Eli&Jor - Fin d'aprem chez un glacier

Début Septembre 2024
Un glacier dans la vieille ville
tw : Mention de drogue, de prostitution, de prison

Assez fou de penser que dans quelques instant Eli va être installé en face de toi à la terrasse de ce glacier. Ca fait tellement longtemps que tu ne l’as pas vu. Tu as eu vent plus tôt dans l’année qu’il était en prison et tu lui as écrit. Vous avez correspondu pendant plusieurs mois et rattrapé le temps perdu comme vous le pouviez au travers de vos écrits. Ca fait du bien d’écrire et ça fait aussi du bien de retrouver des anciens amis. Vous deux c’était pas ce qu’il y avait de plus sain à l’époque mais vous pouviez compter l’un sur l’autre malgré tout. Entre deux rails de coke quoi. C’était comme ça ouais.

Tes lunettes de soleil sur le nez parce que la météo est clémente en ce début de mois de septembre. Vous avez eu un été assez aléatoire, mais même quand il fait très chaud à Bristol, ça reste bien plus vivable que Orlando ou le sud de l’Espagne. Orlando parce que tu en reviens tout juste avec Birdie. Vous avez été visiter le parc Harry Potter et il y avait également pas mal d’autre activités dans le coin. Les studios universal sont totalement immenses et il y avait également Disney world à côté. Comme quoi ta vie ces dernières semaines a été bien bien différente de celle de Eli qui était encore en taule. T’as visiblement su t’arrêter avec les drogues quand ça n’a pas été le cas pour lui. Il dealait en plus, toi non, juste tu baisais des vieux moches pour pouvoir avoir des substances. Ton corps a été ta monnaie d’échange à une époque ouais. Tu n’en es pas fier aujourd’hui quand t’y repense surtout que parfois ce fut violent et traumatisant. Mais c’est de l’histoire ancienne et avec Eli, ça n’avait jamais été pour la coke, c’était pour le fun et ça c’était bien le meilleur.

Ton regard se focalise sur une silhouette qui s’approche que tu penses reconnaitre. C’est lui ? Un sourire se forme petit à petit sur ton visage alors que ses traits se dessinent plus franchement. Tu te mets debout pour l’accueillir comme il se doit avec une accolade. « Hey, putain ça fait trop bizarre de te voir. » T’as l’impression d’avoir 21 ans de nouveau. « Ca va ce glacier est dans ton périmètre ? On va pas avoir droit à une descente de police au milieu de notre Sundea hein? Sinon je prends à emporter. » Que tu es bête. Tu charries d’entré de jeu. T’es content de le voir.

@Eli Cash

fin d'aprem chez un glacier

 @Jordan Fisher ☆ Eli Cash

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septembre / 2024
un glacier dans la vieille ville

Chaque rue de cette ville qu’il redécouvre fait réapparaître sous ses yeux des tas et des tas de souvenirs de jeunesse ; certains de ces souvenirs sont accompagnés de Jordan, qu’il va revoir d’ici quelques minutes après de nombreuses années sans nouvelles - il n’est même pas sûr de le reconnaître ! C’est étrange d’être de retour en ville, de pouvoir aller et venir sans autant de restrictions que quelques semaines plus tôt et il ne sait pas encore tout à fait à cette liberté retrouvée. Chaque jour, il se réveille avec la drôle d’impression d’être toujours enfermé là-bas et il lui faut un moment avant d’accepter qu’il est bel et bien dans un appartement, loin des barreaux et des cris en tous genres ; bien loin certes, mais il peut toujours les entendre quand il ferme les yeux.

Il est content de revoir Jordan ; ce dernier a repris contact avec lui en apprenant qu’Eli était enfermé et ça lui a fait un bien fou d’avoir un peu de soutien à un moment donné où beaucoup lui ont tourné le dos. Mais ça ne l’étonne pas de Jordan ; même si leur amitié est basée sur quelque chose de nocif, elle a toujours été sincère et les années d’éloignement n’ont visiblement pas affecté l’attachement qu’ils pouvaient avoir l’un envers l’autre.

Le bracelet à sa cheville cogne alors qu’il pénètre dans les lieux du rendez-vous, un glacier dans les vieux quartiers de Bristol, une adresse qui n’existait pas cinq années auparavant, le petit commerçant a dû s’installer récemment. En entrant, son regard se pose un peu partout, cherchant la personne qu’il est venue trouver. Il ne lui faut pas longtemps pour le reconnaître et il ne peut que se sentir soulagé de le reconnaître. « Hey, putain ça fait trop bizarre de te voir. » Sourire un peu mal à l'aise étiré sur les lèvres, Eli hoche la tête alors qu’il se retire de l’accolade, jetant un oeil autour d'eux avant de s'arrêter pour observer son vieil ami.   « Ca va ce glacier est dans ton périmètre ? On va pas avoir droit à une descente de police au milieu de notre Sundea hein? Sinon je prends à emporter. » Sourire qui se transforme en rire, plus sincère maintenant que chaque main est à sa place, Eli secoue la tête devant la blague - pas si drôle ! - de Jordan. « T’es con toi j’te jure, t’inquiète pas mais fais gaffe à toi, ils me suivent à la trace. » Il lève légèrement son pantalon et présente son bracelet ; il ne fait pas attention aux quelques regards indignés et personnes qui s’offusquent - Eli n’a jamais été trop le genre à s’inquiéter de ce que les gens pensent, enfin, pour presque tout. Aussi, il s’assied sans demander son reste. « Putain, ça fait bizarre aussi. » Qu’il avoue en dévisageant celui qu’il porte dans tant de souvenirs. « Mais ça va, t’as pas trop changé, t’as toujours la même sale gueule. » Il est fier au vu de son sourire quand un serveur arrive leur demander leur commande. Eli se contente d’un coca et d’une boule au chocolat - il apprend à redécouvrir les saveurs une à une, évite alors de trop charger son cerveau et ses sens. « Alors, tu deviens quoi ? » C’est une question simple qui peut pourtant aller dans tous les sens différents et possibles, car même s’ils ont échangé alors qu’il était encore en prison, Eli ne sait pas grand chose de la vie actuelle de son ami, ayant passé plus de temps à se remémorer des années lointaines qu’à parler d’un présent qui lui semblait arrêté et d’un futur qui paraissait alors inaccessible. Alors forcément, Eli ne sait rien du Jordan d’aujourd’hui ; de ses frasques ou non, de qui il est aujourd’hui ; il ne sait rien.

