(eddon #31) my greatest fear of all is losing you

10/2024 Bristol Airport

Une course contre la montre, c’est ce qui anime ses pas à travers l’aéroport après un échange pour le moins alarmant avec son beau-frère. Le voyage qu’Halston s’apprête à faire ne serait rien d’autre qu’un piège, une imposture imaginée par sa propre mère pour tenter de la faire définitivement revenir sur sa terre d’origine. Si Eddie avait d’abord le plus grand mal à y croire, incapable sans doute de se figurer que l’on puisse être aussi perfide, il doit maintenant admettre que les messages d’Hartley éveillent en lui un vent de panique. Si Harriett est aussi déterminée à détourner Halston de Bristol qu’il le dit, alors c’est une question de minutes avant que celle-ci ne s’envole loin de lui pour tomber entre les griffes de sa manipulatrice de mère. Cette idée a tout pour inquiéter Eddie, bien assez perdu du point de vue de leur relation pour ne pas en plus prendre le risque que la mère de son fils ne lui échappe pour de bon. Il n’imagine pas sa vie sans elle, leurs derniers rapprochements ont même ravivé l’espoir que leur couple pourrait se relever de la terrible crise de janvier mais comment est-il censé lui réclamer une deuxième chance si les Hargreeves se mettent en tête de l’éloigner de lui ? Quelle vie aura le petit Sasha avec un père à Bristol et une mère à Los Angeles ? Ne pas croire en l’amélioration des rapports entre Halston et lui est une chose, mais profiter des faiblesses de leur couple pour la ramener au pays et planifier tout un tas de choses dans le dos de leur fille est incroyablement mesquin, si bien qu’Eddie doute que sa mère à lui puisse de son côté aller aussi loin.

Personne n’arrive à la cheville d’Harriett quand il s’agit de manier les autres comme des pantins, et personne ne sait aussi bien mépriser le danseur qu’elle s’y emploie depuis plus de trois ans. Eddie n’a toutefois pas l’intention de la laisser agir, pas alors qu’il détient encore une chance d’intervenir pour tenter d’empêcher que cet avion ne décolle avec sa fiancée à son bord. Si elle part, il ne sait pas quand il la reverra et il donnera surtout aux Hargreeves les clés pour influencer leur fille, comme si toute sa vie n’était pas en réalité ici. Doit-il leur rappeler qu’elle n’était plus heureuse à Los Angeles ? Dans l’immédiat, le danseur ferait surtout mieux de courir un peu plus vite car l’embarquement ne devrait plus tarder d’après Hartley, et il s’en voudra certainement toute sa vie de ne pas s’être montré assez rapide. Plus rien ne semble alors pouvoir se dresser entre son envie de la retenir et ces jambes qu’il active sans relâche pour rattraper le temps jouant actuellement contre lui, avec nulle autre idée en tête que celle de récupérer la femme qu’il aime. C’est le moment ou jamais de lui prouver son amour, et de lui dire ce qu’il a sur le cœur depuis des mois sans avoir osé mettre des mots dessus jusque là.

Le cœur battant à tout rompre et les yeux parcourant tout ce qui l’entoure, Eddie ne stoppe pas sa course avant d’apercevoir une femme à la silhouette familière et marchant vers l’une des portes d’embarquement. La valise qu’elle traîne derrière elle ne laisse pas de place au doute : Halston n’est qu’à quelques mètres devant lui et face à l’évidence, Eddie se remet à courir comme si sa vie en dépendait cette fois. « Halston ! » il s’écrit en accourant dans sa direction, se moquant bien des regards curieux qu’il pourrait récolter car personne d’autre qu’elle n’a le mérite d’exister dans cet aéroport. Parvenant enfin à son niveau, Eddie s’accorde une seconde pour retrouver son souffle car même avec une endurance comme la sienne, il y a de quoi y laisser un poumon. « Halston. » répète-t-il, plus calmement cette fois. Son regard retrouve le sien avec un certain désespoir, et ses prochaines paroles l’amènent à aller droit au but car le temps presse, il ne le sait que trop bien. « Tu.. tu ne peux pas partir, pas aujourd’hui. » Et parce qu’il craint déjà que la mère de son fils ne le prenne pas au sérieux et ne croit qu’à un caprice, Eddie saisit la poignée de sa valise pour s’assurer qu’elle aussi, restera avec lui. « Ne monte pas dans cet avion s’il te plaît. Ne commets pas cette erreur. » Ne laisse pas ta mère nous séparer, elle qui n’attend que ça. S’il ne lui fournit encore aucune raison de l’écouter, Eddie met assez de cœur dans ces mots pour qu’elle puisse se douter que cela est très sérieux. Il n’aurait pas fait le déplacement jusqu’ici si ça ne l’était pas, et ne s’apprêterait pas non plus à la supplier de rester s’il n’était pas certain que ce voyage montrera sous peu ses plus sombres côtés.

