Nate&Jordan - It's a damn cold night

30/11/1990

Octobre 2006
Stokes Croft, Bristol
Jordan a 15 ans

tw : agression physique, tentative de racket

@Nate Shaw ☆ Jordan Fisher

T’as squatté dans le cinéma aussi longtemps que tu pouvais et puis à 1h du matin ils ont fermé. Tu avais trouvé un coin tranquille, avec un petit siège en velours où tu pouvais rester posé sans déranger personne. C’est pas la première fois que le cinéma est un point de chute pour toi. C’est dommage que ça ferme pas plus tard car c’est un des meilleurs endroits. Il y a peu de va et vient. Pas comme dans un Kebab ou un McDo ouvert toute la nuit. Tu préfères squatter Bristol que Cardiff, y’a un peu plus de trucs ouverts jusqu’à tard ici. Au pire tu pourras aller à la gare des bus ou la gare des trains pour le reste de la nuit dans un lieu couvert, même si ça veut pas dire qu’il fait forcément meilleur. Octobre en UK y’a des températures qui sont pas des plus plaisantes. Tu as une grosse doudoune avec toi et une écharpe que tu as volé à un de tes frères. Tu regardes un peu autour de toi, réfléchissant quelle direction serait la meilleure à prendre. Laquelle t’inspire le plus et tu commences à marcher vers la station de bus.

Sauf qu’en chemin tu tombes sur un groupe de jeune - qui sont plus âgé que toi - qui commencent à te parler et tu le sais que c’est pas bon signe. Fait chier putain. Tu ne te plaindras plus jamais de la fraîcheur de Bristol la nuit. Tu préfères être congelé que de devoir avoir à faire à une bande de jeune qui commence à te provoquer et à vouloir ton portefeuille et ton téléphone. « J’ai pas de téléphone. » « Ouais fou toi de notre gueule. » Evidemment que t’as un téléphone mais si tu perds ça tu sais pas quand tu pourras en avoir un autre. C’est qu’un vieux Nokia mais ça te sauve la mise souvent. « Donne ton téléphone. » Tu restes silencieux et tu essaies de ne croiser aucun regard. Tu tentes d’avancer mais y’en a deux qui se mettent en face de toi pour te barrer la route. Putain de merde… Tu ne donneras pas ton téléphone mais tu sais que tu vas te manger quelques coups. T’as beau être grand en taille, tu n’as que 15 ans et t’es très maigre. Tu ne fais pas le poids face à eux quatre. Ca commence à s’agiter quand tu tentes de t’échapper mais qu’ils te retiennent et y’en a un qui commence à te mettre des coup de pieds. « LAISSEZ MOI ! » Tu cris en te débattant.

11/10/1980

it’s a damn cold night
— with @Jordan Fisher

Je suis rentré plus tôt que prévu. La mission, c'est terminé quelques jours avant la date annoncé, Lottie étant chez sa famille, je me retrouve seul à l’appartement. Ce qui dans le fond, n’est pas plus mal, j’aime être seul quand je rentre de mission, j’ai ce besoin de me retrouver avec moi-même, au moins durant quelques heures. Il faut dire que je n’aime pas parler, j’estime que ce que je vie est suffisamment dur et que je n’ai pas à infliger ça à mes proches. Je garde ça pour moi, je vie avec et c’est le prix à payer pour ce métier. Comme je le dis souvent, je suis un mal nécessaire, faire ce que je fais ne me plaît pas, mais ce monde en a besoin, c’est la triste réalité.

Ce que j’apprécie particulièrement faire quand je reviens, c’est profiter des rues anglaises, profiter du temps frais de Bristol. Oui, je reviens du Moyen-Orient, autant vous dire que sous les combinaisons militaires par des températures qui approchent les trente degrés, on crève de chaud. Alors, j’ai cette petite veste légère, et je me promène, simplement et sans réel but. J’habite dans le coin et je prends plaisir à retrouver ma ville, mes repères. Sauf qu’il y a ce bruit, je fronce les sourcils. J’entends des voix, plusieurs voix et ce genre de dialogue qui pue. J’accélère le pas, juste de façon à voir ce qui se passe. Peut-être une déformation professionnelle. Allez savoir. Mais je ne peux pas rester les bras croisés, continuer ma route comme si, je n’avais rien vu. Les choses dérapent trop vite. Le jeune homme est maintenu, frappé par la bande. Lâchez le bande de connard ! la voix grave, la voix qui porte. Pleine d’assurance. Je me rapproche rapidement. Il nous veut quoi superman. je ne suis pas du genre à réfléchir et dans ce cas-là précis, il n'y a pas besoin de réfléchir. J’attrape l’un des plus costauds par le col et je lui envoie mon poing dans la figure, une fois, deux fois qui suffisent à le faire tomber au sol. Alors qu’un autre tente de s’en prendre à moi, j’attrape son bras et viens le saisir au niveau du cou, resserrant l’étreinte à ce niveau-là avant de l’envoyer balader au sol. Je préfère Batman. me tenant face à eux, prêt à continuer à me battre si besoin. Dégagez, rapidement. il faut croire que mon assurance, accompagné du fait que ma carrière militaire fait que j’ai l’habitude de me battre, semblent suffire à faire déguerpir la bande.