Tu te sens trop drôle de le voir se marrer à ta vanne. Un vrai comédien. Tu t’envoies des fleurs mentalement, t’es fier de toi. Tu savais pas comment ça se passerait, on va pas se le cacher, t’étais un peu nerveux malgré tout. Ca fait de très longues années. Même si au travers des lettres tu as pu constater qu’il n’a pas tant changé que ça, qu’il n’est pas un monstre absolu sans coeur, tu avais une petite appréhension car les gens changent forcément pendant un si gros laps de temps. « T’es con toi j’te jure, t’inquiète pas mais fais gaffe à toi, ils me suivent à la trace. » T’es ravi de voir qu’il suit ta connerie par dessus le marché. Tu sens que l’air est détendu à présent, ou en tout cas pour toi, ça y est, c’est presque comme si vous étiez dix ans en arrière. Sauf évidemment qu’il a un bracelet électronique en plus sur sa cheville. Il te le montre d’ailleurs. Tu siffles d’admiration comme s’il était en train de te montrer une toute nouvelle guitare. Ca reste impressionnant et pas rien qu’il ait ça sur lui. Ca fait longtemps que tu as arrêté de squatter avec tes potes qui étaient de ce côté là de la vie. « Putain, ça fait bizarre aussi. » Tu t’assois en face de lui. « Mais ça va, t’as pas trop changé, t’as toujours la même sale gueule. » Tu éclates de rire sous la surprise de cette boutade. « Quel enfoiré. » Mais tu te marres bien. Puis tu commandes un sundae caramel et pistache avec supplément chantilly et chocolat liquide. Rien que ça. Avec de l’eau. Tu vas rester sage.

« Alors, tu deviens quoi ? » Tu te cales un peu mieux dans la chaise où tu es installé avant de lui répondre. « Je suis sobre, depuis un an. L’alcool. J’avais arrêté les drogues depuis quelques temps déjà. Je m’en sors pas mal niveau boulot. » ‘pas mal’ alors que tu écris des chansons pour Avril Lavigne entre autre mais tu n’as pas envie de déballer ça comme ça. Tu aimes pas te mettre trop en avant. « J’écris des chansons, je compose surtout en ce moment. Mon studio n’est plus vraiment disponible mais ça va. C’est vraiment trop cool d’être son propre patron. » A qui le dis tu. « Et puis j’ai gagné de la thune au poker y’a quelques années ça m’a aussi beaucoup aidé pour avancer. » Tu tripotes le petit flyer qui est sur la table avec la liste des cocktails. « Et toi ? Les drogues ? Fini j’imagine. » Parce que tu peux pas t’en procurer aisément en prison tu supposes.

fin d'aprem chez un glacier

 @Jordan Fisher ☆ Eli Cash

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septembre / 2024
un glacier dans la vieille ville

Jordan, c’est l’un des rares qui a pris la marée à contre courant ; quand beaucoup de ses amis ont pris la décision de couper les ponts avec lui en apprenant la nouvelle de sa détention, Jor, lui a repris contact avec lui et est rapidement redevenu l’ami qu’il avait été autrefois. Il n’avait rien à gagner, aucune raison à part sa simple envie qui l’aurait poussé à entreprendre des retrouvailles épistolaires et pourtant, quand Eli a reçu le premier courrier, il s’est senti soulagé. Soulagé de constater que non, tout le monde n’allait pas se mettre à le rejeter en bloc à sa sortie, soulagé de voir qu’une amitié de jeunesse pouvait finalement perdurer dans le temps malgré les années de distance et les difficultés de chacun, soulagé aussi de trouver en Jordan un ami qu’il allait pouvoir garder à sa sortie.

Il a un peu appréhendé ce moment, dire le contraire serait mentir ; qui sait ce que Jordan était devenu aujourd’hui et la personne qu’il allait trouver face à lui ? Il s’est plus d’une fois imaginé ne pas réussir à échanger quelques mots avec celui qui serait finalement devenu un pur inconnu. Mais heureusement, force est de constater que les choses ne se passent pas comme dans les pires scénarios auxquels Eli a pu penser avant de le rejoindre ici. Rapidement, il retrouve le Jordan de leur jeunesse, cet ami qui a pu le faire rire à s’en faire mal au ventre, cet ami qui ne l’a jamais jugé pour ce qu’il était - ni ce qu’il faisait ; ou en tous cas, pas qu’il ne le sache ! Il n’y en a pas beaucoup des amis comme ça, et ça fait un putain de bien au repris de justice.

Il veut en apprendre plus et pour une fois, il est sincèrement curieux de savoir où l’homme en est dans sa vie. « Je suis sobre, depuis un an. L’alcool. J’avais arrêté les drogues depuis quelques temps déjà. Je m’en sors pas mal niveau boulot.» Eli hoche la tête, attendant une suite et quelques explications supplémentaires. « J’écris des chansons [...]  Et puis j’ai gagné de la thune au poker y’a quelques années ça m’a aussi beaucoup aidé pour avancer.  » Essayer de faire coïncider le jeune homme qu’il a rencontré alors que lui n’était encore qu’un minot et le Jordan - musicien ! - qui se trouve face à lui n’est pas la tâche la plus facile ; ça se voit sûrement sur sa mine concentrée. « Wow, la classe. » ça sort sans qu’il le contrôle et son honnêteté le fait rire. « Jordan, musicien sobre et pro du poker. » Il répète alors, aucune moquerie dans son ton ; il est franchement impressionné et aussi un peu heureux de voir ce que ce mec est devenu. « Tu te produis aussi, du coup ? » Il y connaît pas grand chose, mais s’y intéresse.

