Ravis de te rencontrer, je crois • Reed

11/10/1981

ravis de te rencontrer, je crois
— with @Reed Donnelly

Le moteur de l’impala raisonne à travers les rues de Bristol, j’ai les mains accroché au volant, le regard droit devant. Et je n’arrête pas de me poser cette question, en boucle et en boucle, qu’est-ce que je suis en train de foutre ? Sérieusement, plus j’avale les kilomètres et m’approche de ma destination, plus il y a cette petite voix qui me répète que c’est sans doute l’une des pires idées que j’ai eues. Et des idées de merde, croyez-moi, j’en ai eu un petit paquet au cours de ma vie. Mais là, je crois que je bats tous les records. Je souffle, je lève les yeux au ciel, tout seul dans l’habitacle de ce véhicule que j’ai depuis que je suis un gamin ou presque. Je l’ai acheté alors que je venais tout juste d’avoir mon permis, c’est dire. C’est à l’université que je vais, à la recherche d’un homme, de l’homme que je jalouse le plus, je pense. Oui, j'ai voulu le divorce avec mon ex-femme, j’ai tout fait pour l’éloigner de moi et j’y suis parvenu. Pour autant, quand j’ai appris qu’elle a refait sa vie avec un autre, qu’elle s'est marié, qu’elle a eu un enfant, ça m'a rappelé à quel point j’ai aimé cette femme. Et c’est là que le paradoxe pointe le bout de son nez, d’un côté, j'ai été abattu d’apprendre ça, malheureux de voir qu’un autre lui a apporté ce que je n’ai jamais pu lui apporter. De l’autre, j’étais heureux, heureux de savoir qu’elle a pu trouver le bonheur, ce bonheur qu’elle mérite et que je lui ai toujours souhaité. C’est ma curiosité qui m’a mis sur la route aujourd’hui, c’est cette envie de le voir, de croiser son regard, de comprendre peut-être pourquoi il a réussi là où j’ai échoué. À quoi ça va m’avancer ? Absolument rien. D’où la stupidité de cet acte.

Et j’hésite encore sur le parking de l’université. Je ne sais même pas à quoi il ressemble, j’ai entendu son nom, j’ai entendu ce qu’il fait dans la vie. C’est peu, mais ça m’a paru suffisant. Pourtant, je suis à deux doigts de faire demi-tour, de redémarrer la voiture et de partir. Ça aura été la décision la plus raisonnable et intelligente que j’aurai pu, dû, prendre. Mais non, je finis par descendre. Qu’est-ce que tu fou Nathaniel. je passe une main sur mon visage, soupir en secouant la tête. Et je m’avance, je déambule dans le hall d’entrée de l’établissement scolaire. J’avoue que je fais que peu attention aux étudiants et autres personnes présentes. Je regarde à droite, à gauche, j’essaye de voir si j’aperçois quelqu’un qui pourrait être celui que je cherche. Finalement, je me résous à me présenter à l’accueil. Excusez-moi. J’aimerais voir Monsieur Reed Donnelly s’il vous plaît. bien entendu, la jeune femme à l’accueil pose la fameuse question, qui le demande. J’hésite, mentir aurai pu être une bonne option. Peut-être que Lottie n’a pas parlé de moi ? Peut-être qu’il ne sait pas qui je suis et ça serait parfait. Vexant, mais parfait, car je vais pouvoir rester incognito. Enfin ça, c’est ce que j’espère. Nate Shaw. J’suis une vielle connaissance.

@Tessa Mulligan

21/10/1985

ravi de te rencontrer, je crois

@Nate Shaw ☆ Reed Donnelly

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University of Bristol 08 / 2024

