hangover - w: tybalt

Gigi émerge dans un râle, arrachée à un sommeil peu réparateur. Et ça ne va pas en s’arrangeant. A peine entrouvre elle les yeux qu’un mal de tête abominable l’assomme, lui arrachant un nouveau grognement. Divertie par sa gueule de bois naissante, elle met quelques instants à se soustraire aux brumes du sommeil. Et à peine s’est-elle éclaircit un minimum les pensées que la sensation surgit. Une peur froide, solidement ancrée, qu’elle fait de son mieux pour ignorer la grande majorité du temps. Elle se redresse dans le lit où elle est couchée, un lit qui n’est pas le sien. Ce fait n’a rien d’inhabituel en soit. Elle couche plus souvent chez les autres qu’elle ne couche chez elle. Ce n’est pas ce qui l’angoisse. Ce qui l’angoisse c’est le vide passager qui emplit sa tête alors que les contours de la pièce plongée dans l’obscurité commencent à se dessiner. Sa respiration se fait plus bruyante et les battements de son coeur s’accélèrent. Alors que la douleur dans sa tête persiste et signe, elle l’aggrave en essayant de se remémorer les évènements de la veille, plus particulièrement ceux qui l’ont conduite là où elle se trouve. Baissant les yeux, en proie à une angoisse croissante, elle se découvre vêtue d’un tee-shirt d’homme. Aussitôt, elle se tourne sur le côté, de plus en plus agitée, pour identifier la personne allongée à côté d’elle. A la vue de Tybalt, assoupi, la panique commence à refluer en elle. Tout va bien. Elle se le répète, une fois, deux fois, trois fois. Les mots ne franchissent pas ses lèvres. Elle est tentée de les chuchoter pourtant, ne serait ce que pour leur accorder un peu plus de réalité. Rien de mal ne s’est produit. Tout va bien. Ça n’a pas recommencé. Figée en position assise, Gigi ferme les yeux, se concentre sur sa respiration.

Elle se force à s’essayer à une nouvelle plongée dans ses souvenirs brumeux. Elle a trop bu hier soir et elle a dut perdre pied. Ça ne lui est pas arrivé depuis des années, depuis cette fameuse nuit. Cela ne se reproduira pas. A moins que si. Elle n’est à l’évidence pas douée pour faire les bons choix. Elle se passe une main sur le visage, grimace. Elle a la gorge sèche. Un verre d’eau. Elle crève d’envie de boire de l’eau. Aussi silencieusement qu’elle le peut, elle s’extirpe des draps, soucieuse de ne pas réveiller son ami. Une fois debout, elle baisse les yeux sur le grand tee-shirt que Tybalt a dut lui passer la veille. Le vêtement lui arrive à mi-cuisse. Elle jette un oeil à sa robe, étendue sur un fauteuil. Elle hésite un instant, décide de ne pas la repasser de suite. A la place elle contourne le lit et quitte la pièce, faisant rapidement le trajet jusqu’à la cuisine. Le bordel règne dans l’appartement, mais elle y prend à peine garde, à moitié éblouie par les rayons du soleil. Elle atteins la cuisine et s’y sert un verre d’eau, faisant comme chez elle. A peine a-t’elle fermé le robinet qu’elle descend un verre avant de s'en remplir un second, puis un troisième. L’eau froide lui fait du bien. Bien sûr sa tête la lance toujours, lui donnant envie de s’écrouler dans un coin jusqu’à ce que la douleur reflue pour de bon, mais au moins se sent-elle rassurée, soulagée de la tension qui lui a donné la nausée au réveil. Elle reste un petit moment dans la cuisine avant de refaire le trajet vers la chambre de Tybalt avec le verre d'eau re-remplis. En cours de route, elle prend connaissance de l’heure. Comme le soleil déjà haut dans le ciel le lui avait laissé penser, la matinée touche à sa fin.  Munie du verre salvateur, Gigi repasse le seuil de la chambre et un soupire de satisfaction passe ses lèvres quand elle découvre Tybalt, qui émerge progressivement à son tour. « Hey » lance-t’elle doucement en refermant la porte derrière elle. Elle va ensuite déposer le verre rempli d’eau sur la table de nuit à l’intention de son ami. « Ta tête aussi est au bord de l'implosion, ou c'est que moi ? » Le malheur aime la compagnie.

