Calex #107 x Do you get déjà vu ?

Octobre 2024
Elimbah

Ce n’est pas la première fois que je vois Caleb ainsi, mais ce n’est pas pour autant plus simple. Je ne sais pas m’y prendre, surtout que c’est à cause de mes propres angoisses qu’il se retrouve submergé et en difficulté. C’est à cause de moi s’il est en train de lutter dans cette panique qui prend le dessus sur lui. Tout ça à cause d’un fichu retard de règles. Ou plutôt, tout ça parce que je suis incapable d’être mesurée et calme, que l’idée qu’un désir d’enfant puisse à nouveau venir nous séparer. Tout est différent aujourd’hui, mais mon esprit reste parfois bloqué sur le passé, sur des éléments précis que je n’arrive pas à gérer et aujourd’hui, en plus de m’être perdue dans mes souvenirs et dans mes craintes, je le fais souffrir et pour ça je m’en veux. Je déteste le voir ainsi, je déteste le sentir mal et me sentir impuissante et responsable. Et après avoir été submergée par mes angoisses liées à la grossesse passée et future, voilà que ce sont d’autres peurs qui prennent le dessus et me ramènent à la réalité. Caleb et sa santé. Caleb et son cœur. Caleb et son bien-être. Et à cet instant précis, je m’inquiète pour lui dans ces 3 aspects. Sa santé est fragile, son coeur est fragile et son bien-être aussi, du moins à cet instant précis. Je le vois lutter, je le vois chercher une issue, je le vois tenter de gérer mais je vois surtout mon mari en situation de détresse par ma faute et si je parviens parfaitement à l’angoisser, je ne sais pas comment l’aider à gérer quand il est comme ça. Lui laisser de l’air pour qu’il puisse respirer et gérer ses émotions sans être envahi par ma présence ? Le prendre dans mes bras pour le contenir et lui montrer qu’il n’est pas seul, que je suis là pour l’aider ? Je ne sais pas ce dont il a besoin, juste qu’il ne va pas bien. Il ne me répond pas, pas verbalement du moins, et quand je lui demande si je peux faire quelque chose pour lui, je n’ai qu’un signe négatif de la tête. Je ne peux rien faire et je déteste cette réponse autant que je me déteste pour l’avoir mis dans cette position. Ma main tendue vers lui, il ne la prend pas. Pas de suite du moins, pas avant d’avoir réagit verbalement. « J’ai juste besoin d’un peu d’espace pour le moment. » Dire que ses mots ne me font pas mal serait un gros mensonge. Parce qu’il a besoin d’espace et ça signifie clairement qu’il a besoin que je lui laisse cet espace, que je le laisse et c’est douloureux comme pensées. C’est ma présence qui a fait monter les angoisses et c’est mon absence dont il a besoin, bien sûr que ça fait mal et je me sens inutile et en trop à cet instant précis. Il a toujours été celui qui m’apaise mais je ne suis que celle qui l’angoisse, comme quoi j’ai toujours pensé qu’il méritait mieux Caleb. Bien heureusement, je garde mes pensées pour moi. Pour une fois, je me tais. Parce que j’ai déjà fais assez non ? Et s’il a besoin d’espace, c’est aussi parce que j’en prends trop par mes paroles, mes angoisses et mes émotions, alors je me tais, prête à accepter son besoin d’espace et à le laisser seul même si c’est la dernière chose que je veux faire. Mais, il m’a répondu, il a besoin d’espace et à défaut de pouvoir l’aider, je peux au moins respecter ses besoins quand il les exprime. “Je comprends, je vais te laisser, je suis désolée.” Ce n’est pas dit sous le coup de la colère, pourtant je le suis mais c’est envers moi que je suis en colère. Non, c’est dit sur le ton de tristesse. Je veux être là pour lui, ce n’est pas ce dont il a besoin, alors je n’ai qu’à accepter ça et me débrouiller pour gérer mes émotions. Je n’ai pas encore bougé malgré mes dires, je vais lui laisser de l’espace, je vais le faire mais c’est dur, et ça explique sans doute pourquoi je n’ai pas encore bougé, ma main toujours tendue dans sa direction, toujours bien trop seule jusqu’au moment ou je sens sa main venir se saisir de la mienne. Je ne bouge pas, je ne dis rien, je regarde juste sa main dans la mienne, et cette distance entre nous qui reste encore si grande. Mais, il y a un contact. Il y a ce lien entre nous et je sens même son pouce caresser le dos de ma main et je l’imite doucement. N’osant pas bouger, ni parler de peur