Instinctivement, je me tourne vers celui que je suis venu aider. Celui qui me surplombe de plusieurs centimètres d’ailleurs. Rien de cassé ? je jette un petit regard autour de nous. Il est tard, plus grand-chose n’est ouvert. Tu veux que je te raccompagne quelque part ? j’en dis pas plus. Je ne m'étends pas sur ce qui s'est passé. Après tout, ils n’en valent pas la peine. La seule chose que je veux, c’est de savoir ce jeune homme sain et sauf.

30/11/1990

Octobre 2006
Stokes Croft, Bristol
Jordan a 15 ans

tw : agression physique

@Nate Shaw ☆ Jordan Fisher

Tu te débats comme tu peux et l’adrénaline a beau courir dans tes veines, tu ne fais pas le poids. Ils te tiennent trop bien, te frappent trop fort. La douleur n’est pas un soucis à ce stade, tu ne sens rien à part que tu es cerné, incapable de te défaire de leur prise. Ils sont quatre. Tu es tout seul. A quel moment c’est juste ça ? Mais ça fait bien longtemps que tu sais que la vie n’est pas juste malheureusement. Lâchez le bande de connard ! Et puis il y a cette voix là que tu entends, mais tu te dis que c’est dans ta tête. Dans tes rêves les plus fou. Quelqu’un qui viendrait t’aider là tout de suite pour te libérer de cette embuscade. Il nous veut quoi superman. Et les mecs répondent. Est-ce que tu aurais imaginé ça aussi ? Non. Parce que tu sens qu’ils se sont arrêtés dans leurs coups, ils sont interpellés par le mec qu’ils appellent Superman. Please help me… Parce que c’est bon signe tout ça. Très très bon signe. Surtout qu’ils te lâchent après car ils sont trop occupés à se faire péter le cul (de manière non littéral) par Superman. Ton corps endoloris est au sol dans une position mi-assise mi-allongé. Tu regardes ce qu’il se passe sous tes yeux et c’est très beau à voix. Il les défonce. Y’a vraiment quelqu’un là qui est venu à ton secours et qui sait se battre parce que wow. T’es soufflé. Je préfère Batman. Ok Batman. Tu l’appelleras comme il le souhaitera. Il est ta lumière au bout du tunnel là. Dégagez, rapidement. Le groupe de mec file avant de s’en prendre une autre en pleine face. Ils ont bien vu que Batman n’était pas là pour rigoler.

Rien de cassé ? Batman qui te demande alors qu’il s’approche vers toi. Tu te tiens les côtes d’une main. Ils t’ont pas loupé. « J’sais pas… » T’as déjà eu des côtes cassés ou fêlées et ça avait un peu la même sensation… Tu veux que je te raccompagne quelque part ? Avec difficulté tu te remets sur tes deux pieds. Tu retiens une grimace de douleur car ça te demande un gros effort. « J’ai pas vraiment d’endroit où aller là. » Tu hausses une épaule. Il t’a aidé. Tu te dis qu’il ne va pas te vouloir du mal. Tu remets ton écharpe en place, elle était à moitié partie de ton cou. « J’allais aller à la gare de bus pour passer la nuit. » Tu avoues sans peine. C’est la réalité de la situation et si jamais il peut t’aider un peu plus… tu prends. Il fait trop froid dans la gare de bus, si tu peux avoir un canapé, tu veux. « Merci… Merci de les avoir fait partir… » Tu es vraiment la personne la plus reconnaissante du monde là.

11/10/1980

it’s a damn cold night
— with @Jordan Fisher

J’ai toujours été contre l’injustice. Depuis que je suis un gamin, et plus encore en grandissant. Je crois qu’avec le temps, j’ai vu trop de chose moche pour tolérer quoi que ce soit. Comme cette agression, je ne peux pas m’empêcher de me demander si cette bande de con se rendent compte à quel point ils contribuent à ce que ce monde soit à chier par moment. C’est pour ça que je ne me fais pas prier et que j’interviens. Courir vers le danger, c’est mon quotidien. Et je n'hésite pas, je ne réfléchis même pas aux conséquences ou autre, je passe en pilotage automatique pour les faire dégager. Et si pour ça il faut que je les cogne les uns et les autres, alors je le ferai, sans hésitation. Fort heureusement, les grandes gueules semblent rapidement battre en retraite, et c’est mieux comme ça.

Mais je me retourne surtout bien vite vers la raison de mon intervention. Ce jeune homme qui a été pris à partie. Qui grimace, qui a du mal à se relever. Tout ce qu’il y a de plus logique finalement. Ouai.. Si tu permets, j’peux voir ça. je ne suis pas médecin, ou quoi que ce soit en rapport avec le médical. Mais dans l’armée, quand on se retrouve au milieu de nulle part et seul, ou presque, il faut savoir se faire des auto-diagnostics et réussir à comprendre les possibles blessures, tant qu’elles ne sont pas graves. Mon regard croise celui du jeune homme. Je ne peux m’empêcher de soupirer de compassion, la vie peut s’avérer bien compliqué parfois. Ce qui semble être son cas. C’est normal. Personne ne devrait passer à côté de ce genre de comportement sans faire quelque chose. bon, j’en ai bien conscience. C’est quand même plus facile quand vous êtes un militaire entraîné, plutôt qu’un civil lambda. T’as pu manger quelques choses ce soir ? je le connais ni d’Ève, ni d’Adam. Mais ç'a l’air d’être un bon gars, qui a besoin d’une main tendu. Je ne cherche pas à comprendre pourquoi il est dans cette situation, pas que je m’en fiche, mais je sais que parler de sujet sensible n’est jamais évident, je ne poserai jamais de question qui puisse mettre mal à l’aise, d’autant plus que je suis le premier à ne jamais vraiment me confier. J’crois qu’il y a un fast-food sur le chemin de chez moi encore ouvert. Et je n'habite pas bien loin. a quelques rues d’ici, dix minutes à tout casser. C’est le bordel, j’ai tendance à ronfler la nuit. Mais c’est sans doute mieux que la gare a bus. je conclus avec un sourire, essayant de détendre un peu l’atmosphère.