- @tybalt weatherton

Tes yeux cherchent à s’ouvrir alors que la lumière vint se poser sur ton visage. Elle est trop forte pour que ce soit le matin mais cela ne te perturbe pas. Tu es un oiseau de la nuit, tu n’as jamais aimé te réveiller aux aurores. Tu pousses un grognement alors que tu laisses derrière toi le doux monde des rêves. Et alors que ton cerveau se met en marche, ton corps lui aussi ce réveille. Tu sens tes muscles meurtris qui ne demandent qu’à aller faire un tour à la salle. C’est ton rituel après une soirée bien arrosée, aller tout évacuer à la salle de sport. Tes yeux finissent difficilement par s’ouvrir et tu aperçois la silhouette de Gigi dans la porte de ta chambre. Elle referme la porte derrière elle et vient déposer un verre d’eau près de ta table de nuit : « Hey. Ta tête aussi est au bord de l'implosion, ou c'est que moi ? » Pendant quelques secondes, il y a un blanc dans ton esprit. Gigi et toi, vous ne couchiez plus ensemble, qu’est-ce qu’elle faisait là ? Il fallut un peu de temps à ton cerveau pour te rappeler ce qui s’était passé la veille. La journée avait été longue et ennuyante. Tu avais envie de faire la fête mais rien d’extravagant cette fois, juste une fête à ton loft. Tu avais donc envoyé des invitations par texto à droite à gauche, tu t’étais fait livrer de l’alcool et de la nourriture, le tour était joué. Les invités étaient arrivés les uns après les autres, la plupart du temps accompagnés ce qui avait rempli bien rapidement ton loft. Passant d’une personne à l’autre, tu n’avais pas vu Gigi arriver. Par contre, tu l’avais rapidement aperçue quand tu étais revenu à l’intérieur après avoir fumé ta clope. Son rire avait attiré ton attention. C’est son état d’ébriété qui t’avait ensuite intrigué car tu ne te souvenais pas d’avoir vu Gigi bourrée depuis que tu la connaissais. Alors tu avais gardé un oeil sur elle et tu avais bien fait parce que tous tes invités n’étaient pas bien intentionnés. Des mains se firent un peu trop pressantes et tu intervins sans hésiter. On pouvait te traiter d’ordure tant qu’on voulait, les femmes qui finissaient dans ton lit le faisaient parce qu’elles en avaient envie, pas parce qu’elles étaient sous l’emprise de l’alcool, incapables de se défendre. Gigi n’a même pas réalisé ce qui s’est passé mais elle s’est accrochée à toi de suite ce qui t’a permis de l’amener dans ta chambre. Une fois là-bas, il était clair qu’elle était épuisée alors tu lui demandais de se déshabiller pendant que tu allais chercher un t-shirt. Elle n’avait pas beaucoup avancé quand tu revins alors tu pris les choses en main. Elle se laissa faire comme une poupée te racontant le début de sa soirée, toute contente d’elle. Une fois qu’elle fut couchée, tu restais auprès d’elle le temps qu’elle s’endorme. S’il y avait une chose à laquelle tu tenais, c’était tes amis. Tu ne savais pas si Gigi faisait vraiment partie de ce cercle pour l’instant mais il y avait toujours eu quelque chose qui vous attirait l’un vers l’autre et tu n’étais pas assez idiot pour la laisser filer. C’est rare de trouver des gens qui vous complètent. Une fois la demoiselle endormie, tu avais fermé le locquet qu’elle pouvait ouvrir de l’intérieur avant de retourner faire la fête. Le reste de la soirée était bien plus vague alors que l’alcool que tu avais ingurgité te montait à la tête.

