I'm meaner than my demons + jorina (2020)

I'm meaner than my demons

@JORDAN FISHER ☆ MINA VALERIOUS

gifs by (c) crédit et (c) crédit

(2020)

Mina savait qu’elle n’aurait pas dû être là. Elle le savait dès qu’elle avait lu le message, une invitation surgie de nulle part, envoyée par un ancien contact du monde de la musique. Une de ces vieilles connaissances qu’elle avait essayé d’oublier, mais qui revenait comme un fantôme. L’invitation portait l’odeur des souvenirs qu’elle préférait éviter, mais, pour une raison obscure, elle avait accepté. Peut-être par nostalgie. Peut-être par cette envie sourde de se souvenir de qui elle avait été avant que tout ne s’effondre.

La soirée battait son plein dans un loft à la lumière tamisée, quelque part dans Bristol. Les murs vibraient au rythme de la basse, et l’odeur de la sueur, de la cigarette et de bière tiède flottait dans l’air. L’alcool avait coulé facilement, trouvant un chemin direct vers ses lèvres. La drogue, omniprésente, circulait comme un vieux rituel. Rien n’avait changé. Elle s’était laissée aller, ses pensées s’emmêlant dans la fumée des conversations et des vapeurs acides. La jeune femme s’y était immergée comme on replonge dans une eau glacée, le choc saisissant, mais familier. Elle scrutait parfois les visages autour d’elle. Certains l’avaient reconnue, d’autres l’avaient simplement dévisagée, comme s’ils cherchaient à se rappeler d’où ils connaissaient cette silhouette. “C’est bien toi, Valerious ?” lui avait lancé un type, un sourire trop large collé sur la face, une main moite sur son bras. Elle s’était forcée à sourire en retour, mais une amertume lui nouait la gorge. Oui, c’était elle, celle qui avait fait la une des tabloïds pour quelques tubes et beaucoup de déboires. Celle dont la descente avait été plus rapide que son ascension. Entre deux bouffées de cigarette et une nouvelle gorgée de whisky, Mina avait senti quelque chose d’étrange la traverser, une sensation qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps. C’était doux et amer à la fois, ce genre de mélancolie qui serre la poitrine. Parce qu’au fond, elle savait qu’elle n’était plus cette fille que certains ici se souvenaient avoir admirée, qu’elle n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait essayé d’être. Mais pour ce soir, elle se laissait porter par l’illusion.

À un moment de la nuit, lorsque l’euphorie s’était installée dans ses veines, elle s’était écroulée sur un canapé usé, le cuir craquelé lui collant à la peau. À côté d’elle, un homme qu’elle n’avait jamais vu auparavant, mais qui avait ce genre de présence qu’on ne peut ignorer. Grand, mince, tatoué de partout, avec cette allure de garçon perdu, mais dangereux. Ses cheveux blonds décolorés retombaient en mèches désordonnées, et il tirait sur une cigarette, le regard fixé sur un point imaginaire au plafond. Mina l’avait observé, un sourire amusé sur les lèvres. Dans son état second, elle trouvait fascinant cet air détaché qu’il avait, comme s’il était aussi ailleurs qu’elle. Elle s’était penchée vers lui, rapprochant son visage du sien pour capter son attention, une mèche de ses propres cheveux s’échappant de son chignon déstructuré pour venir chatouiller sa joue. “Moi, c’est Mina,” avait-elle lancé, la voix un peu traînante, mais sans l’ombre d’une hésitation. Ce soir, elle se sentait à nouveau au centre de ce chaos. “Bah il sait bien, vous vous êtes déjà vus !” avait lancé une vieille connaissance comme si cela était parfaitement évident. “Ah ?” Il pouffa de rire. Décidément, quelle farceuse cette Mina. “T’avais pas dit que vous alliez collaborer ensemble sur un son ?” Sans doute l’un de ses mensonges datant de quelques années. Quand elle s’inventait des featurings imaginaires qui allaient relancer sa carrière afin de ne pas passer pour la loser qu’elle était auprès de ses “amis”. Des mensonges trop nombreux pour qu’elle se souvienne de tous. Vite, les rouages de son cerveau s’activèrent à la recherche du bobard supplémentaire qui écarterait les soupçons. Parce que c’était comme ça que les mensonges fonctionnaient : l’un après l’autre pour couvrir le précédent. “Bordel, je t’avais pas reconnu avec cette lumière !” Ça ferait l’affaire. “Comment ça va depuis le temps ?” Elle n’avait plus qu’à espérer que le jeune homme soit largement assez éméché pour jouer le jeu par politesse.