30/11/1990

Octobre 2006
Stokes Croft, Bristol
Jordan a 15 ans

tw : agression physique

@Nate Shaw ☆ Jordan Fisher

Ouai.. Si tu permets, j’peux voir ça. T’es surpris par cette proposition. C’est un docteur ? Mais tu es bien plus intéressé à ce qu’il te propose ensuite. Te raccompagner quelque part. Tu prends la perche assez vite. Tu as tout à gagner avec lui. Tu n’aurais sûrement pas deux fois la chance de tomber sur quelqu’un d’aussi serviable que lui ce soir. Tu le remercies d’ailleurs chaudement car véritablement, il est un ange tombé du ciel pour toi. C’est normal. Personne ne devrait passer à côté de ce genre de comportement sans faire quelque chose. T’es bien d’accord. C’est vraiment un justicier non masqué lui. Batman. Oui mais ce serait plutôt Bruce Wayne du coup là. T’as pu manger quelques choses ce soir ? Tu sais pas quel âge il a ce mec mais il parle comme un parent là. C’est clair que tu es encore un ado malgré ta grande taille. Ca se voit sur ton visage que tes traits sont jeunes.

J’crois qu’il y a un fast-food sur le chemin de chez moi encore ouvert. Et je n'habite pas bien loin. Il est bien en train de te proposer de la bouffe mais aussi d’aller chez lui ? T’es surpris aux premiers abords parce que tu le voulais mais tu n’osais pas l’espérer pour autant. C’est le bordel, j’ai tendance à ronfler la nuit. Mais c’est sans doute mieux que la gare a bus. Et là y’a un sourire qui se forme sur ton visage parce que vraiment, il est un ange. « C’est mieux c’est clair. Merci. » Tu ne manques jamais de reconnaissance. Ca se sent là que tu es plein de gratitude pour Batman. « Je dis pas non pour des frites et un donuts ou quoi… » T’as la sensation qu’il va payer et puis on va pas se mentir, une frite et un donuts ça fait pas plus de £3, tu n’es pas en train de le ruiner. « T’es docteur ? »

11/10/1980

it’s a damn cold night
— with @Jordan Fisher

Un jour ou l’autre, on se retrouve tous dans une situation où on a besoin d’une main tendue. C’est ce que je me dis, si ce soir, je peux aider ce jeune homme, c’est la moindre des choses. Un petit geste pour moi qui peux en être un grand pour lui. Bien entendu, quand on fait ce genre de chose, on n'attend rien en retour, l’important, c'est de le faire de bon cœur, avec la véritable volonté d’aider. En route alors. je lui adresse un sourire, accompagné d’un clin d’œil. Je reste à ses côtés, proche, s'il a besoin d’un appui ou d’aide parce qu’il a des douleurs, donc je suis à proximité. Nan, pas du tous. J’aurai jamais eu la patiente de me faire toutes ces années d’études. je hausse les épaules, je ne suis pas bête, je crois. Mais soyez sûr que je n'aurai pas entamé d’étude si longue. Je suis militaire. Engagé dans l’armée de terre depuis que je suis majeur. un métier comme un autre, un métier peu glorieux selon moi. Je ne cautionnerai jamais ce que nous faisons. Nous sommes juste un mal nécessaire. C’est triste, mais c’est réel. Et toi, qu’est-ce qui te plaît ?

Nous y sommes, l’enseigne éclairé. Pas forcément le fast-food qui donne le plus envie vu de l’extérieur. Mais croyez-moi, c’est l’un des meilleurs de la ville. En entrant, j’affiche un sourire au caissier qui a l’habitude de voir ma tête vu que j’habite juste en face. Met moi comme d’hab. je me tourne vers Jordan. Choisi ce qui te fait plaisir. Et ne fais pas le timide, sinon je commande à ta place. quelques mots que je ponctue d’un léger rire. Je dépose d’ailleurs ma carte bancaire prêt de la caisse. Ma manière de faire comprendre que je vais l’invité. Au fait. Nate ! a priori, le jeune homme va partager un dîner avec moi et passé la nuit dans mon appartement. Je peux bien me présenter, c’est la moindre des choses. Il faut savoir, ceci dit, que j’ai déjà mangé ce soir. Mais je sors de plusieurs semaines en mission à l’étranger. Et si on n'est pas affamé, on ne peut pas vraiment dire que les repas soit de la haute gastronomie, ou en tout cas rien de suffisant pour mon estomac sur patte. Alors, je me rattrape comme je peux à mon retour en Angleterre.

