(CAELE #13) Quelque chose dans sa voix sonne comme quelque chose qui saigne…

26/12/1999

« Quelque chose dans sa voix sonne comme quelque chose qui saigne… » @Carl Flanagan & Adèle Shephard.

Dans cette chambre, elle tourne en rond, rumine. Sa montre qui n’avance même pas, alors qu’elle vient de poser son regard pour la cinquième fois dessus en moins d’une minute, ses mains moites, elle attend avec impatience la venue de l’étudiant qui vit dans la même chambre qu’elle et dont elle s’empresse tous les soirs de retrouver avec la même énergie et le même enthousiasme. Aujourd’hui, c’est inquiète et absolument pas prête à ce qui va se passer, qu’elle l’attend, son visage appuyé contre le rebord de la fenêtre, son regard perdu sur la ruelle extérieur. Elle ne sait plus quoi penser, voulant simplement effacer ce maudit sms qu’elle a envoyé au Flanagan un peu plus tôt, laissant présager qu’elle avait besoin de lui, plus que d’ordinaire et qu’elle avait quelque chose d’important à lui dire. Elle sait qu’elle n’aurait jamais dû. Elle aurait mieux fait de garder tout ça pour elle comme elle sait si bien le faire depuis plus d’un an. Elle a peur qu’il la rejette, qu’il lui en veuille, et par-dessus tout, elle a peur d’exprimer ses sentiments, et ce qu’elle ressent face à ce qui représentait un jour, un frère qu’elle a tant aimé, et tant voulu protéger sans jamais y parvenir. Prendre son courage à deux mains, Adèle l’a longtemps envisagé. Carl partage officiellement sa vie amoureuse depuis plus de trois mois, et bien plus d’un an où ils se côtoient l’un et l’autre. Et elle n’a jamais trouvé la force et le courage de lui parler de Ash. Ca peut évidemment faire poser des questions, soulever une problématique, et d’ailleurs, Cody n’a pas manqué de lui faire rappeler combien il était tant qu’elle lui ouvre cet accès. Ne comprenant pas comment sa cadette a pu cacher quelque chose d’aussi important si elle tient un minimum à lui. Elle s’est pris une gifle devant les mots du boxeur. Elle l’a détesté pour cette franchise aussi. Des mots qui lui sont encore aujourd’hui douloureux, parce qu’elle n’a pas cherché à mentir à Carl ou lui cacher quoi que ce soit, mais se protéger, elle. Se protéger de ce qu’elle a déjà tant enduré avec la mort, lui rappelant ainsi la mort de ses parents. Cette petite fille qu’elle était à l’époque et qui, inconsciemment a dû revivre cette peine une énième fois. C’est lorsqu’elle entend la porte se refermer sur elle, qu’elle tourne son visage vers celle-ci pour observer la silhouette du Flanagan, qui se demande sans aucun doute pourquoi Adèle avait tant besoin de le voir rapidement. Elle a certes toujours été cette personne ne laissant aucun doute sur le fait qu’il soit important pour elle, mais à quel point, as-t’elle besoin qu’il soit auprès d’elle aujourd’hui ? Ca, il n’en sait rien. « J’aimerai que tu partages quelque chose qui m’est important, aujourd’hui… » Qu’elle se contente d’avouer avant d’entourer tendrement sa taille de ses bras pour filer sur la pointe des pieds et lui déposer un baiser sur ses lèvres. Elle n’est pas rassurée, sa gorge est nouée, et son ventre est douloureux. Elle aimerait qu’il comprenne, elle aurait aimé qu’il comprenne sans même à avoir besoin de passer par cette étape pour qu’il sache. Le cimetière elle n’y va presque jamais, mais elle ne parvient pas à savoir jusqu’où ses jambes seront capables de la porter, alors qu’elle fait face à l’étudiant, qui doit bien la trouver mystérieuse, et triste aujourd’hui. Plus que d’ordinaire, quand elle est tout ce contraire. Quand un rien la fait rire, et qu’elle respire la joie de vivre. Mais elle n’a pas pansé ses blessures, elle n’a fait que les repousser. Parce qu’il est toujours plus simple de fuir que d’affronter. Parce qu’elle ne sait pas jusqu’où il est prêt à aller pour elle, et que cette réponse l’effraie. Si bien qu’elle se refusera de la poser. Et c’est d’ailleurs sans attendre qu’ils quittent leur chambre avant de descendre par le couloir et de sortir de la résidence. Ce n’est au bout que de quelques longues minutes et dans un silence d’aplomb, que Carl peut enfin voir dessiner le cimetière sous ses yeux. Son cœur se met à bondir dans sa poitrine quand elle vient prendre sa main dans la sienne, qu’elle cherche inconsciemment un réconfort dans son regard, qu’elle ne trouvera peut-être jamais. « On en a pas pour longtemps… » Elle souffle, le peu de temps qui circule déjà est bien trop pour elle, et elle demeure dans l’incapacité de dire quoi que ce soit, de le rassurer, quand elle rechercherait n’importe quoi du genre dans son regard ou dans cette main qu’elle ne veut plus lâcher. « Je voudrais te présenter quelqu’un, » ses jambes connaissent le chemin par cœur, alors que son cœur rate un battement lorsqu’elle s’arrête devant une tombe. Devant sa tombe. Celle où est écrit Ash Shephard 1998-2022. L’air est irrespirable, et la tension palpable alors qu’elle ne parvient même pas à détourner son regard pour venir se heurter à celui qui représente un peu tout ce qu’elle attendait depuis ses dernières années mais qui allait certainement douter d’elle, à cet instant. Peut-être même que sa démarche est violente, peut-être qu’elle devrait s’y prendre autrement, peut-être aurait-elle dû simplement lui dire la vérité, installée confortablement sur le lit de leur chambre. Mais Adèle n’a jamais su faire face à la douleur, et la peine. « Je… Je suis désolée. Pour tout, Carl. » Sa voix est éteinte, empreinte de nostalgie quand elle aurait aimé qu’il le sache depuis plus longtemps. Elle se retrouve un peu à l’écart derrière lui, le laissant comprendre par lui-même la raison de leur venue, et ce besoin de conserver pour elle ce qu’elle ressent, sans qu’elle n’y trouve encore de regret verbal.

04/01/2001

☾ quelque chose dans sa voix...

I'm gonna wait 'til the midnight hour, that's when my love come tumbling down. I'm gonna wait 'til the midnight hour when there's no one else around. I'm gonna wait 'til the stars come out and see that twinkle in your eyes. I'm gonna wait 'til the midnight hour that's when my love begins to shine. Nobody around, just you and I.