Son cours avait à peine pris fin que Reed avait dégainé son téléphone pour s'assurer que la baby-sitter n'avait pas cherché à le joindre. Si en temps normal faire garder ses enfants sur ses heures de boulot était déjà une nécessité en attendant début septembre et la rentrée scolaire, c'était d'autant plus vrai depuis qu'il s'occupait seul de Jade et Lucas. Gigi était toujours aussi difficile à joindre, peu pressée de renouer avec ses responsabilités parentales pour honorer la garde partagée qui avait été décidée au moment du divorce, tandis que Lottie avait du partir pour un voyage de plusieurs semaines et lui avait confié leur fille tout en sachant qu'il ne laisserait jamais passer une occasion de lui donner de ses nouvelles. Ses débuts de soirée et ses matinées étaient donc rythmées par des appels facetime qui visaient autant à rassurer son ex-épouse durant le temps qu'elle passerait en dehors de Bristol qu'à le rassurer, lui, qui avait toujours aussi peu l'habitude de passer du temps loin de celle qui avait partagé sa vie pendant des années. Bon nombre de leurs proches ne comprendraient pas qu'ils entretiennent encore aujourd'hui des rapports aussi étroits et passent rarement une seule journée sans communiquer d'une façon ou d'une autre, mais ce serait oublier que leurs cinq années de mariage n'étaient pas la seule chose qui restait inscrite en eux même encore aujourd'hui et que leur fille, notamment, avait besoin du cadre familial le plus stable possible. Raison pour laquelle l'absence de Lottie le déstabilisait plus qu'il n'irait l'admettre. Nate Shaw. J’suis une vielle connaissance. Prêtant à peine attention à la conversation qui se tenait à quelques mètres de là, Reed profita d'un détour par l'accueil de l'université pour saluer une de ses collègues, loin d'imaginer que l'homme qui déclinait son identité ne lui était pas totalement inconnu. « Un instant, s'il vous plaît, je vais voir si je peux... oh, c'est votre jour de chance on dirait. » La standardiste l'intercepta tandis qu'il prit la direction de la bibliothèque, lui qui tenait à rentabiliser chaque moment de creux.

« Professeur Donnelly ? Quelqu'un demande à vous voir. Un certain Nate Shaw. » Freiné dans son élan, Reed s'approcha d'un pas quelques peu intrigué, son sourire trahissant sa surprise et le fait qu'il n'ait pas vraiment l'habitude de recevoir des visites à l'improviste sur son lieu de travail. Tout du moins depuis que Gigi et lui avaient signé les papiers du divorce. « Oh, bonjour. » Tendant une main engageante en direction du brun face à lui, son regard ne put s'empêcher de détailler les traits de son visage, comme si ce nom avait titillé un coin de sa mémoire. « J'ai justement un moment de libre avant ma prochaine classe, si vous voulez discuter dans un endroit plus au calme. » Son premier réflexe fut de le prendre pour le parent ou le frère d'un de ses élèves, raison pour laquelle il se proposa de le conduire dans un endroit un peu plus confidentiel. Plusieurs salles de cours étaient désertes à cette heure et une part de lui pressentait que son interlocuteur préférerait qu'ils en discutent en privé. Parce qu'à mesure que les mots de la standardiste résonnaient dans son esprit, un détail en particulier lui revenait en tête, celui qui n'avait pas manqué d'attirer son attention sur le coup. « Nate... Shaw, hm ? Votre nom me dit quelque chose, est-ce qu'on se connaît ? » A cet instant, Reed n'avait pas encore pleinement reconstitué les pièces du puzzle, n'imaginant pas un seul instant que le Nate Shaw dont Lottie lui avait longuement parlé pouvait se tenir face à lui – sur son lieu de travail, qui plus est. Sa mémoire lui faisait rarement défaut mais de toutes les hypothèses qu'il passait actuellement en revue pour expliquer la présence de cet homme aujourd'hui, celle-ci n'était pas celle qu'il se retrouvait à envisager en premier.

11/10/1981

ravis de te rencontrer, je crois
— with @Reed Donnelly

Plus les secondes défile, plus je pense que je fais une connerie. À quoi bon être là ? À quoi bon le voir ? Qu’est-ce que je vais faire ? Je n'en sais rien. J’ai plus de contact avec Lottie depuis des années. Le nom de Reed est sorti au détour d’une conversation avec des amis communs de mon ex-femme. Ma curiosité me pousse à vouloir savoir qui est celui qui a ou apporter à celle que j’ai le plus aimée, ce que moi, je n’ai pas été capable d’apporter. La secrétaire à l’accueil annonce que c’est mon jour de chance, je fronce les sourcils, sceptique, ne comprenant pas bien où elle veut en venir. Jusqu’au moment où elle s’adresse au fameux Reed. Mon regard ne peut s’empêcher de s’attarder sur l’homme qui me fait face, main tendue. Poliment, je la saisi pour une poignée de main, mais j’ai la tête ailleurs. Je le dévisage sans vraiment de retenu, je le regarde presque de haut en bas. Mon visage se secoue légèrement alors que j’essaye de reconnecter avec la réalité. Bonjour Prof. je reste encore chamboulé, à dire vrai, je ne sais même pas quoi penser. Je n'ai rien à penser de toute manière. Et ça me confirme ce que je pensais plus tôt, je n'aurai pas dû venir, ça ne sert à rien, ça ne m’avance à rien. Si ce n’est de constater, à première vue, que nous n’avons pas grand-chose à voir physiquement parlant. Même si je dois reconnaître la classe et le charme qu’il dégage. Sans un mot, je le suis, j’embraye son pas. Il y a encore ce moment où j’hésite à lui faire faux bond, profiter d’être dans son dos pour m’éclipser et mettre fin à cette mascarade.

