hangover - w: tybalt

20/04/1992

Gigi émerge dans un râle, arrachée à un sommeil peu réparateur. Et ça ne va pas en s’arrangeant. A peine entrouvre elle les yeux qu’un mal de tête abominable l’assomme, lui arrachant un nouveau grognement. Divertie par sa gueule de bois naissante, elle met quelques instants à se soustraire aux brumes du sommeil. Et à peine s’est-elle éclaircit un minimum les pensées que la sensation surgit. Une peur froide, solidement ancrée, qu’elle fait de son mieux pour ignorer la grande majorité du temps. Elle se redresse dans le lit où elle est couchée, un lit qui n’est pas le sien. Ce fait n’a rien d’inhabituel en soit. Elle couche plus souvent chez les autres qu’elle ne couche chez elle. Ce n’est pas ce qui l’angoisse. Ce qui l’angoisse c’est le vide passager qui emplit sa tête alors que les contours de la pièce plongée dans l’obscurité commencent à se dessiner. Sa respiration se fait plus bruyante et les battements de son coeur s’accélèrent. Alors que la douleur dans sa tête persiste et signe, elle l’aggrave en essayant de se remémorer les évènements de la veille, plus particulièrement ceux qui l’ont conduite là où elle se trouve. Baissant les yeux, en proie à une angoisse croissante, elle se découvre vêtue d’un tee-shirt d’homme. Aussitôt, elle se tourne sur le côté, de plus en plus agitée, pour identifier la personne allongée à côté d’elle. A la vue de Tybalt, assoupi, la panique commence à refluer en elle. Tout va bien. Elle se le répète, une fois, deux fois, trois fois. Les mots ne franchissent pas ses lèvres. Elle est tentée de les chuchoter pourtant, ne serait ce que pour leur accorder un peu plus de réalité. Rien de mal ne s’est produit. Tout va bien. Ça n’a pas recommencé. Figée en position assise, Gigi ferme les yeux, se concentre sur sa respiration.

Elle se force à s’essayer à une nouvelle plongée dans ses souvenirs brumeux. Elle a trop bu hier soir et elle a dut perdre pied. Ça ne lui est pas arrivé depuis des années, depuis cette fameuse nuit. Cela ne se reproduira pas. A moins que si. Elle n’est à l’évidence pas douée pour faire les bons choix. Elle se passe une main sur le visage, grimace. Elle a la gorge sèche. Un verre d’eau. Elle crève d’envie de boire de l’eau. Aussi silencieusement qu’elle le peut, elle s’extirpe des draps, soucieuse de ne pas réveiller son ami. Une fois debout, elle baisse les yeux sur le grand tee-shirt que Tybalt a dut lui passer la veille. Le vêtement lui arrive à mi-cuisse. Elle jette un oeil à sa robe, étendue sur un fauteuil. Elle hésite un instant, décide de ne pas la repasser de suite. A la place elle contourne le lit et quitte la pièce, faisant rapidement le trajet jusqu’à la cuisine. Le bordel règne dans l’appartement, mais elle y prend à peine garde, à moitié éblouie par les rayons du soleil. Elle atteins la cuisine et s’y sert un verre d’eau, faisant comme chez elle. A peine a-t’elle fermé le robinet qu’elle descend un verre avant de s'en remplir un second, puis un troisième. L’eau froide lui fait du bien. Bien sûr sa tête la lance toujours, lui donnant envie de s’écrouler dans un coin jusqu’à ce que la douleur reflue pour de bon, mais au moins se sent-elle rassurée, soulagée de la tension qui lui a donné la nausée au réveil. Elle reste un petit moment dans la cuisine avant de refaire le trajet vers la chambre de Tybalt avec le verre d'eau re-remplis. En cours de route, elle prend connaissance de l’heure. Comme le soleil déjà haut dans le ciel le lui avait laissé penser, la matinée touche à sa fin. Munie du verre salvateur, Gigi repasse le seuil de la chambre et un soupire de satisfaction passe ses lèvres quand elle découvre Tybalt, qui émerge progressivement à son tour. « Hey » lance-t’elle doucement en refermant la porte derrière elle. Elle va ensuite déposer le verre rempli d’eau sur la table de nuit à l’intention de son ami. « Ta tête aussi est au bord de l'implosion, ou c'est que moi ? » Le malheur aime la compagnie.