2020 Bristol (outfit)
@Mina Valerious & Jordan Fisher

Toujours un peu - beaucoup - en quête de trouver un contact pour bosser avec Dua Lipa - rien que ça, tu t’es rendu à cette soirée car quelqu’un devrait s’y trouver. Quelqu’un qui a bossé avec elle sur son premier album, donc ça remonte un petit peu - 2017 - mais c’est pas trop mal. C’est mieux que rien. T’es plutôt bien déterminé et tu arrives généralement à trouver un moyen par Pierre Paul ou Jacques d’avoir un contact fiable. Ce soir, tu l’as bel et bien trouvé, le mec en question. Après avoir discuté avec lui tu t’es rendu compte qu’il n’avait pas du tout bossé avec elle, mais qu’il avait été dans le même studio d’enregistrement en même temps qu’elle. Il l’a juste croisé et il n’est même pas sûr qu’elle l’ait vu. Il ne savait pas qui elle était à l’époque. Déçu de la finalité de cette interaction, tu es allé te servir un bon verre bien chargé. Maigre consolation que de l’alcool gratuit. Tu rajoutes une grosse dose de sirop de fraise pour que ce soit sucré à fond pour tenter de retrouver un peu de saveur à cette soirée. Y’a pas que de l’alcool à disposition ce soir mais tu sais que tu as beaucoup de mal à te limiter quand tu commences avec plus que de l’alcool. Tu vas essayer de ne pas te laisser tenter. Au fond de toi tu te dis que juste un petit cacheton ça ne va pas te faire replonger, ça va juste apaiser ta déception de la soirée. Tu commences à être super exigeant Jordan, il fut un temps juste une soirée à l’oeil c’était ça le highlight et pas le lot de consolation.

Tu as jeté ton dévolu sur une clope que t’as chipé à quelqu’un. Tu tentes de repousser l’inévitable, et tu ne sais plus combien de verre tu t’es servi, mais assez pour savoir que la prochaine fois que tu te lèveras de ce canapé c’est pour une mauvaise raison. « Moi, c’est Mina, »  Elle te sort de tes pensées, de ta bulle que tu étais en train de former tout autour de toi. Elle est toute proche. « Bah il sait bien, vous vous êtes déjà vus ! »  Tu l’entends la voix qui dit ça mais tu ne la vois pas, tes yeux se posent sur Mina. Son visage te parle, ou du moins il te semble? « Ah ? »   « T’avais pas dit que vous alliez collaborer ensemble sur un son ? »  Tu prends doucement les informations qui te parviennent au fur et à mesure des secondes qui passent. « Bordel, je t’avais pas reconnu avec cette lumière ! »  C’est sa voix plus que son visage que ton cerveau arrive à replacer doucement mais sûrement. « Comment ça va depuis le temps ? »  Sa voix, oui, cette voix tu la connais mais tu n’arrives pas à mettre un nom dessus là tout de suite. Elle l’a dit pourtant. Mina. Mais l’information n’a pas été imprimée dans ta tête. « Ca… va. » Tu vas frotter tes yeux et tu te redresses un petit peu sur le canapé histoire de te reconnecter un tant soit peu avec la réalité de ce qu’il se passe là tout de suite sur ce canapé. « Toujours une voix aussi particulière. » Tu parles d’elle même si c’est pas très clair. Ca ne t’étonnerait pas d’avoir bossé avec elle même si tu ne la remets pas vraiment. Tu la crois. « Putain je crois que j’étais en train de m’endormir les yeux ouverts. » T’es littéralement en train de penser à voix haute. « Remake de la belle au bois dormant version 2020. » L’image te fait sourire alors que tu réalises la clope entre tes doigts comme si elle venait d’apparaitre. Puis t'as un flash de lucidité. Tu tournes la tête vers Mina. « T’aurais pas bossé avec Dua Lipa à un moment ou un autre ? Asking for a friend. » Ca y est tu es bien réveillé et tu arrives avec les vraies questions importantes là. Tu tires sur ta clope pour pas qu’elle termine de se consumer toute seule.