Mais nous y sommes, la salle est vide. J’entre en sa compagnie. Si lors de notre rencontre je le dévisageais, là, c'est tout le contraire, je fuis son regard autant que possible. J’essaye de chercher quelque chose dans cette salle de cours qui n’a rien à me proposer pour éviter le regard de Reed. Pas vraiment. Pas personnellement en tout cas. comment formuler ça ? Comment dire les choses sans passé pour un fou d’être venu pointer le bout de mon nez ici ? C’est compliqué. Et c’est là que mon tact inexistant et mon côté brute de décoffrage fait son entrée. On a une connaissance en commun. Lottie. ça me fait toujours quelque chose de prononcé son prénom. Ma mâchoire se serre légèrement alors que je prends appuis sur l’un des bureaux étudiant Elle va bien ? ce n’est qu’un petit échantillon des questions que j’aimerais poser. Je veux savoir si elle est heureuse, si tout va bien dans sa vie, j’aimerais savoir tant de chose. Mais je n’ose pas, je ne me sens pas légitime pour demander ça, encore moins à son autre ex-mari. C’est moi le sale type qui l’a rendu triste. Et pour tout vous dire. J’sais même pas vraiment ce que je viens foutre ici. ça peut être une qualité comme un défaut, le fait est que je suis d’une honnêteté totale, je n’ai pas de filtre et généralement, je dis ce que je pense. J’crois que quand j’ai su qu’elle s'est marié avec un autre. J’avais besoin de voir avec qui. D’être sûr que cette fois-ci, elle soit tombée sur un bon mec. et je ne surjoue rien. J’ai réellement une piètre opinion de moi-même, de ce que j’ai pu faire par le passé pour des raisons difficilement compréhensible. Moi, j’ai l’impression d’avoir fait le bon choix, pas pour moi, car je n’ai jamais voulu la perdre. Mais pour elle qui mérité nettement mieux qu’un homme incapable de parler et qui s'est trop souvent renfermer. Sauf qu’en faisant ça, elle a souffert et aujourd’hui encore, je ne me le pardonne pas. Et Reed dans tout ça n' a rien à voir avec cette histoire finalement. Mais il lui a mis la bague au doigt, lui a apporté un enfant. Il est lié à jamais à elle.

@Tessa Mulligan

21/10/1985

ravi de te rencontrer, je crois

@Nate Shaw ☆ Reed Donnelly

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University of Bristol 08 / 2024

Les questions fourmillaient dans son esprit depuis l'instant où cet homme lui avait fait face avec l'intention, semble-t-il, de s'entretenir un moment avec lui. Une perspective qui avait incité Reed à le conduire jusque dans une salle de cours, endroit un peu plus tranquille où tenir une conversation, mais sans imaginer une seconde la tournure que prendrait bientôt cet échange. Pas vraiment. Pas personnellement en tout cas. Il ne le connaissait que depuis une poignée de secondes, mais ce Nate lui donnait l'impression d'hésiter sur la meilleure façon d'amorcer cette discussion, ce qui l'inquiéterait peut être s'il n'était pas aussi convaincu que c'est de son travail au sein de l'université qu'ils s'apprêtaient à discuter. « Si vous venez me parler d'un de mes élèves, je dois vous dire qu'habituellement je conviens d'un rendez-vous pour discuter de ce genre de... » - On a une connaissance en commun. Lottie. Un aveu auquel il ne s'était pas attendu un seul instant et qui le laissa complètement interdit l'espace d'une ou deux secondes, le temps d'assimiler l'information. « Oh. » Parce que ça changeait tout, bien sûr que ça changeait tout. Il pouvait maintenant en déduire la raison de sa présence, quand bien même il ne s'expliquait pas encore qu'il ait choisi ce moment et ce lieu pour aller à sa rencontre. Sans doute n'avait-il trouvé que ce moyen pour entrer en contact avec lui, ce qui sous-entendrait que son interlocuteur était suffisamment bien renseigné à son sujet pour être remonté jusqu'à son lieu de travail. Elle va bien ? La question n'aida pas vraiment à chasser la confusion qui se reflétait toujours dans son regard et qui le fit presque bégayer de surprise au moment où il reprit finalement la parole. « Elle va... bien, oui. Pardonnez-moi, je suis juste un peu surpris. » Il confessa, passant une main contre sa nuque avant de déposer sa mallette sur le bureau, gardant pour l'instant les détails pour plus tard et parce qu'il attendait de se faire une idée un peu plus précise de Nate avant de songer à pousser les confessions plus loin. Dire que cette rencontre le surprenait était en vérité un euphémisme.