S'il ne fait pas en sorte que la mère de son fils rate son avion, Eddie craint fort que les espoirs qu'il n'a jamais cessé de se faire ces derniers mois ne soient réduits à néant par sa belle-mère et ça, il ne le conçoit pas. Laisser gagner Harriett reviendrait à renoncer à tout ce qu'ils ont construit ensemble, à cette petite famille qui peut encore en porter le nom et à un avenir qui n'est peut-être pas si sombre, si toutefois Halston et lui restent dans la même ville car une fois dans un autre pays, Eddie ne peut qu'imaginer qu'elle finira par l'oublier. Ses parents n'espèrent que ça, lui trouver un homme qui leur conviendra et un américain de surcroit. Ensuite, une fois qu'ils se seront assurés que leur fille ne compte plus repartir, c'est le petit Sasha qu'ils tenteront de récupérer et cette autre idée lui est insupportable, même si elle lui confère aussi une énergie et une rage le faisant courir encore plus vite. Il n'est pas question que les Hargreeves lui volent sa fiancée et son fils, mais Eddie n'aurait jamais rien su de ces plans machiavéliques s'il n'avait pas compté au moins un allié dans cette famille. Il est encore un peu tôt pour dire qu'il doit une fière chandelle à Hartley, certes, mais sans lui le jeune père n'aurait jamais mesuré l'urgence de la situation ni compris les sombres intentions de sa belle-mère. Utiliser l'anniversaire de son fils comme prétexte, et ne même pas se montrer assez discrète pour que ce dernier ne découvre pas la vérité... Eddie a beaucoup de chance et il le sait, car jamais il n'aurait soupçonné quelque chose de son côté si Hartley n'avait pas lancé l'alerte le premier. Les cartes sont maintenant entre ses mains et la pression sur ses épaules est de taille, car rattraper Halston est une chose mais la convaincre de lui faire confiance après l'avoir énormément déçue ne promet pas forcément d'être simple. Eddie ignore d'ailleurs si leurs derniers rapprochements font de lui un homme que l'américaine consent à écouter un peu plus, leur complicité retrouvée entre les murs d'une chambre à coucher ne rendant pas pour autant la situation tellement plus claire entre eux et cette ambiguïté qui dure, Eddie espère en vérité la balayer comme le reste. Ce n'est pas seulement la volonté de la garder auprès de lui qui l'anime, c'est aussi le désir de renouer pour de bon en lui prouvant qu'il pourrait déplacer des montagnes pour qu'ils ne soient jamais séparés – ou tout simplement traverser la ville et un aéroport à vive allure en oubliant tout le reste, car plus rien n'a le mérite de compter face au risque de la voir lui échapper. Si elle monte dans cet avion aujourd'hui, elle emportera loin d’ici une importante partie de lui.