« Et toi ? Les drogues ? Fini j’imagine. » Jordan n’a jamais trop été le genre à prendre des pincettes avec lui et il le retrouve bien ici alors qu’il n’hésite pas à attaquer le vif du sujet dès les premières minutes. Ça n'a pas un effet négatif sur Eli qui se met à rire un peu face à sa franchise. « Ah ouais, t'attaque direct. » qu’il dit en riant avant d'ajouter. « Mais ouaip. » il répond alors en appuyant sur la dernière consonne. « Tu peux t’en procurer, y’a plein de moyens mais bon, j’étais surveillé sur ça donc… » Il a tenté, il a pris des risques et en a subi les conséquences ; il a vite compris qu’il valait mieux pour lui qu’il en vienne à se ranger, sûrement que le COVID a bien aidé - les ressources se sont faites plus rares. « Puis avec votre confinement, c’était un peu chaud. » Difficile de faire rentrer quoique ce soit quand il n’y a plus de visites ou quand sortir dans la rue est interdit ; il garde peu de souvenirs de cette période, mais le peu qu’il en garde ne sont pas les plus heureux de son existence. « Donc maintenant, faut que je trouve un taf normal. » Il ne sait même pas vraiment ce que c’est, qu’un travail classique, puisqu’il n’en a tout simplement jamais eu. Alors que les glaces arrivent, Eli trépigne d’impatience sur sa chaise ; et le serveur a à peine le temps de poser la coupelle devant lui qu’il est déjà en train de plonger la cuillère pour en gober le contenu. « Putain que c’est bon. » qu’il gémit presque, la bouche pleine de glace mais un je-m’en-foutisme évident sur le visage. « T’habites où au fait maintenant ? » qu’il demande, n’ayant même pas encore terminé sa bouchée.

« Wow, la classe. » Ouais toi aussi tu trouves. Tu en as fait un sacré bout de chemin dans ta vie. T’as eu de la chance, des opportunités, des mains tendues et ça t’a fait grandir dans tous les sens du terme. Au milieu des drames il y a eu du bon qui t’ont mis sur le bon chemin malgré quelques embuches. Tu ne regrettes rien de tout le parcours compliqué parce que maintenant tu es dans une position dont tu n’aurais jamais pu rêvé étant ado tellement tu t’en es bien sorti. Faut dire que t’es super discipliné quand tu aimes ce que tu fais et la musique c’est une passion qui est plus grande que tout dans ta vie. Ca t’a sauvé à bien des niveaux. « Jordan, musicien sobre et pro du poker. » Tu fais oui de la tête avec un large sourire au visage. C’est très succinct mais c’est tout à fait correct. « Tu te produis aussi, du coup ? » Tu fais un signe négatif du visage avant de commenter verbalement. « Nope. Mais j’y pense. » Que tu avoues sans peine car ça te trotte depuis bien trop longtemps pour le nier. Depuis janvier t’y pense. Ca se fera à un moment, tu le sais.

Puis tu relances de son côté à lui, parlant des drogues car ça reste quand même LE truc qui vous a rassemblé quand vous étiez plus jeune. Et c’est aussi LE truc qui l’a foutu en taule. Un gros morceau quoi. « Ah ouais, t'attaque direct. » Sa façon de répliquer ça te fait sourire. Tu n’avais pas vu ça comme une attaque mais c’est vrai que c’était direct. De toute manière s’il le sent pas d’en parler, tu sais qu’il est un grand garçon et qu’il s’abstiendra de se forcer à répondre. T’as toujours été du genre à entrer bien vite dans le vif du sujet. Tu n’imaginais pas que ça puisse être tabou. Y’a d’autres sujets plus délicat, mais pas la drogue entre vous. « Mais ouaip. » Et franchement ça te fait plaisir pour lui. « Félicitations. » Que tu lui dis sincèrement car c’est pas rien de se sortir de ça.

« Tu peux t’en procurer, y’a plein de moyens mais bon, j’étais surveillé sur ça donc… »  Tu fais oui de la tête. S’il avait envie de rester toute sa vie en taule il aurait pu s’en procurer et se faire choper. C’était un autre choix de vie possible et t’es content qu’il n’ait pas suivit cette route là. « Puis avec votre confinement, c’était un peu chaud. » Y’a rien qui l’a aidé pour qu’il tente quoi que ce soit et tu te dis que c’est tant mieux. « Donc maintenant, faut que je trouve un taf normal. » Tu hoches la tête, l’écoutant toujours attentivement. « Un mal pour un bien je suppose. » Car ouais, c’est pas top un job normal comme il dit, mais c’est bien d’être sorti de ces retranchements de dealer.