C’est moi le sale type qui l’a rendu triste. Et pour tout vous dire. J’sais même pas vraiment ce que je viens foutre ici. A présent, les pièces du puzzle se rassemblaient sous ses yeux et Reed se remémorait les longues discussions partagées avec son ex-femme, toutes ces fois où le nom de Nate avait été évoqué sans qu'il imagine un seul instant qu'il serait un jour davantage que cette figure particulièrement intrigante du passé de Lottie. « Alors c'est pour ça que votre nom me disait quelque chose. » Parce qu'il était le Nate dont il avait si souvent entendu parler. « Lottie m'a parlé de vous. Je connais certainement pas toute l'histoire, mais j'en sais assez pour savoir qu'en effet, vous l'avez faite souffrir. » Et sa voix trahissait une émotion nouvelle tandis qu'il précisait ces quelques mots, lui qui était bien incapable de prétendre qu'il n'en avait pas terriblement voulu à Nate d'avoir causé autant de peine et des blessures indélébiles à la femme qu'il avait tant aimé. Si souvent Reed l'avait imaginé comme un homme ignoble, un être indigne de la confiance que Lottie avait un jour placé entre ses mains. Aujourd'hui, ce qui le désarçonnait le plus, c'était peut être de s'apercevoir qu'il avait l'air d'un type comme les autres et pas de quelqu'un dont on serait tenté de se méfier au premier abord. J’crois que quand j’ai su qu’elle s'est marié avec un autre. J’avais besoin de voir avec qui. D’être sûr que cette fois-ci, elle soit tombée sur un bon mec. Sa franchise avait quelque chose de déroutante, mais la sincérité qu'il percevait derrière ses paroles ne laissait pas insensible un Reed bien connu pour se laisser facilement attendrir. « Je sais pas vraiment quoi vous dire. J'avoue avoir souvent imaginé à quoi pouvait ressembler l'homme qu'elle avait épousé avant de me connaître, mais j'imaginais pas me retrouver un jour face à lui. » A la façon dont Lottie lui en avait parlé, il s'était dit qu'il y avait bien peu de chances que la jeune femme recroise un jour l'homme qu'elle avait épousé en premières noces et que par conséquent, il était encore plus improbable qu'il fasse un jour sa connaissance. « Est-ce que Lottie sait que vous êtes ici ? Est-ce que vous avez... repris contact ? » Cette idée le troublait plus qu'il n'irait l'avouer, étant resté très proche de son ex-femme et n'étant pas certain que l'idée que Nate fasse à nouveau partie de sa vie le rassure tellement. Il n'avait pas à juger des fréquentations de la brune, mais une part de lui se sentait encore concernée par tout ce qui la concernait, elle, et il ne prétendrait pas qu'il ne craignait pas de la voir souffrir à nouveau. « On a divorcé, Lottie et moi. Ça fait quelques années maintenant. » C'était une précision qui lui semblait nécessaire, au moins pour que Nate ait toutes les données. Il ne lui devait peut être rien, mais s'il avait fait tout ce chemin pour le rencontrer il pouvait bien se montrer franc en retour. « Je sais pas si ça aura beaucoup d'importance à vos yeux, mais on a été heureux. » Et peut être bien qu'une part de lui s'était sentie obligée d'insister sur cette dernière partie, sans doute parce qu'instinctivement il éprouvait le besoin de souligner que son propre mariage était loin d'avoir été parfait mais qu'il avait fait son possible pour faire le bonheur de Lottie, malgré les erreurs qu'il continuait de se reprocher. Et la rendre heureuse, ça n'avait pas été une mince affaire après qu'elle soit ressortie complètement brisée de son premier mariage.