- @tybalt weatherton

04/07/1996

Tes yeux cherchent à s’ouvrir alors que la lumière vint se poser sur ton visage. Elle est trop forte pour que ce soit le matin mais cela ne te perturbe pas. Tu es un oiseau de la nuit, tu n’as jamais aimé te réveiller aux aurores. Tu pousses un grognement alors que tu laisses derrière toi le doux monde des rêves. Et alors que ton cerveau se met en marche, ton corps lui aussi ce réveille. Tu sens tes muscles meurtris qui ne demandent qu’à aller faire un tour à la salle. C’est ton rituel après une soirée bien arrosée, aller tout évacuer à la salle de sport. Tes yeux finissent difficilement par s’ouvrir et tu aperçois la silhouette de Gigi dans la porte de ta chambre. Elle referme la porte derrière elle et vient déposer un verre d’eau près de ta table de nuit : « Hey. Ta tête aussi est au bord de l'implosion, ou c'est que moi ? » Pendant quelques secondes, il y a un blanc dans ton esprit. Gigi et toi, vous ne couchiez plus ensemble, qu’est-ce qu’elle faisait là ? Il fallut un peu de temps à ton cerveau pour te rappeler ce qui s’était passé la veille. La journée avait été longue et ennuyante. Tu avais envie de faire la fête mais rien d’extravagant cette fois, juste une fête à ton loft. Tu avais donc envoyé des invitations par texto à droite à gauche, tu t’étais fait livrer de l’alcool et de la nourriture, le tour était joué. Les invités étaient arrivés les uns après les autres, la plupart du temps accompagnés ce qui avait rempli bien rapidement ton loft. Passant d’une personne à l’autre, tu n’avais pas vu Gigi arriver. Par contre, tu l’avais rapidement aperçue quand tu étais revenu à l’intérieur après avoir fumé ta clope. Son rire avait attiré ton attention. C’est son état d’ébriété qui t’avait ensuite intrigué car tu ne te souvenais pas d’avoir vu Gigi bourrée depuis que tu la connaissais. Alors tu avais gardé un oeil sur elle et tu avais bien fait parce que tous tes invités n’étaient pas bien intentionnés. Des mains se firent un peu trop pressantes et tu intervins sans hésiter. On pouvait te traiter d’ordure tant qu’on voulait, les femmes qui finissaient dans ton lit le faisaient parce qu’elles en avaient envie, pas parce qu’elles étaient sous l’emprise de l’alcool, incapables de se défendre. Gigi n’a même pas réalisé ce qui s’est passé mais elle s’est accrochée à toi de suite ce qui t’a permis de l’amener dans ta chambre. Une fois là-bas, il était clair qu’elle était épuisée alors tu lui demandais de se déshabiller pendant que tu allais chercher un t-shirt. Elle n’avait pas beaucoup avancé quand tu revins alors tu pris les choses en main. Elle se laissa faire comme une poupée te racontant le début de sa soirée, toute contente d’elle. Une fois qu’elle fut couchée, tu restais auprès d’elle le temps qu’elle s’endorme. S’il y avait une chose à laquelle tu tenais, c’était tes amis. Tu ne savais pas si Gigi faisait vraiment partie de ce cercle pour l’instant mais il y avait toujours eu quelque chose qui vous attirait l’un vers l’autre et tu n’étais pas assez idiot pour la laisser filer. C’est rare de trouver des gens qui vous complètent. Une fois la demoiselle endormie, tu avais fermé le locquet qu’elle pouvait ouvrir de l’intérieur avant de retourner faire la fête. Le reste de la soirée était bien plus vague alors que l’alcool que tu avais ingurgité te montait à la tête.

Le réveil était donc bien difficile … Tu te relèves et poses les pieds par terre. Cela te donne le tournis mais tu ouvres le tiroir de ta table de nuit pour en sortir une boîte d’aspirine. Tu en mets un dans ton verre avant de tendre la boîte à ton amie. Elle est mignonne Gigi dans ton t-shirt, cela te fait sourire. « Ma tête tourne pas mal je l’avoue mais je pense que tu dois plus souffrir que moi. » Buvant régulièrement, tu avais bien plus l’habitude de ce genre de réveil que la demoiselle. C’était étrange de te dire que depuis tout ce temps, elle n’avait jamais vraiment bu lors de tes fêtes. Et Dieu sait que l’alcool n’avait jamais manqué à l’appel. « A part ta tête, comment tu te sens ? » Lui demandas-tu en désigant le lit à côté de toi. Quitte à perdre la journée, autant continuer à vous reposer. Ce n’était pas tous les jours que tu avais Gigi pour toi tout seul alors c’était un bon moment pour prendre de ses nouvelles aussi. Attrapant le verre, tu bus ton aspirine avant de soupirer. « Merci pour l’eau, j’irai chercher le prochain round. » Dis-tu un sourire amusé sur les lèvres.

@Gigi Meadows