Puis votre commande arrive à vous et t’en salive d’avance tellement ta glace a l’air divine.  « Putain que c’est bon. » Tu souris de l’entendre s’extasier sur sa glace et tu vas goûter la tienne sans retenir ton gémissement car wow, cette pistache a des touches de salés et c’est tellement bon. « T’habites où au fait maintenant ? » Il parle la bouche pleine, et tu lui réponds pareil parce que why not, on est pas des gens de la première classe du Titanic ici. « Je suis en train de chercher à vendre ma maison là c’est un peu la merde, il s’est passé un truc et ma meuf peut plus y mettre les pieds. » Tu marques une pause pour avaler ta glace et tu reprends. « Du coup en attendant qu’elle aille mieux on est chez sa soeur. Elle a une grande maison donc on a notre propre chambre. Ca pourrait être pire mais j’ai hâte qu’elle se sente à ce qu’on reprenne un truc à nous. » Tu expliques pas vraiment même s’il y a beaucoup d’informations dans ce que tu viens de dire. « Elle était Miss Météo y’a quelques années. Sur ABC. Birdie Cadburry, tu vois peut être qui c’est. » Tu poses ça là au cas où. « Tu crèches où toi en ce moment ? » Tu demandes alors que tu vas reprendre une belle grosse cuillère de ta glace.

fin d'aprem chez un glacier

 @Jordan Fisher ☆ Eli Cash

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septembre / 2024
un glacier dans la vieille ville

C’est fou comme les choses peuvent évoluer vite ; Eli, il a un peu l’impression que des jours seulement se sont écoulés - que les cinq ans en prison n’ont été qu’un rêve, une bulle qui a éclaté. Il reprend sa vie seulement maintenant après cette longue pause et même s’il n’osera jamais l’avouer, à Jordan mais à lui-même non plus, ça fait forcément un peu bizarre de constater que la vie ne s’est pas arrêtée net pour tout le monde et que certaines personnes ont pu avancer drastiquement. C’est le cas de Jordan, c’est en tous cas ce qu’il lui semble comprendre quand son ancien ami et habitué lui partage un peu la vie qu’il mène aujourd’hui ; c’est surprenant et c’est un peu lunaire mais il n’en reste pas moins content pour lui.

Forcément, de son côté, la vie est bien différente et il n’a pas grand chose à raconter pour le moment, n’ayant pas spécialement envie de relater les années qu’il a pu passer en prison ; d’autant plus que ça ne prendrait pas beaucoup de temps. La vie à l’intérieur est routinière et les journées se ressemblent toutes : chaque activité de la journée doit respecter un timing précis, qu’il s’agisse d’un repas, d’une douche, d’une récréation, des visites ou des heures de travail. A force, il n’avait même plus besoin de réfléchir à sa prochaine action, ses pieds le menaient seuls d’un point A à un point B. Comme il a dû se sevrer de la drogue, il devra se sevrer de ces habitudes qui ont la vie dure ; pour le moment, il n’a toujours pas besoin de réveil, son cerveau programmé à ouvrir les yeux à 6h du matin, ce qui ne veut pas dire qu’il se décide à sortir du lit et à commencer sa journée.

Bien incapable de parler de lui sur le plan travail, il enchaîne rapidement et pose une nouvelle question à Jordan, sincèrement curieux de savoir où il en est dans sa vie. « Je suis en train de chercher à vendre ma maison là c’est un peu la merde, il s’est passé un truc et ma meuf peut plus y mettre les pieds. » Y’a un détail qui vient le faire tilter et le stopper net dans sa dégustation alors qu’il le laisse tout de même continuer. « Tu crèches où toi en ce moment ? » Le prénom de la nana ne lui dit rien mais c’est pas vraiment ça qui vient le faire buguer et entraîner la suite de ses questions. « Attends, attends, ta meuf ? » qu’il demande alors, surpris. « Toi, t’as une meuf, toi ? » Visiblement, l’information ne veut pas spécialement monter au cerveau, inculte qu’il est de ce sujet. « Je croyais que t’étais… » sa voix se fait plus basse et il ne finit pas sa phrase. Cette conversation ne peut que le ramener à un souvenir lointain alors qu’il n’était qu’un jeune con incapable de comprendre ce qui se trouvait devant lui - et ce tourbillon qui menaçait d’exploser en lui. Aujourd’hui, il a presque l’impression d’être revenu en arrière, incapable de comprendre tout ça. Pour Eli, le sujet est lointain, la pansexualité un sujet inconnu - il n’a même pas spécialement l’intention de s’instruire.

Finalement, même si sa question reste importante et son étonnement aussi, il laisse la curiosité prendre le dessus. « Il s’est passé quoi ? » ça ne le regarde évidemment pas, mais ça ne l’empêche pas de poser la question avant de reprendre de la glace à grosse bouchée. « J’suis chez Jo, tu t’souviens de lui ? » Ils ont sûrement dû se croiser une ou deux fois, c’est Joseph qui a pris Eli sous son aile et qui lui a offert la vie qu’il menait avant de se faire chopper. C’est aussi grâce à lui qu’il est là aujourd’hui et pas encore en taule, ça ne fait aucun doute.

« Attends, attends, ta meuf ? » Tes yeux remplis de coeurs sur ta glace que tu continues de manger, tu reportes ton attention sur Eli qui a l’air surpris. « Toi, t’as une meuf, toi ? » Ca te fait même un peu rire de le voir autant étonné. Tu sais pas pourquoi il est autant interloqué par cette information. « Je croyais que t’étais… » C’est vrai que vous couchiez ensemble à l’époque et qu’il ne t’a vu fricoter qu’avec des mecs. Tu replaces un peu tout ça dans ta tête. T’as l’impression que c’était dans une autre vie tellement tu étais mal pendant ces années là. « Gay ? » Tu termines sa phrase pour lui. T’es pas stupide, tu sais qu’il a toujours eu du mal avec sa sexualité et visiblement c’est toujours le cas vu qu’il n’ose même pas dire le mot gay quand il ne s’agit pas de lui. Tu fais non de la tête en tout cas pour répondre à sa question et tu reprends la parole. « Je réfléchis pas à ça, je vais où ma queue m’appelle. » C’est aussi simple que ça. Tu n’as jamais fait de coming out de ta vie, tu es juste qui tu es et tu baises qui tu as envie, sans chercher à te justifier à qui que ce soit.

