tonight, we are young › lou

Les adolescents sont toujours les mêmes. Toujours aussi affligeants. Toujours aussi cons. Je ne suis pas certaine de ce qui m'a poussé à dire oui à Carlie pour cette soirée. Probablement le fait qu'elle m'a supplié et que je ne voulais pas la laisser seule. Ouais, c'est exactement ça. J'en lèverai presque mes yeux au ciel, tellement c'est débile.

Comprenez bien, je n'ai rien contre les soirées où les fêtes. C'est même plutôt agréable s'enivrer entouré d'amis. Mais les soirées comme celles-ci. Qu'elle se passe dans les quartiers pauvres, ou dans les quartiers des gens avec cul bordé d'or ne change rien; c'est un jeu de pouvoir. Et cette partie me fait chier. Les populaires contre les marginaux. Les riches contre les pauvres ou les boursiers. C'est un jeu cruelle, méchant. C'est un jeu dans lequel il y aura toujours un perdant, une personne pour souffrir.

Habituellement, Carlie et moi ne somment pas invité au soirée de Maxwell. Dans l'établissement privé ou nous sommes toutes les deux inscrites, je suis une marginale et Carlie une boursière. On est considéré comme la sous merde de la hiérarchie scolaire. Est-ce que ça change quelque chose dans mon vie à moi ? Pas du tout. Personnellement, je n'en ai rien à foutre. Ce n'est pas mon univers. Mes vrais amis ne sont pas ici. Mon monde ne se résume pas à cette école de faux culs riches et arrogants.

Mais je sais que c'est un peu différent pour Carlie. Elle veut être ici contrairement à moi. Elle a bûché fort pour y être. Et quand l'invitation est tombée, elle voulait y aller. Moi je me suis seulement laissée convaincre parce que je ne voulais pas qu'il lui arrive un truc alors qu'elle est seule ici. Les connards, ils en existent à toutes les fêtes. Et il est hors de question qu'une sous merde lui fasse quelque chose de bien dégueulasse. Alors je suis là, comme un bon petit soldat à veiller au grain. Surveillant son verre, la laissant s'amuser.

Carlie, c'est une âme pure. Elle veut tellement faire partie des grands, mais elle a l'expérience d'une petite fille dans un monde trop cruel pour elle.

J'aime bien Carlie. C'est une gentille fille. J'ai probablement été étiquettés marginale par la bande à cause de ma relation avec elle d'ailleurs. Je l'ai défendu contre une petite peste, et puis voilà, mon sort était scellé. Contrairement à mon amie. Je ne suis pas boursière. Ce n'est que l'argent de papa et Clara qui me permet d'être ici. En théorie, je viens d'une famille autant friqué qu'un bon nombre des étudiants. C'est seulement que je n'en ai rien à foutre. J'ai grandit dans les quartiers pauvres de Bristol. J'ai été élevé entre une école pourri, une communauté défavorisée et un club de striptease. J'en ai vu d'autre. Et puis, on ne peut pas dire que mon copain et notre meilleur ami soient des enfants de coeur. Eli et Ezra sont plutôt bons pour faire des conneries.

J'observe Carlie se déhancher sur la piste de danse alors que la musique pulse des enceintes. Maxwell, même si globalement, c'est un connard, il sait organiser une fête. Donnons à César, ce qui revient à César. Je ne suis pas certaine de la raison qui, pour cette fois, l'a poussé à lancer son invitation à tout le monde. Mais pour le moment, il n'y a pas trop de débordement entre les différentes factions hiérarchiques. Tout le monde boit. Tout le monde se defonce, tout le monde s'amuse. Mais la soirée est jeune et les plus cons ne sont pas encore arrivé. Ils arrivent toujours en retard. Comme des nobles voulant asseoir leur pouvoir sur le petit peuple. Mes yeux se lèvent automatiquement au ciel à cette réflexion. C'est débile.