@Adèle Shephard ☆ CARL FLANAGAN

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07/2024 Canford Cemetery

Les yeux rivés sur le tableau de l’amphithéâtre où trônent les formules du jour, Carl compte déjà les minutes le séparant de la fin de son cours. S’il parvient en temps normal à suivre le programme en tant qu’élève particulièrement appliqué, c’est un peu moins vrai lorsque sa petite amie demande à le voir au plus vite à l’issue de sa journée car cette discussion qui se profile, le garçon n’a pas la moindre idée de ce qu’elle pourrait contenir. Une part de lui craint sans doute qu’Adèle réalise qu’elle ne s’imagine pas conjuguer plus longtemps sa vie avec lui mais ce n’est pas le genre de chose que l’on annonce avec des cœurs comme celui ponctuant son dernier message, et c’est ce qui le rassure quant au motif se cachant derrière ce besoin de le retrouver sans tarder. Carl réunit alors ses affaires avant d’emprunter d’un pas pressé les différents couloirs de l’université, oubliant cet échange qu’il désirait avoir avec son professeur d’algèbre car celle-ci n’a soudainement plus la moindre importance. Le chemin lui semble après ça interminable jusqu’à son appartement, dont il gravit les marches à la hâte avant d’en passer la porte pour aussitôt rejoindre cette chambre où sa petite amie est supposée l’attendre. Et Adèle est bien là, parée d’une petite mine que Carl remarque tout comme son absence de sourire – de quoi le préoccuper peut-être plus encore que cette discussion qu’elle ne semble finalement pas pressée d’avoir, comme il le devine là encore. Il réduit alors la courte distance qui les séparent tandis que la Shephard l’encercle de ses bras, avant de déposer sur ses lèvres un baiser que Carl s’emploie à doucement prolonger. Sa main vient quant à elle effleurer sa joue tandis qu’il garde encore ses interrogations pour lui, son ventre se tordant lentement à l’idée que sa petite amie puisse simplement avoir passé une mauvaise journée. « J’aimerai que tu partages quelque chose qui m’est important, aujourd’hui… » Reculant son visage du sien pour pouvoir l’observer, le garçon est alors envahi d’un nouveau flot de questions se bousculant dans son esprit. Il lui semblait bien, oui, que c’était important mais il lui est impossible de prédire le genre de chose qu’Adèle peut avoir à cœur de lui partager. Carl sait seulement que cela lui importe, et qu’il répondra présent comme chaque fois que l’occasion de passer du temps ensemble se présente. Le reste se dévoilera à lui bien assez vite, se dit-il. « Tout ce que tu voudras, bien sûr. » souffle-t-il dans un doux sourire, ses mains entourant à présent le visage de sa petite amie pendant que ses yeux capturent amoureusement les siens. Il n’est rien dans ce monde que Carl ne puisse pas faire pour elle, et la suivre est après ça la seule chose qu’il s’autorise pour ne pas entraver l’élan qu’Adèle semble vouloir se donner – un élan de courage en vérité, mais il ignore encore comment il convient de le nommer.

Le trajet est silencieux, et leur destination toujours inconnue du garçon pourtant curieux qui n’ose pas réclamer à Adèle un indice sur le lieu vers lequel elle l’emmène. Un flou qui grandit à mesure que le paysage autour d’eux se dessine, et qui se dissipe à la vue d’une imposante grille ornée de lettres qui prennent Carl de court : le cimetière, autrement dit l’un de ces endroits où il n’avait encore jamais mis les pieds dans cette ville. La main de sa petite amie se resserre alors sur la sienne, et ce sont quelques mots qu’Adèle lui adresse avant qu’ils ne s’y s’aventurent ensemble : « On en a pas pour longtemps… » Sur l’instant, Carl ne trouve pas vraiment de quoi lui répondre tant leur présence en ce lieu le trouble et l’interroge. Il n’est pas le plus à l’aise qui soit au milieu de ces tombes, et ce sentiment se confirme lorsque leurs pas avancent à travers ces dernières sans que jamais leurs mains ne se détachent. Un élément lui manque encore, une pièce cruciale de ce puzzle que la Shephard a commencé à reconstituer et qu’il ne parvient pas à résoudre de son côté. Pourquoi l’amener ici, et pourquoi aujourd’hui ? « Je voudrais te présenter quelqu’un. » finit-elle par confesser, face à l’étudiant dont les traits s’animent avec confusion et dont la voix retentit en douceur pour ne pas risquer de brusquer un tel moment. « Ici, vraiment ? » Carl ne comprend toujours pas, il le jure, mais l’épais brouillard se dissipe lorsque les pas de sa petite amie se stoppent face à une tombe dont l’épitaphe lui éclate en plein visage. Ici repose Ash Shephard. Ash, comme ce frère qu’il n’a jamais rencontré et autour duquel Adèle est toujours restée si mystérieuse. Il n’a jamais osé lui demander où celui-ci se trouvait et une part de lui le regrette, car peut-être qu’il aurait épargné un moment aussi douloureux à Adèle. Peut-être, aussi, que lui poser la question aurait été trop intrusif et que lui arracher cette vérité n’aurait pas été lui rendre service. « Oh. » souffle Carl dont la gorge se resserre avec douleur, son regard confrontant ladite tombe et cette photo qu’il peine à regarder. « Je… Je suis désolée. Pour tout, Carl. » Derrière lui, sa petite amie se tient en retrait et c’est sans réfléchir que le garçon fait un pas en arrière avant de tourner sur lui-même pour lui faire face. Se tenir là doit être pour elle terriblement difficile, et il donnerait à cet instant tout ce qu’il possède pour retirer de ses épaules le poids de la douleur qui semble s’abattre sur elle. « Non c’est moi qui.. » Carl prend plusieurs secondes pour peser les mots qu’il s’apprête à lui dire, mais aussi pour s’en vouloir de ne pas avoir effectué cette connexion lui-même. Il aurait dû le saisir, mais cela ne lui a en l’occurrence jamais traversé l’esprit. « Je suis tellement désolé de pas avoir compris. » La culpabilité est grande, aussi grande que cette peine qui le saisit en pensant à celle que doit éprouver Adèle depuis déjà deux longues années. Elle a souffert en silence, elle a souri quand elle n’en avait peut-être même pas envie, et cette idée lui retourne le bide. « Je suis là tu sais. » il lui assure en glissant à nouveau sa main dans la sienne, dans un geste qu’il tente de rendre le moins brutal possible. Il voudrait la prendre dans ses bras mais ne va pas jusque là, préférant laisser à Adèle l’espace dont elle a sans doute besoin ici tout en se disant que certaines erreurs n’auraient pas été commises s’il avait compris. Si elle le lui avait simplement dit. « Mais toi tu.. » Il cherche ses mots, balbutie et hésite avant d’oser poursuivre. « Pourquoi tu m’as rien dit ? » Ce n’est pas un reproche, et sa voix fait en sorte de le laisser entendre tandis que Carl cherche à capturer son regard. Perdu, il l’est sans aucun doute en songeant au terrible malaise du réveillon chez Cody mais si beaucoup d’émotions le percutent, aucune ne s’apparente à la moindre aigreur. Sa tristesse, elle, est en revanche bien réelle.

26/12/1999

« Quelque chose dans sa voix sonne comme quelque chose qui saigne… » @Carl Flanagan & Adèle Shephard.