« Il s’est passé quoi ? » Tu sais que c’est dans les journaux mais t’as l’impression de dire une histoire qu’il n’est pas à toi de raconter. « J’suis chez Jo, tu t’souviens de lui ? » Et puis tu as cette perche de continuer à partir d’autre chose plutôt que de répondre à sa question d’avant. « Il lui est arrivé un truc… Très moche. » Tu n’as jamais eu à l’annoncer comme ça à qui que ce soit et tu te rends compte que ça t’es bien plus dur que tu n’aurais cru. « Un truc traumatisant, dans notre maison. Elle s’est fait agressé par quelqu’un qui était sensé être de confiance. » Tu vas prendre une autre cuillère de ta glace comme si ça allait apaiser la réalité de la situation. Tu ne fais pas de commentaire sur Jo, tu n’es plus sûr de qui c’est mais t’es content de savoir qu’il a un toit et pas un squat. Ou du moins c’est ce que tu te dis. « Tu penses à quoi quand tu dis un job normal? » Tu prends des infos au cas où tu peux l’aider dans sa démarche. Tu connais du monde. Et puis on va pas se mentir, t’as pas trop envie de continuer la conversation sur l’agression de Birdie.

fin d'aprem chez un glacier

 @Jordan Fisher ☆ Eli Cash

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septembre / 2024
un glacier dans la vieille ville

« Gay ? » Le mot fait grincer Eli des dents alors qu’il resserre sa mâchoire, fronce légèrement le front et utilise sa main comme pour faire fuir le mot interdit. « Ouais ouais, ça. » Sa voix à lui est basse, la peur que qui que ce soit puisse entendre cette conversation bien présente dans ses veines. Les années n’ont pas changé ça ; et même s’il ne se pose plus de questions sur qui il est et ce qu’il aime, ça n’empêche qu’il ne souhaite pas que ces informations sortent de sa tête, elles doivent y rester sans un bruit, sans un geste. « Je réfléchis pas à ça, je vais où ma queue m’appelle. » Il regrette, il n’aurait pas dû lancer ce sujet et poser ces questions, il aurait mieux fait de fermer sa gueule. « Oui bon ça va, ça va ! On a compris, doucement. » Ses deux mains à plat font le signe de descendre en volume et il ne peut pas s’empêcher de jeter un regard aux alentours pour vérifier qu’aucune paire d’yeux n’est tournée en leur direction. C’est trop pour lui tout ça ; ça l’a toujours été et il ne sait pas vraiment ce qui pourrait changer ça, ne cherche même pas en réalité, se contentant de cette vie et caressant l’espoir de finir ses jours avec une jolie femme, une vie simple et sans encombres.

« Elle s’est fait agressé par quelqu’un qui était sensé être de confiance. » « Ah ouais chaud. » Faut pas être un génie pour voir que le sujet est clos, sûrement suffisamment douloureux pour pas passer plus de temps dessus. « Tu penses à quoi quand tu dis un job normal? » C’est un peu la question qu’Eli se pose en permanence. Faut dire que quand il s’est lancé dans l’élaboration d’un potentiel CV, y’avait pas grand chose à mettre. Pas d’études à noter, pas de job classique. Il n’allait certainement pas écrire vente de cocaïne de 2010 à 2019 ça n’aurait pas eu un très bon impact - et quand il a proposé à son conseiller de l’écrire pour détendre un peu l’atmosphère, le regard qu’il s’est récolté l’a vite fait changer d’avis. « J’sais pas trop. » qu’il avoue alors avant de se relancer dans la dégustation de sa glace. « Mon CPIP il dit que j’pourrai peut-être trouver dans un truc de livraison ou une usine, un truc pas très regardant car besoin de main d'œuvre. » Ni l’un ou l’autre de ces propositions ne lui fait très envie ; le salaire non plus. « T’as qu’à me recruter, j’vais venir chanter tu vas voir. » Il rigole évidemment, même si la musique l’appelle très régulièrement et qu’il caresse l’espoir de retoucher une vraie batterie un jour. « Avec ma gueule d’ange, j’suis sûr que je pourrais rentrer dans un boysband. Je suis le prochain One Direction j’te dis, mise avant qu’il soit trop tard ! » Sourire de pleines dents, il n’en pense pas un mot et replonge une cuillère dans sa glace sans une once d’hésitation. Nan, il devra se contenter d’autre chose, la célébrité ça sera pas pour lui.

tw : Langage sexuel cru  

« Ouais ouais, ça. » Tu le vois qui grimace et qu’il prend un ton qui veut vraiment que tu arrêtes avec ces mots « honteux ». Tu le trouves toujours aussi bête de ce côté là mais tu as grandit à présent, tu sais bien que ça n’est pas vraiment de la stupidité. C’est lié à bien des choses beaucoup plus sérieuses au plus profond de son être. C’est triste d’être bloqué à ce point sur quelque chose qui fait parti de nous. Ca te fait penser à Asher, ou plutôt AJ comme il se fait appeler à présent. Tu l’avais un peu senti avec ton gaydar mais tu n’as eu l’information véritable que depuis que tu as vu son coming out via les réseaux au début de cette année. Ca fait plaisir de le voir s’assumer enfin.  « Oui bon ça va, ça va ! On a compris, doucement. » Mais ce n’est pas encore le cas de Eli. Est-ce que ça le sera un jour ? Tu l’espères pour lui en tout cas. Tu avais quand même envie de lui dire ces mots là, parce que toi tu n’as jamais fait de coming out de ta vie et ça ne devrait pas être une nécessité. Tu es qui tu es, tu fais ce que tu veux et basta. Tu vas arrêter avec le sujet en tout cas, tu vois bien que c’est plus que sensible toujours. Tu te demandes quand même s’il a eu la chance de pouvoir sucer des queues en toute tranquillité et avec plaisir pendant qu’il était en prison. Mais tu ne lui demanderas pas. Evidemment.

