconnus. » avait-il d’ailleurs fini par faire remarquer à voix haute, précisant finalement « Particulièrement lorsqu’elles concernent une personnalité publique, et attirent tous les curieux. » Les curieux et les détraqués, aurait-il même plus ajouter sans aucune certitude quant à la catégorie à laquelle appartenait son interlocuteur, mais la dernière chose à faire avec la seconde catégorie c’était précisément d’en souligner leur appartenance. Quant à savoir si Birdie Cadburry était à considérer comme une personnalité publique : c’était en tout cas comme cela que la police avait choisi de traiter la question, et puisqu’elle avait déjà accompagné son premier café du matin pour lui présenter la météo du jour et les chances qu’il aurait de pouvoir naviguer, Anwar rangeait volontiers l’ancienne Miss météo dans cette case.

« Il est au tribunal, je doute qu’il revienne tout de suite. » Fais chier. C’est ta première pensée mais aussitôt tu es plutôt satisfait d’avoir une réponse bien plus claire que juste ‘il a eu une urgence’. Tribunal dans ta tête ça veut forcément dire un truc infini et tu vas certainement pas le voir aujourd’hui. Ou pas ce matin. Le matin est déjà passé de toute façon. « L’inspecteur Lucas. Une convocation de dernière minute, ce n’est pas son genre de faire faux-bond. Et vous m’avez dit que vous étiez … » Par contre c’est son genre d’enjoliver la réalité de l’enquête pour pas te dire clairement que non y’a aucune avancée dans leurs recherches. « Je n’ai pas pour habitude de parler d’enquêtes en cours sur un bout de trottoir avec des inconnus. » Ces mots là te font penser qu’il a peut être des informations qui pourraient être intéressantes dont tu n’es pas encore au courant. Y’a ton regard qui s’ouvre un peu plus. « Particulièrement lorsqu’elles concernent une personnalité publique, et attirent tous les curieux. » Tu comprends que ce gars là en face de toi il est pas là pour rigoler et tu ne vas pas chercher à faire le mariole.

« Je suis Jordan Fisher. Le fiancé de Birdie Cadburry. » Tu dis en te redressant davantage. « J’ai pas vraiment de papier qui le dit officiellement mais ouais, je suis son fiancé. » Si t’étais marié tu aurais le même nom de famille qu’elle sur ta carte d’identité et ça ne ferait aucun doute pour l’inspecteur que tu es qui tu dis que tu es. « Vous avez des informations à propos de l’enquête ? Y’a mon nom dans le dossier, je suis vraiment son fiancé. » Tu ajoutes au cas où il faudrait des preuves supplémentaire sur qui tu es avant qu’il puisse te donner des détails que tu n’as pas encore eu.

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L’homme faisant face à Anwar semblait plus contrarié que surpris à l’idée de ne pas pouvoir obtenir de face-à-face avec l’inspecteur Lucas, ni dans l’immédiat, ni probablement pour le reste de la journée. En cela le policier ne pouvait pas lui jeter la pierre, lui aussi aurait probablement cédé à l’agacement de s’être déplacé pour rien, un jour de semaine où il aurait probablement eu mille autres choses à faire et autant d’autres endroits où aller. Pour le reste, il lui semblait en revanche encore un peu prématuré de compatir à son manque de chance, tant qu’il ne savait pas précisément à qui il avait affaire – et surtout de quel côté de la balance se situaient ses intentions. « Je suis Jordan Fisher. Le fiancé de Birdie Cadburry. » Bombant le torse, et se faisant ainsi plus grand qu’il ne l’était déjà (un sentiment probablement renforcé par la petite taille d’Anwar, que ce dernier compensait souvent par son – mauvais – caractère), le dénommé Jordan avait ajouté aussitôt comme pour appuyer ses propres dires : « J’ai pas vraiment de papier qui le dit officiellement mais ouais, je suis son fiancé. » Bien que la remarque ait semblé laisser Anwar impassible, le policier s’était amusé intérieurement de ce que l’officiel n’avait de toute façon aucune valeur … Lui était bien officiellement marié, et pourtant, Riley et lui ne partageaient plus le même toit depuis des années, entre autres choses qui ne faisaient plus d’eux un couple. « Vous avez des informations à propos de l’enquête ? Y’a mon nom dans le dossier, je suis vraiment son fiancé. » Empreint d’un brin d’impatience dont on sentait qu’il faisait au mieux pour le maîtriser, le blond semblait suffisamment sincère pour que, à défaut de le croire sur parole, Anwar puisse au moins envisager de vérifier son histoire. « Vous entrez deux minutes ? Je vais me renseigner et voir ce que je peux faire pour vous. » Si son histoire ne tenait pas la route, l’inspecteur mettait sa main au feu que le bonhomme ne serait plus là lorsqu’il reviendrait.

