Calex #104 - Stared into this illusion for answers yet to come

Juin 2019
Bristol

Il est tard, il est tôt ? Il fait nuit mais mon esprit est bien trop crâmé par l'alcool et la drogue que j'ai consommé depuis trois jours. Je ne réponds plus à personne, j'ai pas assumé la dernière émission, je m'enferme chez moi, je bois, et j'ai replongé. Depuis Aout 2015, je n'avais rien touché. Pas de drogues, juste un peu trop d'alcool, mais depuis trois jours j'ai replongé. Sans retenue, j'ai sauté les deux pieds dans mes vieux démons. Et tout ça parce qu'encore une fois j'ai rejeté Caleb, je l'ai sorti de ma vie, avec violence. Et je ne sais pas ce qui est pire, le poids du silence de mon premier départ ou le poids des mots que je lui ai écris cette fois ? Je ne sais pas, mais je voulais qu'il me rejette, qu'il me déteste et j'ai réussi. Bravo Alex le seul truc que tu as réussi c'est de faire fuir l'homme que tu aimes et qui t'aime. Ou plutôt qui t'aimait. Et tout ça pourquoi ? Parce que j'ai eu honte, parce que j'ai toujours honte de moi et cette culpabilité que je porte en moi, n'est pas compatible avec une histoire avec lui. Pas plus qu'elle n'est compatible avec le fait de vivre une vie saine, mais c'est pas grave, ma vie n'est pas saine et elle ne le sera jamais. Parce qu'il y a deux heures j'étais allongée sur le carrelage de mon appartement semi consciente, y'a plus sain comme vie non ? Et Caleb ne le sait pas. Parce qu'il aime celle qu'il pense que je suis, alors qu'il ne sait rien de moi. Il ne sait pas que j'ai tué son fils. Il ne sait pas que j'ai paniqué en apprenant que je portais son enfant au point de le fuir. Il ne sait pas que je suis incapable d'être quelqu'un de bien. Je l'aime tellement, et le pire c'est qu'il m'aime aussi mais il ne peut pas m'aimer, il ne doit pas m'aimer. Je lui ai bien fais comprendre ça par sms. Il ne sait pas la vérité. Il ne sait pas ce qui se cache derrière tous mes mensonges. Il m'a dit m'aimer, mais il ne peut pas aimer cette version de moi. Il ne peut pas parce que je sais au fond de moi, que cette version il va la detester quand il saura la vérité. Et si j'ai tout fait pour qu'il me déteste, je ne suis pourtant pas prête à faire face à son regard. Alors, je l'ai repoussé. Violemment et à mesure que l'alcool entrait dans mon organisme, les mots qui s'écrivaient sur mon téléphone devenaient de plus en plus durs, de plus en plus violents et acerbes. Je voulais qu'il me déteste, et c'est peut-être la seule chose que j'ai plutôt bien réussi dans ma vie. Parce qu'il me déteste. Sauf que moi je l'aime. « Tu es vraiment conne Alex. » Oh que oui, je le suis et je le sais. Et même je le dis. Et nombres de mes gestes ces derniers jours pourraient le confirmer. Jusqu'à cet instant précis ou je conduis alors que je ne suis clairement pas en état de le faire. Tellement pas en état que je n'ai même pas conscience que ce que je fais est dangereux. Que je mets en danger ma vie mais surtout celle des autres, parce que soyons honnête, la mienne ne vaut plus grand chose, elle n'a jamais vraiment vallu grand chose finalement. Il est tard, ou tôt tout dépends du rythme de vie des personnes qui vont juger cet élément. 3H46. Je ne roule pas droit, je ne vois pas la route entre la pluie et surtout les larmes qui ont emplie mes yeux et qui ne s'arrêtent plus depuis trois jours. Je voulais me faire du mal, c'est chose réussie, mais je lui en ai fais à lui aussi. Beaucoup trop mais je sais que je vais lui faire encore plus mal ce soir. Je voulais lui épargner cette vérité mais je dois lui dire. Il a le droit de savoir qui je suis réellement. Il a le droit de savoir pourquoi il ne peut pas m'aimer. Il a le droit de savoir que je l'aime aussi. Enfin non, ça il s'en passerait bien je pense, mais c'est moi qui ait envie de lui dire alors que lui écrire l'inverse m'a brisé le cœur et le sien aussi sans doute. Il va me détester, je le sais mais c'est déjà le cas alors je n'ai plus rien à perdre. Enfin je crois. A part la vie si je ne me focalise pas plus sur ma conduite, mais mon alcoolémie ne me le permet sans doute pas. Je suis vraiment pathétique, mais encore une fois je le suis tellement qu'au moins je n'en ai plus conscience. Ma voiture garée, ou plutôt posée là n'importe comment, je me dirige chez lui. C'est une mauvaise idée, dans cet état il ne faut jamais appeler et encore moins aller voir ses exs. Mais, Caleb ce n'est pas un ex, Caleb c'est différent et dans un autre état je pense que je ne pourrais jamais lui avouer la vérité. C'est pitoyable, il mérite mieux que ça, mais j'en suis incapable. Alors, c'est au milieu de la nuit que je me retrouve, sous la forte pluie de Bristol, une pluie abondante pour un début de Juin, protégeant comme je le peux cette enveloppe et son contenu,à marcher vers l'entrée de son appartement. Je vascille, je ne marche pas droit, je menace de tomber à chaque pas que je fais. J'ai la tête qui tourne, les yeux rougis par les pleurs mais aussi par la drogue que j'ai consommé et qui a dilaté mes pupilles. Agitée par mon état, je tremble autant à cause du froid et de cette pluie qui a trempé mes vêtements qu'à cause de l'effet de ces drogues sur mon organisme. Des années de sobriété gâchées, et si cette quantité je pouvais la gérer facilement à l'époque, aujourd'hui mon métabolisme n'est plus le même, mon corps plus habitué à ces merdes et j'ai abusé, un peu trop. Mais au moins j'ai l'impression de faire la bonne chose ce soir. Ce n'est qu'une impression mais c'est au moins ce qui me pousse à être là devant chez lui. Bloquée par une porte et un code que je ne connais pas. Il pleut, et j'hésite à sonner à l'interphone, mais dans un éclair de lucidité je ne le fais pas, sachant très bien qu'il ne voudra pas m'ouvrir. Alors j'attends, deux, cinq, dix, trente minutes, j'en sais rien du tout mais j'attends. Quoi ? Ca non plus je ne sais pas, mais je découvre ce que j'attendais quand quelqu'un sort de l'immeuble, me donnant l'opportunité d'entrer. Je ne suis jamais entrée chez lui, je n'ai jamais vu l'intérieur de son appartement, juste une fois, je l'ai retrouvé sur le palier, mais je n'ai jamais mis les pieds chez lui et c'est complètement bourrée et même légèrement défoncée que je vais le faire pour la première fois. J'arrive devant sa porte. Je frappe, je sonne, il va me haïr, pas grave il le fait déjà. Il va sans doute refuser de m'ouvrir, je vais rester là jusqu'à ce qu'il le fasse. Parce que ce secret est devenu trop lourd à supporter, trop lourd à cacher et j'en peux plus de cette vie. Il m'a donné l'aperçu d'une vie avec lui, il m'a fait me sentir bien, il m'a rappelé que mon cœur pouvait aimer, l'aimer lui, il m'a donné envie de croire en tout ça, et aujourd'hui je souffre à nouveau de son absence, aujourd'hui je souffre à l'idée de l'avoir perdu encore. Par ma faute, par mes choix, parce que je suis conne et incapable d'assumer. Mais aujourd'hui, j'assume ou presque. « Caleb ouvres moi. » Je cris sans doute bien trop fort alors qu'il est bien trop tôt mais je n'en ai pas conscience. « Je dois te parler, tu ne sais pas tout. » Il sait déjà que je suis une salope, mais ce n'est pas de ça dont je veux lui parler, mais bien de mon départ et surtout de son fils, que j'ai tué alors que j'étais censée le protéger. « Caleb. » Je hurle, pour le réveiller, pour le décider à m'ouvrir, pour attirer son attention, pour l'obliger aussi à réagir avant que d'autres ne le fassent pour lui. Je suis bourrée, sous l'emprise d'une drogue dont je ne sais rien des effets, je ne vois pas comment tout ceci peut bien se finir. Y'a pas de fin heureuse pour moi, ça fait huit ans que je me le répète en boucle et ce soir je m'apprête à vivre ce moment fatidique, celui ou je vais voir dans l'homme que j'aime le plus au monde, dans ce regard si doux, si aimant, si bienveillant, toute la déception, la colère, et le dégout. Je suis prête, je suis venue accompagnée : alcool et drogue en grand nombre coule dans mon organisme, je peux encaisser, quoiqu'il se passe, je pourrais encaisser, enfin je crois. De toute façon je ne peux plus faire marche arrière non ?