Carlie fini par se rapprocher de moi, le front en sueur et un sourire géant plaqué aux lèvres. « Tu t'amuses ? » Que je lui lance, en criant presque à ses oreilles lorsqu'elle est assez proche. « Oh oui! Merci, merci, merci d'être venu avec moi. Je ne pense pas que j'aurais eu le courage d'y aller seule. » Je me penche pour lui faire une petite révérence dramatique. « Tout le plaisir est pour moi, belle demoiselle. » Elle glousse à mes conneries en me remerciant une nouvelle fois.

On discute un peu, puis elle reçoit un texto de sa mère qui l'informe qu'elle viendra la chercher d'ici vingt minutes. Je lui conseille de lui demander de venir la chercher une ou deux rues plus loin. Moi je m'en fou, mais ça fait mauvais genre que ce soit ta mère qui viennent te chercher à minuit à une soirée. Elle a eu du plaisir, ça serait triste de gâcher ça en donnant des munitions de plus à ses bourreaux du quotidien.

Je la laisse terminer son verre, dire au revoir à ses amis et la raccompagne jusqu'au point de rendez-vous avec sa mère. Je n'ai pas particulièrement envie de la laisser marcher seule dans la rue en pleine nuit, même si on est probablement dans le quartier le plus sécuritaire pour ça.

Les lumières de la voiture de sa mère apparaissent au coin de la rue, alors qu'on frissonne à cause de l'air frais qui fouette nos corps trop chaud à cause de la fête. Elle me prend dans ses bras et me remercie une nouvelle fois de l'avoir accompagné. Sa mère s'arrête près de nous, elle me sourit en me saluant par la fenêtre ouverte. Carlie ouvre la portière, me dit au revoir une dernière fois et la voiture démarre. Me laissant seule et frigorifiée dans la nuit.

Je decide de retourner à la fête, parce que je ne pensais pas revenir à la maison aussi tôt et même si ce n'est pas mon monde, c'est une fête et j'ai envie d'un verre. D'autant plus que Eli et Ezra étaient occupés à faire l'une de leur connerie ce soir, ils seront probablement injoignables pendant un moment.

Je regagne la fête d'un pas tranquille. Je n'ai même pas besoin de connaître le chemin. Je n'ai qu'à suivre les bass et l'amoncellement de voiture devant la maison de Maxwell.

J'entre et je vais directement à la cuisine me préparer un verre d'un truc à la vodka dans un goblet rouge. Pauvre ou riche, c'est du pareil au même. C'est juste le décor qui change un peu. Le marbre est remplacé par du parquet bon marché.

Je me promène entre les groupes, discutant ici et là avec des connaissances. Je suis une marginale sociable. Je n'ai pas beaucoup d'amis, mais je n'ai pas beaucoup d'ennemis non plus à l'école. De toute façon, je n'en ai tellement rien à foutre qu'ils ont arrêté rapidement. Je ne suis pas invité aux fêtes par association, mais globalement je n'ai que très peu de personne qui m'accordent une attention négative. Mais... ça aussi je m'en fou. J'ai compris jeune que les gens sont méchants et cruels. C'est une certitude immuable. Et certains en jouent pour se sentir plus puissant. C'est pathétique et petit. Mais c'est comme ça que tourne le monde.

Je me dirige vers le couloir dans l'espoir de trouver des toilettes. Je vais faire ma petit affaire et en sortant je tombe nez à nez avec Tom. Un soupire m'échappe parce que Tom c'est un connard. Un enculé arrogant et populaire. Un trou de cul de première catégorie.

J'ai déjà repoussé ses avances, quand je suis arrivées dans cette école. Il l'a mal pris. Encore plus quand j'ai envoyé chier sa copine du moment l'année suivante.

Depuis, notre relation est plutôt tendue. Euphémisme du siècle, bonjour.

J'essai de me décaller pour l'éviter, n'ayant absolument pas envie de gérer Tom, surtout quand ses yeux sont vitreux et que ses pupilles grosses comme des ballons. Mais il suit mon mouvement et je me retrouve entre le mur et lui, coincée. Fait chier.