Laissant l’homme passer le premier, une façon de s’assurer qu’il entrait autant que de pouvoir le garder dans son champ de vision s’il tentait le moindre geste brusque ou menaçant, le policier lui avait indiqué la zone d’attente où toutes les places assises étaient néanmoins déjà occupées. « Attendez-moi ici. » Passant un mot à l’agent d’accueil pour lui demander de garder un oeil sur le bonhomme, chose qu’il savait un peu illusoire tant la jeune femme avait déjà plusieurs chats à fouetter en même temps, Anwar s’était éclipsé un instant pour donner l’impression d’être parti faire Dieu savait quoi d’important – en réalité, il s’était contenté de passer un coup de téléphone à son collègue absent, obtenant une réponse au bout de la seconde tentative, d’une part, et obtenant surtout un verdict qui ne serait pas pour contenter l’homme qui attendait dans le hall d’accueil du commissariat. « T’inquiètes, je gère. » lui avait néanmoins assuré Anwar, dont on en viendrait presque à douter que sa bonne volonté ne cacherait pas autre chose … Raison pour laquelle il n’avait pas manqué de rajouter, goguenard « Et comment que tu me revaudras ça, j’ai déjà deux-trois idées. » avant de raccrocher. Restait maintenant à gérer la déconvenue de l’homme qui, on venait de lui confirmer, était bel et bien le fiancé de Birdie Cadburry. Car présent ou non, l’inspecteur Lucas ne semblait pas avoir de grandes avancées à lui communiquer.

« Vous voulez un café ? » avait-il néanmoins proposé au grand blond à la seconde où il l’avait à nouveau rejoint, ayant profité encore de son absence pour monter dans son bureau le repas qu’il mangerait plus tard, et menacé au passage ses collègues pour les dissuader de toute envie de l’engloutir à sa place. « Je vais être franc avec vous cela dit, mon collègue m’a dit qu’il n’avait pas de nouveautés majeures à vous partager. » L’ennui, c’est que la coutume était bien souvent de devoir se déplacer même pour se faire entendre dire que les choses n’avançaient pas, la communication avec les victimes n’étant pas le grand fort de la police. « Il y a une raison au fait que ce soit vous qui vous déplaciez, plutôt que Mademoiselle Cadburry ? » n’avait d’ailleurs pas pu s’empêcher de questionner l’inspecteur, sans doute avec un brin de curiosité mais aussi pour tâter un peu mieux le terrain.

Ce n’est peut être que quelques secondes mais entre tes paroles et quand il se met enfin à te répondre, t’as eu la sensation qu’il s’y est passé un quart d’heure. Le silence est suspendu et même les bruits de la rue où vous vous trouvez ne transpercent pas l’étanchéité de ta bulle.  « Vous entrez deux minutes ? Je vais me renseigner et voir ce que je peux faire pour vous. » Tu fais oui de la tête. « Oui, merci, j’attends. J’ai deux minutes. » Même plus que ça mais tu ne vas pas en rajouter. S’il y a des informations derrière t’es prêt à attendre bien plus longtemps. Même à revenir s’il le faut. Il te fait signe d’entrée ce qui te semble être un bon début pour se rapprocher de l’action véritable au sein de la police, ou bien en tout cas ça donne une meilleure illusion que devant la porte d’entrée. « Attendez-moi ici. » Tu hoches la tête en regardant un peu autour de toi. C’est pas la première fois que tu viens ici mais ça reste toujours assez intrigant de voir qui se trouve entre ces murs. Tu aimerais bien savoir l’histoire de toutes ces personnes dans la salle d’attente. Tu fais de ton mieux pour ne pas dévisager les gens et tu tentes de choper un aperçu du côté des bureaux des flics à chaque fois qu’une porte s’ouvre.


« Vous voulez un café ? » Cette fois ci c’est l’inspecteur Zehri qui était de retour dans ton coin et tu fais non de la tête. « Non merci. » Tu sais pas trop si tu prends ça comme une tentative d’adoucir la mauvaise nouvelle à venir ou bien peut être que ça veut dire qu’il a beaucoup de chose à te raconter alors pourquoi pas boire un coup au passage. Quelque chose te dit que ce n’est pas la deuxième option malheureusement. C’est pas compliqué à deviner en réalité, ça fait des semaines que y’a rien. Des mois même.  « Je vais être franc avec vous cela dit, mon collègue m’a dit qu’il n’avait pas de nouveautés majeures à vous partager. » Et voilà, tout ça pour ça. Tu hoches la tête, pas surpris mais quand même déçu.