@Caleb Anderson    
  

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Juin 2019
Bristol

Il n'est pas l'heure pour hurler dans le couloir d'un immeuble. Il n'y a jamais d'heure pour ça et je le sais, enfin en temps normal je le saurais. Mais, rien n'est normal. Ni mon état, ni la situation. Pourquoi je dois rendre tout plus compliqué ? Alors, que ce moment je le redoute tellement que j'ai attendu des mois, et plusieurs grammes d'alcool dans le sang pour venir lui parler de ce secret que je porte en moi depuis des années. Ce n'est déjà pas simple, et il a fallu que j'ajoute un peu d'alcool et de drogue à tout ça. Et que je débarque chez lui au milieu de la nuit. Je frappe à sa porte, ou plutôt je tambourine avec la force qu'il me reste pour attirer son attention et pour soyons honnête, ne pas lui laisser le choix que de venir répondre. « Qu’est-ce que tu fais là ? » La froideur de son regard et de ses mots pourraient me faire vraiment mal mais je crois que ça fait déjà trois jours que j'ai si mal que je ne peux pas souffrir plus. Ou peut-être que c'est mon état qui me préserve un peu de ce regard noir qu'il pose sur moi et qui en temps normal m'aurait vraiment fait extrêmement mal. C'est peut-être pour ça que j'ai bu autant ce soir ? C'est peut-être pour ça que je me sens prête à lui ? Parce que je ne peux pas avoir mal ce soir, quoiqu'il dise, quoiqu'il fasse rien ne pourra me toucher ou me détruire plus que je suis en train de le faire depuis 3 jours. La Alex de New York est de retour et pas la bonne version de cette fille, pas du tout. « Je t'ai dis. Je dois te parler. » Je dis ça comme si c'était logique comme réponse. Mais ça l'est non ? Tout le monde vient parler à 4h du matin non ? « Il est quasiment quatre heures du matin, Alex, c’est quoi ton problème ? » Visiblement, si j'en crois sa réaction, non ce n'est pas normal. Il est en colère contre moi, je le comprends, je le suis aussi. « J'ai pas vu l'heure, je crois que j'ai un peu bu. » Non ? Tu crois Alex ? Un peu seulement ? Ton odeur, ton regard, ton allure, ton équilibre, tout prouve que tu n'as pas fais que boire un peu. Je tremble un peu, l'attente sous la pluie a trempée mes vêtements et le froid se faire ressentir. Mais, j'en ai pas vraiment conscience. Je n'ai plus vraiment conscience de grand chose d'ailleurs. « Mais je suis venue parce que je t'ai menti, et je veux te dire la vérité. » J'ai tellement menti, sur tellement de choses, que je ne sais même plus vraiment ce que je suis venue lui dire. Du moins jusqu'à ce que l'enveloppe que je tenais dans mes mains ne tombe sur le sol et que je la vois sur le sol et que je me rappelle de ce que je dois lui avouer. Il aurait du avoir un fils, mais je l'ai tué. « Je le pensais quand je te disais que je ne voulais plus te voir. Pourquoi tu es ici ? Tu es venue me balancer d’autres choses en face à face ? Tu voulais me dire qu’un autre mec t’a lui aussi baisé bien mieux que moi ? » Et si la froideur de son accueil n'avait eu aucun effet sur moi, ces mots ont, eux, un impact direct sur moi. Il ne veut plus me voir, ça, je le savais. Faut dire que j'ai tout fait pour. Jusqu'à le repousser et faire en sorte qu'il me déteste. Jusqu'à finir dans le lit d'un autre et cette pensée me donne la naussée et me donne envie de boire encore plus pour oublier ce que j'ai fais cette nuit là. Mais, je l'ai fais. J'ai été jusqu'à là. Jusqu'à le provoquer pour être certaine qu'il sera dégouté en pensant à moi. Et j'ai fais en sorte de me dégouter aussi en me comportant comme la dernière des salopes. Drogue, alcool et sexe, c'est mon cocktail préféré pour me détruire et à mesure que je détruisais l'amour réciproque entre nous, je devais me détruire aussi. C'est comme ça que je fonctionne, malheureusement pour lui. J'ai été conne, j'ai été une salope encore. C'est ce que j'ai été avec lui, ou plutôt ce que je lui ai fais croire que j'étais, alors autant me comporter comme ça, c'est plus crédible non ? Mais si c'est plus ou moins facile derrière un écran, au milieu de la nuit, en vidant des bouteilles d'alcool, ça l'est moins en face à face et entendre cette vulgarité dans la bouche de Caleb me choque autant qu'elle me blesse, parce qu'il y croit. Parce qu'il me voit comme ça désormais, mais c'est ce que je voulais non ? « Je suis pas venue te parler des mecs qui me baise. » Je tente de garder la face en lui répondant, j'ai si honte de moi, si honte de cette image que je renvoie, mais c'est trop tard désormais non ? J'ai réussi au moins une chose. Il me déteste et quoique je pourrais lui dire ne pourra pas le blesser plus ou faire en sorte qu'il me déteste plus non ? Il rends les choses presques plus simples finalement. Non pas du tout mais tu peux essayer d'y croire Alex, mais tu es blessée, tu es mal, tu as mal et tu as tellement honte de toi et la dernière personne a pouvoir te donner la sensation d'être quelqu'un de bien, la dernière personne qui a réussi à te faire croire que tu pouvais être aimé, te déteste tellement. Alors non, rien n'est plus simple. Je finis par me baisser pour ramasser l'enveloppe, non sans me tenir au mur parce que le geste semble simple mais il ne l'est pas du tout dans mon état. Je menace de tomber à plusieurs reprises, je me rattrape au mur, menace de me cogner la tête en me penchant mais j'arrive à la reprendre et je la regarde quelques secondes pour vérifier qu'elle est toujours fermée. « Pourquoi tu n'as jamais cherché à savoir pourquoi je t'avais quitté ? Si tu avais su, tu n'aurais jamais accepté de me baiser. » Je n'ai jamais considéré le sexe avec lui en ces termes, mais aujourd'hui, puisqu'il les a employé à l'oral me voilà à l'imiter. Pourtant, rien de ce que nous avons fait ne ressemble à ce que j'ai pu faire avec les autres hommes. Rien du tout. De ces baisers, aux moments de tendresses, du sexe aux déclarations d'amour, de cette nuit passée endormie contre lui. Je n'ai jamais fais ça avec un autre homme, parce que ça a toujours été différent avec lui, mais je lui ai fais croire l'inverse et pour une raison que j'ignore, je continue. Parce que je prépare le moment ou je vais lui annoncer la vérité, le moment ou il va me détester et me tenir pour responsable pour le restant de ses jours de la mort de son fils. Parce que c'est ce que je ressens et je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Parce que cette pensée est trop ancrée en moi pour que j'arrive à penser autrement. « Pourquoi tu ne m'as pas repoussé le premier jour ? » Ce n'est pas pour ça que je suis là mais pourtant j'ai besoin de comprendre, j'ai besoin de savoir comment on en est arrivé là tout les deux. A se dire que nous nous aimons sans savoir réellement ce qui a mit fin à notre histoire la première fois. Parce que finalement c'est le cœur de tout ceci. Si je ne l'aimais plus aussi fort, s'il ne m'aimait plus, tout serait plus simple et moins douloureux et je n'aurais pas eu besoin de boire autant, de me droguer autant pour supporter cette discussion que j'ai repoussé pendant plus de huit ans.