30/11/1990

Octobre 2006
Stokes Croft, Bristol
Jordan a 15 ans

tw : agression physique

@Nate Shaw ☆ Jordan Fisher

En route alors. Et c’est aussi simple que ça. Un sourire bien large s’affiche sur ton visage. Tu tentes de le contenir parce que tu veux pas montrer que oui c’est aussi beau que ça pour toi. T’as de la chance d’être tombé sur lui ce soir. Il vient de changer la donne de ta nuit d’un coup d’un seul. C’est vraiment trop beau, tu n’as même pas assez de vocabulaire pour exprimer ta gratitude là. Il a l’air si chill, si humain, si simple. Tu te sens tout à fait en confiance avec lui. Nan, pas du tous. J’aurai jamais eu la patience de me faire toutes ces années d’études. Je suis militaire. Engagé dans l’armée de terre depuis que je suis majeur. « Wow. » Tu es impressionné qu’il soit dans cette branche là et visiblement depuis pas mal d’années car il n’a pas 18 ans non ? Tu ne sais pas trop mais il a l’air d’avoir plus que 18 en tout cas. Ou peut être que c’est juste la vibe de daron qu’il a qui te donne cette sensation.

Et toi, qu’est-ce qui te plaît ? Tu te grattes le bout du nez, réfléchissant à ce que tu vas lui répondre mais vous arrivez au McDo et tu en oublies de dire quoi que ce soit. T’es vraiment trop content que ce soit McDo qu’il a proposé parce que y’a vraiment un choix que t’aimes surtout dans les pâtisseries. Met moi comme d’hab. Il est habitué à venir ici. Choisi ce qui te fait plaisir. Et ne fais pas le timide, sinon je commande à ta place. Y’a un sourire un peu plus large, amusé et doux à la fois parce que t’es quand même timide quand il s’agit de profiter de la générosité des autres. « Merci. » Vraiment ce mec est un ange tombé du ciel en cette soirée merdique. Y’a tout qui change du tout au tout là. Ca fait un bien fou. Au fait. Nate ! « Jordan. » Tu réponds toujours avec ce même petit sourire doux aux lèvres. Gosh, si tu pouvais lui dire un trilliard de fois merci, tu le ferais. « Je vais prendre deux brownies, un grand milk shake vanille et deux grandes frites. » Tu déglutis. « Si c’est ok. » Tu te mordilles la lèvre inférieur, vraiment jamais à l’aise dans ce genre de situation. « Merci Nate. » Tu marques une pause. « Vraiment merci. » Au cas où un merci tout seul ne serait pas assez fort.

Et puis la musique qui passe en fond est un morceau avec une intro au piano, ça te rappel sa question d’un peu plus tôt. « Le piano. » Tu dis ça un peu sorti de nul part. « C’est ça qui me plait le plus. Le piano. Jouer du piano. » Tu hoches la tête en même temps que tu finis ta phrase comme pour la ponctuer davantage, y mettre un peu plus de poids. Tu laisses passer un petit temps alors que vous attendez votre commande et tu demandes… « T’as déjà tué des gens ? » T’es curieux. La mort, ça te fascine.

11/10/1980

it’s a damn cold night
— with @Jordan Fisher

Un faible sourire s’affiche sur mes lèvres devant la réaction du jeune homme. L’armée provoque souvent différentes réactions. Me concernant, et paradoxalement, je n’ai pas une haute opinion du métier que je fais. Pour moi, être militaire est un mal nécessaire. Je suis décoré pour faire du mal à des gens qui n’ont pas toujours choisi d’être là. Je n'en suis pas fier, mais malheureusement notre monde fait que c’est nécessaire. C’est peut-être pour ça qu’en dehors de mon métier, j’ai cette tendance à essayer d’être un homme bon. C’est dans ma nature, je suis foncièrement bon. J’essaye en tout cas, j’ai beau avoir des défauts et dieu seul sait qu’ils sont nombreux. Mais je m’applique à essayer d’être quelqu’un de bien.

Puis, c’est toujours intéressant de découvrir de nouvelle personne, une nouvelle histoire. Je ne compte pas creuser concernant Jordan, il me dira bien ce qu’il veut me dire. Je suis trop bien placé pour savoir que des fois, on n'a pas envie de vraiment s’étendre. Parce que même si je lui tends une main amicale, je n’en reste pas moins un inconnu. Je peux enfin mettre un prénom sur ce visage, un visage reconnaissant aussi bien dans le regard qui me porte que dans les mots. Je hoche la tête, je n'en rajoute pas. C’est appréciable de la reconnaissance, même si ce n'est pas pour ça que je le fais. Bien sûr que ça l’est. Je t’ai dit, prend ce que tu veux. un clin d’œil accompagne mes propos. Ça me fait plaisir, t’inquiète. Puis qui sait, un jour, ça sera peut-être toi qui aideras quelqu’un. et ce sera peut-être là, la meilleure façon de me remercier. Rendre la pareille quand il le pourra. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais disons que ça peut être notre reconnaissance de rendre ce monde un peu meilleur.