Il était peut-être temps, direz certains. Temps de quoi au juste ? De laisser son coeur parler, de le sentir battre au plus profond d'elle sans même parvenir à réellement comprendre ce qu'elle s'apprête à faire. Lorsque Carl parviendra avec aisance à passer le pas de la porte, que lui restera-t-elle comme envie de combler ce vide ? Elle-même l'ignore, et probablement que désormais le SMS envoyé, elle ne pourra plus reculer devant l'évidence. Elle ne saura plus rien faire d'autre que se laisser porter par un sentiment qu'elle a tant de fois voulu cacher, rendre prisonnier. La Shephard se connaît suffisamment pour savoir qu'il lui fallait au moins ça pour que cette déchirure soit nette, et reste intacte malgré l'envie à présent qu'il n'en sache rien. C'est trop tard, sans aucun doute, et elle s'en rend bien compte à la seconde où Carl se retrouve face à elle. Il n'hésite pas une seconde à la frôler de son regard, à chercher un réconfort qu'elle ne semble pas prête à offrir à cet instant. Finalement, tout le monde a ses petits secrets, des choses qu'on ne parvient pas à effacer de sa mémoire, qu'on aimerait pourtant enterrer à tout jamais. Adèle comprit, et elle en a bien conscience. Tiraillée entre ce désir de vouloir lui en apprendre un peu plus sur elle, mais aussi cette douleur qui lui sera bien trop grande dans quelques minutes, elle n'est pas taillée pour la vaincre. Elle n'en a jamais eu les épaules, peut-être certainement la raison pour laquelle, la Shephard se rend dans cet endroit si peu souvent. Et qu'elle ose encore moins aborder le sujet avec ses frères. La présence rassurante de son petit ami enlève pour un court instant son appréhension, et ses lèvres se heurtent aux siennes dans une accalmie qu'elle juge essentielle devant cette révélation dont elle s'empresse de chasser de sa mémoire. Elle n'a pas le choix que d'affronter ses angoisses, cette peur qui l'a domine, et surtout cette appréhension qu'elle possède au creux de son ventre. Est-il en mesure de comprendre Carl ? Comprendre pourquoi il n'apprend qu'aujourd'hui ce qu'elle s'apprête à lui dire, quand elle aurait sans doute pu avec beaucoup de volonté et de courage, lui faire part bien plus tôt. Les mots de Cody qui résonnent en elle, lui donnant l'impression de tourner en boucle ses paroles dans sa tête, et le fait est que Carl ne puisse jamais lui pardonner et avoir de nouveau confiance en elle. Ce n'était pas un mensonge, pas aux yeux de la Shephard, ce n'était pas contre lui non plus. Mais à force de chercher à se protéger, elle pourrait bien perdre l'une des plus précieuses choses qu'elle possède dans sa vie et le pire dans tout ça ? Ce sera sans doute bien fait pour elle, Cody se ferait une joie de lui rappeler qu'il le lui avait dit. « Tout ce que tu voudras, bien sûr. » Et il ne fallait pas un mot de plus de la part du Flanagan pour donner une pulsion à la Shephard alors qu'elle s'empresse à quitter cette chambre, cet appartement, puis finalement ce bâtiment en compagnie de Carl. Elle se disait qu'à ses côtés, elle pourrait tout surmonter, ou presque. Avec son innocence qui lui est propre, elle pense de bien des façons qu'ils pourront tout surmonter, sans connaître tous les secrets de l’Étudiant. En sachant pertinemment que si elle lui ouvre un accès à ce secret, un autre demeure bien profondément endormi en elle et qu'elle ne compte pas le moindre du monde, laissé échapper pour l'heure. Elle prétendra devoir gagner du temps, devoir prendre du courage supplémentaire pour que Carl puisse totalement la connaître sur le bout des doigts, puisqu'après cela, elle ne lui cachera plus rien. Rien ne lui fait plus honte que cette maladie qui a été autrefois son quotidien, et si certains prétendront qu'elle s'est battue comme une lionne, ne laissant rien filtrer de son visage, intérieurement, c'est tout autre. Cette blessure reste encore trop ancrée en elle, indélébile. Seule elle, peut savoir tout ça, et ce qu'elle ressent lorsqu'elle se regardait à cette époque dans le miroir. Mais tout n’est que façade, et elle sait rendre le change. « Ici vraiment ? » Elle chasse ses pensées de son esprit, en remarquant le chemin qu'elle a emprunté sans lâcher la main de Carl, probablement qu'elle s'est cramponnée à lui comme si elle avait peur qu'il ne prenne pas le même chemin qu'elle. Comme si il pouvait s’éloigner d’elle, et lorsque ses yeux se posèrent autour d’eux, c’est face à une énorme portail métallique qu’ils font face. Adèle n’a pas le temps de songer à ce qui se passe dans la tête de Carl, aux centaines de questions que l’étudiant doit se poser. Tout s’anime et s’agite dans son coeur, Adèle doit tempérer devant les émotions qui resurgissent à l’instant même où elle devine avec effroi les quelques lettres qui sont alignés les unes à côté des autres sur une plaque qu’elle déteste pourtant regarder. La Shephard s’arrête brusquement, restant planté dans le dos du Flanagan, qui lui tourne à présent le dos. C’est douloureux, c’est amer, et elle réalise avec effroi ce qu’elle vient de faire. « Oh, » qu’il lâche sans même qu’elle ne percute réellement le manque d’empathie qu’elle a eu, à cet instant même pour lui. Mais si son coeur panique et s’agite, elle reste pétrifiée sans oser le rejoindre. Et peu importe les excuses n’auront jamais l’impact qu’elle aurait souhaité. « Non c’est moi qui.. » Il n’aurait rien pu empêcher Carl, cette douleur lacinante qui ne la quitte presque plus depuis deux ans, et ses remords grandissant, alors qu’il est parti rejoindre ce monde en compagnie de la personne la plus chère à ses yeux : sa bagnole. Elle n’observe pas Carl faire demi-tour pour venir la rejoindre. Elle n’observe pas plus ses traits, elle ne saurait pas vraiment déterminé ce qu’il ressent lui, devant cette annonce. Il lui faut un certain temps avant d’émerger. Avant d’entendre le son des paroles de Carl venir chatouiller ses oreilles. Elle relève néanmoins ses yeux sur lui, son coeur qui s’agite. « Je suis tellement désolé de pas avoir compris. » C'était la dernière chose qu'elle désirait, rien n'était de sa faute et si la faute devait se reposer sur quelqu'un, Cody serait d'accord pour dire que c'est entièrement celle de sa propre soeur. « Ne t’en veux pas Carl... » Elle souffle, avant de reprendre doucement, comme si elle cherchait à parler à voix basse, « comment aurait-tu pu songer un seul instant ? » Et quand bien même il aurait deviné, aurait-il été en mesure de lui dire à voix haute ce qu’elle n’acceptera jamais ? Ce qu’elle n’aurait jamais accepté de quiconque, comme elle n’a jamais supporté que Cody en parle au passé ? « J’aurai dû te dire... » Adèle ignore à quoi il pense à cet instant même, et ce n’est pas une manque de confiance, ou ce besoin de lui cacher quelque chose absolument, mais elle ne lui en voudra pas de le penser, comment aurait-elle réagi à sa place ? « Je suis là tu sais. » Elle ferme les yeux devant ses mots quand la main de l’étudiant se glisse doucement dans la sienne. Son coeur qui ne cesse de tambouriner plus fort et devant cette prochaine question de Carl, les yeux de la Shephard se baisse en direction de cette douloureuse photo de son frère dans une voiture de course. « Mais toi tu... Son silence est de marbre alors qu’il semble hésiter, avant de reprendre, il a probablement besoin de connaître cette réponse qu’elle n’aurait jamais eu envie d’entendre. Pas même de sa bouche. Pourquoi tu m’as rien dit ? » Mais comment ne pourrait-il jamais posé cette question quand ils se sont confiés des choses bien plus importantes que cette révélation. Sa relation avec Carl a prit une tournure si particulière, qu’évidemment il est en droit de se demander pourquoi le lui avoir caché aussi longtemps. « Je crois que j’ai simplement manqué de courage. » Et d’ailleurs qu’est-ce qui change aujourd’hui d’hier ? Elle-même l’ignore, tout ceci aurait été plus simple si elle avait oser parler plus tôt. « Et les jours sont passés, sans que je ne réussisse à t’en parler. » Sa main vient resserrer l’étreinte alors qu’il se trouve face à elle, elle lui sourit péniblement, sans réellement savoir ce qu’elle souhaite à présent. Est-ce qu’il serait capable de tout oublier et de faire abstraction de tout ça. « Je comprendrai que tu m’en veuilles... » Elle lâche sans même porter ses yeux sur le Flanagan, trouvant un intérêt soudaine pour ce qui se passe autour d’eux quand la seule personne importante pour elle se trouve pourtant à ses côtés, juste devant elle.