@Jordan Fisher

Mina avait laissé un rire léger échapper de ses lèvres, un son désinvolte qui se perdit dans le vacarme de la soirée. Ce genre de question, elle l’avait déjà entendue des dizaines de fois, surtout lorsqu’elle traînait encore dans les studios ou les soirées privées où l’on espérait la croiser pour gratter un peu de visibilité. Le nom de Dua Lipa claqua dans l’air, la ramenant à ces souvenirs lointains d’un monde dans lequel tout semblait à portée de main. Elle s’appuya contre le dossier du canapé, un sourire narquois étirant ses lèvres tandis qu’elle observait le blond tenter de retrouver ses repères dans ce chaos. Il avait l’air paumé, avec sa clope mal tenue et ses yeux qui cherchaient quelque chose de solide à quoi s’accrocher. Une ombre de lucidité traversa son regard, une lueur presque enfantine, et Mina ne put s’empêcher de le trouver vaguement attachant, dans sa manière de croire encore qu’elle pouvait être une porte d’entrée vers ce monde qu’il convoitait. En tout cas, soit il était assez poli pour ne pas dénoncer son mensonge, soit il était trop éméché pour réaliser que c’en était un. Quelle que ce soit l’option, la Valerious avait gardé la face pour cette fois encore.

« Dua Lipa ? » Elle laissa le nom traîner sur sa langue, comme pour en tester la saveur. « J’crois qu’on a partagé une scène une fois... » Elle haussa les épaules, feignant une indifférence qui masquait un pincement de nostalgie. La vérité, c’était qu’elles s’étaient croisées moins de cinq minutes à chaque fois ; dans les coulisses d’une remise de prix, dans un gala, une fête, peut-être en studio. Elles n’avaient sans doute jamais rien échangé de plus que des banalités et des sourires de façade. Alors un son sur scène… Non, sûrement pas. Mais Mina savait mentir comme elle respirait et n’avait aucun mal à renouer avec cette vilaine habitude, ce talent, qui lui permettait de vivre dans l’illusion pendant un instant. « C’est vieux tout ça, tu sais. » Elle planta ses yeux dans les siens, cherchant à capter la réaction du jeune homme, à voir s’il la croyait vraiment, s’il gobait cette demi-vérité. Après tout, elle avait toujours été douée pour ces histoires à moitié vraies, pour enjoliver les souvenirs et recouvrir la réalité de paillettes.