Génial ça. Et t’as appris dans une école ou avec un prof ? Ou sur le tas, un peu tout seul quand tu le pouvais ? j’ai toujours été fasciné par les personnes capables de jouer des instruments de musique. Pour moi, ils ont un don, alors oui, certains diront que ça peut se travailler. Mais même si tu peux progresser, ceux qui excellent sont à part selon moi. Attrapant le chevalet pour s’installer à une table où on attend notre commande. Mon regard se relève, surpris, vers Jordan. Hein… Euh.. je ne m’y attendais pas. Je secoue mon visage, avant de me reprendre un minimum. Ouai, j’ai été déployé dans des pays en guerre. Dans ce genre de cas, ce sont eux ou nous. c’est sûrement horrible ce que je vais dire, mais ce sont les premières fois qui sont compliquées, qui sont difficiles. Par la suite, on doit réagir vite. Tuer où être tué. La commande finie par arriver, le serveur dépose le plateau sur la table, entre Jordan et moi. Mon menu Big Tasty sous mes yeux, que j’ai pris que par gourmandise, disons-le.

30/11/1990

Octobre 2006
Stokes Croft, Bristol
Jordan a 15 ans

tw : Mention de la mort/meurtres

@Nate Shaw ☆ Jordan Fisher

Bien sûr que ça l’est. Je t’ai dit, prend ce que tu veux. Et t’es content d’avoir osé vraiment commander ce que tu veux car ce mec a la main sur le coeur et tu as pas mangé depuis trop longtemps. Tu te débrouilleras pour lui rendre la pareille un jour. Ça me fait plaisir, t’inquiète. Puis qui sait, un jour, ça sera peut-être toi qui aideras quelqu’un. Tu fais oui de la tête. Tu le sais que tu n’auras jamais de mal à aider les autres vu combien tu sais que ça peut être une aide immense, comme ce soir. Il t’a tellement sauvé la soirée, la nuit, toute la journée en fait et même celle de demain. Tu sais où tu dors demain, Trent est de retour en ville.

Génial ça. Et t’as appris dans une école ou avec un prof ? Ou sur le tas, un peu tout seul quand tu le pouvais ? « J’ai appris tout seul. J’ai une bonne oreille. » Et ça c’est peu de le dire quand tu as l’oreille absolu. Et puis sans gêne aucune tu lui demandes s’il a déjà tué des gens. Ca doit être un sujet de tous les jours pour lui non ? Enfin, peut être pas de ses journées actuelles vu qu’il est pas en mission, mais tu te comprends. Ca ne doit pas être tabou ce genre de conversation. Hein… Euh.. Mais tu le prends quand même au dépourvu visiblement. Tu n’aurais pas cru. Ouai, j’ai été déployé dans des pays en guerre. Dans ce genre de cas, ce sont eux ou nous. Tu hoches la tête, pas mal impressionné par cette information. Votre commande arrive et il le prend. Tu le suis, toujours en train de cogiter par rapport à ce qu’il vient de te dire. Tu t’installes à la table en face de lui et t’es déjà en train de piquer dans tes frites. « Ca fait quoi ? De tuer quelqu’un. » Tu avales ce que tu as dans la bouche avant de reprendre la parole. « Si tu veux pas en parler je comprends. » Parce qu’il doit y avoir des traumatismes derrière. T’en es certain.

11/10/1980

it’s a damn cold night
— with @Jordan Fisher

J’avoue que je suis bluffé, je ne suis pas un spécialiste musical, loin de là même. Mais j’aime la musique, une nette préférence pour le rock, année 80-90. J’apprécie tout autant le jazz par moment, la musique est vraiment un moyen d’échapper à la réalité durant quelques minutes. Et j’ai toujours été fasciner par ceux qui sont capables d’en produire, ceux qui manient cet art, c’est un talent unique selon moi. Dans le cas de Jordan, c’est encore plus impressionnant, apprendre seul et ça, juste à l’oreille, on peut parler d’un don. Et beh, t’assure. À l’occasion, il faudrait que j’ai l’occasion de t’écouter jouer. ça m’intéresse vraiment. Je n’ai que peu de doute sur le fait que je reverrai le blond. Tôt ou tard, si je lui tends la main ce soir, j’espère bien rester un minimum en contact avec lui. Tu as déjà essayé de voir pour te produire dans des petits bars ou autre truc du genre ? je ne connais rien à ce monde, rien à part ce que l’on a bien voulu nous montrer dans les films. Avec les belles histoires du musicien qui se fait repérer dans le petit bar de son quartier et qui lance petit à petit sa carrière grâce à ça. Ça pourrait te permettre de faire ce que tu aimes, tout en gagnant un peu d’argent. affichant un sourire, je poursuis. Tu joues seulement des reprises ? Où t’as des productions personnelles ? que voulez-vous, le son d’un piano sera toujours plus passionnant que celui des balles.