« Il y a une raison au fait que ce soit vous qui vous déplaciez, plutôt que Mademoiselle Cadburry ? » Y’a un léger rire sans joie qui s’échappe de ta gorge. « Pour lui éviter une nouvelle crise de nerf, juste ça. S'entendre dire que ça stagne... » Tu prends une grande inspiration alors que tu te demandes si ça vaut le coup de mentionner ce passage au poste de police à Birdie ou non. « Elle est sur ses gardes tout le temps quand on est dehors parce qu’elle sait qu’il pourrait être là. Qu’il est toujours en liberté; Et je sais que c’est pas un job facile que vous avez mais y’a rien qui est facile dans cette histoire… » Tu hausses une épaule, un peu défaitiste. « Vous pensez que ça sert à quelque chose si je prends un détective privé ? J’ai pas envie qu’il me dépouille juste de mon fric en me disant qu’il a aucun lead lui non plus… J’ai aucune idée si c’est parce que y’a pas assez de monde dans votre équipe pour les centaines d’affaires que vous avez ou si l’autre fils de pute a vraiment réussi à se volatiliser… » Tu dis les choses telles que tu les penses car toi ce qui t’importe, c’est que Birdie arrête d’avoir peur quand vous êtes dehors. Ou peut importe où en fait. Elle serait mieux s’il était enfermé. Ou mort. Mort c’est mieux même si tu devais choisir. Puis tu ajoutes un truc rapidement. « Sans vouloir vous manquer de respect. » Tu veux juste sincèrement trouver une solution pour que ça avance et que Birdie puisse aller de l'avant également, mais ça, tu penses pas que ce sera vraiment possible tant que Alistair est dans la nature.

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On sentait le visiteur plus impatient qu’il ne tentait de le faire croire, et accepter un café semblait être l’une de ces limites qu’il se refusait à franchir pour ne pas avoir l’air de ne pas être venu parler sérieusement – à moins qu’il ne soit simplement pas un amateur de caféine, mais pour Anwar qui en engloutissait des litres chaque semaine cette option existait à peine. Reste que refusant poliment la proposition de l’inspecteur, celui qui se présentait comme le fiancé de Birdie Cadburry avait accueilli avec déception – mais visiblement pas tant de surprise – l’aveu du policier quant au peu de nouveaux éléments que son collègue et lui avaient à lui communiquer. L’affaire refroidissait, comme il se disait dans le jargon, et parce qu’il n’y avait pas eu mort d’homme, d’autres dossiers plus grands et plus récents avaient peu à peu fini par s’empiler au-dessus de celui non clôturé du kidnapping de l’ancienne Miss Météo, et de dizaines d’autres. Lorsque le blond avait répondu sans détour « Pour lui éviter une nouvelle crise de nerf, juste ça. S'entendre dire que ça stagne ... » quant à justifier pourquoi c’était lui que l’on trouvait dans le hall du commissariat aujourd’hui plutôt que la principale intéressée, Anwar ne pouvait donc décemment pas lui jeter la pierre, ni lorsqu’il avait continué en ajoutant « Elle est sur ses gardes tout le temps quand on est dehors parce qu’elle sait qu’il pourrait être là. Qu’il est toujours en liberté; Et je sais que c’est pas un job facile que vous avez mais y’a rien qui est facile dans cette histoire … » en haussant les épaules, l’air visiblement un peu las d’une situation qui s’enlisait depuis trop longtemps. Aurait-il été aussi magnanime s’il s’était agi de l’un de ses propres dossiers plutôt que de celui de l’un de ses collègues ? Nul ne le saurait, mais l’inspecteur avait au moins assuré « L’inspecteur Lucas fait sans aucun doute de son mieux. Même si j’entends que cela vous fait une belle jambe à Mademoiselle Cadburry et à vous. » sans l’ombre d’un doute, car que son collègue n’ait rien de plus à se mettre sous la dent en termes de piste ne signifiait pas pour autant qu’il se tournait les pouces en utilisant leur dossier comme dessous de tasse.