Et comment ne pourrait-il pas la croire ? C’était plus simple que d’admettre qu’il s’était retrouvé dans une soirée sans autre but que de boire jusqu’à en oublier les noms et les visages qui l’entouraient. Mina se pencha un peu plus vers lui, réduisant l’espace entre eux, sa voix devenant presque un murmure. « Et pourquoi tu demandes, chaton ? T’es en mission ce soir ? » Elle lui tendit la bouteille de whisky quasiment vide qu’elle tenait à la main, un sourire en coin étirant ses lèvres. « Allez, sois honnête. T’as l’air d’un mec qui a encore des rêves, mais... » Son regard se fit plus perçant, presque cruel dans sa curiosité. « ... t’as l’air de savoir aussi comment on les laisse crever dans des canapés comme celui-là. » Elle porta la bouteille à ses lèvres pour une dernière gorgée avant de la lui tendre. Dans le fond, elle savait qu’elle n’avait pas vraiment le droit de juger. Chacun cherche encore une raison de rester debout dans ce monde qui les avait déjà avalés tout entiers. Elle le connaissait, ce regard de quêteur, celui qui cherchait un filon, un contact, quelqu’un pour ouvrir une porte dans ce monde où tout n’était qu’apparences et opportunités ratées. Après tout, c’était comme ça que tout fonctionnait dans cette industrie : des promesses murmurées entre deux verres et des collaborations imaginées entre deux pilules. Mais ce soir, elle voulait juste se laisser porter par ce jeu, jouer les provocatrices et observer ce qu’il avait dans le ventre, même si tout cela ne durerait que le temps d’une clope et d’une conversation à moitié oubliée.

2020 Bristol (outfit)
@Mina Valerious & Jordan Fisher

« Dua Lipa ? »  Tu hoches la tête pour confirmer même si elle a bien entendu. Ca te parle qu’elle ait pu croiser son chemin. Ton esprit n’est pas à son top niveau mais ça chante dans ta tête, y’a sa voix et celle de Dua, ou bien tu arrives beaucoup trop bien à créer des mélodies et arrangements que seul toi peut entendre dans ton esprit. C’est absolument la base de ton métier de producteur. Après faut trouver le moyen de retranscrire et là tu te dis que la voix de Mina et celle de Dua, ça claquerait bien si ça n’a pas déjà été fait. « J’crois qu’on a partagé une scène une fois... »   « AH ! » Car t’as l’impression qu’un bout de ton imagination n’est plus. Que c’est bien la réalité et ça a l’air d’être une petite sorte de miracle sur le moment. Non c’est juste ta mémoire qui est douée en fait Jordan. Tu vois bien que Mina n’a pas l’air aussi enjouée que toi à ce souvenir. « C’est vieux tout ça, tu sais. »   « C’est grave stylé quand même. » Tu dis naturellement alors que tu vas écraser le reste de ta clope dans le cendrier à proximité.

« Et pourquoi tu demandes, chaton ? T’es en mission ce soir ? »  Tu vois qu’elle a l’air de t’invité à boire dans cette bouteille de whisky ce qui est très tentant et tes yeux sont plutôt hypnotisé par la bouteille plus que par ses mots. Tu sens que ton esprit est déjà bien cuit et qu’il ne serait pas raisonnable de continuer. Il y a un débat à l’intérieur de ta tête même si tu sais que celui ci est déjà perdu d’avance. Tu l’imagines déjà dans ton gosier cette gorgée de whisky. « Allez, sois honnête. T’as l’air d’un mec qui a encore des rêves, mais...  »  Ton esprit se reconnecte à la réalité et tes yeux retournent sur les siens. Mais ? « ... t’as l’air de savoir aussi comment on les laisse crever dans des canapés comme celui-là. »  Y’a un léger rire - presque nerveux - qui s’échappe de ta gorge. Elle a vu très juste. Tu prends la bouteille quand elle la dirige vers toi de nouveau. Tu bois une gorgée de whisky. La bouteille reposant ensuite sur ta cuisse, tu relèves bien vite le coude pour une deuxième gorgée avant de lui répondre. « Je devais voir un type qui avait bossé avec elle en 2017 ce soir mais les informations n’étaient pas vraiment ça du coup le but de la manœuvre est tombé à l’eau mais… » Tu lui redonnes la bouteille car il vaut mieux que celle ci soit loin de toi ou tu vas continuer à boire et assombrir ton esprit. A l’instant présent tu peux totalement t’endormir sur ce canapé car la volonté de te mettre sur tes deux pieds est très loin. « … maintenant y’a toi qui sait peut être comment joindre quelqu’un d’important dans sa team. » Tu vas te passer une main sur les yeux comme pour tenter de te maintenir bien éveillé et alerte. « J’aimerai bien passé du côté plus pop et mainstream mais visiblement j’ai pas encore fait toutes les étapes qui faudrait avant. J’essaie de sauter dans un trop grand écart et ça n’avance pas même si… C’est un peu fun cette chasse au trésor networking. » Car ça t’amène à des soirées comme ça. « T’es venu pour quoi ce soir ? » Il y a des gens de l’industrie ici, des chances qu’elle aussi cherche quelque chose. « Juste pour faire la fête ? »