@Caleb Anderson    
  

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Juin 2019
Bristol

N'importe qui de censée verrait que cette situation n'a rien de positif. Que je n'ai rien à faire ici, et encore moins dans cet état. Je ne sais même pas vraiment comment je suis arrivée jusqu'ici, je sais juste que quelque chose me pousse à le faire. Je dois lui dire la vérité, je dois arrêter de lui mentir encore et encore pour couvrir un mensonge que j'ai caché pendant 8 ans. Il va me détester, il le fait déjà parce que j'ai tout fait pour et voir son regard et son accueil, me prouve que j'ai plutôt bien réussi mon coup. Il ne veut plus me voir, et ce n'est pas uniquement à 4h du matin qu'il ne veut plus me voir, mais pour toujours, c'est ce que je lui ai demandé en même temps alors je devrai être soulagée mais depuis quelques jours, rien ne va plus. De nouveau je perds le fil de ma vie, de ma conscience, je me remets en danger, je consomme à nouveau, je me retrouve dans un lit avec un inconnu. Tout ça parce que j'ai repoussé Caleb de ma vie, encore, alors que je l'aime tellement. Je me fais du mal mais surtout je lui fais du mal, mais à cet instant précis, le seul avantage que j'ai à retirer de ma condition c'est que je n'ai plus vraiment conscience de tout ça. Pas totalement. Je vois bien sa voix froide et sèche et son regard noir, mais ce n'est pas aussi douloureux que si j'étais sobre et pleinement consciente de tout ça. Il rit, mais ce n'est pas un rire que j'ai l'habitude d'entendre, pas un rire qui me donne instantanément envie de rire avec lui. « Toi ? Me mentir ? Ça serait une première. »  Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi il rit et encore moins pourquoi il me dit ça. Faut croire que l'alcool brouille mon système de communication et de compréhension aussi parce que je viens de lui dire que je lui ai menti et il semble surprit par cette annonce. « Non, je t'ai beaucoup menti ces derniers temps et je veux juste te dire pourquoi. » Réponse très premier degrés, parce que je crois que je suis capable que de ça ce soir. Je ne sais même pas vraiment comment j'arrive à avoir un discours cohérent vraiment, c'est presque un miracle avec tout ce que j'ai consommé mais faut croire que mon corps est plus tolérant que je ne le pensais et que l'adrénaline de me retrouver face à Caleb m'aide à avoir cette cohérence, ou presque cohérence. Parce que si mes phrases sont compréhensibles et cohérentes, ma démarche l'est beaucoup moins. Je titube. Je tremble. Je suis clairement loin d'être stable sur mes jambes mais être stable ça n'a jamais été un point fort chez moi. Instable dans la vie, instable dans mes relations aux autres, instable dans la gestion de mes émotions. Instable et aujourd'hui je le montre encore. Je sais pourquoi je suis là, mais je ne sais pas comment lui annoncer et pourtant c'est pas si compliqué non ? Il me laisse entrer chez lui, voilà une première étape de faite et si j'ai rêvé un nombre de fois incalculable d'être ici avec lui, ce n'était jamais dans ce genre de circonstances que je rêvais de ce moment. « J'ai tellement rêvé d'être ici avec toi. » Ce n'est clairement pas le genre de chose que j'aurais du dire à haute voix mais si j'arrive à être cohérente dans mes propos, je ne contrôle pas tout ce que je dis. Et puis est-ce grave de lui dire ? Est-ce grave qu'il sache que j'ai rêvé de lui, d'être avec lui, de pouvoir être ici avec lui ? Est-ce grave qu'il sache tout ça ? Après lui avoir dit que je voulais qu'il m'oublie, oui c'est peut-être grave ou inapproprié, mais je n'en ai pas conscience. « Assieds-toi, tu vas finir par tomber. » Je secoue la tête, il a raison mais je ne suis pourtant pas d'accord. « Non ça va, je vais bien, je suis arrivée jusqu'à chez toi, et tu vois je me souvenais de ton adresse. » Je dis ça presque comme si c'était une bonne chose. Une chose dont je pouvais être fière, mais y'a rien de glorieux à être arrivée jusqu'à chez lui dans mon état. C'est moins tout l'inverse mais ce n'est pas dans mon état que je vais en avoir conscience. Pourtant je l'écoute, je m'assoies dans le canapé ou plutôt je me laisse tomber dessus. Mes vêtements, mes cheveux sont trempés et je frisonne un peu au moment ou mon dos se pose contre le dossier du canapé mais ce n'est pas la vague de froid que je ressens qui va me détourner de mon objectif. Je dois lui dire, je suis là pour ça. Et pourtant, je suis incapable d'aller directement au sujet principal. Je l'ai pensé, je l'ai même dis un nombre de fois incalculable, j'ai tué son fils, j'ai tué notre bébé mais face à lui ça me semble impossible à dire. Même avec tout cet alcool et les substances que j'ai pris, ça me semble impossible de lui dire, alors que je suis ici pour ça exactement. « Disparaitre du jour au lendemain et ignorer tous mes appels et mes messages, ce n’est pas ce que j’appelle rompre avec quelqu’un, Alex. »  Il a raison sur une chose, je n'ai pas vraiment rompu avec lui, mais parce que ça aussi je n'ai jamais eu la force de le faire. Pas quand j'étais enceinte de son enfant, et encore moins après l'avoir tué. Je n'ai jamais pu réussir à rompre avec lui, parce que cela m'aurait demandé de lui donner une raison et je n'en avais aucune à lui donner. « Je voulais pas rompre avec toi, je n'aurais jamais pu le faire. » Ca n'aura aucun sens pour lui mais ça en a pour moi et j'oublie qu'il lui manque beaucoup d'éléments pour comprendre mes mots. Mais, tout ça me demande déjà énormément d'effort de concentration pour rester cohérente, pour rester connectée à la situation, et pour ne pas laisser mon esprit s'égarer dans ce flot de pensées, d'images et de sensations que mon cerveau crée à chaque seconde. Il part quelques secondes, les yeux dans le vide, je ferme les yeux, et sans lui face à moi pour me servir d'encrage, je me perds dans mes pensées. Le monde tourne trop vite, les images aussi, et j'arrive à stopper ce flot d'image et de souvenirs sur ce moment précis ou je l'ai revu à l'Interlude y'a quelques mois. J'étais bourrée aussi ce jour. Rien d'anormal finalement non ? Je sens son odeur, je devine son retour et j'ouvre les yeux vers lui, et si c'est moi qui suis totalement défoncée, c'est pourtant lui qui semble avoir du mal à trouver les réponses à mes questions.  « Je te l’ai dit, j’avais envie de savoir ce que tu étais devenue. Et je pense qu’au fond j’étais vraiment heureux de te savoir de retour. Parce que si je t’ai vraiment détesté pour m’avoir abandonné comme tu l’as fait, l’animosité a fini par s’estomper au fil des années. »  Il était heureux de mon retour, mais il n'aurait jamais du l'être. Il n'aurait jamais du me laisser revenir dans sa vie après ce que je lui ai fais et ce que j'ai fais tout simplement. Il avait fini par ne plus me détester, mais j'ai réussi à raviver sa haine envers moi, je suis visiblement douée pour ça. « Pourquoi est-ce que tu es revenue si tu ne m’as jamais aimé ? » Je le regarde quelques secondes, sentant toute sa douleur et sa peine. Et si je ne comprenais pas son sarcasme, bizarrement, les émotions négatives, sa douleur, sa peine, sa colère, j'arrive à les ressentir et je les ressens même un peu trop violemment. Je lève les yeux, laisse ma tête tomber sur le dossier du canapé, fixant le plafond qui tourne trop vite, presque autant que mon cœur ne bat vite. Et ce n'est pas l'effet des produits dans mon corps qui me donne cette sensation de mal être et d'oppression, non ce sont ses mots. Et sa question. Il y croit vraiment. C'est ce que je voulais, j'ai réussi et aujourd'hui j'ai honte et j'ai mal d'entendre cette question et de sentir qu'il pense que je ne l'ai jamais aimé. Lui, le seul homme que je n'ai jamais aimé. Lui le seul que j'aime encore aujourd'hui. « Je suis désolée. » Ce sont les premiers mots que j'arrive à dire alors que tout l'amour que je ressens pour lui voudront s'exprimer, menace de me faire perdre tout contrôle sur la situation, enfin sur le peu que j'en ai. « Je t'ai dis ça pour que tu me détestes et tu m'oublies, la vérité c'est que je n'ai jamais cessé de t'aimer mais je n'en ai plus le droit et je sais pas comment faire pour ne plus t'aimer alors le mieux c'est que tu arrêtes de m'aimer, que tu me détestes et que tu restes loin de moi, tu mérites mieux, tu ne sais pas ce que j'ai fais. » C'est étrangement plutôt censée comme pensée, enfin c'est ce que je pense au moment ou je lui parle. Essayant de concentrer toutes mes forces sur le sens de mes mots et de ma phrase, laissant de côté les frissons, et les premiers effets indésirables que je commence à ressentir. C'était une mauvaise idée de venir ici dans cet état mais je me concentre au maximum alors que je commence peu à peu à ressentir à nouveau les sentiments avec intensité et que rien ne semble me servir de bouclier. « Pourquoi est-ce que tu es partie comme ça il y a huit ans ? » La voilà cette question qu'il aurait du poser il y a quelques mois. Je n'y aurais sans doute pas répondu, mais ça nous aurait sans doute épargné à tout les deux cette journée idyllique, cette nuit d'amour et à nos sentiments de venir s'exprimer. Sa question est finalement celle à laquelle j'avais l'intention de répondre en venant ici. Mais, pourtant le silence que je laisse se fait long. Je cherche mes mots, je sais très bien la réponse mais je ne sais pas comment lui dire. Il me regarde et cette fois c'est moi qui baisse les yeux, honteuse, la culpabilité que prends le dessus et je serre entre mes mains l'enveloppe que je tente de ne pas abîmer. « Je voulais pas que tu me détestes. » Pourtant c'était logique qu'il allait me détester en partant comme ça. « Je voulais pas que tu me vois différemment, j'avais trop peur que tu vois mon vraie visage. » Je sais pas comment lui dire, je ne sais pas par quoi commencer, alors que le fil de cette période de ma vie ne quitte plus mes pensées. Les souvenirs de chacun des moments importants sont marqués dans ma mémoire et tout ce que j'ai essayé pour les faire disparaitre n'a jamais eu l'effet escompté. « Je t'aimais, je t'aimais vraiment mais j'ai découvert que je ne pouvais pas aimer notre enfant et j'ai eu peur que tu le découvres alors je suis partie. » L'explication pourrait être bien plus fournie, bien mieux construite, bien plus claire mais non, elle l'est pour moi, donc elle devrait l'être pour lui. Ou pas. Mais je refuse de le regarder pour voir s'il a comprit, je fixe le plafond, les yeux fermés pour éviter de voir sa réaction et pour gérer cette nausée et cette migraine qui commence à apparaitre. Je n'ai plus vraiment conscience de tout ce qui se passe autour de moi, et je n'ai même pas remarqué que les larmes coulaient sur mes joues. Je ne sais pas depuis combien de temps je pleure et je ne sais même pas si je vais en prendre conscience, tout me semble si loin désormais alors que dans mon esprit je me retrouve des années en arrière, enceinte, paniquée, et perdue.
@Caleb Anderson    
  