11/10/1981

ravis de te rencontrer, je crois
— with @Reed Donnelly

J’ai imaginé cette rencontre tellement de fois. J’ai imaginé des dizaines de scénarios. Celui où je n’ai pas le courage d’aller au bout, celui où je tombe sur une tête de mule pire que moi et que ça en vienne aux mains. Je me suis fait tant de film concernant cette rencontre et pourtant, devant le fait accompli, rien ne me vient. Je suis perturbé, perplexe. Je remets en question ma venue, je commence à me dire que je n’aurai jamais dû venir faire chier cet homme qui n’a rien demandé. Car disons-le, lui n’a rien à voir avec moi. Il fait partie de la vie de Lottie après moi, je suis le plus mal placé pour oser venir le déranger. Et je vois bien que ma présence le surprend. Quoi de plus logique à dire vrai. Surtout que je suis brut de décoffrage, un peu trop direct même. Je mets pas de pincette ou de tact, je rentre dans le vif de sujet sans ménagement. J’comprends ne vous en faites pas. quoi de plus normal que d’être désarçonné devant la situation. Je reste bien à ma place, j’observe le professeur sans pour autant être insistant. Je reste silencieux, je le laisse reprendre ses esprits ou en tout cas, suffisamment pour reprendre le fil de la discussion. Discussion qui va nous mener je ne sais où, mais ça, c’est un détail. Lottie a parlé de moi, je ne pense pas que ce soit une bonne chose, elle doit avoir une piètre opinion de moi à l’heure actuel, difficile de lui en vouloir j’ai tous fais pour. Ce que je retiens, ce sont les mots de Reed. Elle va bien. C’est le plus important à mes yeux. Alors, vous savez l’essentiel de l’histoire. avoir le costume du sale con, du mauvais gars. Je n'en suis pas fan, mais pour le coup, c'est ce que je suis et je l’assume pleinement. Il y a des regrets, il y a beaucoup de tristesse. Tout n’a pas été négatif, j’ai des souvenirs merveilleux avec elle, des moments inoubliables. Et ils m’ont réchauffé le cœur tant de fois. Mais pour Lottie, c’est mieux de m’en vouloir, de refaire sa vie. C’est tout le bien que je lui ai toujours souhaité.

J’apprécie la franchise dont fait preuve Reed, elle répond à la mienne sans détours. Si à l’instant t, le ressentiment d’être face à celui qui a épousé celle que j’ai le plus aimée est bien présent. Il y a une forme de respect et d’appréciation de voir qu’il parle avec sincérité. C’est tellement important selon moi. Si ça peut vous rassurer. Je ne pensais pas me retrouver face à vous non plus. un coup de tête, un coup de folie. Appelez ça comme vous voulez. Non. depuis le divorce, nous n’avons plus aucun contact. Non. Ne vous en faites pas. Je ne compte pas lui infliger ma présence. Ou ne serait ce que des souvenirs. Elle ne mérite pas ça. j’espère qu’elle m’a oublié, totalement ou presque. Je refuse d’être une seconde fois à l’origine de la tristesse de cette femme. Et si pour ça je dois en souffrir, car oui, j’en souffre, alors c’est le prix à payer et je le mérite. Je mérite même bien pire que ça selon moi. La déclaration de Reed sonne comme une révélation inattendue, je ne pensais pas que Lottie et lui sont divorcés. Perplexe, une main passe sur mon visage, frottant contre cet barbe mal rasé de quelques jours. Ça en a. C’est pour ça que j’ai voulu le divorce. Je n’étais pas capable de lui apporter la vie qu’elle mérite. fataliste peut-être, mais réaliste. À cette époque-là, j’étais qu’un soldat marqué par les guerres qu’il a menées, mais je n’étais certainement pas un bon mari. Est-ce que les choses ont changé ? Je ne sais pas, j’ai changé, je suis devenu plus mature, j’ai du recul sur ce que j’ai vécu. Mais ce n’est pas le sujet. Je ne cherche pas à ce que l’on comprenne mon geste, ou même le pardon. Ça fait longtemps que j’ai acquis le fait que je ne le mérite pas. haussant les épaules devant le professeur. Vous savez, quand j’étais jeune, quand nous avons commencé notre histoire. Je n'en aurai jamais cru que ce jour existerait. J’étais persuadé que je serais le premier et le dernier. Alors, ça ne me donne aucune légitimité et je pense qu’elle dirait d’aller me faire voir si elle le saurait. prenant une courte inspiration, je reprends. Mais je me sens toujours responsable. Comme ci, veiller sur elle est ma mission, mon job, mon but. M’assurer qu’elle nous souffre plus de nouveau, qu’elle soit bien entouré., c'est culotté, je sais et je ne le ferai jamais de manière découverte. Toutefois, dans l’ombre, je suis là pour veiller, pour la « protéger » même si j’ai perdu ce droit, cette chance, il y a bien des années.