04/01/2001

☾ quelque chose dans sa voix...

I'm gonna wait 'til the midnight hour, that's when my love come tumbling down. I'm gonna wait 'til the midnight hour when there's no one else around. I'm gonna wait 'til the stars come out and see that twinkle in your eyes. I'm gonna wait 'til the midnight hour that's when my love begins to shine. Nobody around, just you and I.

@Adèle Shephard ☆ CARL FLANAGAN

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La culpabilité le saisit à mesure que Carl comprend à côté de quoi il a pu passer durant les derniers mois, et ce lourd secret que sa petite amie a gardé pour elle en imaginant bien le fardeau que cela a dû être. S’il ne pouvait pas lire dans ses pensées ni deviner une chose qu’elle ne lui a jamais confié, le garçon se reproche malgré tout de ne pas avoir senti qu’Adèle avait potentiellement besoin d’en parler. C’était là, coincé quelque part en elle et il ne s’est douté de rien, pas même lorsque la Shephard a maintenu tout un mystère autour de cet autre frère. Il s’était dit que ça ne le regardait pas forcément, que le sujet était même possiblement sensible vis-à-vis des tensions avec Chelsea et qu’après tout, lui non plus n’avait pas détaillé toute sa situation familiale – ses rapports ô combien compliqués avec son père et la mélancolie de sa mère, en tête de liste. Carl n’a donc jamais cherché plus loin et il le regrette aujourd’hui, sa voix se teintant d’une affliction sincère face à sa petite amie. « Ne t’en veux pas Carl... » C’est pourtant plus fort que lui, la détresse d’Adèle lui a échappé et il considère que ce n’est pas digne du rôle qu’il est censé tenir à ses côtés. « Comment aurait-tu pu songer un seul instant ? » Carl remue doucement la tête, il est vrai qu’il n’a bénéficié d’aucun indice et que parmi toutes les choses auxquelles il aurait pu songer, celle-ci n’aurait pas fait partie de son top dix. Le simple fait d’imaginer qu’elle a souffert en silence est une torture, semblable à celle que le garçon peut présentement ressentir en lisant un tel abattement dans le regard de la Shephard. « J’aurai dû te dire... » La seule question qui lui vient est alors : pourquoi ? Car il était là pour l’entendre, il était là pour le comprendre. Il était là, tout simplement. « Je crois que j’ai simplement manqué de courage. » Si Carl secoue la tête à cet instant, c’est parce qu’il peine à lui donner raison sur ce courage dont elle estime avoir manqué. Il devine bien que le sujet était en tous points difficile à amener, tout comme il n’a lui-même pas encore fait la lumière sur tout ce qu’Adèle devrait savoir à son sujet. Carl vient alors caresser sa joue en douceur, espérant que ce geste saura l’apaiser plutôt que le contraire. « Je te trouve très courageuse, moi. » souffle-t-il et ce n’est pas tout de le dire, car il le pense aussi. Adèle est infiniment courageuse de partager cela avec lui aujourd’hui, c’est ainsi qu’il voit personnellement les choses malgré le fait qu’il aurait aimé l’apprendre un peu plus tôt pour pouvoir correctement l’accompagner. C’est le fait de ne pas avoir pu la soutenir avant ça que Carl vit le plus mal, et l’idée selon laquelle Adèle n’a peut-être pas voulu l’embêter avec ses problèmes quand il était au contraire prêt à tout connaître d’elle. « Tu m’as amené ici alors que ça a dû être difficile, c’est ça qui est courageux. » qu’il poursuit, désireux que sa petite amie ne se montre pas trop dure envers elle-même car tout porte à croire qu’elle avait aussi besoin de temps pour s'ouvrir à lui. « Et les jours sont passés, sans que je ne réussisse à t’en parler. » Sans qu’il n’ait senti quoi que ce soit non plus de son côté, alors même que ce terrible secret devait ronger le cœur et l’esprit de sa bien-aimée.

Avec du recul, Carl se dit qu’il n’a peut-être pas été assez attentif quand pourtant, ses yeux ne se sont jamais réellement détachés d’elle. Il faut alors croire que même ça, ce n’était pas assez. « Je comprendrai que tu m’en veuilles... » Et déjà, Adèle ne le regarde plus. C’est donc une main infiniment délicate que le garçon vient placer au niveau de son menton pour tenter de créer ce contact visuel qui tend à lui manquer, afin que la Shephard puisse lire toute la sincérité de ses mots dans son regard. « Tu veux bien me regarder ? » Lorsque ses yeux parviennent à capter les siens, Carl se prend à étirer un sourire aussi faible que triste. Tout ce qu’il souhaite, c’est qu’Adèle ne s’enferme pas toute seule dans sa tristesse car il lui a promis qu’il serait là, et il n'existe aucun monde dans lequel sa petite amie ne pourrait pas compter sur lui. « Je t’en veux pas, je t’assure. » Il refuse de l’accabler davantage, ce qu’il ressent à cet instant englobe certes beaucoup de choses mais certainement pas de la colère. Il n’estime d’ailleurs pas qu’elle lui a menti, pour ça il aurait déjà fallu qu’elle aborde un minimum le sujet et sur ce dernier, Adèle s’est finalement montrée plus silencieuse qu’autre chose. « J’aurais préféré le savoir avant de me ridiculiser chez Cody, oui.. mais je te reproche rien, c’est promis. » Il n’avait qu’à être moins expansif et curieux ce jour-là, se dit-il. Carl n’en veut en réalité à personne d’autre que lui-même, dans son éternelle propension à se croire responsable de tout. « Et je te forcerai pas à en parler, jamais. » il reprend d’une voix plus prudente encore, sa prochaine question lui faisant craindre d’être brusque quand son intention n’est aucunement celle-là. Il aimerait comprendre, et connaître ce frère qu’Adèle a perdu car qu’il se trouve dans ce monde ou le suivant n’enlève en rien son importance. « Est-ce que tu veux me dire ce qui lui est arrivé ? » Seulement si ce n’est pas trop tôt, semble ajouter son regard avant que sa voix ne se charge de compléter ses pensées. « Je peux comprendre si pour ça aussi, tu as besoin de temps. » Ne te force pas pour moi. Il peut attendre, cela ne constitue en rien une urgence mais c’est un bien triste constat que le garçon vient ensuite dresser lorsque ses yeux se posent de nouveau sur l’épitaphe. « Il était si jeune, c’est pas juste. » déplore-t-il, bien incapable de garder ces mots à l’état de pensée alors que les disparitions aussi jeunes l’ont toujours profondément révolté. Personne ne mérite de partir à l’âge de vingt-quatre ans, personne, et Carl y gagne peut-être bien une boule au ventre en se disant que c'est aussi quasiment son âge, à présent.

