(Meryl) Look out 'cause here I come

Elle est où maman ?! (tw :Violence, suicide, alcool, abandon)  Une question à laquelle Meryl n’avait jamais vraiment eu de réponse. Son père aimait dire que c’était une lâche qui avait préféré se tirer avec un autre. La vérité, c’était qu’elle avait fui la violence et les coups d’un homme qu’elle ne supportait plus. Entre vivre une vie merdique et recommencer, son choix était fait. Caroline Judson était partie un soir d’hiver, avait embarqué ses affaires avant de s’envoler pour des contrées moins chaotiques sans penser qu’embarquer sa gamine aurait été une idée judicieuse. Faut dire que personne n’aurait pu la blâmer, Nick Strange n’avait plus rien de prestigieux, un homme rongé par l’alcool, incapable de contrôler ses pulsions. Elle se rappelle des cris Meryl, des objets cassés parfois quand ses frères se disputaient avec leur père. Il n’avait jamais été aussi dur avec elle, il l’appelait gamine et lui criait dessus quand elle n’allait pas assez vite pour lui ramener son verre de whisky ou qu’elle renversait car ses pas n’étaient pas assez assurés. Pourtant il savait aussi se montrer attentionné quand il avait des périodes de lucidité. Jamais longtemps, par bribe, mais ça suffisait pour faire sourire et amuser la gamine innocente et pleine de naïveté qu’elle était à 5 ans. Parce qu’à cinq ans, on s’imagine pas vraiment que les gens sont foncièrement mauvais… C’est dans la nature d’un enfant de croire d’être innocent. Alors quand elle était entrée dans le salon et qu’elle avait vu son père allongé au sol avec du sang sur la tête, du sang partout, beaucoup de sang, la petite fille n’avait pas compris le drame qui s’était joué. Elle avait cru qu’un pansement pourrait le guérir, parce que c’est comme ça que Gabrielle soignait ses genoux écorchés quand elle tombait. Elle avait cru que son père allait se réveiller parce qu’il se réveillait toujours, même quand il avait trop bu et qu’il cuvait dans le canapé du salon.. De sa voix et de ses mots d’enfant, elle avait demandé à Alex et à Finn ce qu’il avait… pourquoi il saignait. Pourquoi il ne bougeait plus… Et puis elle avait pleuré, incapable de s’arrêter effrayée par le ballet incessant d’hommes en uniforme qui avaient défilé. C’est Gabrielle qui l’avait rassurée, consolée comme toujours. Elle l’aime Gabrielle, parce qu’elle a toujours veillé sur elle et qu’elle lui a promis qu’elle serait toujours là. Son père était mort ce jour-là et elle avait aussi perdu ses frères.  

It’s Vegas Baby !  “Mademoiselle Strange, vous avez du potentiel… Si seulement vous vous donniez la peine… ” Meryl lève les yeux au ciel. Elle le sait qu’elle pourrait mieux faire, qu’elle pourrait finir major de promo si elle le voulait, mais elle n’a pas envie qu’on lui colle l’étiquette d’intello de service… Car c’est pas vraiment ce qui définit le cercle dans lequel elle évolue. Et puis entre nous, elle en a assez d’être l’élève modèle répondant correctement dès qu’on l’interroge, sa tante la sermonne souvent quand elle rentre trop tard à la maison, mais Meryl se contente de lever les yeux au ciel quand c’est le cas et elle s’enferme dans sa chambre. Parfois, ça lui arrive de faire le mur dès que sa tante est endormie, elle a pris l’habitude de passer par la fenêtre, ou par la porte de la cuisine, car elle sait qu’elle ne l’entendra pas sortir et encore moins rentrer même s’il est trois heures du matin. De toute façon, elle n’est pas sa mère, alors elle n’a pas d’ordre à lui donner ! La seule qui réussit encore à avoir un semblant d’autorité sur elle, c’est Gabrielle, mais elle est à Los Angeles, alors la petite tête blonde s’arrange toujours pour ne pas la décevoir, c’est tout ce qui compte. Ses résultats ne sont pas mirobolants, mais loin d’être alarmants, alors elle estime que ça passe !