@Tessa Mulligan

21/10/1985

ravi de te rencontrer, je crois

@Nate Shaw ☆ Reed Donnelly

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08/2024 University of Bristol

Si ses collègues l'avaient vu s'éclipser avec Nate, ils étaient sans doute loin d'imaginer qu'il faisant en réalité la connaissance de l'ex-époux de son ex-femme, un homme dont Reed avait longuement entendu parler mais qui n'était jusqu'ici qu'un nom que Lottie avait plus d'une fois prononcé devant lui. Alors, vous savez l’essentiel de l’histoire. Il en savait en tout cas assez pour savoir que ce premier mariage avait laissé chez Lottie des cicatrices que le temps n'était sans doute pas totalement parvenu à effacer. Si ça peut vous rassurer. Je ne pensais pas me retrouver face à vous non plus. Et parce que sa démarche inspirait à Reed de nombreuses questions, plus encore après ça, celui-ci se décida finalement à demander. « Qu'est-ce qui vous a décidé ? A venir jusqu'ici pour me rencontrer, je veux dire. » La précision tombait sous le sens, mais il ajouta malgré tout. « Vous avez eu des années pour le faire. » Et s'il l'avait fait quelques années plus tôt, il ne se serait peut être pas retrouvé face à un homme divorcé à son tour de la femme que Nate avait aimé, sans que Reed sache s'il était pour l'instant au courant de ce détail. Non. Ne vous en faites pas. Je ne compte pas lui infliger ma présence. Ou ne serait ce que des souvenirs. Elle ne mérite pas ça. Une part de Reed se trouvait soulagée, non pas parce qu'il aurait eu son mot à dire sur le fait que Lottie ait renoué avec son ex-mari, mais parce qu'il aurait été inévitablement blessé qu'elle ne s'en soit pas confiée à lui. Il fallait connaître leur relation aujourd'hui pour comprendre que la jeune femme et lui n'avaient toujours aucun secret l'un pour l'autre – ou presque. « Alors vous comptez repartir directement ? A moins que vous vous soyez réinstallé dans la région. » Etait-il juste de passage ici ? Revenait-il durablement en Angleterre, ou y était-il revenu depuis un certain temps déjà ? « Lottie m'a dit que vous étiez parti aux États-Unis au moment du divorce. » Et il semblait y avoir passé un certain nombre d'années, mais peut être les choses avaient-elles changé.

Il ne cherchait pas à blesser Nate, parce que ça lui ressemblerait tout aussi peu que de couper court à cet échange sous prétexte qu'il n'était pas sûr de savoir sur quel pied danser avec lui. Simplement, Reed éprouvait simplement le besoin de lui faire comprendre que la vie ne s'était pas arrêtée pour Lottie lorsqu'il avait fui aux États-Unis avec une partie de son cœur, que même si ça avait été compliqué, même si la jeune femme était encore extrêmement fragile lors de leur rencontre, elle avait fini par se reconstruire tant bien que mal. Ça en a. C’est pour ça que j’ai voulu le divorce. Je n’étais pas capable de lui apporter la vie qu’elle mérite. Reed avait eu droit à un certain nombre de détails au sujet du premier mariage de Lottie, mais il y en avait aussi une infinité d'autres qu'il n'avait jamais demandé, sachant depuis le départ combien le sujet était sensible. Et que se remémorer les bons comme les moins bons moments avec Nate, ça avait toujours du être douloureux pour son ex-femme. Je ne cherche pas à ce que l’on comprenne mon geste, ou même le pardon. Ça fait longtemps que j’ai acquis le fait que je ne le mérite pas. Secouant doucement la tête, Reed prit finalement appui sur le bureau en face du sien et souffla d'une voix posée. « Je n'ai pas à comprendre ou à pardonner votre attitude, parce que vous ne me devez rien. Mais Lottie, elle est ressortie terriblement brisée de tout ça, et vous et moi on sait qu'elle est la dernière personne au monde que qui que ce soit voudrait blesser. » Alors il n'était pas celui dont Nate avait besoin d'obtenir le pardon, mais il était inévitable que Reed se soit forgé son opinion à son sujet, une opinion qu'un simple échange dans une salle de classe ne parviendrait pas totalement à déconstruire. Il ne semblait pas être un sale type, mais le mal qu'il avait fait à Lottie n'en était pas compréhensible pour autant. Vous savez, quand j’étais jeune, quand nous avons commencé notre histoire. Je n'en aurai jamais cru que ce jour existerait. J’étais persuadé que je serais le premier et le dernier. Cette fois, Reed sentit le coin de ses lèvres se rehausser sous le coup d'une légère surprise, sans doute parce que tous les hommes n'oseraient pas mettre des mots aussi clairs sur quelque chose d'aussi intime et que Nate s'avérait finalement assez loin de l'image qu'il s'en était peut être inconsciemment forgé avec le temps. « Je pensais aussi finir ma vie avec elle, même si je savais au moins que je n'étais pas le premier homme à partager la sienne. » Finalement, Nate et lui avaient en commun d'avoir aimé la même femme et d'avoir appris à leurs dépends que ça ne suffisait pas toujours, au point de devoir aujourd'hui composer avec leurs remords et leurs regrets.