d’en faire trop encore, je reste là, à lutter contre mon envie de me blottir contre lui mais c’est ce dont j’ai envie, pas ce dont il a besoin, alors je tente de me concentrer sur lui et sur ses besoins et surtout son besoin d’espace. Il bouge un peu, me tourne le dos, regarde vers l’extérieur et moi je ne bouge toujours pas, n’osant pas venir intruser son espace. « Tu ne me demandes pas de renoncer à mes rêves, mais tu m’as aidé à les réaliser. On a trois enfants parfaits qui me comblent de bonheur chaque seconde de ma vie. » Je reste à distance de lui mais je regarde par la fenêtre au loin, je vois nos enfants qui jouent, nos trois enfants parfaits comme il le dit. Ce n’était pas mon rêve, et pourtant je le rejoins, ils me comblent de bonheur et d’amour et je n’imagine pas ma vie sans eux. “Ils sont parfaits et je les aime tellement mais sans toi j’aurais jamais pu devenir mère, sans toi je n’aurais jamais imaginé ma vie avec un enfant alors trois c’était impensable, et pourtant aujourd’hui j’imagine pas ma vie sans eux.” Ils sont tous pour moi et pourtant ce ne fut pas simple. Je regarde Lena faire un signe à son papa et je me demande si j’aurais été prête, si j’aurais voulu d’une grossesse si les jumelles n’étaient pas un accident ? Je me demande si j’aurais pu me projeter dans cette vie sans y avoir été en quelque sorte contrainte par cette grossesse surprise ? Je ne sais pas et je m’en veux parce qu’aujourd’hui, ma vie c’est eux.« Peu importe le nombre d’enfants qu’on a. Peu importe si on en a encore un ou deux dans quelques années, ou si Mael restera toujours notre petit dernier. Je suis déjà pleinement heureux et comblé et ça, c’est simplement grâce à toi. Crois-moi. » L’entendre le dire fait du bien même si je doute toujours et je pense que je douterai toujours de ma capacité à le rendre heureux. Caleb mérite mieux. Je le pense et sans doute que je l’ai toujours pensé et si les enfants, le mariage et notre vie ensemble pourrait me prouver que Caleb est heureux, je crois que je voudrais toujours plus, toujours mieux pour lui et c’est sans doute pour ça que je me sens si mal de ne pas partager son envie d’autres bébés. Mais le sujet n’est plus là, ou du moins plus totalement. Caleb se décale un peu, me laisse de la place à côté de lui et pourtant j’hésite à me rapprocher. Je le fais, me postant à ses côtés devant la fenêtre mais je laisse une distance entre nous, il n’y a que nos mains qui sont l’une dans l’autre pour maintenir un lien, et je laisse volontairement une distance inhabituelle entre nous pour ne pas risquer de l’envahir. Je regarde nos enfants jouer, Mael courir après son ballon, Lena et Lucy jouer sur la balançoire avec leur grand-mère, et je souris en entendant le rire de Lucy et Lena qui s’amusent visiblement beaucoup. “Regarde-les, on s’en sort plutôt bien avec eux non ? Oui oui vous vous en sortez vraiment bien mais est-ce que ce serait le cas avec 4 aussi ? Bien sûr que c’est aussi une question que tu te poses mais que tu ne poses pas à Caleb. “Mais tu sais c’est grâce à toi tout ça chéri. Tu m’as aidé à me reconstruire et à devenir mère de nos trois merveilles, j’ai une famille désormais et tu es à l’origine de tout ça. Pour rien au monde je ne changerai ça.” Il sait que je n’ai pas eu une famille dans le sens ou je l’entends ici. Que je n’ai pas eu ces week-end en famille comme ceux que l’on a aujourd’hui. Il sait que tout ça, ce n’était pas mon monde mais le sien et pourtant aujourd’hui, il m’a offert tout ça et il permet à nos enfants d’avoir une enfance heureuse. “ J’aime tellement les regarder jouer, tout semble simple pour eux.” Et c’est ce que je souhaite, les protéger, et les aimer assez pour qu’ils puissent grandir et savoir qu’ils auront toujours quelqu’un pour les soutenir, les défendre et les aimer. Je ne sais pas toujours le faire, mais pour eux j’apprends, comme j’essaye d’apprendre avec Caleb aussi. “ Est-ce que tu veux que je te laisse un peu tranquille ?” Parce que finalement son espace il ne l’a pas eu et si je n’ose pas venir me blottir contre lui, je n’arrive pas à partir non plus mais s’il en a besoin, je le ferai cette fois.

@Caleb Anderson    
  

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