C'est presque un miracle que personne ne se trouve être bousculé par l'élan frénétique du danseur, dont l'ardeur n'a d'égal que la précipitation ce jour-là. Il ne faudrait pas qu'un obstacle se hisse entre la mère de son fils et lui, pas alors que rien ne semble pouvoir le stopper, mais l'univers semble lui faciliter la tâche à moins que ses propres cris ne contribuent tout bonnement à dégager le passage. Personne n'a envie de rester dans le chemin d'un homme pressé, et c'est ce qui lui permet d'accéder à Halston avant que celle-ci ne franchisse la fameuse porte qui signerait sa défaite. Elle est enfin là, juste devant lui et Eddie peut à peine se permettre de retrouver une respiration convenable compte tenu de l'imminence du départ qu'il n'a pas encore déjoué. La première question qu'Halston lui pose est aussi la plus attendue, celle d'une mère automatiquement inquiète pour son fils que le danseur se met aussitôt en tête de rassurer pour qu'elle ne s'imagine surtout pas qu'il est arrivé malheur à Sasha. « Il va bien je te le promets. » Sa voix est calme malgré le fait que son cœur, lui, ne cesse de tambouriner dans sa poitrine. S'il s'est passé quelque chose comme elle le devine, cela ne concerne en rien leur fils et il était important de clarifier ce point sans attendre. « Si je suis affolé comme tu dis, c'est pour une toute autre raison et s'il te plaît, je te demande juste de m'écouter avec attention. » Entre temps, le duo s'est éloigné des autres voyageurs car l'idée n'est pas de faire profiter de leur discussion à tout le monde quand bien même Eddie n'estime pas avoir quelque chose à cacher. Non, la cachottière dans cette histoire porte en réalité un tout autre nom. « C'est Hartley, il m'a contacté pour me faire part de ses soupçons concernant votre mère. » débute-t-il, en espérant ne pas récolter un regard méfiant de sa part ou tout autre signe annonçant qu'Halston peinerait grandement à le croire. Il n'aurait aucune raison d'inventer cette histoire, et surtout de mêler Hartley alors que ce dernier pourrait facilement démentir. « D'après lui, elle aurait tout manigancé pour te convaincre de revenir définitivement à Los Angeles et ce voyage ne serait qu'un prétexte. Tout est déjà prévu, elle ne reculera devant rien cette fois. » Et ce, dès que sa fille aura remis les pieds sur le sol américain car là-bas, elle pourra jouer de toute son influence sur celle-ci en lui bourrant le crâne et en tentant de la détourner de sa vie bâtie en Angleterre. Hartley pense que leur mère a des chances de parvenir à ses fins, et Eddie ne peut s'empêcher de le croire lui aussi. Son regard retrouve celui de l'américaine après un court soupir, alors même qu'il comprendrait que cette histoire lui semble tout droit sortie d'un film. « Halston je sais que tu n'as plus vraiment confiance en moi mais tu as confiance en ton frère, pas vrai ? » S'il faut, Eddie peut à tout moment dégainer son portable et lui faire voir les fameux messages de son cadet, qui lui a lui-même demandé d'empêcher Halston de prendre cet avion, préférant de toute évidence qu'elle rate son anniversaire plutôt qu'elle retombe entre les griffes de leur mère.

Depuis un grand nombre d’années déjà, le quotidien d’Eddie est fait de courses perpétuelles contre le temps. Ses différentes casquettes de danseur, chorégraphe, professeur et mannequin sous-entendent à elles seuls qu’il n’a jamais une minute à perdre et que chacune de ses journées se veut chronométrée, mais il pourrait jurer aujourd’hui n’avoir que faire de son planning. Ses projets au théâtre sont mis de côté, au même titre que ses cours et ses shootings car s’il ne pouvait sauver qu’une chose, dans l’immédiat, c’est assurément son couple qu’Eddie choisirait. C’est comme s’il était sur le point de tout gagner ou de tout perdre, conscient qu’un avion pourrait dans quelques minutes lui arracher la femme qu’il aime et qu’après ça, c’est une insupportable distance qui s’imposera entre eux. Elle ne sera d’ailleurs pas la seule s’il en croit la volonté qu’a encore sa belle-mère à tenter de détruire leur petite famille, persuadée comme toujours qu’Halston mérite bien mieux que lui. Sans doute que le jeune père avait fini par le penser lui aussi en début d’année, lorsqu’il a réalisé le mal que son escapade parisienne avait pu faire à la mère de son fils mais douter de lui n’a pour autant jamais effacé ses sentiments et son désir de ne jamais laisser l’essence même de leur amour s’évanouir. Renoncer, Eddie en était incapable et les récents échanges avec Hartley n’ont fait que renforcer ce qu’il savait déjà : Halston n’est pas seulement la mère à son fils et celle cohabitant avec lui, elle est aussi la seule femme qu’il se voyait épouser et pour qui il n’aura jamais peur de courir à perdre haleine, parmi toutes ces choses qu’il voudrait présentement lui dire et lui prouver. Il pourrait trouver n’importe quel moyen de retarder cet avion si elle était malgré tout déterminée à y monter, son cœur ne l’a pour ainsi dire jamais autant emporté sur sa raison et il se moque de cette crampe menaçant sa cuisse ou de Charles qui doit au même moment l’attendre à la Northlight car avant tout, il est là, et il n’imagine pas une seule seconde repartir de cet aéroport comme il y est arrivé : seul. Sans elle, Eddie se demande même ce qui aura encore un sens et ce qu’il dira également à leur fils s’il échoue dans sa mission de l’empêcher de partir. Lui vivant, cet avion ne décollera pas avec sa fiancée à son bord car ils ont encore bien trop de choses à vivre, ici.