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Juin 2019
Bristol

tw : consommation drogue, alcool, grossesse, perte d'un bébé

Je suis chez lui, mais je suis loin d'être avec lui. Il est distant, fuyant, et ce n'est en rien surprenant puisque c'est ce que j'ai voulu. C'est ce que j'ai fais ce soir là, mon téléphone à la main, une bouteille dans l'autre. J'ai fais en sorte qu'il me fuit, qu'il me déteste, qu'il n'ose plus jamais m'adresser la parole et qu'il n'arrive plus à me regarder. Et sur bien des points, je pense avoir réussi. Mais peut-être pas assez, puisqu'il m'a quand même ouvert et qu'il me fait m'assoeir dans son canapé. Il ne m'invite pas, mais il a ouvert et il m'a laissé entrer, me laissant même parler alors qu'il pourrait me demander de la fermer. Il le pourrait et il en aurait totalement le droit, mais il ne le fait pas. Il réagit même à mes propos, à mes excuses mais si l'émotion de découvrir qu'il pense vraiment que je ne l'ai jamais aimé est forte, mes excuses ne le sont pas. Je ne peux pas juste lui dire que je suis désolée ainsi et espérer qu'il pourra me pardonner. J'ai fais trop d'erreurs, et moi-même, bourrée, et défoncée, j'en ai conscience, c'est dire. « Pourquoi ? Pour m’avoir menti et avoir joué avec moi pendant cinq ans ? Ou bien pour m’avoir manipulé il y a quelques jours pour obtenir ce que tu voulais ? »  Oui pourquoi je m'excuse au juste ? Pour lui avoir menti sur tout ça ? Pour l'avoir abandonné ? Pour lui avoir fait croire que je l'avais manipulé ? Pour notre bébé ? Pourquoi au juste je m'excuse ? Même moi je sais plus, parce qu'il y a beaucoup trop à me faire pardonner, beaucoup de choses qu'il ne pourra jamais me pardonner et je le sais. Mais ces excuses précisément, elles étaient pour mes mensonges et surtout pour avoir réussi à lui faire croire que notre passé n'était rien. Pour l'avoir convaincu que notre amour n'avait jamais compté. Pour avoir réussi à lui faire croire que nos cinq ans n'avaient été qu'un jeu. L'entendre le dire me fait du mal, vraiment beaucoup de mal et je devine le mal que ça a du lui faire d'en arriver à cette conclusion et d'y croire comme il le fait actuellement. Il me regarde et j'ai du mal à maintenir le contact visuel avec lui parce que j'ai honte. De ce que je suis mais aussi de l'entendre arriver à une telle conclusion par ma faute. Tout ce que nous avons vécu, balayés en quelques messages de ma part et ça me fait mal parce que moi je n'ai jamais réussi à oublier les souvenirs de notre histoire malgrè toutes mes tenatives, mais j'ai réussi à gâcher le souvenirs de nos années d'amour dans sa mémoire. Une belle réussite encore à mettre à mon actif. « Pour t'avoir menti et surtout pour t'avoir fait croire que tu n'avais jamais compté pour moi. Tu es toujours ce qui m'est arrivé de mieux, et le seul que j'ai aimé dans ma vie. Ca n'a jamais été un jeu pour moi, ces cinq années avec toi sont les plus belles que je n'ai jamais vécu. » Je pourrais continuer à lui mentir, comme je l'ai fais il y a quelques jours mais face à lui, lui mentir et faire en sorte qu'il me déteste est une tâche bien plus hardue à réaliser. Et je sais de toute façon que la suite viendra réussir à faire en sorte qu'il me déteste, je n'ai plus à lui mentir pour ça, la vérité saura lui donner une raison de me détester réellement. C'est ce dont je suis persuadée, parce que c'est ce que je ressens alors ça me semble logique que tout le monde ressente ça aussi. Il ne doit plus rien comprendre, rien n'est cohérent dans mes propos, dans mon attitude. Je l'aime mais je le repousse. Je lui dis que je l'aime et le lendemain je fais tout pour qu'il me déteste et qu'il pense que je lui ai menti. Alors, finalement quoique je dise, il ne pourra pas savoir quelle version est réelle ou ne l'est pas. Et je ne peux pas le blâmer pour ça, suffit de me voir actuellement pour réaliser que rien n'est réellement fiable venant de moi. Je ne le suis pas, et j'ai perdu toute crédibilité auprès de lui, et si ça je peux le supporter, que notre amour ait perdu toute sa crédibilité, que notre histoire ne soit plus qu'un ramassis de moments ou je me suis foutue de lui, c'est douloureux et je sais que ça l'est encore plus pour lui parce qu'il y croit. Je voulais qu'il me déteste, j'ai réussi mais j'ai fais bien pire que ça. J'ai détruit notre histoire, j'ai détruit l'amour qu'il y avait en nous, et je lui ai sans doute aussi brisé le cœur encore une fois. Mais c'est une énième preuve qu'il mérite mieux et que s'il y a une chose de vraie dans ce que je lui ai dis, c'est qu'il mérite bien mieux et qu'il aurait du m'empêcher de revenir dans sa vie. Qu'il doit me repousser, qu'il doit m'empêcher de lui faire du mal. Mais je m'apprête à lui en faire encore parce qu'il veut savoir pourquoi je suis partie. Et c'est pour ça que je suis là, alors en cherchant le peu de force qu'il me reste, je me lance dans un semblant d'explication. Mon état rends tout à la fois plus simple et terriblement plus difficile aussi. Parce que je n'ai plus les idées claires, un sens de la logique et une cohérence douteuse mais j'essaye. Je n'ai jamais parlé de ce bébé à quelqu'un d'autre qu'à Nate depuis que je l'ai perdu. Personne ne sait la vérité, parce que j'ai refusé de parler de cette partie de ma vie, même en cure avec les psy, je n'ai jamais parlé de ce bébé alors en parler là maintenant, face à Caleb, je pense que finalement mon état me permets de réussir à le faire. Même si c'est très approximatif, j'y arrive un peu avec douleur et la culpabilité et la honte qui réussissent à se faire une place malgré ce que j'ai consommé. « Notre enfant ? On n’a pas d’enfant, Alex. Tu es complètement bourrée. » Non on a pas d'enfant parce que je l'ai tué. J'entends cette voix dans ma tête de plus en plus forte. Et si je suis bourrée, je ne peux pas lui donner tord, pour le reste il a tord, du moins à moitié. Enfin presque. Enfin j'en sais rien, mais si je l'ai quitté c'est à cause de notre enfant, et ça je l'ai pas inventé. Les souvenirs de ce sang qui coule et de cette douleur vive qui me tiraille le ventre et les heures suivantes à l'hopital. Je ne sais pas si c'est à cause de la drogue, de l'alcool, ou juste parce que nous parlons de cet enfant, mais les souvenirs me semblent si réels et je me sens si fébrile, si vulnérable. Heureusement je suis assisse sur le canapé de Caleb, parce que je tremble toujours un peu plus. Je ne le regarde pas, je ne peux. « Tu ne m’aimais pas, Alex. Tu passes ton temps à me mentir, je ne croirai plus jamais un mot de tout ce que tu me dis. On ne traite pas la personne qu’on aime comme tu l’as fait. » Je lui dis la vérité, celle que je porte en moi depuis huit ans, je trouve la force de lui avouer et il ne me croit pas. Il ne me croit plus alors à quoi bon nous faire subir ça ? Je sens mon cœur battre contre mes tempes, je ne sais pas si c'est normal, si mon cœur bat plus fort, plus vite, si c'est la colère ou si ce sont les effets de la drogue mais je me masse les tempes en fronçant les sourcils. « Si tu veux plus croire un mot de ce que je te dis, pourquoi tu m'as demandé alors ? » Je souffle ces mots, tiraillée entre la douleur, l'émotion, et la colère. Je lui ai dis la vérité, mais il ne veut pas me croire et si ce sont mes trop nombreux mensonges des derniers jours qui sont responsables de ses doutes, c'est pourtant envers lui que je suis en colère parce qu'il voulait savoir et il refuse la vérité. « Tu as pris autre chose ce soir, pas vrai ? Qu’est-ce que tu as pris ? » Je relève la tête, quelques secondes vers lui, je lève les épaules. « Je sais plus, de l'alcool, de la bière, de la vodka enfin je crois, et d'autres trucs qu'on m'a vendu l'autre soir. » D'autres trucs, c'est clairement de la drogue, mais je ne le dis pas comme ça, comme je ne lui cache pas non plus que je n'ai pas pris que de l'alcool. De toute façon on s'en fout non ? Et puis c'est pas la première fois finalement, alors ce n'est pas si grave non ? Je n'avais pas touché à la drogue depuis Aout 2015, mais ça aussi c'est pas si grave non ? « Mais on s'en fout de ça, c'est pas important, tu vas pas croire ce que je te dis de toute façon non ? » Oui je reprends ces mots, après tout, il ne croira plus jamais un mot qui sort de ma bouche, c'est ce qu'il a dit alors pourquoi il me questionne ? C'est pas grave de toute façon. Plus rien n'est grave, puisque plus rien n'existe s'il n'y croit pas non ? Ca ne marche pas comme ça et mes yeux se baissent sur l'enveloppe que je tiens. Voilà au moins un truc qu'il pourra croire si lui ne me croit plus. « Mais tu as raison, je suis complètement bourrée et surement complètement défoncée, et tu as raison on a pas d'enfant, parce que je l'ai tué. » Je soupire, je retiens la nausée qui me prends alors que je lui dis ces mots, que je lui partage cette réalité. Je m'agite sur son canapé, je bouge nerveusement, je tremble à nouveau et je lutte contre l'envie de m'effondrer pour ne pas avoir à poursuivre cette discussion, mais je me reprends. Je soupire, je souffle avant de reprendre plus calmement, ou du moins c'est ce que j'essaye de faire. « Mais j'étais enceinte quand je suis partie, j'ai paniqué et me suis enfouie. Mais, j'étais enceinte de toi, et il est mort. Et si tu veux pas me croire, si tu crois que je pourrais te mentir sur ça, tiens regardes la dedans, y'a tout, son bracelet de maternité et son certificat de décès. » Je ne sais pas comment je réussis à dire ces mots sans m'effondrer alors que ma voix tremble, que la réalité est difficile à dire comme elle sera difficile à entendre pour lui. Mais, c'est pourtant la réalité et je pourrais tourner ça n'importe comment, ce sera toujours la même chose. J'ai tué notre enfant et cette nuit je lui avoues. Et alors que je lui tends l'enveloppe que je tiens dans mes mains depuis que je suis arrivée chez lui, les larmes, l'émotion prends le dessus et je m'effondre. « Je suis tellement désolée, j'ai jamais voulu lui faire du mal, je devais le protéger et il est mort. » Je l'ai tué et c'est tout ce à quoi je peux penser. Je ne peux pas regarder Caleb, je ne peux pas voir sa réaction, j'ai trop peur alors que je me sens déjà tellement coupable et responsable. Mais maintenant il sait qui je suis. Une femme qui fuit face à la responsabilité de devenir mère et une femme qui tue son propre enfant, une femme qu'il ne pourra plus jamais aimer, et je le comprends, puisque cette femme je la déteste moi aussi.