@Jordan Fisher

Mina considéra le jeune homme, son regard légèrement amusé sous ses paupières mi-closes. Elle nota le mouvement hésitant de ses doigts autour du goulot de la bouteille qu’elle lui avait tendue. Il semblait lutter entre la tentation du whisky et la part de lui qui savait pertinemment qu'il avait déjà trop bu. Finalement, il céda, avalant une gorgée, puis une deuxième, avant de lui retourner la bouteille d'un air contrit, comme un enfant pris en faute. Elle esquissa un sourire en coin et accepta la bouteille sans un mot, observant cette petite lueur de curiosité, d’envie, presque juvénile, qui brûlait encore dans ses yeux. Elle la reconnaissait, cette lueur-là — c'était celle des passionnés, de ceux qui continuaient d'y croire, ou du moins, qui faisaient semblant de croire qu'ils pouvaient encore attraper les étoiles du bout des doigts. « Je devais voir un type qui avait bossé avec elle en 2017 », avoua-t-il d'une voix traînante, un peu gênée, comme si sa propre confession lui coûtait, « mais les informations n’étaient pas vraiment ça du coup le but de la manœuvre est tombé à l’eau mais… » Mina l’écouta sans l'interrompre, le laissant dévider le fil de ses ambitions entrecoupées de doutes et de renoncements temporaires.

Elle se redressa un peu, croisant les jambes sous elle sur le canapé, et joua distraitement avec le bord de sa manche. Elle aurait pu se moquer de lui, jouer la grande dame condescendante qui connaissait tous les pièges, mais quelque chose en elle, peut-être cette part enfouie qui avait, autrefois, rêvé aussi ardemment que lui, la retint. Elle leva la bouteille à hauteur de ses yeux, examinant la lueur dorée du whisky qui vacillait sous la lumière tamisée de la pièce. « Ça peut marcher, parfois, les rencontres fortuites dans ce genre de soirées », murmura-t-elle en abaissant la bouteille et en reposant son regard sur lui. « Mais les soirées où il suffit de se montrer pour décrocher une collab ou un contact en or, elles sont rares. Ce qui se passe vraiment dans ce genre d’endroits, » — elle balaya la pièce d'un regard rapide, s'attardant sur les ombres floues de la foule, les éclats de rires trop forts et les éclats de lumière artificielle — « c'est des fausses promesses, des gens qui jouent des rôles qu’ils oublient dès le lendemain. »

Elle haussa les épaules avec une indifférence calculée, laissant planer une ombre de résignation sur son visage. Puis, un instant après, elle tourna son regard vers lui, laissant échapper un sourire énigmatique. Elle dégagea une mèche de ses cheveux derrière son oreille, son regard se fit plus intense, presque pénétrant. « J’imagine que tu sais déjà que c’est pas si simple. Que t'as beau ramer comme un fou, tu restes au même endroit, parce que le vent et les courants jouent contre toi. » Elle soupira, appuyant ses mots d'un petit rire amer. Le jeune homme semblait suspendu à ses mots, buvant ses paroles comme une liqueur qu’il n’oserait pas goûter autrement. Elle savait qu'elle pouvait l’entraîner dans n’importe quelle illusion ce soir-là, lui faire croire qu’elle possédait encore le pouvoir de l'aider, de le guider vers ce monde auquel il aspirait. Elle se redressa, son regard se perdant un instant dans le vide. « Moi aussi, j’ai voulu croire à ces trucs-là. Les paillettes, les collaborations magiques. J’étais prête à tout pour briller. Mais… » Mais elle avait tout laissé crever sur des canapés comme celui-là. Mina laissa sa voix s’éteindre, ne terminant pas sa phrase, comme si elle n’avait pas besoin de le faire. Ses pensées vagabondèrent vers les souvenirs de ses propres rêves, de ses propres ambitions étouffées sous le poids des attentes, des faux-semblants et des désillusions. Que de sentimentalisme, écœurant.