Il pose sa main au mur, tout près de mon visage, m'emprisonnant un peu plus. « Salut ma belle. » Son haleine d'alcool frappe mon visage, et mon nez se retrousse, alors que je soupire de lassitude. On en revient toujours a ça. « Laisse-moi passer Tom. » Il approche son visage du mien, sa bouche coller à mon oreille, alors qu'il essai de glisser sa jambe entre mes cuisses. « Je sais que tu me veux Lou. » Je soupire, en agrippant ses testicules et sa queue déjà bandé, les serrant beaucoup plus fort que nécessaire entre mes doigts, dégoûtée. « Tu vois ça, Tom? Ça, se sont tes desirs, pas les miens. Je ne veux rien avoir à faire avec ton petit pénis de connard. Ni de proche, ni de loin. » Il tape son poing sur la mur à mes côtés. Définitivement en colère. Je ne devrais probablement pas le provoquer, lui foutre un bon coup sur l'os de son nez et prendre la poudre d'escampette, mais il me fait chier. Tom c'est le genre garçon qui n'accepte pas le mot non. C'est un imbécile en puissance et j'en ai marre de ses conneries. De mes deux mains je le repousse pour qu'il bouge, mais il grogne un salope entre ses dents. Des éclairs dans les yeux.

Puis, une voix venant de notre gauche interrompt notre échange de regard haineux. « Arrête mec, tu fais n’importe quoi. Prends mon verre et va danser. » Alors qu'il s'approche en lui tendant son propre verre. Tom, se retourne, me regarde une dernière fois des couteaux dans les yeux. Me faisant clairement comprendre qu'on en a pas terminé. Il lance, montrant une fois de plus qu'il est un enfoiré : « Laisse tomber mec, la petite est coincée elle veut pas ouvrir les jambes. »

Je soupire, entre découragement et soulagement. Même si je fais la fière et que je le provoque un peu. Ça aurait clairement pu mal tourner. Tom fait deux fois ma taille. Il peut se montrer violent et si on mélange alcool et drogue avec ça, on obtient un cocktail dangereux. J'aurais pu avoir de sérieux problème. Je me serais débattu comme une folle, le faisant souffrir au passage, mais je ne suis pas certaine que j'aurais pu avoir le dessus.

J'observe Tybalt, alors qu'il se rapproche de moi. « Ça va ? »

Je fronce les sourcils. J'étais déjà surprise qu'il intervienne. Il est plus du genre à observer de son trône. Il se tient avec les tyrans, les observant faire leur loi en silence. Laissant chacun se débrouiller avec ses merdes. Il ne participe pas directement, mais il est un témoin silencieux de la souffrance que ses amis aiment bien répandre.

Je carre un peux les épaules par fierté, et je pince les lèvres. Ça me crève un peu de le remercier. Mais je suis reconnaissante et même si c'est probablement un connard comme les autres, c'est un connard qui vient de me sauver le cul d'une possiblement très mauvaise expérience. « Merci... Même si je suis pas certaine de pourquoi tu l'aies fait. Mais... merci. » Je soupire, avant de murmurer. « Ça aurait pu... mal se terminer. »

Parce que oui, les situations avec des connards avec des obsessions, ça fini rarement bien. Surtout ça fini rarement bien pour l'objet de l'obsession.

Je me dandine d'un pied à l'autre, toujours incertaine de l'attitude à adopter. Tybalt et moi, on ne peut pas dire qu'on se connait, n'y même qu'on ait une relation. Je juge son comportement en silence et il juge fort probablement le mien. J'insuporte les gens avec qui il traîne et se sont ses amis. Il se tient avec des gens cruels, alors que j'évite ce genre de personne comme la peste. J'ai compris à l'âge de cinq ans la cruauté des enfants. Mon opinion n'a pas changé. J'ai seulement eu la chance de rencontrer des exceptions à la règle. Parce que je jure que les adolescents ne sont pas moins cruels que les enfants. Ils ne le sont juste pas de la même façon et pour les mêmes raisons. Mais au final, ça reste une question de pouvoir. Le pouvoir que tu peux avoir sur les autres. C'est petit et pathétique, mais c'est comme ça.