Alors, ça ne me donne aucune légitimité et je pense qu’elle dirait d’aller me faire voir si elle le saurait. Mais je me sens toujours responsable. Comme ci, veiller sur elle est ma mission, mon job, mon but. M’assurer qu’elle nous souffre plus de nouveau, qu’elle soit bien entouré. Des propos qui avaient inévitablement quelque chose de déstabilisant pour Reed, qui une minute plus tôt ignorait qu'il rencontrerait l'homme qui avait tant fait souffrir Lottie et qui maintenant prenait conscience que ce même homme aspirait à veiller sur elle malgré le silence qui avait vraisemblablement suivi leur divorce. « Elle est bien entourée. » Il souffla alors, et parce qu'une part de lui pressentait que c'était ce que Nate avait besoin d'entendre pour être certain que Lottie n'était plus aujourd'hui dans le même état qu'à l'époque où il l'avait quittée. « Malgré le divorce, elle fait toujours étroitement partie de ma vie. Et je ne prétendrai pas que tout a toujours été facile et qu'on n'a pas eu nos hauts et nos bas, mais on a fait de notre mieux pour ne jamais en venir à nous déchirer. » C'était le plus important pour lui, que même dans la séparation Lottie et lui s'épargnent davantage de douleur et prennent soin l'un de l'autre comme ils l'avaient toujours fait. Leur divorce avait laissé des traces inévitables et certainement laissé Reed plus vulnérable qu'il ne l'avait jamais été, mais ils s'étaient malgré tout préservés jusqu'au bout. « J'ignore à quel point vous vous êtes renseigné à mon sujet... » Ni comment il avait précisément remonté sa trace, bien qu'il suppose que ce soit par le biais des réseaux sociaux. « Mais j'imagine que mon lieu de travail n'est pas la seule information que vous avez trouvé au fil de vos recherches, je me trompe ? » Autrement dit, savait-il que Lottie et lui avaient eu un enfant ? Que la jeune femme avait finalement réalisé son rêve de devenir mère ? Ou Reed risquait-il de révéler maladroitement cette information à Nate, qui s'il n'était pas déjà au courant n'avait sans doute aucune envie de l'apprendre de sa bouche ? L'homme en face de lui n'avait pas toujours eu une conduite exemplaire, mais ça n'était pas pour autant dans la nature de Reed de prendre le risque de blesser délibérément ses semblables.