26/12/1999

« Quelque chose dans sa voix sonne comme quelque chose qui saigne… » @Carl Flanagan & Adèle Shephard.

Adèle avait bien du mal à cet instant à relever son regard sur lui, tandis que les tombes autour d'eux lui faisaient face. Elle avait l'impression d'être seule, de n'être qu'une étrangère dans un lieu étrangement familier et la vie peinait de reprendre un rythme normal. Sensation étouffante, Carl n'aura plus à vivre ce genre de scène dans le futur, parce qu'elle ne laisse que rarement les choses transparaître. Habituellement, il est difficile de pouvoir la cerner, plus encore dans une intimité aussi étroite que peut ressentir son coeur à cet instant. Elle ne laisse que rarement les choses la blesser, mais elle avait bien besoin qu'il sache. Qu'il sache ce qu'elle a enduré et vécu. Qu'il sache qu'elle aussi, a déjà été blessée et qu'elle a perdu des proches. Que sa famille a subi des pertes. Des pertes qu'elle saurait juger comme irremplaçable quand Cody et elle tentent de survivre dans un monde inconnu. Dans un monde où elle suffoque et cherche encore sa place, des années après. Elle fuit son regard tout comme elle cherchera à fuir ses paroles. Ne pas être confronté à cette douleur s'avère pourtant la chose la plus innée qu'elle sait faire, celle qui lui demande le moins de sacrifice lorsque Carl cherche à soutenir son regard, autant que comprendre ce qui se passe à cet instant dans sa tête. Mais que peut-il comprendre ? Que peut-il faire à son échelle ? Elle-même l'ignore. Et le silence n'a jamais été sien. « Je te trouve très courageuse, moi. » La voix de Carl abîme ce silence effrayant. Il tente de consolider à sa façon les pièces du puzzle, mais il saurait mentir que de prétendre qu'il y parvient avec aisance. Évidemment qu'il n'y parvient pas. Addie ne lui en laisse pas tellement le choix, comme à quiconque quand ça concerne Ash et sa famille. Évidemment qu'il lui manque encore trop de détails. Et ce n'est pas cette main qui frôle son menton dans l'espoir de relever ses yeux pour y croiser toute cette détresse qui y changera quoi que ce soit. Plus de deux ans à fuir cette sensation d'échec, ce besoin de rester dans la confidence, de ne jamais se dévoiler, de se mettre à nu quand elle sait pourtant que l'Irlandais ne la jugera jamais et sera toujours là pour elle. Quoi qu'il arrive pas vrai Carl ? Alors d'où lui vient cette sensation de vouloir se protéger du monde extérieur ? Et de lui aussi ? Elle se souvient encore il y a deux ans, des visages qu'elle a dû observer, les mots qu'elle a dû encaisser, le vide est immense, mais il ne date pas d'hier. Et elle n'a jamais su le combler, ce vide. Elle n'a jamais su vivre avec. Elle le cherche encore partout et a cette impression que ce petit frère veille encore sur elle. L'empêchant parfois les pires conneries. « Tu m’as amené ici alors que ça a dû être difficile, c’est ça qui est courageux. » Elle hausse les épaules, s'épargne bien de poser ses yeux marron sur celui qui officie de bien des façons de tempérer ce volcan en elle. Qui parvient même de bien des façons à la faire sourire même quand ses pensées sont ailleurs. Quand son coeur est triste, et n'a besoin que de solitude, lui, il est là. Toujours, à veiller sur cet enfant qu'elle est.