Je suis heureuse d'être tombée sur Ez au skatepark ce jour-là. Sans lui, ma vie n'aurait pas le même sens. Sans lui, j'aurais probablement fini seule, ou morte. En suite il y a eu Eli. Et à nous trois, on forme les trois mousquetaires. Un pour tous et tous pour un. Les trois mousquetaires en un peu plus moralement gris et beaucoup plus timbré. Mais on s'en fou, parce qu'on est nous. Et puis il y a Tim et Hadès qui sont venu compléter le tableau. Ma bande de marginaux. Ceux pour qui je donnerais ma vie. Et pour qui je pourrais faire les pires conneries, parce qu'ils en vaudraient la peine.

Et ici, j'ai rencontré Carlie. Cette fille trop gentille et trop innocente pour son propre bien. C'est une belle âme, et j'aime sa façon de voir les choses. Elle est amusante, elle est jovial, elle est chaleureuse. Quelque part, ça me fait chier qu'elle se fasse intimider par les autres. Elle ne mérite pas ça. Elle mérite tellement mieux. C'est pour ça que je suis intervenue la première fois. Et toutes les autres fois où je le pouvais. Est-ce que ça m'a apporté quelques ennuis ? Probablement. Honnêtement, moi personnellement, je m'en fou de me faire détester. Ce ne sont pas mes amis. Ce n'est pas mon monde. Mais je sais que elle oui. Mais globalement, je pense que ça va. Personne ne me déteste vraiment, enfin presque personne. Je suis une marginale sociable. Même si je trouve les relation entre jeune cruelles la plus part du temps, j'aime les gens. Je ne veux pas d'ennemis. De toute façon, des ennemis, c'est trop de gestion. J'ai assez de mes merdes à gérer dans la vie, je n'ai pas besoin de mettre de l'énergie pour des imbéciles. Et puis, j'essai. J'essai depuis toujours d'être une meilleure version de moi chaque jour. C'est mon mantra depuis petite. Je pense qu'on se construit beaucoup sur nos expériences et malgré mon parcours atypique et mon entourage tout aussi peu ordinaire, j'ai eu la chance d'avoir de bonnes personnes autour de moi. Des personnes qui ont su me montrer comment aimer. Comment être gentille et respectueuse. Comment traiter mon prochain. Je ne suis pas parfaite, loin, très loin de là. Mais je veux redonner comme eux, m'ont donné.

C'est pour ça que j'ai pris la peine de remercier Tybalt. Est-ce que ça me fait chier ? Quelque part, très certainement. Parce que je juge son inaction. Je juge les gens avec qui il se tient. Parce qu'il regarde simplement les autres souffrir de haut. Mais je suis reconnaissante. Reconnaissante qu'il soit intervenu. Alors ouais, même si ça me fait chier. Il méritait mes remerciements.

Un silence gênant s'installe avant qu'il ne le brise. « Tu vas certainement pas me croire mais disons qu’on a tous des lignes rouges. » Je hoche la tête. Ouais, on en a tous. Il serait probablement surpris des miennes, lui aussi. Mais au moins, on s'entend sur celle-là; une agression sexuelle, ça aura toujours passé la ligne. Je pince tout même mes lèvres avant de répondre. « J'imagine que c'est une bonne chose pour mon cul. » Parce que oui, mon cul en aurait peut-être pris cher. Un prix que je n'ai absolument pas envie de payer. Tom est un connard. Ça, c'est indéniable. Mais c'est un connard apprécié et surtout un connard beaucoup plus grand et costaud que moi.