Le réveil était donc bien difficile … Tu te relèves et poses les pieds par terre. Cela te donne le tournis mais tu ouvres le tiroir de ta table de nuit pour en sortir une boîte d’aspirine. Tu en mets un dans ton verre avant de tendre la boîte à ton amie. Elle est mignonne Gigi dans ton t-shirt, cela te fait sourire. « Ma tête tourne pas mal je l’avoue mais je pense que tu dois plus souffrir que moi. » Buvant régulièrement, tu avais bien plus l’habitude de ce genre de réveil que la demoiselle. C’était étrange de te dire que depuis tout ce temps, elle n’avait jamais vraiment bu lors de tes fêtes. Et Dieu sait que l’alcool n’avait jamais manqué à l’appel. « A part ta tête, comment tu te sens ? » Lui demandas-tu en désigant le lit à côté de toi. Quitte à perdre la journée, autant continuer à vous reposer. Ce n’était pas tous les jours que tu avais Gigi pour toi tout seul alors c’était un bon moment pour prendre de ses nouvelles aussi. Attrapant le verre, tu bus ton aspirine avant de soupirer. « Merci pour l’eau, j’irai chercher le prochain round. » Dis-tu un sourire amusé sur les lèvres.

@Gigi Meadows  

« Ma tête tourne pas mal je l’avoue mais je pense que tu dois plus souffrir que moi. » D'un mouvement de tête elle acquiesce, son sourire vacillant un peu sur ses lèvres. L'appréhension vaguement étouffée reviens, malingre, telle une vague lui léchant d'abord les pieds, avant de prendre de l'ampleur et de menacer de l'ensevelir tout entière. D'une main elle tire légèrement sur le bas du tee-shirt. Elle n'aime pas se sentir vulnérable. Elle déteste ça. Elle n'aime pas ne pas savoir. Cela fait remonter de trop mauvaises choses. Des souvenirs qu'elle a perdu mais qui la hantent, qu'elle voudrait retrouver tout en sachant que ce n'est pas dans son intérêt. Elle déteste l'idée que ça s'est reproduit, mais dans une moindre mesure, avec moins de conséquences. Forcément. N'est-ce pas ? Elle ne peut pas envisager le contraire. Son esprit fracturé le rejette en bloc. « A part ta tête, comment tu te sens ? » Vaseuse. Mal. Elle se sentira mieux quand elle saura. Si c'est une option. Elle ne peut qu'espérer que Tybalt a les réponses aux questions qui s'entrechoquent dans sa tête, accroissant un mal de crâne qui la martyrisait déjà bien assez sans ça. Elle ne répond pas, se fend d'un haussement d'épaules. Ce n'est pas très Gigi, ça, comme attitude. Elle est plus causante que ça. Il n'a rien vu de ce genre en elle, jusqu'ici Tybalt. Comme la plupart des gens qui constituent de son entourage, il ne connaît que la Gigi volurée, dynamique, ivres de couleurs et d'énergie. Et elle a ça en elle. Ce n'est pas un mensonge, ce n'est pas un rôle qu'elle se donne. Elle est cette personne qu'elle adore, sincèrement, aussi imparfaite qu'elle puisse être. Mais cette facette chatoyante n'est finalement que ça. Une facette. Gigi en possède d'autres, netttement plus reluisantes, qu'elle n'a pas intérêt à étaler à la vue de tous. Ce serait le meilleur moyen de se retrouver toute seule, et elle ne veut pas de ça.