“ Allez Meryl, tout le monde le fait ! T’as pas envie que Sam te prenne pour une fille coincée ?  ” Elle songe à ce que dirait Gaby si elle la voyait devant ce verre d’alcool alors qu’elle n’a que quinze ans, et au sermon qu’elle lui ferait si elle savait qu’elle avait fumé ce soir-là, pour faire comme les autres, même si elle n’avait jamais été fan de l’alcool et que toute forme de dépendance la faisait angoisser… Ca n’était qu’une fois après tout, pour s’amuser avec ses amis, c’est ce qu’elle s’était dit cette fois-là, et pour les suivantes, elle avait juste dit que s’amuser un peu ça ne faisait de mal à personne.

“Mademoiselle Strange, je vous dérange peut-être ? ” Elle émerge, un peu désorientée qu’elle est Meryl. La tête encore embrumée de la veille, elle s’est endormie sur sa table en classe et c’est avec un sourire colgate qu’elle répond que si le cours avait été plus palpitant, elle n’aurait certainement pas piqué du nez… Ce jour-là, elle avait fini dans le bureau du proviseur et en retenue. Sa tante n’avait pas été convoquée, c’était déjà ça, mais elle l’avait su bien sûr… Et Gabrielle aussi, double peine, mais bon Sam l’avait embrassée à la fin du cours alors ça valait le coup !

San Diego Après le High School, Meryl est acceptée à l’université de San Diego. Elle aurait pu rester à Vegas, mais l’envie de partir loin de cette ville et de s’émanciper s’était fait sentir. C’est lors d’un séjours à Los Angeles qu’elle avait eu envie de se rapprocher de la mer, faut dire qu’elle avait toujours connu le désert, alors toute cette étendue d’eau, les plages ça faisait rêver ! Elle aurait pu demander L.A, mais si l’idée de se rapprocher de sa sœur lui plaisait, c’était surtout le besoin de se prouver qu’elle était capable de s’en sortir seule qui l’avait poussée. Deux ans à errer en Histoire sans vraiment de perspective. Elle s’amusait plus qu’elle n’étudiait pour être franche, loin d’être sa voie, la jeune femme s’est cherchée un moment avant d’avoir la révélation. Elle voulait être utile, aider, accompagner plutôt que finir dans un bureau ou elle ne savait trop où à faire toujours la même chose. Elle avait envisagé la fac de médecine, avant de se rendre à l’évidence : trop compliqué, trop long, trop coûteux et cela même si sa fratrie l’aidait à joindre les deux bouts (seul lien qu’elle “entretenait” avec eux au final). La jeune Strange s’était donc rabattue vers le bachelor d’infirmière et étrangement, ses résultats et son assiduité s’étaient grandement améliorés dans la foulée. Elle avait levé le pied sur les soirées étudiantes, préférant se donner à fond sans pour autant s’empêcher de vivre, San Diego offrant de multiples opportunités pour se divertir, mais disons qu’elle avait revu l’ordre de ses priorités trouvant un certain équilibre dans son quotidien !

“ Comment ça tu pars en Angleterre ? Mais… C’est à l'autre bout du Monde ! ” L’annonce lui avait fait l’effet d’une petite bombe tant elle était soudaine et inattendue. Et puis la petite blonde avait bien senti que quelque chose clochait, sans pouvoir mettre le doigt dessus. L’excuse qu’elle lui avait donné, Meryl l’avait encaissée. Elle comprenait sa volonté de retrouver ses frères, ceux dont elle avait presque oublié le visage depuis le temps. Meryl n’avait jamais été aussi proche d’eux qu’avait pu l’être Gabrielle, alors c’était sûrement légitime qu’elle veuille les rejoindre. Dire qu’elle avait ressenti une pointe de jalousie était un faible mot. La petite fille qu’elle était à l’époque avait eu envie de les retrouver après leur départ, il y avait ce semblant de lien qu’elle avait sûrement fantasmé étant gamine qui avait fini par s’étioler avec le temps. Aujourd’hui, quand on lui demandait si elle avait des frères et sœurs, elle ne parlait que de Gabrielle car au fond, c’était le cas. La jeune femme avait gardé le sourire, prétendu que tout était ok, après tout, elle avait assez clamé qu’elle était assez grande pour se débrouiller toute seule, alors elle ne perdrait pas la face. Gabrielle était partie et elle avait continué son petit bonhomme de chemin en s’imaginant la fratrie réunie comme avant.

”Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé." “ J’ai bien reçu les billets Gaby mais… Tu comprends avec mes stages, c’est compliqué… Une autre fois peut-être ! ” Énième excuse sortie à sa soeur pour éviter le sujet de l’Angleterre. Elle ment éhontément à la brune, en sachant qu’elle serait capable de débarquer à San Diego pour lui botter le cul dès le lendemain si elle lui disait la vérité. La vérité, c’est que ça fait des mois qu’elle a lâché la fac et qu’elle a renoncé à passer son diplôme, qu’elle a trouvé un nouveau petit boulot de serveuse dans un restaurant dans Little Italy. Ca ne paye pas si bien que ça, mais elle s’est trouvé une coloc dans le sud-est de la ville, elle sait que ça n’est pas forcément le quartier le plus fréquentable, mais elle ne s’est jamais vraiment sentie en danger ici. San Diego n’est pas Vegas, ni Los Angeles ! Meryl avait renoué avec ses démons d’adolescence, faut dire que ses nouveaux colocs avaient contribué à tout ça. Bien plus portés sur la fête que les études. Elle aurait fait une piètre infirmière de toute façon, elle en est persuadée alors ce boulot de serveuse, c’est l’idéal, au moins ici elle n’a pas de responsabilité, pas de vie entre les mains. Elle sait bien que Greg trempe dans des affaires pas très nettes, elle reste en dehors de ça en général. Ca lui arrive de profiter de ce qu’il ramène parfois, mais jamais au point d’en devenir accro. C’est qu’elle connaît les effets de l’addiction, car même si elle n’a que peu de souvenir de sa prime enfance, elle garde en mémoire son père baignant dans son sang et ça lui suffit pour se dissuader de tomber dans cette saloperie.

You need to Calm Down. (Tw : Drogue/Overdose) Cette soirée aurait dû être comme les autres, ça n’est pas la première fois que Greg vient et qu’il ramène de quoi s’euphoriser. D’ordinaire, il se contente de ramener un peu d’herbe mais cette fois il a ramené plus. Elle n’en sait rien Meryl, sans quoi jamais elle n’aurait permis à Greg de faire entrer ce genre de chose. L’une des filles avait fait un malaise avant de convulser. Ca avait été la panique dans l’assemblée, et si elle avait su gérer, c’était uniquement parce que l’adrénaline l’avait poussée à agir. Les secours étaient arrivés, la police aussi et leurs questions. Elle s’en sortirait sans trop de casse logiquement, du moins c’est ce qu’on lui avait dit. La police l’avait interrogée, elle et les autres, posé tout un tas de questions sur la présence de drogues. Elle avait hésité à appeler sa sœur pour la sortir de là, et si elle n’avait rien fait, c’était surtout pour éviter la déception qu’elle provoquerait sans aucun doute. Mise hors de cause, cette aventure avait eu le don de la calmer.  En rentrant chez elle, sa décision était prise : quitter la coloc et retrouver un équilibre, elle avait vrillé ses derniers mois. Il lui fallait trouver un point de chute, et l’idée lui était venue en tombant sur les billets envoyés par Gabrielle. Le temps de demander un Visa, et de trouver une raison à sa venue soudaine sans éveiller les soupçons. Ca serait un jeu d’enfant, après tout, les Strange ont toujours été doués pour le mensonge !