« Vous pensez que ça sert à quelque chose si je prends un détective privé ? »
La question était venue presque de but en blanc, après une seconde ou deux de silence, si bien que l’inspecteur Zehri s’était demandé un instant si son interlocuteur avait prévu de la poser ou bien si la chose lui avait échappé un peu malgré lui. « J’ai pas envie qu’il me dépouille juste de mon fric en me disant qu’il a aucun lead lui non plus … J’ai aucune idée si c’est parce que y’a pas assez de monde dans votre équipe pour les centaines d’affaires que vous avez ou si l’autre fils de pute a vraiment réussi à se volatiliser … » Il fallait au moins lui reconnaître cela, le bonhomme se donnait beaucoup de mal pour tenter d’arrondir les angles et ne pas prendre le risque d’aggraver le peu de temps que l’institution avait à lui consacrer en se montrant désagréable ou irrespectueux – Anwar était admiratif, probablement parce que conscient qu’à rôles inversés, lui n’en aurait pas été capable. « Sans vouloir vous manquer de respect. » Balayant l’option d’un signe de la main pour lui faire comprendre qu’il n’en était rien, le policier avait donc joué la carte de l’honnêteté « Un détective privé choisit ses dossiers, alors il aura forcément plus de temps à accorder au vôtre que nous … Là-dessus je ne peux pas vous prétendre le contraire. » Cela suffisait-il pour autant à en faire une bonne idée ? Les choses n’étaient pas aussi simples. « Mais c’est comme pour tout … Y’a des privés réglo, et y’a des escrocs. Ceux qui promettent monts et merveilles sont rarement les plus performants. » Un peu comme en amour, maintenant qu’il y pensait : celles et ceux qui promettaient la lune étaient rarement les bons partis qu’ils prétendaient être. « Ecoutez, hm … » Le ton baissant à mesure que l’inspecteur se rapprochait de son interlocuteur, comme pour s’assurer que ce qu’il s’apprêtait à dire n’irait pas voguer jusqu’à d’autres oreilles indiscrètes, Anwar avait repris « Je suis pas supposé vous dire ça, mais je peux vous donner un contact … C’est pas le privé le moins cher du quartier, mais il est réglo, et il s’entend bien avec les flics ce qui n’est pas négligeable quand on met le nez dans des enquêtes en cours. » Et s’il s’entendait si bien que cela avec les flics, c’est parce qu’il avait lui-même fait partie de la maison de nombreuses années. « Mais comme j’ai dit, y’a pas de miracle. Si y’a rien à trouver, il ne trouvera rien … Mais lui au moins n’est pas limité par les coupes de budget et les non-sens de la bureaucratie. » Deux maux qui, on le comprenait donc, gangrénaient la police sans qu’aucun de ses membres n’ait d’autre choix que de faire avec – ceux qui exerçaient leur fonction avec honnêteté, du moins.

« L’inspecteur Lucas fait sans aucun doute de son mieux. Même si j’entends que cela vous fait une belle jambe à Mademoiselle Cadburry et à vous. »  Tu hoches la tête à ses mots car c’est exactement ça. Au moins tu as la sensation d’être pris en considération par l’inspecteur Zehri même s’il débarque tout juste dans tes échanges avec l’administration policière. Tu es là comme un cheveux sur sa coupe de la journée. Il a sûrement bien d’autres choses à faire mais il prend quand même le temps et ça, ça vaut beaucoup pour toi, car tu sais qu’ils ont beaucoup sur la planche. Ce que tu mentionnes d’ailleurs, car ça fait parti du problème également. Tu apprécies que l’inspecteur en face de toi ne fait pas état des mots plus ou moins respectueux quant à son ordre de métier. Ca fait plaisir de sentir discuter avec un autre être humain plutôt qu’un agent représentant de la loi. Tu te sens bien moins stressé. Peut être est-ce du au fait que tu n’as pas traité avec lui depuis le début de l’affaire ? « Un détective privé choisit ses dossiers, alors il aura forcément plus de temps à accorder au vôtre que nous … Là-dessus je ne peux pas vous prétendre le contraire. »  Tu hoches la tête alors qu’il te confirme tes mots. « Mais c’est comme pour tout … Y’a des privés réglo, et y’a des escrocs. Ceux qui promettent monts et merveilles sont rarement les plus performants. »  Et voilà qu’il confirme tes craintes. Peut être connaîtrait-il un détective privé réglo ? Il doit en avoir dans son cercle non ? Des anciens collègues qui se sont reconverti à leur compte ?