Les secondes ne défilent pas vite. C'est même lent. Trop selon elle, alors que ce qui les entoure n'a plus à se préoccuper du temps qui en découle. Parfois, c'est ce qu'elle aimerait elle aussi, ne plus vieillir, rester tel quel sans se soucier du temps qui passe. Avoir toute la vie devant elle sans craindre que ce soit désormais trop tard quand elle sait finalement que sa famille est vouée à perdre la vie dans des voitures. N'est-ce pas aussi la raison pour laquelle elle s'est rendue un soir à une course illégale ? Défier le temps ? Défier ce qui est censé être la normalité pour un Shephard ? S'estimer au-dessus de tout quand Ash a pris il y a deux ans la même direction ? Et voilà où ça la menait. Elle ferme les yeux quand elle sent les doigts du Flanagan contre sa peau, qu'il tente de relever son visage en posant ses doigts sur son menton. « Tu veux bien me regarder ? » A-t-elle finalement le choix ? Elle s'était réfugiée avec satisfaction sans vraiment qu'on pose des mots sur ce qui s'est passés, mais c'était sans compter sur son petit ami, qui a ce besoin quotidien de prendre soin des autres et d'elle. Elle ne peut même pas lui en vouloir, elle en ferait de même à sa place. Ce qui se passe autour d'eux n'a plus aucune importance, ni même de l'endroit où ils sont. « Je t’en veux pas, je t’assure. » Il souffle et c'est à cet instant qu'elle ouvre les yeux, qu'elle affronte son regard, d'abord silencieuse. Cherchant les mots, alors que ses pensées se mélangent. Elle n'est plus sûr de pourquoi ils sont venus ici. Plus certaine de vouloir affronter ses questions, parce qu'il doit en avoir. Parce qu'il doit bien y avoir des questions qui lui brûlent la langue. Et dont elle ne connaît même pas l'existence. Et dont elle a enfoui par peur de souffrir davantage, qu'elle a gardé à jamais pour elle sans même le dire à Cody ni à Will. Encore moins à Evan. « Pas moi... » Va t'il comprendre. Va t'il comprendre qu'elle n'a pas besoin qu'on lui en veut, quand elle, elle s'en veut elle-même. Quand elle aurait dû être à ses côtés, mais qu'elle a préféré partir au Mexique. Quand dans son sang, coule ce besoin et ce désir de vouloir aider des inconnus au point de faire souffrir ses proches. « J’aurais préféré le savoir avant de me ridiculiser chez Cody, oui.. mais je te reproche rien, c’est promis. » Elle le remercie silencieusement, seule son regard parle pour elle à cet instant. Elle se doute qu'il n'accueille pas la nouvelle avec gaieté de cœur. Si elle ne lui a pas menti à proprement parler, elle lui a caché l'existence d'un frère, aussi pénible qu'est l'histoire à raconter, la seule vérité est là. « Tu ne t'es pas ridiculisé... » La voix de la Shephard se manifeste enfin. Un réconfort, une vérité qu'elle ne cherchera pas à cacher cette fois. Qu'elle a même besoin qu'il sache « Cody sait, que tu ne savais pas. » Elle tente, avec maladresse sans doute. Elle tente sans être convaincu que c'est pourtant mieux ainsi. Elle n'en a que faire de savoir ce que Cody en pense finalement. C'est ce qu'elle prétendra à voix haute, alors qu'il est la seule personne qu'elle écoute encore. Il est désormais la seule famille qui lui reste et qu'elle accepte près d'elle. Evan n'aura jamais ce privilège. « Et je te forcerai pas à en parler, jamais. » Personne n'y est réellement parvenu, Adèle ne parle presque jamais de Ash. C'est plus facile pour elle en laissant croire que les choses ne l'atteignent pas. Mais finalement dans le fond, ça la touche bien plus qu'elle ne le montrera jamais, elle est pourtant prête à parler de Ash à Carl. Jamais elle ne serait venue ici autrement. Elle ne lui aurait jamais ouvert cette porte d'accès. Qui a peut-être tardé aux yeux du Flanagan, mais certainement pas aux siens. « Est-ce que tu veux me dire ce qui lui est arrivé ? » Ses yeux se détournent de Carl un instant, pour faire face à cette tombe, à cette inscription. Cette date de naissance. Si jeune, bien sûr. Il avait encore la vie devant lui et pourtant, au plus loin que sa mémoire remonte, il aurait aimé savoir tout ça. Sa passion pour les bolides et les courses l'ont emporté. « Je peux comprendre si pour ça aussi, tu as besoin de temps. » Elle ignore par où commencer. Elle ignore en fait bien des réponses sur ce qu'elle ressent à cet instant, sur ce qui l'a blesse aussi. Mais parler de Ash permettra à ce qu'il vive encore un peu. Encore pour quelques minutes. Quelques jours. Peut-être quelques années. « Il était si jeune, c’est pas juste. » Ses chiffres, gravés dans la pierre pour l'éternité, marque autant Carl qu'Adèle, et c'est un constat qui a souvent dérangé la Shephard. Sans qu'elle ne puisse rien y faire. Prenant une bouffée d'oxygène, elle se plongé dans des souvenirs qu'elle a tenté de fois voulu oublier. « Je n'étais pas là. Je n'étais pas en Angleterre quand il est mort. » Et c'est peut-être quelque chose qu'elle se reprochera toute sa vie, que son cousin Will et que son aîné Cody lui ont reproché à son retour en mars 2022. « Il est mort dans un accident de voiture, lors d'une course. » Ses mots lui sont arrachés des lèvres alors même qu'elle ne s'est jamais penché sur le sujet de ses parents. « Ils peuvent enfin être ensembles... » Leur tombe n'est d'ailleurs pas bien loin mais n'est-ce pas déjà suffisant ainsi ? « J'étais au Mexique quand Cody m'a appelé pour Ash. » Avant qu'elle se retourne entièrement vers l'étudiant, se fondant contre son torse avant d'enfouir son visage contre lui, « je ne lui ai même pas dit au revoir... » Comment aurait-elle pu savoir ? Comment aurait-elle pu deviner qu'elle ne le reverrait plus jamais...

04/01/2001

☾ quelque chose dans sa voix...

I'm gonna wait 'til the midnight hour, that's when my love come tumbling down. I'm gonna wait 'til the midnight hour when there's no one else around. I'm gonna wait 'til the stars come out and see that twinkle in your eyes. I'm gonna wait 'til the midnight hour that's when my love begins to shine. Nobody around, just you and I.

@Adèle Shephard ☆ CARL FLANAGAN

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En vouloir à Adèle reviendrait à dire que sa petite amie n'est pas libre d'avoir le moindre secret pour lui, et à ce petit jeu Carl est de loin celui qui pourrait bien perdre. Lui non plus ne lui a certainement pas tout dit, passant sous silence le chaos de son enfance, les rapports ô combien compliqués avec son père ou bien son passé de candidat de télé-réalité dans la tourmente, pour ne pas citer les autres choses que la Shephard pourrait encore apprendre sur son compte. Peut-être bien que leur venue au cimetière lui fait prendre conscience que tout finit toujours par se voir, et qu'on ne peut pas grand-chose contre le fait qu'un jour ou l'autre, la vérité doit sortir. Alors, osera-t-il lui-même tout lui avouer avant qu'Adèle ne fasse certaines découvertes la première ? Cette perspective n'a pas de quoi le rendre très serein car à côté, la disparition d'un frère n'est vraiment pas le pire que l'on puisse garder pour soi. Alors non, il n'en veut pas à Adèle et aimerait plus que tout que de telles pensées sortent de sa tête. « Pas moi... » Chaque mot que sa petite amie prononce lui porte un coup au cœur car face à elle, Carl n'est rien d'autre qu'une éponge partageant sa peine. Il est triste quand elle est triste, il souffre quand elle souffre. Si Adèle va mal, alors il n'a aucune raison d'aller bien lui non plus et entendre qu'elle s'en veut certainement n'est bon qu'à lui arracher la plus affectée des grimaces. « Dis pas ça. » souffle-t-il, ses mains se retenant d'agir pour tenter d'apaiser tout ce qu'elles peuvent car il n'est pas évident de savoir comment s'y prendre, ni si ses gestes sont les bienvenus dans un moment pareil. Carl voudrait la serrer tout contre lui, l'enlacer comme il aurait tant eu besoin d'être enlacé à de nombreuses occasions dans sa vie mais forcer les choses ici et maintenant, le garçon se l'interdit. Seuls quelques gestes timides ont leur place, sa main glissant dans la sienne ou caressant brièvement son visage, pour ne surtout pas lui en imposer davantage. Mais il y a aussi cette culpabilité qui l'envahit à l'idée d'avoir été d'une maladresse sans nom chez Cody, le ramenant à ce terrible soir où sa curiosité s'est une fois de plus retournée contre lui. Il n'aurait pas pu savoir si personne ne disait rien, mais Keefe a au moins eu la décence de ne pas trébucher sur les sujets sensibles, lui. « Tu ne t'es pas ridiculisé... » Il le pense toujours, et en attrape mal au ventre rien qu'à repenser au regard que Cody lui avait lancé. Il n'a pas raflé beaucoup de points ce soir-là Carl, c'est même peu de le dire, mais ce n'est pas comme s'il n'avait pas l'habitude d'être l'invité qui dérange. « Cody sait, que tu ne savais pas. » Et pourtant, on l'a laissé s'enfoncer au lieu de lui dire que ce frère qu'il pensait voir arriver un peu plus tard ne viendrait jamais. Carl peut encore ressentir ce silence de mort qui s'était emparé de la pièce mais désormais, il en comprend au moins le sens.