Installé à table, piochant dans mes frites. Mon regard croise celui du jeune homme. Je me rends compte que c’est bien plus facile de parler de tout ça à un inconnu qu'à des proches. Peut-être que je préfère épargner mes proches de ce genre de sujet, sans doute que je ne veux pas qu’il ait cette image de moi, un tueur. Car même si c’est sous le couvert de la guerre, je n’en reste pas moins un tueur. Beaucoup disent que la première fois est la pire. C’est vrai, tu perds une partie de toi à ce moment-là. Tu te sens vide, comme si, on venait d’arracher une partie de qui tu es. c’est difficile de mettre des mots là-dessus, la sensation est horrible et je ne la souhaite à personne. Mais la vérité, c’est qu’à chaque fois, c'est difficile. À chaque fin de journée où tu as propagé la mort, tu remets tout en question. je suis encore jeune, ma carrière débute. J’ai déjà songé tellement de fois à tout arrêté. Ce n’est pas le danger que je prends en allant là-bas qui le fait remettre en question ma carrière, mais bien ce que j’y fais. Et encore, il y a aussi cette nuance, tuer à l’arme à feu, ou a l’arme blanche. C’est encore pire selon moi. Ça explique sans doute cette légèreté dont je fais preuve quand je ne suis pas en mission, la vie est trop dure de manière générale pour ne pas décompresser quand on le peut.

30/11/1990

Octobre 2006
Stokes Croft, Bristol
Jordan a 15 ans

tw : Mention de la mort/meurtres

@Nate Shaw ☆ Jordan Fisher

Et beh, t’assure. À l’occasion, il faudrait que j’ai l’occasion de t’écouter jouer. Il est impressionné juste par ce que tu lui dis et tu sens qu’il te croit à 100%. Tu sais pas s’il est naïf ou s’il a confiance en tes mots mais dans tout les cas, tu lui as dit la vérité et il a vraiment l’air d’un daron une fois de plus. Chose qui ne te dérange pas. Tu manques cruellement de soutien inconditionnel vu combien ton paternel t’a toujours mis de côté, t’a toujours négligé émotionnellement. Tu as déjà essayé de voir pour te produire dans des petits bars ou autre truc du genre ? Tu fais non de la tête. Ça pourrait te permettre de faire ce que tu aimes, tout en gagnant un peu d’argent. Oui c’est une idée. Mais tu ne la penses pas réalisable pour autant. Tu joues seulement des reprises ? Où t’as des productions personnelles ? Tu hausses une épaule. « J’ai écrit des trucs mais c’est pas vraiment des chansons… Enfin… je joue juste pour moi. » T’as que 15 ans faut dire.

Tu t’enquilles les frites plutôt très vite car tu les aimes vraiment d’amour alors que tu lui demandes à propos des gens qu’il a tué. Beaucoup disent que la première fois est la pire. C’est vrai, tu perds une partie de toi à ce moment-là. Tu te sens vide, comme si, on venait d’arracher une partie de qui tu es. Tu hoches la tête en l’écoutant avec attention car tu trouves ça fascinant. Mais la vérité, c’est qu’à chaque fois, c'est difficile. À chaque fin de journée où tu as propagé la mort, tu remets tout en question. Tu hoches la tête une fois de plus, sentant le poids dans ses mots. « T’es courageux d’y retourner quand même malgré tout. » Tu dis sincèrement. « Tu penses souvent à tout ces gens que tu as tué je parie. » Tu marques une pause alors que tu essuies tes doigts graisseux sur ta serviette en papier. « Moi aussi j’ai tué quelqu’un. » Sûrement une information à laquelle il ne s’y attendait pas. « Ma mère. Elle est morte quand je suis né. » Tu marques une brève pause avant d’ajouter. « Je pense souvent à elle. » Pour boucler la boucle de ce que tu as dit juste avant. Tu prends ton milk-shake et en bois une gorgée.

11/10/1980

it’s a damn cold night
— with @Jordan Fisher

Il faudrait être aveugle pour pas constater que le jeune homme est paumé. Et même si je ne le connais pas, j’ai envie de lui tendre la main, d’en apprendre un peu plus sur lui, d’en savoir plus, de le découvrir. Dans la limite de ce qu’il sera bien disposé à me dire, je ne compte pas insister ou bien même aborder des sujets sensibles. Je pourrai lui demander comment ça se fait qu’il avait prévu de dormir à la gare. Il y a forcément une raison ou une autre à ça. Mais je suis bien placé pour savoir qu’il y a des choses qu’on ne veut pas dire. Parfois le silence fait du bien, parler de tout et de rien sans mijoter encore ce qui nous impacte. C’est important. Moi, je le pousse à l’extrême, ne parlant que très peu, voir pas du tout des souffrances mentales que j’ai à cause de la guerre. Ça reste pas mal du tout quand même. J’suis pas sûr que la plupart des gens soit capable ne serai ce que d’écrire quelques lignes. il ne faut pas minimiser un tel talent ceci dit. Je ne saurai dire si c’est réussi, je ne m’y connais pas suffisamment en musique. Et mon style va chercher plutôt du rock, fin année 80 début 90. Puis, dans la vie, il ne faut pas lâcher les choses que l’on aime. Écrire, jouer de la musique. Si c’est ton truc, fonce. discours très paternaliste certes, mais je ne dis rien de plus que ce qui me passe par la tête.