« À ta place, je prendrai des cours d’auto-défense. Tom aurait bien besoin qu’on lui apprenne une leçon. » J'ai envie de lever les yeux au ciel tellement haut que ça m'en fait presque mal aux orbites.  Sérieusement ? Un soupire m'échappe. « Je voulais éviter la bagarre, mais la prochaine fois je ne me laisserai pas coincer. » Parce que le problème est surtout là, il m'a surprise et j'ai voulu en premier lieu éviter le conflit. Je ne suis pas violente de nature. J'aurai aimé pouvoir lui dire un simple non, qu'il dégage de mon chemin et qu'on ne se reparle plus jamais. Mais j'ai été naïve sur ce coup là et puis, après j'avoue avoir été un peu stupide. Le provoquer n'était pas ma meilleure idée, même s'il me fait chier, même si j'avais vraiment envie de pulvériser son orgueil, ça restait stupide de ma part. Pete ne serait pas fier de moi. Il m'a montré à me défendre et clairement, j'ai manqué de discernement. « Et pour ta gouverne, je sais me battre. J'essai juste de l'éviter. » Que j'ajoute en haussant les épaules, essayant d'avoir l'air aussi détachée que Tybalt. Ouais, Pete est bon professeur. Même si Eli et Ezra ont accroché beaucoup plus que moi à l'art de la bagarre. Je sais faire, je suis rapide et agile. Seulement, à force brute, je ne vaux clairement pas Tom. Il n'est pas capitaine de l'équipe de l'école pour rien. Il a la carrure qui va avec. Et le poids aussi. Je suis un poids mini plume alors qu'il est un poids lourd.

« Contrairement à lui, j’ai pas besoin de forcer qui que ce soit à finir dans mon lit. Ça doit être mon charme naturel. » Je ris, alors qu'il sourit amusé. Je pense qu'il essaie de faire des blagues pour détendre l'atmosphère — la rendre moins lourde. Moins pesante. Parce que ce qui aurait pu arrivé n'est pas du tout anodin. Ça aurait pu être vraiment grave. Mais rire, ça me va. Ça me fait du bien. La tension n'a toujours pas quittée mon corps. Au fond de moi, j'ai eu peur. Jouer la dure, c'est bien beau, mais ça n'enlève en rien le poids sur mes épaules. Ça n'enlève pas la peur qui a grouillé dans mes entrailles. « Un truc comme ça j'imagine. » Que je lui lance en souriant. Un peu crispé le sourire, mais un sourire sincère quand même.

Je ne déteste pas Tybalt. Je ne suis seulement pas d'accord avec ses fréquentations et son inaction. Par contre, je peux voir le côté charmant et charmeur. Il a un sourire colgate avec ce petit quelque chose qui plaît. Je n'ai aucun doute sur ses capacités de séduction. Il est beau, il aime être beau et il le sait. Il a l'assurance pour réussir à charmer pas mal n'importe qui. Et pour en avoir été parfois témoin, ça reste plutôt intéressant. Cette confiance en soi, en son propre pouvoir sur les autres, c'est quand même impressionnant.

Il laisse traîner son regarde sur mon visage, un petit plis barrant son front. « T’es sûre que ça va ? Tu es un peu pâle. Tu veux manger un truc ?  » Je dois vraiment avoir une tête à faire peur pour que même lui le remarque. J'ai besoin de me changer les idées. J'ai besoin d'oublier tout ça. Il ne m'ait rien arrivé. Je vais bien. Tout va bien. Tom est un con. Il restera con. Je ferai attention la prochaine fois. Ou pas. Parce qu'il n'y aura pas de prochaine fois.

Je prend une grande inspiration, essayant de détendre mes épaules, toujours un sourire un peu crispé à la commissure de mes lèvres. « Tu sais quoi ? Je pense que t'as raison. J'ai besoin de manger un truc. Je fous le camp d'ici et je vais me trouver quelque chose à bouffer. Tu m'accompagnes ? » Je ne sais pas pourquoi je lui propose. On n'est pas ami. Il n'a aucune raison de venir avec moi. Mais... Quelque part, je n'ai pas envie d'être seule et Tybalt ne me fait pas peur. Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai confiance en lui, mais je suis convaincue qu'il ne me fera pas de mal. Par gentillesse ? Non. Juste que ce n'est pas son genre. Il laisse les autres faire. Mais lui ne s'en mêle pas. Je pense que quelque part, il n'en voit pas l'intérêt. Alors, même si on n'est pas nécessairement ami, je sais que je suis minimalement en sécurité avec lui.

Je ne sais pas encore s'il me suit, mais je pars en direction de la sortie. Déterminée à foutre le camp de cette baraque trop grande.