Une révoltante réalité lui saute alors aux yeux : Ash a été emporté à un âge où il aurait dû avoir la vie devant lui. Et des questions, Carl en a beaucoup quant aux circonstances d'un tel drame seulement il laisse le choix à Adèle de lui donner ou non des détails car de son côté, il est déjà acté que le garçon n'insistera pas. Il ignore d'ailleurs si tout cela le regarde mais pouvoir poser des mots sur une disparition aussi inconcevable l'aiderait peut-être à mieux l'épauler derrière, car Adèle semble jusqu'ici très seule avec son chagrin et ce secret qui devait peser sacrément lourd, lui aussi. « Je n'étais pas là. Je n'étais pas en Angleterre quand il est mort. » Il devine que sa petite amie se sent coupable, il peut sentir que ses regrets sont nombreux et que si c'était à refaire, jamais elle n'aurait quitté l'Angleterre. Pour autant, Carl ne peut s'empêcher de doucement lui souffler : « Je sais ce que tu penses, et tu devrais pas t’en vouloir. » Parce qu'elle n'est tout bonnement coupable de rien, et n'aurait pas pu anticiper le drame qu'elle se charge d'éclaircir ensuite. « Il est mort dans un accident de voiture, lors d'une course. » Une mort violente donc, ce qui doit rendre l'idée de l'avoir perdu encore moins acceptable. Tout ça, Carl le comprend en ayant pourtant bien peu de recul sur ces choses-là, à son échelle. Lui n'a finalement perdu que son grand-père et quand bien même son deuil n'a jamais vraiment été fait, il ne prétend pas mesurer la douleur que provoque la perte d'un frère. Cela, personne ne mérite pour ainsi dire de le vivre. « Ils peuvent enfin être ensembles... » L'emploi du pluriel le surprend ici, et Carl fronce lentement les sourcils en ne sachant pas où sa petite amie veut en venir. Tout porte à croire qu'elle a perdu quelqu'un d'autre, mais le verbaliser serait à cet instant pire que tout. Cette question, le garçon n'estime pas avoir le droit de la poser alors il la ravale, préférant la couver d'un regard doux à la place et lui offrir momentanément son silence. « J'étais au Mexique quand Cody m'a appelé pour Ash. » Sur ces paroles empreintes là encore d'une culpabilité certaine, Adèle trouve refuge dans ses bras et c'est avec prudence et douceur que ces derniers l'enveloppent. Il aimerait tant trouver les mots, il voudrait tant rendre sa peine un peu moins lourde mais que peut-il réellement faire si ce n'est répondre présent et la soutenir comme un petit ami digne de ce nom devrait le faire. « Je ne lui ai même pas dit au revoir... » Cette fois, Carl estime qu'il se doit de rassurer la Shephard toujours blottie contre lui. Ce ne sont peut-être que des mots mais ils viennent du cœur, et certainement pas d'ailleurs. « Je suis là, tu peux compter sur moi et ça changera pas après ça. » Aujourd'hui et tous les autres jours, il sera là et partagera ses joies comme ses peines, quoi qu'il advienne. Adèle n'aura jamais à faire semblant avec lui, tout comme elle peut s'ouvrir ou se refermer sans que Carl ne soit du genre à le lui reprocher. « Tu me parleras de lui quand tu seras prête, d'accord ? Le moment venu, je crois que j'aimerais bien le connaître. » Savoir qui était Ash, et s'ils auraient notamment eu de quoi s'entendre tous les deux. Il n'est peut-être plus là mais il continue de compter, ce frère qu'il n'aura jamais la chance de rencontrer mais qui a bel et bien existé. Après tout, Ash vit toujours quelque part dans le cœur de sa sœur. « Me parler de lui, et de qui tu voudras. » il ajoute, s'autorisant cette unique référence au « ils » intercepté un peu plus tôt. De ça aussi, Adèle sera libre de lui parler bien plus tard, sans que cette autre discussion ne soit obligatoire. C'est elle qui voit, elle qui estime ce qu'il est en droit de savoir. « On reste ici autant de temps que tu veux. Et si tu préfères être seule, je peux m'éloigner un petit moment aussi. » Il peut lui octroyer de l'air et de l'espace même si son instinct premier lui dicte de ne surtout pas la laisser, bien trop soucieux des pensées qui peuvent à cet instant la traverser. Et puis, dans un réflexe animé par son amour pour elle grandissant de jour en jour, Carl vient déposer un baiser sur son front lorsqu'elle relève finalement la tête. « Merci d'avoir partagé ça avec moi. » il souffle, reconnaissant de détenir à présent ce petit bout d'elle car ça compte, qu'il s'agisse d'une preuve de confiance ou bien d'amour – même si inspirer de tels sentiments à quelqu’un, le garçon doute encore que cela soit possible. Qu'importe, ils sont unis et c'est pour l'heure tout ce qui compte.

26/12/1999

« Quelque chose dans sa voix sonne comme quelque chose qui saigne… » @Carl Flanagan & Adèle Shephard.