« Ecoutez, hm … »  Tes yeux retournent sur l’inspecteur alors que tu étais un peu parti dans tes pensées. Il s’approche de toi et parle moins fort comme sur le point de te faire une confidence. « Je suis pas supposé vous dire ça, mais je peux vous donner un contact … C’est pas le privé le moins cher du quartier, mais il est réglo, et il s’entend bien avec les flics ce qui n’est pas négligeable quand on met le nez dans des enquêtes en cours. »  Au fur et à mesure de ses mots y’a tes yeux qui s’ouvre de plus en plus grand, comme illuminé par toute la reconnaissance dont tu fais déjà preuve à son égard alors qu’il ne t’a pas encore donné le contact en question. « Mais comme j’ai dit, y’a pas de miracle. Si y’a rien à trouver, il ne trouvera rien … Mais lui au moins n’est pas limité par les coupes de budget et les non-sens de la bureaucratie. »  Tu hoches la tête un peu frénétiquement, beaucoup trop stimulé par enfin une bonne nouvelle. « Merci. Merci inspecteur je… Merci, je veux bien son contact. L’argent n’est pas un problème si je sais qu’il est utilisé à bon escient avec quelqu’un de fiable, ça va nous faire du bien de savoir qu’on aura vraiment mis toutes les chances de notre côté et pas juste pisser dans un violon. » Tu tentes de garder ta voix basse car tu as bien compris que c’était peut être pas recommandé de parler de ça entre ces murs là. « Vraiment merci. Je vous dois une bière ou une pizza ou un milkshake je sais pas ce qui est votre préférence. » T’as oublié le café parce que tu n’en bois pas et là t’es du genre à devenir un peu maladroit dans tes mots parce que vraiment y’a un nouveau souffle d’espoir qui vient dans ta direction. Tu pouvais pas espérer mieux que ça. Tu ne t’attendais à rien du tout en venant aujourd’hui, et au final ce fut une bénédiction que l’inspecteur Lucas ne puisse pas être là.

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09/2024 bridewell police station (city center)

Anwar avait beau aimer son métier, il n’en était pas moins conscient des limites qui l’accompagnaient. C’est qu’il fallait bien être animé par la vocation pour ne pas se laisser décourager par le manque de moyens, le manque de reconnaissance, et le fait de côtoyer quotidiennement ce que l’humain avait de plus mauvais. Une vocation qui, à elle seule, ne pouvait pas tout ; Elle faisait même grise mine lorsque les bras venaient à manquer pour absorber le flot de nouveaux dossiers, nouvelles affaires, qui s’empilaient chaque jour un peu plus sur les bureaux des agents. Ceux qui faisaient de leur mieux, sans que cela ne soit souvent suffisant, et face à qui le commun de mortels attendait des miracles et se heurtait plus souvent qu’il ne fallait à un mur d’impuissance, les obligeant à chercher ailleurs une solution pansement, un moyen d’obtenir un peu de justice quand celle supposée les représenter n’en était plus capable. Parfois un avocat, parfois un psy … parfois un détective. Et Anwar d’y glisser l’occasion de renvoyer vers un qu’il savait fiable, plutôt que de se vexer qu’on aille chercher ailleurs ce que ce commissariat ne parvenait pas à suivre. « Merci. Merci inspecteur je … Merci, je veux bien son contact. L’argent n’est pas un problème si je sais qu’il est utilisé à bon escient avec quelqu’un de fiable, ça va nous faire du bien de savoir qu’on aura vraiment mis toutes les chances de notre côté et pas juste pisser dans un violon. » Hochant la tête, signe qu’il comprenait, Anwar reconnaissait chez l’homme un évident besoin de combattre l’inertie, besoin qu’il partageait au demeurant. « Vraiment merci. Je vous dois une bière ou une pizza ou un milkshake, je sais pas ce qui est votre préférence. » Laissant échapper un bref éclat de rire, l’inspecteur avait secoué la tête pour refuser poliment « C’est gentil à vous, mais je ne suis pas supposé accepter ce genre de compensation. Mais n’hésitez pas à dire que vous venez de ma part, c’est lui qui m’en devra une. » Joignant le geste à la parole, il avait attrapé l’un des prospectus dont débordait le présentoir de l’accueil, et griffonné au stylo le nom et le numéro de téléphone du détective privé avant de tendre le tout au visiteur. « Voilà, tenez. » Hugh Tillman n’était pas réputé pour sa bonhomie, mais il l’était en revanche pour son efficacité : il ne promettrait pas monts et merveilles à Miss Cadburry et à son fiancé, mais s’il y avait quelque chose à trouver, alors il le trouverait probablement. « Je vais devoir vous laisser. Bon courage à vous. » avait-il enfin repris pour prendre congé, songeant à son repas qui refroidissait et à ses collègues qui devaient se demander ce qui lui prenait autant de temps pour commander un kebab. Serrant la main de son interlocuteur, il lui avait adressé un dernier hochement de tête poli puis avait récupéré son sac en plastique auprès de la secrétaire, et rejoint la cage d’escalier, déjà curieux de savoir si d’avoir tardé à revenir pouvait lui faire espérer que le résultat de la recherche qu’ils avaient lancé avant son absence serait miraculeusement arrivé – il croyait au Père Noël, sans doute.