« Ah ouais chaud. » Le sujet qui s’en suit n’est pas le meilleur du monde. Tu n’as pas envie de t’étendre sur l’agression de Birdie. Tu manges ta glace pour te faire du bien à l’âme au milieu de ce sujet qui est vraiment terrible… Parler du futur boulot de Eli est bien plus intéressant. « J’sais pas trop. » Même s’il a l’air encore perdu à ce niveau là. Faut dire qu’il est fraichement sortir de prison, faut le temps qu’il s’adapte à sa nouvelle vie hors de ces murs barricadés. « Mon CPIP il dit que j’pourrai peut-être trouver dans un truc de livraison ou une usine, un truc pas très regardant car besoin de main d'œuvre. » Tu hoches la tête. C’est clair que Eli est encore jeune et il a des muscles. « T’as qu’à me recruter, j’vais venir chanter tu vas voir. » Tu lâches un rire parce que vraiment tu ne t’y attendais pas à celle là. « Avec ma gueule d’ange, j’suis sûr que je pourrais rentrer dans un boysband. Je suis le prochain One Direction j’te dis, mise avant qu’il soit trop tard ! » Tu hoches la tête, ton sourire toujours bien large sur ton visage. « Je t’inscris à la prochaine édition de The Voice. » Tu entres dans son jeu avec plaisir avant de reprendre la conversation un peu plus sérieusement. « Je sais pas combien ça paie mais les livreurs Deliveroo ça a l’air bien en terme de flexibilité. Tu fais tes propres horaires. » Tu hausses une épaule. « T’as un scooter ou un vélo ? Ca te fera le sport en plus à vélo si tu veux garder ton corps de rêve. D’ailleurs t’as l’air toujours bien. Y’avait une salle de gym dans ta prison ? » Tu demandes sérieusement. « Quoi que t’as pas besoin de salle de gym. » Pompes et abdos tu peux le faire tout seul dans ta cellule.

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septembre / 2024
un glacier dans la vieille ville

Les années n’ont pas effacé la honte et il est bien impossible de dire si un jour il saura accepter qui il est, entièrement et sans réserve ; ce n’est même pas quelque chose qu’il espère, ne s’imaginant tout simplement pas pouvoir un jour parler de ça en public ou tenir la main d’un homme dans la rue, non c’est tout simplement impossible et il y a de grandes chances pour qu’il ne change jamais. Alors forcément, le sujet ne peut que se clore rapidement, y’a pas grand chose à dire, la vie a poursuivi son cours et leurs avis n’ont pas convergé concernant ce sujet.

Ils ont tellement de choses à se raconter que c’est pas facile de savoir par où commencer. Eli parle boulot, c’est son grand sujet du moment mais il ne peut s’empêcher de rajouter un peu d’humour dans la conversation - impossible pour lui de rester sérieux trop longtemps, surtout quand ça vient toucher ce qui en ce moment lui prend la tête plus que de raison. C’était tellement plus simple avant tout ça, avant la prison et la liberté conditionnelle, avant qu’il ne se fasse choper au réveil par une armée de flics postés devant sa porte ; c’était plus simple quand il n’avait pas de contraintes et de comptes à rendre. Cette liberté retrouvée semble être à des années lumières de tout ce qu’il a pu vivre auparavant. « Je sais pas combien ça paie mais les livreurs Deliveroo ça a l’air bien en terme de flexibilité. Tu fais tes propres horaires. » C’est pas une mauvaise idée même si ça lui donne envie de mourir, là, tout de suite. « T’as un scooter ou un vélo ? Ca te fera le sport en plus à vélo si tu veux garder ton corps de rêve. D’ailleurs t’as l’air toujours bien. Y’avait une salle de gym dans ta prison ? » Voilà une remarque plus agréable qu’entendre parler de potentiel job ; il devrait être reconnaissant envers Jordan qui propose de très bonnes idées, mais il lui faudrait déjà pouvoir s’acheter un scooter ou un vélo, malheureusement il n’a pas grand chose en sa possession. Il décide alors de rebondir sur ce qui l’intéresse le plus ; lui et son égo. « Ah, t’as remarqué ! » Comme pour appuyer ses mots, le voilà qui tapote son ventre - une façon de montrer qu’il a réussi à maintenir quelques abdos. Faut dire que c’était une des activités principales en prison. « Quoi que t’as pas besoin de salle de gym. » Il hoche les épaules, il n’a pas tort là-dessus. « Ouais, pas faux. Mais y’en avait une quand même, enfin c’est pas des salles de sport avec l’équipement dernier cri hein, faut pas rêver. Mais t’as des poids et des barres, ça suffisait pour s’entretenir. » qu’il explique alors avant de poursuivre. « Je regarderai pour Deliveroo, j’ai pas encore de quoi m’acheter un scoot ou un vélo donc… ouais, faut que je vois mais cool le tuyau. » Eli n’est toujours pas le genre à remercier qui que ce soit pour quoi que ce soit, faut pas trop lui en demander. « Tu fais du sport toi ? » qu’il demande, se permettant de le dévisager discrètement - rien qu’il n’a jamais vu. « Si jamais tu veux qu’on s’entraîne ensemble ou je sais pas. » Même si ça pourrait y ressembler, c’est pas une proposition louche, juste une façon de garder le contact maintenant qu’il est dehors.