Adèle peine bien à relever son regard sur son petit ami, il sera rare pour lui - et pour les autres - de la voir dans cette émotion extrême quand bien même Adèle n'a jamais été du genre à savoir garder pour elle ses pensées et ses émotions. Contrairement à ses deux grands frères qui savent parfaitement faire mine de rien, même quand le pire arrive, Adèle est comme un livre ouvert et les personnes en face d'elle parviennent sans une once de difficulté, à savoir que rien ne va, à ses yeux. Aujourd'hui ne déroge pas à la règle : Carl la verra si peu mal à l'aise qu'aujourd'hui, triste aussi, meurtrie dans des pensées qui la rongent. Elle se sent responsable, fautive quand bien même, elle n'était pas sur place au moment de la mort de Ash, pas même présente en Angleterre, mais elle se rejette la faute parce qu'elle n'arrive pas à faire autrement et à accepter cette sentence. Elle préférait secourir des inconnus, des Mexicains qui, après une grosse tempête, ont tout vu partir en fumée que d'être auprès des siens dans son pays natal. Pendant longtemps, Cody le lui a reproché. Parce que lui, il était là, dans la même ville que Ash quand il a vécu la plus terrible des nouvelles, et parfois Adèle se demande ce que son petit frère a ressenti durant ses dernières secondes. Qu'est-ce qui lui est passé par la tête et surtout est-ce qu'il a su que c'était la fin ? On leur a dit que Ash est mort sur le coup, mais ces mots-là, Adèle ne veut pas les entendre. Elle ne veut pas les comprendre, terrorisée par l'idée de se retrouver un jour seule, sans amour. Comme probablement Ash s'est retrouvé. Et depuis, elle rêve secrètement du jour où on lui annoncera que ce n'était qu'une erreur, et qu'il revient vivre auprès d'elle. Ce petit frère qui avait toute la vie devant lui et à qui on n'a pas laissé de secondes chances. Elle n'a plus personne à protéger comme elle le faisait avec Ash. À prendre sa défense contre quiconque qui s'opposait au pilote de course. Mais tout ça, Carl n'est pas censé le savoir. Carl ne pourra rien faire et c'est ce qu'elle se dit même lorsqu'il tente de l'apaiser. De la plus douce des manières qu'elle en ait reconnaissante, même si pour l'heure, elle ne lui avoue pas. Pourtant, il est là, si proche d'elle qu'elle peut sentir son regard sur elle et ses gestes qui lui réchauffent le coeur. Heureusement qu'il est là, en vérité, il l'apaise de bien plus de façon qu'il ne l'imagine. Elle aime être à son contact, et cela, probablement depuis leur première rencontre dans cette salle de cinéma. Peu importe de quelle manière il s'est retrouvé assis à côté d'elle. Peu importe qu'il s'est trompé de salle, parfois le hasard fait bien les choses, davantage quand la vie s'est jouée d'eux durant des mois. Aujourd'hui ça n'a plus d'importance, seule sa présence compte aux yeux de la Shephard, et elle profite de l'accalmie intérieure pour sentir la main du Flanagan qui vient effleurer son visage. « Dis pas ça. » Un murmure qu'elle entend au loin, un murmure qui lui réchauffe son coeur. Elle n'a pas la force de répondre, elle préfère de loin l'observer un moment, glisser son regard sur lui. Un maigre sourire qui apparaît alors que son regard le frôle et cette main qu'elle vient glisser doucement dans la sienne comme pour se donner plus de courage qu'il ne lui en donne. « Je sais ce que tu penses, et tu devrais pas t’en vouloir. » Des mots qu'elle entend, mais dont elle ne comprend pas toujours le sens. Elle aimerait évidemment penser comme tel et le rassurer. Elle aimerait que les choses soient autrement, mais elle a appris ne pas pouvoir revenir en arrière, et cela, peu importe les conséquences de ses fautes. « C'est plus facile à dire qu'à faire, je crois... » Elle chuchote à son tour, même si elle n'y croit pas, elle en est même persuadée. Elle aurait aimé être plus forte, alors qu'elle l'est davantage sûre bien des points, le sujet de Ash reste sensible et Chelsea en a subi les frais. Et en subira les frais jusqu'à ce qu'elle rende les armes, car jamais, Adèle ne les rendra de son côté quand il s'agit de sa famille ou de personnes chères à sa vie. L'atmosphère dans le cimetière est difficile à supporter et ce n'est pas l'agente immobilière qui prétendra le contraire. C'est difficile davantage quand Carl ne sait rien de toute cette histoire, mais elle a décidé de tout partager avec lui, les bons moments comme les moins bons. En espérant que lui aussi, accepte de partager ses doutes et ses peurs avec elle. « Je suis là, tu peux compter sur moi et ça ne changera pas après ça. » Carl remets une mèche de cheveux derrière l'oreille d'Adèle quand celle-ci prolonge son regard sur lui, un instant. « Tu me parleras de lui quand tu seras prête, d'accord ? Le moment venu, je crois que j'aimerais bien le connaître. » Elle peine à lui sourire, mais parvient malgré tout dans une petite mine de faire quelque chose qui s'y rapproche. Elle croit vraiment en avoir besoin, elle aussi, elle croit vraiment que ça lui ferait du bien pour les prochains mois, quand bien même, elle en souffrira certainement sur le moment venu. Cela ne lui sera que bénéfique n'est-ce pas ? Carl n'a pas besoin d'en rajouter pour la convaincre et alors qu'elle resserre ses doigts autour de ceux de l'étudiant, elle avoue avec douceur, « il y a plein de photos chez Cody, on fera ça ... » Un jour, elle ne peut pas dire quand, mais un jour, elle lui offrira tous ses commentaires sur cet enfant qui a grandi et qui a connu la pire des sentences. Un jour, elle lui présentera ses parents en photos et Evan. Parce que si ce dernier est toujours en vie, Adèle et Cody ne savent même pas quelle ville peut le supporter, lui et son envie irrésistible de vagabonder. « Je serai heureuse de partager ce moment avec toi. Vraiment. » C'est une promesse qu'elle tiendra, ce n'est pas une promesse en l'air. Parce qu'il est avec Cody, la personne la plus importante aujourd'hui dans sa vie. Et qu'elle a autant besoin de lui qu'elle souhaite être présente pour lui. Elle veut qu'il le sache, qu'il en est conscient, même si elle connait suffisamment le Flanagan pour savoir qu'il va douter de lui jusqu'au bout, elle sera là quoi qu'il arrive pour avoir le dernier mot. « Me parler de lui, et de qui tu voudras. » Elle fronce à son tour les sourcils, elle n'avait pas fait attention à l'emploi de ses parents quand bien même, ils se retrouvent à quelques allées de celle de Ash. Et elle veut croire qu'ils sont là, autour d'eux et qu'ils assistent à cette scène. Eux aussi. « De mes parents, Carl... » Elle veut répondre à son interrogation même si elle n'en dira pas plus. Carl ne sait pas grand-chose, juste qu'ils ne sont plus là, et que c'est Cody qui a veillé depuis sur les plus jeunes. Et c'est évidemment la seule chose qu'elle peut offrir pour le moment. Mais un jour, il saura tout. Et il les verra en photo. « On reste ici autant de temps que tu veux. Et si tu préfères être seule, je peux m'éloigner un petit moment aussi. » Elle répond d'un signe de tête négativement et ses doigts s'accrochent à ceux du Flanagan, elle refuse qu'il parte, qu'il s'éloigne, qu'il se sente de trop dans un monde dans lequel il a davantage sa place que quiconque auprès d'elle. « Reste... » Elle souffle, sans une once d'hésitation. Elle veut le sentir près d'elle, le savoir dans les parages. Savoir que quoi qu'il arrive, il sera là, près d'elle. Toujours. Et c'est probablement trop demandé, être égoïste aussi, peut-être, mais elle ne veut personne d'autre à côté d'elle, à cet instant. « J'ai besoin de te sentir près de moi. » Adèle profite qu'il se penche vers elle pour lui déposer un baiser sur le front pour laisser son visage contre son torse avant que son regard balayé les tombes autour d'eux. « Merci d'avoir partagé ça avec moi. » Elle entend ses quelques mots de la part de Carl avant de se sentir mieux. Apaisé. Comme si Carl lui retirait un poids sur le coeur. Elle ne sait pas vraiment de quoi elle avait peur, pourquoi elle avait tant tardé à s'ouvrir à lui. Assurément parce qu'elle n'a jamais appris à se confier aux autres. À laisser les autres lire en elle sans avoir peur du jugement. « Je n'ai besoin de personne d'autre que toi dans ma vie. » Une façon pour elle de lui dire combien il est devenu important dans sa vie depuis cette année. Un an et demi qu'ils se connaissent et ils ont encore tant à découvrir l'un de l'autre, même si Adèle a fait un grand pas vers lui, plus qu'elle ne l'aurait imaginé. « Je vais lui dire au revoir et on rentre ? » Elle demande, lâchant quelques brefs seconde sa main pour avancer jusqu'à se retrouver juste devant la pierre tombale, et d'un signe attendrissant, elle caresse la pierre silencieusement. Elle reste de longues minutes immobile, avant de sentir la main de Carl qui entoure sa taille, et finalement, elle se retourne entièrement vers lui avant de lui déposer un baiser. Elle est prête à avancer désormais, elle veut essayer de vivre au mieux cette disparition, sans l'oublier, mais de l'accepter enfin..