Son arrivée soudaine suscite chez l’américaine un vent d’inquiétude qu’Eddie tâche de dissiper au plus vite, car l’énergie qu’il vient de dépenser pour la rattraper ne dissimule aucun accident que Sasha aurait pu avoir. C’est vrai, il aurait couru tout aussi vite si la santé de leur fils avait été en péril mais ses raisons sont toutes autres, et elle ne peut sans doute pas se figurer un seul instant tout ce qu’il s’apprête à lui dire. Tout ce qu’il demande c’est qu’on l’écoute car son sérieux est total en prononçant les prochains mots, et en évoquant en l’occurrence ce contact qu’il a eu avec la frère d’Halston au sujet de leur mère. Parler d’elle n’est jamais plaisant et plus encore lorsque celle-ci a de mauvaises intentions à leur égard, car comment décrire autrement son projet visant à l’éloigner pour de bon de cette ville et même de ce pays ? Comment qualifier ce désir égoïste de ramener sa fille auprès de ses racines pour s’octroyer le plaisir de pouvoir la contrôler ? Eddie ne mâche pas ses mots concernant Harriett, il est important que sa fille mesure bien ce qu’elle a en tête en la faisant venir à Los Angeles car si même Hartley l’a compris, alors cela veut tout dire. L’information jetée entre eux se heurte alors au rejet d’Halston et sur le moment, Eddie craint beaucoup d’entendre qu’il divague ou qu’il n’a rien trouvé de mieux pour la garder près de lui que d’inventer toute cette histoire. Seulement les preuves existent, et les messages de son beau-frère le mettant en garde sont bien réels si Halston désirait les voir, ce qu’elle ne lui demande pas toutefois. Au lieu de ça, elle glisse trois mots qui retirent un poids considérable de son ventre comme de ses épaules : elle le croit, et c’est déjà une petite victoire de prise sur celle qui a manigancé tout cela contre lui. Est-ce qu'il y a d’ailleurs une seule chose dont sa belle-mère ne soit pas capable ? Il n’en sait rien, mais il se réjouit d’entendre qu’Halston ne lui donnera pas la satisfaction de retourner entre ses griffes. « Je suis désolé de te l'apprendre comme ça, mais je n'avais vraiment pas le choix. » souffle-t-il quand même, conscient que cette annonce a de quoi la déconcerter et que personne n’aime être stoppé dans un projet de voyage, encore moins lorsque celui-ci devait se faire pour des raisons familiales. Ici, l’anniversaire de son cadet est un événement qu’Halston ne souhaitait pas manquer et il entend bien que renoncer à prendre cet avion revient à faire une croix sur une occasion de retrouver son frère, dont elle a déjà raté le dernier anniversaire. Ce n’est pas un petit sacrifice et Eddie le lui concède dans un léger soupir. « Je sais, c'était important pour toi. » Mais Hartley ne l’aurait pas alerté s’il se souciait vraiment de ça, il n’aurait pas insisté sur la nécessité de la retenir s’il comptait après ça lui en vouloir. Peu à peu, Halston comprend que les intentions de son frère ne pourraient pas être plus désintéressées. Le jeune père confirme dans un hochement de tête combien cela est vrai. « Hartley m'a demandé de ne pas te laisser partir. Il m'a même dit que tu serais selon lui bien plus heureuse à Bristol, parce que notre histoire n'est à ses yeux pas terminée. » Et il ne prête aucun mot à son beau-frère que celui-ci n’aurait pas prononcé car Eddie a encore précisément leurs échanges en tête, sans même avoir besoin de replonger dans ces derniers. « Il ne veut pas passer avant ton bonheur, mais je pense que tu ne seras pas surprise que de tels mots viennent de lui. Si quelqu'un a toujours cru en nous, c'est bien ton frère. » Parce qu’Hartley a toujours été profondément altruiste et soucieux du bonheur des autres, leur couple n’ayant jamais fait exception à la règle. Face à la question d’Halston soulevant une évidence, Eddie marque une pause pour se perdre un instant dans ses yeux. Bien sûr que non, il n’aurait pas fait tout ça s’il ne comptait pas s’accrocher à elle et à tout ce qu’ils peuvent encore être, car un homme courant