« La fête ? » répéta-t-elle, amusée, en réponse à sa question, comme si l’idée d’être là simplement pour s’amuser lui semblait totalement étrangère. « Peut-être. Peut-être pas. » Elle haussa un sourcil, plantant son regard dans le sien avec un éclat de malice. « Je m'amuse jamais vraiment comme les autres ici. Je... observe, tu vois ? J’aime voir jusqu’où les gens sont prêts à aller, jusqu’où ils sont prêts à s’acheter un rêve pour se le voir piétiner le lendemain. » Elle se pencha un peu plus près, ses yeux luisants d’une étrange intensité. « T’as déjà ressenti ça, chaton ? Ce besoin d’observer le monde s’effriter lentement sous tes yeux ? »  

2020 Bristol (outfit)
@Mina Valerious & Jordan Fisher

Tes yeux sont attirés par la bouteille qu’elle lève devant son visage. Tu la regardes faire.   « Ça peut marcher, parfois, les rencontres fortuites dans ce genre de soirées »  Tu fais oui de la tête, ça t’es déjà arrivé, mais là tu sais que t’as voulu pêché un poisson bien trop gros pour toi. « Mais les soirées où il suffit de se montrer pour décrocher une collab ou un contact en or, elles sont rares. »  Tu l’écoutes, elle parle d’expérience et tu sens que tu peux en apprendre d’elle. Toutes les rencontres sont des opportunités de grandir. Pas sûr que tu sois réellement en état de bien traiter tout ce qu’elle dit. Vas-tu seulement t’en souvenir demain ? Bonne question. Tu entends bien qu’elle a dû avoir beaucoup de déceptions. Elle a l’air blasé alors qu’elle regarde les gens qui vous entourent. Toi tes yeux restent juste sur elle. Elle avait chanté avec Dua Lipa il y a quelques années, tu te demandes comment c’était de la côtoyer. Oui tu fais une légère fixation sur la chanteuse. « J’imagine que tu sais déjà que c’est pas si simple. Que t'as beau ramer comme un fou, tu restes au même endroit, parce que le vent et les courants jouent contre toi.  »  Tu hoches la tête. Tu frottes tes yeux un instant, la fatigue étant bien proche malgré que tu aies envie de continuer de parler avec elle. Il te faudrait une petite ligne de cocaïne pour arranger le tout.

« Moi aussi, j’ai voulu croire à ces trucs-là. Les paillettes, les collaborations magiques. J’étais prête à tout pour briller. Mais…  »  Tu sors de tes pensées en l’entendant de nouveau. Mais ? Et la réponse ne vient pas jusqu’à ton cerveau, tu te dis que tu l’as juste loupé vu que tes yeux ont été attiré par un échange pas très discret un peu plus loin. Ca ira si tu fais un petit écart, un tout petit, juste un petit peu. Maria ne le saura pas et puis ce serait qu’un tout petit écart, ça ne t’affectera pas tant que ça.