@Caleb Anderson    
  

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Juin 2019
Bristol

tw : consommation drogue, alcool, grossesse, perte d'un bébé

Comment lui faire savoir que je mentais par message ? Comment lui montrer que tout ça n'était qu'un mensonge ? Comment lui montrer que notre histoire a compté pour moi, réellement compté ? Je ne peux pas, quoique je lui dise désormais, il n'y a plus d'impact et je le vois à sa manière de réagir. Il secoue la tête. « Arrête de me mentir. Je ne te crois plus. » Je ne mens pas. J'ai envie de lui crier que je suis sincère avec lui. Que je ne pourrais pas lui mentir comme ça face à lui, mais je lui ai déjà tellement menti par message qu'il ne me croit plus et finalement si ça fait mal, c'est en somme logique non ? Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. J'ai voulu le repousser, j'ai voulu lui donner une raison de me detester et j'ai réussi et aujourd'hui j'en paye le prix et lui aussi. Parce qu'il ne fait pas que douter de moi, il doute de notre histoire, de notre amour, de nos souvenirs et c'est sans doute ça le plus dur à encaisser. Qu'il doute de moi, c'est normal, il suffit de me voir. Je n'inspire pas vraiment la confiance, mais notre histoire est tout ce qu'il nous reste et je l'ai détruit aussi. Au moins, il pourra m'oublier plus rapidement, c'était l'objectif après tout non ? Et après ce que je m'apprête à lui avouer, il ne pourra que vouloir m'oublier définitivement. Mais, une partie de moi ne supporte pas qu'il puisse penser ça de notre histoire même si j'ai tout fais pour. Il m'a cru quand je lui ai dis toutes ces choses par sms, et aujourd'hui, il ne me croit plus et ça me blesse, ça m'énerve aussi alors qu'il n'y a qu'une seule personne à blâmer c'est moi. Pourtant je lui en veux aussi de ne pas réussir à me comprendre et à comprendre les raisons de mes mensonges. De ne pas réussir à voir au delà des mots que je lui ai dis. Je lui en veux, mais c'est surtout après moi que je suis en colère même si ça se répercute aussi sur lui. Je vais mal, je suis mal, et il le voit sans mal, je suis dans l'incapacité de le cacher ce soir. Pas moi-même mais pourtant c'est sans doute la version la plus authentique que je lui présente. La drogue et l'alcool agissent sur mon comportement mais je ne peux pas mentir, je ne peux pas faire semblant, je ne peux pas cacher mes émotions, j'en suis incapable. J'ai trop bu. J'ai trop consommé. J'ai trop peu dormi aussi. Il le voit, il le devine, il sait. Parce qu'il me connait et si désormais il pense que je lui ai menti pendant 5 ans, il connait chaque attitude de ma part, chaque facette de moi et il semble être préoccupé par mon état. Je ne mérite pas ses inquiétudes. « Tu as pris quelque chose sans savoir ce que c’était ? » Je lève les épaules encore avant de lui répondre sans même réfléchir à la réponse. Je n'en suis plus vraiment capable de toute manière. « Si, si je sais, mais t'en fais pas pour moi j'ai l'habitude, je gère. » Vrai et faux à la fois. J'avais l'habitude, ce n'est plus le cas aujourd'hui et la manière de gérer les choses peut être sujet à douter parce que j'ai clairement pas l'air de gérer quoique ce soit. Mais, ce n'est pas sur ma consommation de drogue, actuelle ou passé, que j'ai envie de m'étendre. Je n'ai envie de m'étendre sur rien en vrai, mais pourtant c'est bien sur un sujet en particulier que je dois me concentrer. Il ne me croit plus. Il ne m'a pas cru quand je lui ai parlé de notre enfant, parce que nous n'en avons pas, et sur ce point il a raison. Mais, la vérité est bien différente, et puisqu'il ne me croit plus, la seule chose que je peux faire, c'est de lui dire la vérité et de lui apporter les preuves et de cette vérité j'ai cette enveloppe avec moi. Et les documents qui prouvent que je ne mens pas, pas sur ça. Je pleure, je n'arrive pas à le regarder, mais je lui dis. Je lui ai dis la vérité. Celle que je lui ai caché pendant des années, et ces derniers mois. Cette vérité qui me ronge depuis huit ans, que je porte comme un fardeau, une culpabilité qui me pousse encore aujourd'hui à replonger dans mes travers parce que je n'arrive pas à supporter ce poids que je porte en moi. J'ai honte, j'ai mal, je me déteste et je n'attends qu'une chose désormais ; qu'il ressente la même chose à mon égard parce que c'est tout ce que je mérite. Je ne peux pas le regarder, je ne peux pas lui faire face, alors je baisse la tête. L'enveloppe n'est plus dans mes mains, et si les larmes roulent sur mon joue, et les sanglots menacent de me faire complètement craquer, je me force à boire quelques gorgées du verre qu'il a placé dans ma main. Je le pose sur le sol et après quelques secondes de silence, Caleb prends la parole. « Tu étais enceinte ? » Quand je l'entends me questionner je relève les yeux vers lui inconsciemment et je le vois me regarder, regarder mon ventre et ce simple regard qu'il pose sur moi me fait me sentir si vulnérable. Je ramène mes genoux contre moi, je me replie sur moi à la recherche d'un sentiment de sécurité que je n'ai jamais su me faire ressentir seule. Pourtant j'ai besoin de rester concentrée et centrée aussi sur ce moment, sur cette discussion même si mon esprit menace de mettre fin à tout ça, parce que c'est trop dur. Mais je ne peux pas fuir, alors même si tout est trop dur, je lutte pour rester ancrée sur l'instant. « Oui, de cinq mois quand je l'ai découvert. » Cinq mois avant la découverte durant lesquels j'ai vécu la vie de toute jeune femme de 21 ans qui découvre le monde, la vie, la fête et personne autour de moi ne pouvait se douter que j'étais enceinte, ni mes proches, ni Caleb, ni moi-même et pour ça aussi je m'en veux. Je me sens coupable parce que c'est à cause de tout ça que ce bébé est mort. Parler de tout ça est tellement difficile. Et ça l'est aussi pour lui, parce que si pour moi ce n'est pas une nouveauté cette information, pour lui c'est le choc et ça se ressent dans son attitude et dans sa manière de parler. « Pour-pourq– »  Il bégaie, il est perdu et je ne peux pas lui en vouloir, j'ai eu 8 ans pour gérer ça, et je n'ai finalement pas réussi puisqu'il a fallu que je sois dans un état pitoyable pour lui annoncer. « Pourquoi tu ne me l’as pas dit ? » Un bras qui tient toujours mes genoux contre moi, l'autre main qui masse mes temps, il veut avoir cette discussion là maintenant ? Il veut des réponses concrètes et censées alors que je suis dans un état qui laisse clairement à désirer, mais je sais que je n'aurais surement pas la force d'avoir cette discussion une nouvelle fois et je doute qu'il ait envie de me reparler après ça, alors je tente de rester focaliser sur ses questions. L'une après l'autre. « J'ai eu peur, je voulais pas avoir un enfant, j'étais pas prête, je pouvais pas être mère et j'ai eu peur que tu ne puisses pas me pardonner de ne pas en vouloir. » J'avais peur qu'il me déteste, qu'il réalise que je n'étais pas la femme qu'il voulait pour faire sa vie, qu'il réalise que je n'étais pas celle qu'il aimait. J'ai eu peur, j'ai paniqué, j'ai fuis parce que c'était trop dur à gérer. Mais aujourd'hui, je sais que j'ai fais une erreur. Pas qu'une mais c'est trop tard de toute façon. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Je laisse un silence, un trop long silence alors que je me replonge dans des souvenirs que j'avais verouillé et auquel je me refusais de penser. Sauf que là je ne contrôle pas. Et je repense à tout ça. De la découverte de la grossesse, à la découverte de sa mort jusqu'à l'accouchement. Je sens mon corps qui se crispe, je sens mon cœur qui frappe toujours avec force contre mes tempes. Je ne sais pas ce qu'il veut savoir vraiment mais je sais que je lui dois une réponse même si je préférerai fuir, mais j'en suis incapable. « Il est mort alors que je devais le protéger. » Ca il le sait déjà, je lui ai déjà dis et après avoir dis cette phrase, je souffle doucement pour éviter de laisser les sanglots reprendre de plus belles. « Son cœur s'est arrêté de battre en moi, il est mort dans mon ventre. J'ai bu, j'ai fumé, je l'ai mis en danger pendant cinq mois et il est mort. Je suis tellement désolée, je ne voulais pas être mère mais je ne voulais pas qu'il meurt, je te jure que je voulais pas. » Il ne me croit plus, il l'a dit mais sur ça j'ai besoin qu'il me croit. Je suis responsable, je suis coupable de la mort de ce bébé, son bébé, mais je ne l'ai jamais voulu et si ça ne fait aucune différence dans la manière dont je me sens coupable, j'ai besoin qu'il y croit, qu'il sache que si je suis une personne horrible, je ne le suis pas à ce point là. « J'ai cru que partir serait plus simple, que c'était mieux pour tout le monde, que si tu ne savais jamais pour ce bébé, ça serait mieux pour toi, et pour moi, que j'arriverai à tourner la page loin de toi, mais j'avais tord. » La preuve aujourd'hui, et ces dernieres années à New York. Je n'ai pas tourné la page, je n'ai jamais cessé d'y penser et de me punir pour ça, sauf que ces derniers mois, je n'y ai pas pensé. Ou plutôt moins, quand il était là. J'y ai moins pensé, j'ai cessé de me punir, parce qu'il était là mais aujourd'hui, la situation prouve bien que j'avais tord encore une fois et que j'aurais du lui dire depuis longtemps.   »Je ne voulais pas me servir de toi, mais ces derniers mois avec toi ont été ce qui m'est arrivé de mieux et à tes côtés j'oubliais tout ça, j'aurais du te l'avouer mais j'ai eu peur que tu me détestes. » Et parce que j'avais tellement peur de ça, j'ai tout fait pour qu'il me déteste, et aujourd'hui en plus de mon comportement de garce, il doit aussi digérer que j'ai tué son fils. « C'était un garçon. » J'ajoute dans un soupir, il aurait pu avoir un fils et je l'ai privé de ça, et aujourd'hui, il doit à la fois apprendre l'existence d'un bébé et faire son deuil aussi de ce bébé. Et ça fait beaucoup d'informations à gérer pour lui.  