« Ah, t’as remarqué ! »  Tu hoches la tête alors que tes yeux se posent de nouveau sur son torse puis ses bras. Tu souris de le voir se taper le ventre, comme un gorille tout fier. Tu devrais reprendre le sport de ton côté mais la vie ne t’a pas laissé beaucoup de répit et ton cerveau n’arrive pas à faire des choses aussi demandante quand tu n’as pas ton cadre habituel pour te stabiliser l’esprit. « Ouais, pas faux. Mais y’en avait une quand même, enfin c’est pas des salles de sport avec l’équipement dernier cri hein, faut pas rêver. Mais t’as des poids et des barres, ça suffisait pour s’entretenir. »  Tu confirmes d’un hochement de tête. C’est ça qui est besoin avec le sport, tu peux le faire même si tu n’as rien. « Je regarderai pour Deliveroo, j’ai pas encore de quoi m’acheter un scoot ou un vélo donc… ouais, faut que je vois mais cool le tuyau. »  Cette information ne tombe dans l’oreille d’un sourd. Tu es de ceux qui veulent aider les autres, surtout ceux que tu considères comme des amis et qui en plus de tout, mérite d’être aidé.

« Tu fais du sport toi ? »  Tu dodelines de la tête. « Si jamais tu veux qu’on s’entraîne ensemble ou je sais pas. »  Tu hausses les sourcils à ces mots. « Faudrait que je reprenne. Ma vie a été tellement bousculé ces derniers temps que j’ai pas pu m’y remettre. Je faisais de la danse. C’est super physique mine de rien. J’adore tellement, j’ai hâte de reprendre mais ouais je suis pour faire du sport avec toi, genre en salle. Ca m’aiderait à me motiver mais pas tout de suite. Je te redirai quand ce sera bon. » Eh ben Jordan, t’as fait une belle tirade là. « Et j’peux te payer un vélo ou un scoot si tu veux. Je veux te filer un coup de main. » Tu ajoutes sincèrement alors que tu arrives déjà à la fin de ta glace. Tu l’as littéralement englouti.

fin d'aprem chez un glacier

 @Jordan Fisher ☆ Eli Cash

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septembre / 2024
un glacier dans la vieille ville

C’est le moment de rattraper le temps perdu, de parler de leurs centres d’intérêts, de tout et de rien et Eli se laisse bien vite prendre au jeu ; enchaînant les sujets avec fluidité, un semblant de vie normale qui vient le chatouiller. Il ose même parler de la vie à l’intérieur, n’a jamais été le genre à avoir honte de son parcours - pas non plus le genre à le crier sur tous les toits. Il parle de la prison, le souvenir encore bien vif dans son esprit, il y était encore enfermé y’a pas si longtemps faut dire. Puis vient le monologue de Jordan, et il l’écoute en mangeant sa glace et sans l’interrompre ; pour une fois qu’Eli s’intéresse un peu à autre que lui. « De la danse ? » qu’il pouffe. « Pourquoi ça m’étonne pas ? » Ces mots sont prononcés d’un air moqueur qu’il ne peut pas empêcher, lui et ses préjugés. Après tout, si Jordan aime les hommes - bien qu’il vient d’apprendre qu’il aimait aussi les femmes -, il n’est pas surprenant de l’imaginer poussant les portes d’une école de danse. C’est comme ça qu’il réfléchit Eli - ou qu’il ne réfléchit pas, selon le point de vue. Il ne réalise pas non plus que ce qu’il vient d'insinuer est déplacé ; c’est Eli, quoi.

« Et j’peux te payer un vélo ou un scoot si tu veux. Je veux te filer un coup de main. » Voilà qui le fait relever les yeux. La plupart des gens refuserait catégoriquement, car c’est trop, car ils ne veulent pas dépendre d’une autre personne, encore moins d’abuser de la générosité d’un ami, car ils veulent s’en sortir seuls ou ne pensent pas le mériter. Mais Eli n’a jamais été comme la plupart des gens, encore moins quand ça concerne quelque chose d’aussi trivial que l’argent. « Ah putain ouais carrément, un scoot ça pourrait être le feu en vrai. Faut un permis ? » Toujours dans l’abus, attendant que les choses lui arrivent tout cuit dans la main. « T’as du fric en fait. » qu’il constate alors, car il n’avait sûrement pas réalisé plus tôt mais que ça devient bien clair ici et maintenant ; on offre pas un scooter à un pote sorti de prison quand on fait attention à ses comptes.

« De la danse ? »   Ca le fait marrer. « Pourquoi ça m’étonne pas ? »  Tu secoues la tête un peu consterné mais amusé en même temps. C’est de Eli dont on parle et il a visiblement pas beaucoup changé depuis la dernière fois que tu l’as vu. Etait-ce une fois où tu avais sa queue entre tes cuisses ? Peut être, tu ne te souviens pas, ça remonte trop loin mais ouais, l’hôpital qui se moque de la charité avec ses allusions que tu es efféminé. La réalité c’est que tu prends ça comme un compliment au fond car la partie féminine de toi est forcément lié à ta mère et ça te fait te sentir plus proche d’elle, même si tu ne l’as jamais connu. « T’aurais du me voir l’an passé à la Pride j’y suis allé en drag. J’étais trop belle gosse. » Et tu le penses sincèrement. Tu t’es senti vraiment bien ce soir là (enfin jusqu’à ce que tu te prennes un peu la tête avec Birdie). Mais tu t’es pris la tête en étant belle gosse. Oui.