Tu lui demandes les raisons de sa présence ici ce soir. Car t’es curieux quand t’es cuit. Les mots sortent plus vite que tu ne les penses. « La fête ? »   « Ouais. » Tu réponds avec un sourire amusé tout autant que le sien à elle. « Peut-être. Peut-être pas. »  Tu pensais pas qu’elle chercherait à jouer les mystérieuses de la sorte. Tu es bien naïf quand tu veux et tu vois pas de mal à être ici juste pour la soirée ou non. « Je m'amuse jamais vraiment comme les autres ici. »  Puis elle t’explique et tu aimes beaucoup ce que tu entends. Tu hoches lentement la tête. « T’as déjà ressenti ça, chaton ? Ce besoin d’observer le monde s’effriter lentement sous tes yeux ? »  Tu lui réponds avec un hochement de tête supplémentaire. « Souvent ouais… » Parce que tu crois comprendre ce qu’elle veut dire mais tes capacités cérébrales ne sont pas les plus optimales à ce moment précis. « C’est moi qui s’effrite tout les yeux là. » Oui y’a même tes mots que tu perds un petit peu. « T’es comme une astronome avec un… » Tu cherches tes mots. « Le truc pour voir dans l’espace. Téléscope ? » T’es même pas sûr. « Mais je comprends, c’est mieux d’observer les autres que soi même. » C’est universel. Y’a une meuf brune qui passe dans ton champ de vision, tu tournes juste un peu la tête pour suivre son mouvement. « J’aurai bien voulu observer Dua Lipa. » Jordan… Tu fais vraiment une obsession. « Et pas pour ses jambes, je dis pas observer dans ce côté là de la chose même si… » Même si elle te fait bien fantasmer et t’a pas besoin de finir ta phrase pour qu’on le comprenne.

@Jordan Fisher

Mina l’observa, le coin de ses lèvres tressautant d’un sourire presque invisible. Ce type avait des yeux encore baignés de candeur, ce qui la surprit. Qu'il soit là, en pleine immersion dans le chaos d’une soirée saturée de regards affamés et de promesses prêtes à se briser, semblait presque ironique. Et pourtant, quelque part, c'était là qu'il choisissait de se perdre. Entre le whisky et cette étincelle naïve, il semblait vaciller, oscillant entre l’espoir et le renoncement, entre le monde à ses pieds et ses propres failles qui refusaient de le quitter. Alors qu’il balbutiait quelques mots sur une métaphore à deux balles à propos d’étoiles et de télescope, son regard se perdit vers une silhouette brune qui passait furtivement. Il mentionna Dua Lipa d’une voix engourdie par l’alcool et le désespoir, sa fascination presque palpable, comme s’il évoquait une créature mythique, trop éloignée pour qu'il puisse espérer la toucher vraiment. Mina leva les yeux au ciel, légèrement exaspérée. Qu'est-ce que cette obsession pour l’autre nunuche venait faire ici ? Pourquoi il s’obstinait à ventiler à propos de celle qui n’était pas là alors que, elle, elle était sous ses yeux ? Elle fit tourner le whisky au fond de la bouteille, pensive. T’es out, ma fille.

« La fascination, ça va t’abîmer. » Elle sourit, presque nostalgique, comme si ces mots s’adressaient à elle-même, au passé, et non à lui. « C’est un trou noir, ça t’aspire et te crache dans des ruelles sordides après t’avoir fait goûter aux projecteurs. Crois-moi, les étoiles que tu veux attraper, elles sont plus proches de la poussière que tu penses. » De toute façon, rien n’était jamais ce qu’il paraissait dans ce milieu, et souvent les pommes les plus rouges étaient les plus pourries à l’intérieur. « Ce qui compte, c’est ce que tu veux vraiment faire, ce qui te pousse à te lever, à persister. Parce que si tu te perds à poursuivre des images trop brillantes, des illusions trop parfaites… tu finiras juste avec le goût amer d’avoir couru après des ombres. » Poète, ce soir, Valerious.

Elle sentait qu’il lui échappait à nouveau, son regard perdu dans le vague. Alors elle se tut, laissant ses mots planer, lents et sombres, dans l’espace entre eux. Elle savait que ce n’était pas ce qu’il voulait entendre, peut-être même pas ce qu’il était capable de comprendre. Mais elle lui devait bien cette vérité. Elle ne se souvenait plus de la dernière fois qu’elle avait eu une conversation pareille, dans une soirée de ce type, avec quelqu'un qui semblait si naïvement attaché à l'idée d'atteindre les étoiles, comme un môme que rien ne pourrait convaincre du contraire. C’était aussi attendrissant qu’insupportable. « Allez, fais-moi écouter ce que tu sais faire » elle lança finalement, curieuse de savoir si le bonhomme avait le moindre talent, ou s’il se berçait d’illusions depuis le haut de l’estrade de la médiocrité.