aussi vite ne peut être qu’un homme animé par l’amour et par la peur. « Et je n'ai évidemment jamais cessé d'y croire, moi non plus. » il finit par souffler, en effectuant un pas supplémentaire vers elle. « Je crois que si tu étais montée dans cet avion, je t'aurais suivie jusqu'à Los Angeles parce que je ne peux pas supporter l'idée qu'on soit séparés. Je ne peux pas vivre dans un monde où la femme que j'aime est loin de moi et où notre fils doit voir ses parents se déchirer. On a traversé bien trop d'épreuves pour laisser la dernière avoir raison de nous, ça ne nous ressemble pas, ça. » Ce qui ne leur ressemble pas, c’est de laisser l’adversité et les difficultés gagner alors que leur couple a toujours été plus solide que celles-ci. Leur différence d’âge et la désapprobation de leurs proches sont des obstacles qu’ils sont parvenus à enjamber, et Eddie veut sincèrement croire que cette histoire de magazine et de baiser volé n’est pas non plus en mesure d’anéantir ce qu’ils se sont donnés tant de mal à construire. Il n’est pas prêt à perdre tout ça et surtout à la perdre elle, car ce serait à ses yeux le plus cuisant des échecs. « J'ai passé les dix derniers mois à espérer que tu me pardonnerais, et à regretter chaque seconde où je n'étais pas à tes côtés. C'est très long, tu sais, quand tu sais au fond de toi que celle qui ne veut plus de toi est la femme de ta vie, et c'est encore pire quand tu croyais l'épouser à l'origine. Entre nous, je le désire toujours. » Rien n’est plus douloureux que de repenser à ce fameux soir où Halston lui a balancé sa bague à la figure, parce qu’il n’a de son côté jamais renoncé au fait de l’appeler sa fiancée. C’est ce qu’elle est toujours à ses yeux, malgré le fait qu’elle ait tiré un trait sur cette union comme sur le reste. Elle était blessée et en colère, mais qu’en reste-t-il réellement aujourd’hui ? « Je ne sais pas ce que je suis censé faire pour te convaincre de me donner une chance, mais je le ferai. Même s'il faut pour ça que je me mette à genoux et que je dise haut et fort à quel point je t'aime. » Ce ne serait pas la première fois qu’Eddie poserait un genou à terre pour elle, et il réalise d’ailleurs que rien ne l’empêche de mettre à exécution ce dont il parle car rien n’est trop fou pour lui prouver ici et maintenant son amour. « Oh, et puis après tout. » Sans hésiter une seule seconde, le danseur s’agenouille devant elle sous les yeux étonnés de plusieurs voyageurs. Certains s’attendent probablement à une demande et dégainent pour cela leur téléphone, mais Eddie s’assure avant tout de s’exprimer assez fortement pour que tout le monde l’entende. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il aura peur du ridicule, lui qui habituellement contrôle tant son image. « Regarde, je le fais. Je montre à tous ces gens que je n'ai pas l'intention de te laisser partir parce que je veux être avec toi, parce que j'ai besoin de toi. » Tant pis s’il doit pour cela se donner en spectacle et susciter des réactions surprises ou amusées, car la seule dont il se préoccupe est celle de sa bien-aimée. Ouvrant grand les bras pour symboliser qu’il lui ouvre également grand son cœur, Eddie sent justement ce dernier s’affoler tandis qu’il prononce les fameux mots que bon nombre de témoins doivent certainement attendre. S’il se jette à l’eau, autant le faire jusqu’au bout et assumer enfin ce qu’il ressent. « Et parce que je t'aime Halston. Je me fiche de ce que ta mère ou la mienne en pensent, tout comme je me fiche de tous ces gens qui nous filment actuellement. Ils le font parce que je suis peut-être ridicule, mais moi je dirais surtout que je suis fou de toi. » Et s’il n’ose pas encore se relever, son regard n’en finit plus d’implorer le sien en espérant que sa démarche éveillera quelque chose, car il y a longtemps qu’il ne s’était pas illustré dans une telle démonstration d’amour. « Dis-moi que j’ai raison d'y croire. » Dis-moi qu’il y a encore un espoir, et que je ne m’accroche pas à rien.