Tybalt désigne la place vide qu'elle a abandonné à côté de lui. Elle ne se fait pas prier, contourne le lit avant de grimper dessus. Elle ne s'allonge pas reste, en position assise, mais elle cale le coussin dans son dos et tire la couette sur ses jambes. Elle laisse sa tête et le haut de son corps s'enfoncer dans l'oreiller. Il va falloir qu'elle s'accorde un peu de répit aujourd'hui. Son corps est lesté, fatigué et il en va de même pour son esprit. « Merci pour l’eau, j’irai chercher le prochain round. » A nouveau, elle hoche la tête avant de tourner son visage vers Tybalt, lui renvoyant son sourire. « J'y compte bien ! Je te piquerais une aspirine aussi » non pas que l'aspirine soit le remède miracle pour l'aider à survivre à cette journée, mais tout ce qui est bon à prendre doit être pris. Les questions commencent à s'amasser au bout de sa langue et elle les retiens quelques instants, les laissent s'accumuler à la commissure de ses lèvres. Son corps se tend, peinant à s'abandonner au confort de sa position. Elle ferme brièvement les yeux, porte ses mains à ses tempes avant de les laisser retomber sur la couette. « J'étais mal à quel point ? » L'appréhension pointe dans sa voix. Elle la laisse faire. Elle a rouvert les yeux au moment de formuler sa question, mais elle ne tourne pas à nouveau son visage vers Tybalt. Elle y viendra ensuite, quand il aura desserré les lèvres, quand il aura commencé à combler pour elle les trous.

@tybalt weatherton

Gigi, tu ne l’as connue qu’effervescente. Un sourire taquin sur les lèvres, toujours prête à plaisanter. Ce matin, rien de cela ne se lit sur le visage de ton amie. C’est presque comme si tu rencontrais une autre personne, comme si tu avais en face de toi une inconnue. Elle ne répond pas de suite à ta question, elle te lance juste un regard inquiet, comme si la situation était dramatique. Tu ne comprends pas vraiment ce qui se passe parce que se réveiller avec la gueule de bois est quelque chose d’habituel pour toi. Oui, ce n’est pas quelque chose que tu devrais avouer mais tes dérives alcoolisées se font de plus en plus nombreuses. Pour l’instant, tu es capable de les contrôler et c’est le plus important. Cela te donne l’impression de maîtriser la situation et tu te dois de le faire car Audrey n’hésitera pas à te renvoyer en cure de désintoxication si ce n’est pas le cas. Jouer avec la ligne rouge, c’est ton jeu préféré de toute façon. Le mal de tête étant bien présent, tu ne cherches pas à remplir le silence. Tu te contentes de sortir tes aspirines et d’en mettre une dans l’eau. Cela ne fait pas des miracles mais au moins, ta tête tambourinera un peu moins. Inquiet pour Gigi, tu finis par lui demander comment elle se sent. Si elle est vraiment trop mal, tu n’hésiteras pas à la forcer à se rendre aux urgences. Beaucoup te décrivent comme inconscient mais tu l’es moins que ce que tu laisses paraître. S’il faut la mettre de force dans la voiture, tu le ferras. Encore une fois, elle ne répond rien et te regarde avec des yeux qui t’implorent presque. Mais t’implorer pour quoi au juste ? Les idées et les pensées s’embrouillent dans ton cerveau pas encore tout à fait arrivé à sa capacité maximale. La voir marcher  dans ta chambre, comme si elle cherchait quelque chose n’arrangeait rien. Alors tu t’assieds contre la tête de lit, sur un bon coussin avant de l’inviter à prendre place à tes côtés. C’est soulagé que tu la vois venir se caler à côté de toi, couvrant ses jambes nues de la couette. de toute manière, la journée était certainement perdue, tu comptais bien t’assurer que Gigi allait bien avant de penser à te lever. « J'y compte bien ! Je te piquerais une aspirine aussi » Petit soupir de soulagement, tu retrouvais un peu de la jeune femme que tu connaissais. Elle n’était pas encore de retour mais au moins, elle n’avait pas totalement disparue. Voyant son verre vide dans sa main, un sourire en coin se dessina sur ton visage. Tu attrapais son verre, y glissais une aspirine avant de te lever doucement. Il te fallut quelques secondes pour trouver ton équilibre mais le petit frigo qui était caché dans le meuble à quelques mètres de là était en ligne droite. A l’intérieur, tu récupérais deux petites bouteilles d’eau et tu vins verser la moitié du contenu de l’une dans le verre de Gigi. « C’est toujours pratique un petit frigo dans une chambre. » Dis-tu avec un clin d’oeil. Voilà certainement pourquoi il y en avait dans les hôtels et soyons honnêtes, tu avais toujours eu l’habitude de vivre dans un standing cinq étoiles.