11/10/1981

ravis de te rencontrer, je crois
— with @Reed Donnelly

La conversation a beau se prolonger, l’échange durée, je ne sais toujours pas pourquoi je reste là. Je ne comprends pas ce que ça m’apporte à quoi ça me sert de faire face à l’homme qui a tant apporté à celle que j’ai tant aimée. Je me conforte dans l’idée qu’après moi, elle a fini par trouver quelqu’un de bien. C’est difficile de se faire un avis en si peu de temps, pourtant j’ai cette intime conviction quand je croise le regard du brun. Peut-être une déformation professionnelle, avoir vu si souvent le mal me permet de déceler un peu mieux le bien. Je hausse les épaules, c’est vrai, j’aurai pu le faire il y a des années. Je n'en ai jamais eu le courage avant. puis j’étais plus jeune, plus immature, plus con aussi. Lors de ma dernière mission, j’ai vu des choses qu’un homme ne devrait pas voir. Ça m’a changé, ça m’a fait prendre conscience d’énormément de chose. Sans doute l’un des déclics qui fait que je suis là aujourd’hui. Reed est parfaitement informé, il me surprend en évoquant les États-Unis. Finalement, Lottie, c'est pleinement confié et ça confirme un peu plus ce que je pense. C’est un mec bien, sinon mon ex-femme ne se serait pas confié de la sorte. C’est ça. J’y ai passé quelques années. L’armée anglaise m’a rappelé. À mon retour de mission, j’ai décidé de rester chez moi, à Bristol. je ne m’étends pas trop. Pour la simple et bonne raison que je ne tire aucune fierté de mon métier. Un mal nécessaire, un affreux besoin dans ce monde. Voilà comment je définis ce que j’ai fait durant tant d’année. Mais rassurez-vous. Je sais me faire discret. autrement dit, je ne compte pas perturber le quotidien de Lottie d’une façon ou d’une autre. Mais on a là l’exemple typique du fait que je me sois assagi, que je suis devenu moins con. Cette manière dont Reed protège Lottie, c’est une chose qui aurait pu m’irriter par le passé. Aujourd’hui, l’homme grimpe grandement dans mon estime. Avoir cette attitude, ce discours face à un ex-mari, je dois reconnaître que j’apprécie fortement la mentalité dont semble faire preuve le professeur.

C’est d’ailleurs ça qui me pousse à en dire plus, le fait est que Reed parais encore vouloir le bien de Lottie, ça me conforte dans l’idée que je peux parler un peu plus que je ne l’avais prévu. Ma mâchoire se crispe quelque peu quand il appuie sur le fait que mon ex-femme est sortie briser de notre divorce. Je ne l’apprends pas, mais l’entendre me fais toujours quelque chose. Ce n’est pas plaisant, mais c’est réel. Reed a bien raison de me balancer ça au visage, je n’arrive pas à savoir s'il fait ça pour enfoncer le clou, ou pas pure empathie pour la souffrance qu’a vécue Lottie à cause de moi. C’est quelque chose qui m’échappe, mais qui n’a finalement pas d’importance vu que c’est factuel. Je ne réponds pas, je n’ai rien à ajouter à ça. C’est d’une vérité implacable, je prends sur moi, je prends une grande inspiration. J’aurai dû m’attendre à ce genre de remarque en venant confronter celui qui m’a succédé. Et si je peux me permettre. Ça, c'est fini pour quelle raison ? curiosité, ni plus ni moins. Je sais que la question est déplacée, malvenue. Mais j’ai envie de savoir, c’est plus fort que moi. Je comprendrai tout à fait que le prof ne veuille pas me répondre. Peut-être même que tout ça est encore un peu frais et que c’est encore douloureux. J’ai souffert du divorce, je ne l’ai jamais dit parce que je l’ai provoqué. Mais ça n’a pas été facile pour autant.

Les mots de Reed me rassurent. La jeune femme a bien rebâti sa vie, elle est bien entouré, des bonnes personnes veillent sur elle. C’est tout ce que j’ai besoin de savoir, le reste ne me regarde pas. Même si par déduction, je comprends facilement que dans cet entourage, Reed y joue encore un rôle. Aspire-t-il à récupérer un jour ou l’autre celle qui a été sa femme ? L’idée me traverse bien entendu l’esprit. Une pointe de jalousie en moi à envie de faire cette remarque, de poser cette question. Encore plus quand il précise mot pour mot faire encore partie de la vie de la brune. Elle a eu de la chance de, vous rencontrer. spécialiste du sarcasme, as de l’ironie. Ce n’est pas le cas pour le coup. Je pense sincèrement ce que je dis. Et si vous aviez dit au Nate d’il y a dix ans, qu’il aurait exprimé ça un jour. Il vous aurait ris au nez. Pas tant que ça. Disons qu’une vielle connaissance en commun avec Lottie ma brièvement parler de vous. haussant les épaules, je continue. Puis, l’avantage d’avoir un passé militaire m’a permis d’en savoir un petit peu plus. De, vous trouver si je le souhaitai. et me voilà. Devant lui. Encore déboussolé et perturber par la tournure de notre échange. Pourquoi, il y a une information importante que j’ai ratée ? pour l’une des premières fois, ou presque. Mon regard croise celui de l’homme en face de moi. Vous savez, maintenant que vous avez laissé penser qu’il y a autre chose. Je ne vais pas pouvoir me retenir de gratter. autant continuer sur la ligne directrice et rester aussi franc et honnête que possible.

@Tessa Mulligan

Ravis de te rencontrer, je crois • Reed

"Mad World"

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