2020 Bristol (outfit)
@Mina Valerious & Jordan Fisher

« La fascination, ça va t’abîmer. »  Ta tête qui se retourne vers Mina alors que tu reconnectes au moment présent ici dans ce canapé et avec cette bouteille qu’elle pavane sous ton nez. Oui c’est comme ça que tu vois son geste alors qu’elle ne pense certainement pas à te narguer avec. « C’est un trou noir, ça t’aspire et te crache dans des ruelles sordides après t’avoir fait goûter aux projecteurs. Crois-moi, les étoiles que tu veux attraper, elles sont plus proches de la poussière que tu penses.  »  Ouh… Tu comprends qu’elle parle de quelque chose qui lui est arrivé à elle. C’est clair comme de l’eau de roche et elle a l’air d’avoir beaucoup de rancoeur à ce sujet. Ce qui est normal, c’est pas juste. L’injustice est quelque chose qui te révolte toujours. La vie c’est vraiment une bitch parfois. Souvent. « Ce qui compte, c’est ce que tu veux vraiment faire, ce qui te pousse à te lever, à persister. Parce que si tu te perds à poursuivre des images trop brillantes, des illusions trop parfaites… tu finiras juste avec le goût amer d’avoir couru après des ombres. »  Tu plisses un peu les yeux alors que tu te tentes d’imprimer, de traiter tout les mots qu’elle vient de dire. De mettre le sens qu’ils ont en essayant de les répéter dans le bon ordre dans ta tête. Tu as l’image globale mais tu serais incapable de répéter la phrase exact qu’elle a prononcé. Il faut que tu trouves ce qui te motive vraiment dans ce boulot Jordan. A ce moment précis tu aurais bien répondu que c’était les jambes de Dua Lipa car ton cerveau travaille à un régime différent de l’habituel là tout de suite. Qu’est ce qui te motive à te lever tous les matins Jordan ?

« Allez, fais-moi écouter ce que tu sais faire. »  De nouveau tu reconnectes avec la réalité, tes yeux qui se retournent vers elle. Tu as bien capté ses mots là, y’en avait pas beaucoup, la phrase était simple à comprendre. « Je crois pas être en état de chanter quoi que ce soit… » Tu dis en riant un petit peu. « Mais si y’a un piano quelque part je peux sûrement te jouer un truc… » Tu pourrais jouer même dans ton sommeil tellement c’est une partie intégrante de toi. « Je joue et tu chantes ? » Tu proposes alors que tu ne sais pas si y’a un piano dans le coin. C’est une giga maison avec plein de gens dans le business, pour toi ça tombe sous le sens qu’il y a obligatoirement un piano à un endroit entre ces murs. C’est la base, c’est le minimum requis. Ou plutôt c’est ce que ton esprit qui fantasme d’avoir toujours un piano à disposition se dit. « T’as une envie spéciale ? » Parce qu’en plus tu sors ça comme ça normal. Ca a l’air si simple dans ta bouche. Comme s’il était évident que tu puisses jouer n’importe quelle chanson de son choix et ça c’est parce que oui, tu peux le faire. Si tu connais la chanson, tu pourras la jouer, car t’as des pouvoirs magiques avec ton oreille musicale comme ça.

le dé a écrit:Réussite - Y’a un magnifique piano dans la pièce à côté où tu n’as pas encore mis les pieds

Mitigé - Y’a un vieux piano droit dans la véranda que tu n’as pas non plus visité.

Fail - Si vous le voulez vraiment il va falloir le trouver mais il y a bien une chambre avec un piano électronique à l’étage.