Les paupières de Gigi se fermèrent et elle vint poser ses doigts sur ses tempes avant de te demander : « J'étais mal à quel point ? » Son regard est fixé devant elle, sur une ligne droite qui ne te concerne pas. Tu prends quelques secondes pour l’observer et tu vois la peur, l’appréhension sur son visage. Mais de quoi avait-elle peur ? Cela arrivait à tout le monde de boire un peu plus que nécessaire de temps en temps, il n’y avait rien de grave là-dedans. « Mal au point de rire de blagues qui n’en étaient pas et de ne pas pouvoir repousser les idiots qui se pensent assez bien pour terminer la nuit avec toi. » Tu es beaucoup de choses mais contrairement à ce que pense ta famille, tu n’es pas un idiot. « Je ne t’avais jamais entendu rire aussi fort j’avoue. » Ajoutas-tu pour essayer de la faire rire. Il était évident qu’elle n’avait aucune envie de rire et qu’elle était tétanisée. Quand tu posas une main sur son épaule, elle sursauta presque. « J’ai vite compris que tu n’étais pas aussi sobre que d’habitude alors j’ai gardé un oeil sur toi. Et j’ai bien fait car certaines personnes ne comprennent pas quand on leur dit non et aiment les femmes sans défense. » Les prédateurs de ce genre, non merci. Ces gars, c’était leur dernière invitation, ils seront blacklistés désormais, tu voulais que les gens puissent faire la fête en paix. « Tu n’as rien fait de mal Gigi, ça arrive d’avoir besoin de décompresser, t’étais pas toute seule. » Même si elle ne t’avait rien demandé, cela te semblait évident que tu allais veiller sur elle. « Tu es sûre que ça va ? » Finis-tu par lui demander à nouveau parce que son expression t’inquiétait beaucoup.