On peut enchaîner sur le repas, j’avoue avoir été pris de court quand il a évoqué la mort avec tant de naturel. Même si dans le fond, je peux comprendre, c’est un domaine qui est aussi inquiétant que fascinant. Et moi, je n’en parle jamais ou presque. Le faire avec lui ne me fait pas de mal à dire vrai. Faut bien que certains se dévouent. Je n’en tire aucune fierté, mais malheureusement, c’est nécessaire. haussant les épaules, je continue après une bouchée dans mon burger. C’est dur ce que je vais dire. Mais pas, je ne pense pas vraiment à eux. Enfin, je veux dire, ce ne sont que des soldats sous uniformes dont je n'ai même pas vu le visage. Je pense surtout à ce que j’ai fait dans sa globalité. je manque de m’étouffer quand il me balance la suite. L’espace d’un instant, je me suis demandé si réellement, il n’a pas commis de meurtre. Quand on vit dehors, c’est possible de devoir en arriver là pour se défendre. C’est malheureux, mais réel. Tu sais que ce n'est pas vraiment ta faute quand même ? je dis même pas ça pour le rassurer, lui faire plaisir ou autre, mais c’est une réalité. Il n’y est pour rien. T’as la possibilité d’échanger avec des gens qui l’ont connus ? Des grands-parents ? Une tante ? Des proches ? ça doit clairement être une épreuve. Grandir après que sa mère ait perdu la vie en vous mettant au monde.

30/11/1990

Octobre 2006
Stokes Croft, Bristol
Jordan a 15 ans

tw : Mention de la mort/meurtres

@Nate Shaw ☆ Jordan Fisher

« Ça reste pas mal du tout quand même. J’suis pas sûr que la plupart des gens soit capable ne serai ce que d’écrire quelques lignes. » Autant de mots qui sont comme du velours sur ton âme. Tous ces mots que tu aurais dû déjà entendre de la part de ton géniteur car c’est fait pour soutenir ses gosses non ? Oui. Mais pas toi visiblement. Il en a d’autres des gosses avec qui il a une relation tout à fait standard. T’es juste le vilain petit canard qui mérite son sort apparement. « Puis, dans la vie, il ne faut pas lâcher les choses que l’on aime. Écrire, jouer de la musique. Si c’est ton truc, fonce. » Tu hoches la tête à ses mots, tu ne comptes pas arrêter, c’est ce qui te maintient en vie. C’est une des rares choses où tu trouves du plaisir et de la joie. De l’apaisement. Du soulagement. Du répit.

Parler des gens qu’il a tué est vraiment un sujet qui te botte et t’es ravi de voir qu’il répond à tes questions. Alors tu ne t’arrêtes pas là. « Faut bien que certains se dévouent. Je n’en tire aucune fierté, mais malheureusement, c’est nécessaire. » Tu trouves ça triste qu’il y ait des guerres mais tu ne comprends pas comment le monde fonctionne et en quoi c’est nécessaire mais tu sais que ça l’est. « C’est dur ce que je vais dire. Mais pas, je ne pense pas vraiment à eux. Enfin, je veux dire, ce ne sont que des soldats sous uniformes dont je n'ai même pas vu le visage. Je pense surtout à ce que j’ai fait dans sa globalité. » Tu hoches la tête appréciant qu’il développe davantage sur tout ça. « Ouais, je comprends ce que tu veux dire. » Ce n’est pas comme s’il avait été tuer des gens dans leurs maisons.

De ton côté c’est encore différent avec ta mère et tu le lui mentionnes. C’est rare que tu parles de ça. Tu vois bien que ça le surprend, faut dire que c’est hors du commun comme révélation au milieu du mcdo. « Tu sais que ce n'est pas vraiment ta faute quand même ? » « Ouais ouais je sais… » Tu réponds avec un ton un peu las. Ce n’est pas la première fois que tu l’entends mais c’est pas non plus ce que ton père te fait comprendre lui. C’est bel et bien de ta faute. « T’as la possibilité d’échanger avec des gens qui l’ont connus ? Des grands-parents ? Une tante ? Des proches ? » Tu fais non de la tête alors que tu termines tes frites. « Non y’a juste mon père et il a refait sa vie je suis le dernier truc sur sa liste de priorité. » Tu vas boire une grosse gorgée de ton milkshake. « Des fois je peux aller dormir chez un de mes amis qui est à Bristol mais ce soir il est pas là et c’est chiant… » Dans ta tête l’enchainement s’est fait au niveau de ‘qui est là pour toi’ plus que ‘qui connaissait ta mère’. « Et mes autres amis sont trop loin. » Toi même t’es même pas de Bristol. T’es de Cardiff. Tu te rends pas compte que tu pars loin du sujet initial. T’es juste en train de lui expliquer d’une certaine manière pourquoi t’es tout seul là ce soir. « T’as de la famille ici toi ? T’es proche d’eux? » Ca aussi bizarrement ça t’intéresse et te fascine parce que tu n’as pas eu ça. Tu regardes ça avec beaucoup de distance car tu peux pas te mettre à leur place. T’aimerais bien pouvoir.

11/10/1980

it’s a damn cold night
— with @Jordan Fisher

Loin de moi l’idée de paraître monsieur, je sais toi. Mais je ne pense pas me tromper en pensant que Jordan est un bon gars. À son âge, un peu perdu parce que l’adolescence veut ça et aussi comme sa situation m’a l’air relativement compliqué à n’en pas douter. Mais dans le fond, j’ai cette impression que c’est une bonne personne, je ne sais pas l’expliquer, mais ça se voit, ça se comprend. Au fil des échanges, dans son regard. Et même quand il aborde un sujet aussi compliqué que celui de la mort, ça ne me paraît pas dérangeant. Il y a de la curiosité, mais ce n’est pas malsain, ce n’est pas déplacé. Au contraire, c'est poli et respectueux. C’est pour ça que je réponds, pour ça, mais aussi parce que mine de rien, je n'en parle jamais. J’ai toujours emmagasiné ça pour moi. Lottie, ma femme, sait que j’ai tué, c’est un secret de polichinelle. Pourtant, je n’ai jamais approfondi le sujet. J’estime que ça suffis amplement que je sois touché par ça, pas besoin d’en alarmer mes proches.