T’as la main sur le coeur et tu veux sincèrement l’aider. Tu lui proposes de lui acheter un moyen de locomotion à deux roues. « Ah putain ouais carrément, un scoot ça pourrait être le feu en vrai. Faut un permis ? »  Alors là. « Aucune idée. » Il va falloir qu’il cherche. « T’as du fric en fait. »  Tu fais oui de la tête sans que ce soit un oui franc pour autant. Tu manges ta glace. « Je te prends un vélo. Un bon. Electrique. Comme ça on est sûr y’a pas de permis et tu peux faire du sport en même temps. » Et ça coûte moins cher qu’un scoot. Tu as bien senti à son ton qu’il allait vouloir le gros lot mais tu veux pas qu’il se serve de toi non plus. On ne te prend pas pour un jambon. Encore moins quand tes intentions sont les plus purs, s’il te l’a fait à l’envers, il peut faire une croix sur toi. N’empêche ça te remet un peu les pendules à l’heure que Eli n’a jamais été quelqu’un qui suivait la loi. Est-ce que son passage en prison l’a changé ? Tu sais pas. Pour l’instant il a l’air comme avant. Donc éventuellement pas un très bon signe. « Bon et tu fais quoi de tes journées pour l’instant ? »

fin d'aprem chez un glacier

 @Jordan Fisher ☆ Eli Cash

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septembre / 2024
un glacier dans la vieille ville

Non, Eli n’a pas beaucoup changé et ce n’est pas la prison et ce milieu plus que macho qui va l’avoir amélioré sur ce point, loin de là. Il a des avis arrêtés sur la question, ne supporte pas l’idée d’être concerné par une quelconque communauté où les lettres s’enchaînent de façon illogique et incompréhensible. « T’aurais du me voir l’an passé à la Pride j’y suis allé en drag. J’étais trop belle gosse. » Ce n’est pas une question de mauvaise volonté s’il ne comprend pas un mot de cette phrase, simplement un manque de culture - et sûrement d’intérêt également. Son regard en dit long, il ne comprend rien et il ne se gêne pas pour le lui faire remarquer - bien loin d’imaginer ce que tout ça peut signifier. « J’ai rien compris. » Il est sincère, Eli a grandi dans un milieu fermé où la simple mention d’une personne pouvant être homosexuelle provoquait un raz-de-marée dans la maison familiale, des insultes et tout ce qu’on pouvait imaginer dans ce genre de famille aux visions si étriquées qu’il était impossible de l’évoquer simplement. Les noms d’oiseaux se sont peu à peu insinués dans l’esprit du jeune garçon qui peine encore aujourd’hui à se détacher de ces pensées ; malgré ses propres envies. Ne lui parlez donc pas de drag queen et autres gay pride, il ne s’y connaît absolument pas et serait bien capable de lancer une phrase bien douteuse quant à la communauté.

Il termine sa glace quand le pacte entre les deux garçons se scelle peu à peu. « Je te prends un vélo. Un bon. Electrique. Comme ça on est sûr y’a pas de permis et tu peux faire du sport en même temps.  » La reconnaissance n’a jamais fait partie des habitudes d’Eli - ou ne serait-ce que de son vocabulaire. Aussi, il se contente d’hocher la tête, satisfait par la tournure que prennent les événements. « Ouais, nickel, ça me va. » qu’il se contente alors de répondre, pas un merci au bord des lèvres. « Bon et tu fais quoi de tes journées pour l’instant ? » Evidemment qu’il lui pose cette question, toutes les personnes qui ont connu Eli avant son incarcération arrivent toujours avec cette interrogation au bout des lèvres. Parfois par curiosité - ici, sûrement -, d’autres fois par inquiétude, par peur qu’il ne retombe dans de mauvais travers à force de tourner en rond dans les rues de Bristol - ses sœurs. « Franchement ? » qu’il demande, s’apprêtant à donner la vraie réponse qu’il n’oserait pas donner à Evie par peur que celle-ci ne débarque pour venir monitorer chacun de ses faits et gestes. « Je traîne, je sors un peu me balader, je regarde des films à la con. » C’est pas ultra reluisant mais c’est sa vie. « Je vois des gens aussi, ça fait du bien de reprendre une vie sociale classique. » Désormais, il peut enlacer ses amis plus de 5 secondes et sans entendre un gardien demander à ce que séparation soit faite ; ouais, ça change la vie.

« J’ai rien compris. »  Et même sans les mots tu l’aurais deviné vu la tête qu’il tire. « Drag queen. J’étais déguisé en meuf. Mais genre, vraiment, bien. Beau. Belle. » Tu hoches la tête. « Super maquillage, perruque et tout. C’était génial. Je ressemblais à ma mère. » Et ça c’est un point important pour toi, même si tu aimes te déguiser de base. Tu aimes être n’importe qui d’autre mais pas toi.

Puis tu parles de lui acheter un vélo. « Ouais, nickel, ça me va. »  Il est partant. Tu espères qu’il va vraiment s’en servir pour bosser et qu’il va pas le revendre. Au pire, tu sais que tu ne le referas pas deux fois. Et tu lui demandes ce qu’il fait de ses journées. « Franchement ? »  Tu hoches la tête alors que tu racles le fond de ta glace. Il reste de la chantilly fondue. C’est le meilleur. « Je traîne, je sors un peu me balader, je regarde des films à la con. »  Tu l’écoutes oui même si tu lèves le coude avec ta coupe pour que la chantilly fondue coule le long de la coupe pour finir dans ta bouche. « Je vois des gens aussi, ça fait du bien de reprendre une vie sociale classique. »  Tu reposes la coupe quand tu vois que y’a plus rien à faire et que tu peux pas foutre ta langue jusqu’au fond malheureusement. « C’est clair ça doit te changer. Ca doit faire beaucoup de bien. » Tu sais pas comment tu finirais si tu passais autant de temps en prison. « Et ça va, tu te sens bien ? Tu le sens bien pour la suite ? Tu t’es fixé un objectif de quand tu veux un nouveau job ? » Jordan c’est marrant comme tu parles comme un daron alors que tu n’en as pas vraiment eu. Mais tu tiens à Eli et t’as envie qu’il prenne le bon chemin, alors tu tentes de voir s’il a l’air véritablement sérieux dans sa démarche ou si à force de trainer et de se balader il va retomber sur des personnes qu’il vaut mieux éviter. Et finir de nouveau derrière les barreaux.