@Caleb Anderson    
  

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Juin 2019
Bristol

tw : consommation drogue, alcool, grossesse, perte d'un bébé

Voilà, il le sait. Il n'y a plus de retour en arrière possible. Plus de mensonges derrière lesquels se cacher. Il sait désormais les raisons de mon départ, il sait désormais ce pourquoi je lui ai dis, il y a quelques jours, que nous avons fait une erreur et qu'il doit me repousser. Parce que je ne suis pas la femme qu'il lui faut, pas une femme qu'il peut aimer. Il recule quand je lui annonce, il s'éloigne de moi et je ne peux même pas lui en vouloir. Il peut bien me détester, il doit me détester, parce que je me déteste et tout autre réaction serait incompréhensible pour moi. Je lui ai menti, je lui ai caché la vérité, j'ai brisé notre couple et surtout, j'ai tué notre enfant et ça, je ne pourrais jamais me le pardonner alors je ne m'attends pas à ce qu'il le fasse. Mais, pour l'instant, c'est la grossesse qui est au centre de la discussion. Cette grossesse que je lui ai caché, mais que mon corps avant ça, nous avait caché à tous les deux durant cinq mois. « Cinq mois ? » Je secoue la tête. Oui cinq mois. Cinq mois de notre vie à vivre avec lui sans savoir qu'il était là et pendant 8 ans, Caleb ne l'a pas su. Jusqu'à aujourd'hui. « Pendant cinq mois oui mais je savais pas que j'étais encente avant. Il doit attendre plus d'informations, mais je n'en ai pas. Enfin si, j'en ai beaucoup, mais elles ne me semblent pas si importante là maintenant. C'est pourtant un élément important, le choc de l'annonce, mon corps qui change d'un coup, ma vie qui bascule sans que je ne sois prête. Ce sont des éléments importants pour comprendre la suite, mais je ne lui en parle pas. Je l'ai tenu à l'écart à l'époque et aujourd'hui, c'est trop tard pour utiliser tout ça comme excuse. Pourtant, il a besoin de comprendre, il me questionne, il veut savoir pourquoi je ne lui ai rien dis. J'ai milles excuses, mais aucune de suffisantes pour expliquer ce que j'ai fais. Je m'effondre petit à petit, intérieurement je suis au plus mal, mais je trouve le moyen de lui répondre. De rester concentrée sur chacune de ses questions pour tenter de lui apporter des réponses même si mon état ne me permets pas d'être calme. Je n'aurais sans doute pas pu l'être même sans tout cet alcool dans mon organisme, parce qu'on parle de ce qui a changé ma vie et pas dans le bon sens du terme. J'ai perdu le bébé, mais j'ai tout perdu aussi. Par ma faute, j'en ai conscience aujourd'hui, et c'est sans doute pour ça que je suis revenue à Bristol il y a quelques mois. Parce que je sais que je suis la seule à blâmer dans ce qu'il s'est passé dans ma vie, mais ça ne rends pas les choses plus facile, au contraire même. Ca fait 8 ans que j'ai tout perdu. Caleb, et notre bébé. Et pour les deux, je suis la seule fautive mais je ne peux pas me pardonner d'avoir tué ce bébé, je ne pourrais jamais parce qu'il n'avait que moi, je devais le protéger et j'ai échoué. Pire encore, je l'ai mis en danger et je l'ai tué, une responsabilité et une culpabilité avec lesquelles je vis depuis presque huit ans maintenant et rien ne pourra alléger ma conscience, je ne le souhaite pas parce que c'est tout ce que je mérite. « Mais tu ne savais pas que tu étais enceinte. Ce n’est pas de ta faute, Alex. » J'ai un temps d'arrêt, je ne bouge plus, je ne le regarde pas, j'en suis incapable, mais je crois que ses mots me perturbent beaucoup trop. Plus que l'alcool, plus que la drogue que j'ai consommé, plus que la fatigue accumulée ces derniers jours. Ce n'est pas de ta faute. Et de toutes les phrases que je m'attendais à entendre en lui annonçant la vérité, celle ci n'en faisait pas partie, pas du tout. Parce que pour moi, tout est de ma faute. Pour moi, je suis coupable, responsable, fautive et je refuse d'entendre autre chose parce que ça fait huit ans que je me construis avec cette culpabilité en moi. « Je devais le protéger. C'était mon rôle. Il était là, si petit, il n'avait que moi et j'aurais du savoir, j'aurais du sentir sa présence plus tôt, j'aurais du, c'est ça qu'on attends d'une mère et moi j'ai tout râté et je l'ai tué. » Je ne pouvais pas être mère, je ne voulais pas l'être, pas comme ça, pas si tôt, pas alors que je réussissais à peine à m'occuper de moi. Je ne voulais pas et la vie m'a prouvé que j'avais raison, et que dès le début je n'ai pas su être une mère pour cet enfant. Et si mes parents ont jamais vraiment su comment m'aimer, eux au moins, ils ont réussi à ne pas me tuer, ce qui fait d'eux des meilleurs parents que moi, et c'est clairement pas quelque chose de positif pour moi.  « Tu n’avais pas le droit de m’exclure comme ça. Ça me concernait tout autant que toi. » Je sens sa colère, je n'ai pas besoin de le regarder pour ça, de toute façon je suis bien incapable de le regarder, non pas que j'ai peur de voir sa colère, je sais qu'il l'est et je n'attendais rien d'autres de sa part, mais j'ai trop honte de moi pour avoir à soutenir son regard. « J'ai paniqué quand je l'ai appris et quand je l'ai perdu, je ne voulais pas que tu apprennes que je l'avais tué, ça ne servait plus à rien de te l'annoncer pour te faire souffrir pour rien. » Je voulais le protéger et me protéger aussi. Le bébé n'était plus, et j'aurais pu retourner le voir et lui dire la vérité, j'aurais pu même lui mentir et lui cacher cette perte, j'aurais pu mais je savais qu'il méritait mieux et je le sais encore aujourd'hui même si j'ai eu tendance à l'oublier ces dernières semaines passées à ses côtés. Caleb a toujours mérité mieux que moi, Caleb a toujours fait ressortir le meilleur de moi en oubliant le