Concernant sa mère. Pas besoin d’être devin pour savoir qu’on a dû lui dire ça à chaque fois. Mais ça reste une vérité, difficile à accepter, j'imagine, mais la vérité tout de même. Je ne le montre pas, mais quand il évoque son père, un père absent ou en tout cas qui semble l’avoir totalement délaisser. J’admets ressentir une certaine frustration, presque colère. Je n’arrive pas à comprendre comment un père peut négliger son fils. Rien ne justifie ça à mes yeux. Je ne suis pas dans la confidence de ce qui a pu se passer, mais rien ne me ferai changer d’avis là-dessus. C’est un con. j’ai toujours été franc dans ma vie. Sans détour, sans retenu. À tort ou à raison. Mais je le suis. Loin comment ? Je peux te déposer demain si tu veux. ce n'est pas quelques heures de route qui vont m’effrayer. Au contraire, c’est toujours l’occasion de sortir l’impala. Il n'y a pas des foyers ou autre truc du genre dans les alentours ? On peut se renseigner si tu veux. autrement dit, je suis prêt à passer la journée de demain avec lui pour l’aider à trouver de quoi rendre son quotidien moins pénible. Peu, mais suffisant. J’ai ma cousine. Et ma femme. mes parents ne sont plus de ce monde. Mon père décédé quand j’avais 19 ans. Ma mère un peu plus tard. Ce furent des épreuves, mais l’armée m’a appris à avoir un rapport vraiment terre à terre vis-à-vis de la perte d’un proche. D’ailleurs, elle est en déplacement pour son boulot jusqu'à la fin de semaine. Si jamais tu veux rester quelques jours. Bon, je ne te garantis pas de repas équilibré. Mais mon canapé est confortable. sans parler du confort d’avoir une douche et de l’eau chaude. Enfin bref, un toit au-dessus de la tête. Comme ça on pourrait voir un peu les différentes solutions que tu pourrais trouver. Ça te laisse un peu de temps l’esprit tranquille pour ça.

30/11/1990

Octobre 2006
Stokes Croft, Bristol
Jordan a 15 ans

tw : Mention de la mort/meurtres

@Nate Shaw ☆ Jordan Fisher

« C’est un con. » Tu hoches la tête alors que ton regard est braqué sur tes frites que tu continues de grignoter entre deux gorgées de ton milkshake. « Loin comment ? Je peux te déposer demain si tu veux. » Tu fais non de la tête. « Trop loin et faut j’aille au lycée. » Jeremy habite Brighton. «Il n'y a pas des foyers ou autre truc du genre dans les alentours ? On peut se renseigner si tu veux.» Tu te mordilles la lèvre inférieure car tu ne sais pas et tu n’as pas envie que ça remonte aux oreilles de ton père si c’est un truc où faut donner ton nom et tout ça. Si c’est un truc lié à la police ou quoi.

« Peu, mais suffisant. J’ai ma cousine. Et ma femme. » Le sujet de sa famille te fait te détendre un peu. Tu n’as pas envie d’aller dans un foyer. Tu préfères être livré à toi même ou te raccrocher à des gens que tu connais. Tu espères qu’il va pas revenir sur les foyers. Tu cherches quoi dire pour relancer sur sa famille. Il a dit qu’il avait qui déjà ? T’as pas trop écouté, t’as la tête qui se rempli d’anxiété là. « D’ailleurs, elle est en déplacement pour son boulot jusqu'à la fin de semaine. Si jamais tu veux rester quelques jours. Bon, je ne te garantis pas de repas équilibré. Mais mon canapé est confortable. » Ca par contre ton cerveau l’entend bien et ton visage se relève pour le regarder afin de voir s’il est sérieux. « Comme ça on pourrait voir un peu les différentes solutions que tu pourrais trouver. Ça te laisse un peu de temps l’esprit tranquille pour ça. » Fais chier. Parce que y’a la partie trouver les solutions qui te fait peur. « J’ai pas envie d’aller en foyer. Je veux pas que ça aille dans les trucs sociaux tout ça je veux pas que mon père apprenne je peux retourner chez moi si je veux mais j’ai juste pas envie, j’ai plus peur là bas que dans la rue et je trouve toujours une solution là j’ai juste pas eu de chance ce soir enfin si j’en ai eu que tu sois là… » Y’a tes yeux qui se sont remplis de larmes aux fur et à mesure de tes mots. Tu es clairement au bout du rouleau et tu as clairement besoin de dormir. Les larmes roulent sur tes joues et tu t’en rends compte. Tu vas les essuyer. « Si je peux rester chez toi quelques jours ce serait bien… » Tu dis en essuyant tes joues de nouveau. « Je suis fatigué… Désolé… » Tu en as conscience et t’es pas fier de t’être mis à pleurer comme ça. C’était mieux quand vous parliez des gens qu’il a tué à la guerre.