pire, mais pourtant le pire est bien réel et aujourd'hui, il le voit bien. Et si mes larmes sont nombreuses et courantes, les siennes sont toujours bien plus difficiles à gérer surtout parce que j'ai beau être pleine de culpabilité, il reste encore un peu de place pour que je ressente la douleur de l'entendre pleurer lui aussi. « Tu n’avais pas le droit de me mettre à l’écart de cette grossesse. C’était aussi mon enfant. »  C'était son fils aussi oui. « Tu as raison. Je sais aujourd'hui que j'aurais pas du faire ça, c'était ton enfant. » L'avouer est dur, être honnête à ce sujet est d'une douleur presque aussi grande qu'avouer la mort de ce bébé, parce que ça veut aussi dire que tout ce que j'ai subi ensuite, toutes les erreurs que j'ai faite ensuite causées par la douleur de cette perte, il n'y a personne à blâmer, rien de positif à en retirer, rien de bon à garder. Je n'ai pas protégé Caleb comme je me forçais à croire, je n'ai pas fais le bon choix, ni pour lui, ni pour moi. Et l'avouer me donne encore plus de culpabilité et de colère envers moi-même. Mais, il a raison. Ca le concernait aussi mais c'est bien plus simple à dire aujourd'hui, enfin non pas plus simple, mais à l'époque j'étais incapable de pouvoir penser ainsi. Pourtant, je l'aimais Caleb, je l'aimais tellement et l'entendre prononcer ces quelques mots ne risquent pas d'alléger ma peine et ce sentiment de culpabilité et de colère que je ressens envers moi-même.  « Tu ne peux même pas imaginer à quel point tu m’as fait du mal. Tu n’imagines pas à quel point tu m’as brisé le cœur. » Non je ne peux pas imaginer parce que je suis partie et je me suis convaincue qu'il serait plus heureux sans moi. « Je suis tellement désolée. » Je le dis d'une toute petite voix, la culpabilité est énorme en l'entendant me confier ces mots. L'entendre me le dire ainsi me serre le cœur, j'ai tué notre enfant et j'ai brisé le cœur de l'homme que j'aimais, j'ai vraiment tout échoué dans ma vie et je me demande encore comment il a pu retomber amoureux de moi tellement je me dégoute mais je ne suis pas au bout de mes surprises, parce que si j'avais des choses à lui annoncer, lui aussi en a visiblement. « Je suppose que Nate ne te l’a jamais dit, mais je venais d’acheter une bague. Une bague de fiançailles. J’allais te demander en mariage.» J'ai la tête qui tourne, le corps qui tremble, le cœur qui bat un peu trop vite mais pendant une minute, peut-être moins, je crois que j'ai un moment d'absence. J'entends ce qu'il me dit, j'entends ses mots, j'entends cet aveux mais je fixe le sol sans bouger. J'étais prête (enfin presque) pour les annonces, pour la vérité, mais pour la dire mais clairement pas pour l'entendre. Il voulait faire sa vie avec moi, il préparait sa demande, il préparait notre vie à deux pour toujours et moi je suis partie. J'ai balayé cinq ans de notre vie, et nos projets. J'ai tout gâché et si j'en avais déjà conscience, l'entendre me dire ça, me fait l'effet d'un coup de massue. « Pourquoi tu dis ça maintenant ? » Je lui demande entre deux sanglots. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je suis désolée d'avoir tout gâché ? De t'avoir brisé le cœur ? D'avoir foutu en l'air notre histoire ? » Je prends de plus en plus conscience à mesure que je parle que je m'agite, ce n'est pas après lui que j'en ai, mais après moi, uniquement moi, je me lève du canapé je ne sais même pas comment et je me mets à marcher dans son salon. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment je tiens debout mais je ne peux pas rester assisse, je ne peux pas rester sans bouger. « J'ai passé sept ans à me détester, à essayer de me détruire pour me punir, parce que oui je suis désolée, je suis tellement désolée, mais ça change quoi finalement ? Rien du tout, j'ai tout gâché, je t'ai blessé, je détruis tout ce que je touche et le pire c'est que j'ai jamais cessé de t'aimer mais même ça je suis incapable de le faire correctement. Tu voulais faire ta vie avec moi et moi j'ai tout détruit, alors que je t'aimais tellement, tu peux pas imaginer à quel point je t'aimais. Je suis tellement désolée mais je t'ai évité de faire une erreur en m'épousant. » Je suis tellement en colère contre moi. Je m'arrête de marcher et sans même que je ne prenne conscience de ce que je fais, je frappe dans le mur pour évacuer la colère que je ressens, pour évacuer les émotions négatives qui m'envahissent et que je ne gère pas du tout alors que je découvre que j'avais absolument tout pour être heureuse. Que j'aurais pu choisir de l'être si je n'avais pas tout gâché et c'est difficile de réaliser que j'ai tout détruit, toute seule. Les larmes qui roulent sur mes joues, je relève la tête vers lui, remercie le mur à côté de moi de me retenir et de m'éviter de tomber et je le regarde enfin. « Regarde moi, regarde qui je suis. Tu as toujours mérité mieux, je suis désolée d'être revenue dans ta vie, j'aurais pas du. » Je me laisse tomber au sol, en tentant de maitriser au mieux la descente/chute, je m'assoie sur le sol à mon tour, je suis épuisée, je suis complètement détruite à nouveau et j'ai l'impression que ce soir quelque chose vient de se casser à nouveau en moi mais je n'arrive pas encore à savoir ce que ça signifie.   « Tu n'aurais jamais du tomber amoureux de moi, tout aurait été plus simple pour toi. » C'est horrible pour moi de lui dire ça, parce que notre histoire est sans aucun doute ce que j'ai connu de plus beau dans ma vie, mais pour lui, je pense sincèrement qu'il aurait eu une plus belle vie s'il n'était pas tombé amoureux de moi, je le pense sincèrement.

@Caleb Anderson    
  

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