@Gigi Meadows  

tw: avances non consenties, allusion à une agression Elle suit des yeux Tybalt alors que, après avoir récupéré son verre vide, il y laisse tomber un cachet d'aspirine. Il se lève ensuite et elle l'observe avec attention, saisissant chaque occasion, même très brève, de s'abandonner à une distraction. Elle hausse un sourcil quand il ouvre un meuble dévoilant non pas des tiroirs ou une portion de penderie mais un mini frigo. Un petit rire échappe à Gigi. C'est tellement loin d'elle, l'idée même de songer à placer un frigo dans une chambre. Non que ça apparaisse comme une mauvaise idée en cet instant. Gigi soutiens en cet instant activement toute décision préalable lui permettant d'ingérer au plus vite de l'aspirine. « C’est toujours pratique un petit frigo dans une chambre. » Il lui adresse un clin d'oeil auquel elle répond d'un sourire, laissant resurgir un peu plus de la Gigi qu'il connaît. Une Gigi qu'elle va ramener dans cette pièce d'ici peu, pleinement, totalement. Elle s'y engage. « Grand luxe » commente-t'elle, gentiment moqueuse mais acceptant le verre et le cachet avec gratitude.
Elle agite un peu le verre, regarde le cachet commencer à se fondre dans l'eau, et puis elle pose la question qui brule de franchir ses lèvres depuis déjà un moment.
J'étais mal à quel point ?
L'appréhension perce dans sa voix, criarde à ses propres oreilles. Si elle en éprouve de l'embarras, peu encline d'ordinaire à ce genre de déballage émotionnel, c'est le cadet de ses soucis de paraître perturbée en cet instant. Elle est perturbée et elle n'a pas besoin de voir son visage dans une glace pour ça. Elle se connaît, elle sait de quoi à l'air et ça reste un choix de laisser surgir ce fragment d'elle sous les yeux de Tybalt. Elle a confiance en lui et elle a besoin de son honnêteté. Quant à ce qu'il dira, quant à ce qu'elle a peut-être fait ou laissé faire... Elle n'aura pas d'autres choix qu'encaisser.
Et elle le fera.
Elle n'est plus à une erreur près.
Bon sang. Elle compte tellement d'erreurs à son actif. Y penser suffit à renforcer sa nausée.
Son regard resté ancré à celui de Tybalt alors qu'elle attend une réponse. Sur son visage elle lit l'incompréhension. Il trouve sa réaction étrange. Ce doit être un bon signe. Sûrement. S'il avait été témoin de quelque chose de grave alors il aurait l'air perturbé, lui aussi. Elle en est à essayer de se rassurer avec ce constat quand il ouvre la bouche pour dissiper ses doutes. « Mal au point de rire de blagues qui n’en étaient pas et de ne pas pouvoir repousser les idiots qui se pensent assez bien pour terminer la nuit avec toi. » Elle se fige, l'air se raréfie autour d'elle.
Putain.
« Je ne t’avais jamais entendu rire aussi fort j’avoue. » Il tâche de lui arracher un rire, à nouveau, mais elle en est physiquement incapable dans l'immédiat, la peur la clouant sur place comme une biche immobile sous le faisceau des phares d'une voiture. Tybalt place une main sur son épaule et elle sursaute presque, manque de peu de renverser le contenu de son verre sur le couvre lit. « J’ai vite compris que tu n’étais pas aussi sobre que d’habitude alors j’ai gardé un oeil sur toi. Et j’ai bien fait car certaines personnes ne comprennent pas quand on leur dit non et aiment les femmes sans défense. » Nul besoin de l'en convaincre, il prêche une convaincue. « Tu n’as rien fait de mal Gigi, ça arrive d’avoir besoin de décompresser, t’étais pas toute seule. » Ça, ça manque de la faire rire. Non pas que ce soit drôle, il n'y a strictement rien de drôle là-dedans. C'est dut au fait de s'entendre dire qu'elle n'a rien fait de mal alors qu'elle a constamment l'impression d'être un monstre, défonçant tout sur son passage, avec plus ou moins d'aisance en fonction de la situation. Parfois ce sentiment se dissipe dans l'air, mais il reviens à la charge, invariablement et ce depuis l'adolescence, peut-être même avant ça. « Tu es sûre que ça va ? » Elle n'a pas envie de l'effrayer, mais elle y parviens. Il a l'air tendu, concerné. Elle n'aime pas causer de l'inquiétude ou du chagrin aux autres, même si on pourrait légitimement s'imaginer le contraire. Elle se force à sourire, les coins de ses lèvres se redressant un peu. « Je vais bien, rassures toi. » Ou elle ira bien, dans tous les cas. Elle avancera du moins, quoiqu'il advienne. Gigi Meadows est un fichu matou, elle qui, ironiquement, n'a aucune affection pour les félins, leur préférant les chiens. Qu'importe. Gigi retombe toujours sur ses pattes. Elle rebondit, elle progresse, quand bien même pas toujours dans le bon sens. Quoiqu'il en soit elle ne reste pas immobile et elle ne se focalise pas sur ce qui est derrière elle.
If I look back I'm lost.
Elle continue d'agiter doucement l'eau dans son verre, un peu plus sûre dans son mouvement, moins ébranlée. Elle se reprend, progressivement, lentement. Elle redeviens elle-même. Malgré tout elle rouvre la bouche, désireuse de pousser encore un peu plus la porte, de se rassurer complètement. « Personne ne m'a touchée ? » Elle a besoin de se l'entendre affirmer encore. Après elle passera à autre chose. Elle s'excusera juste de lui avoir gâché un peu de sa soirée et elle le remerciera surtout, pour sa bienveillance envers elle.

@tybalt weatherton

Un frigo dans une chambre, ce n’est clairement pas la première chose à laquelle on pense. Pourtant, tu ne pouvais plus t’en passer. Question d’habitude certainement. « Grand luxe » Un petit sourire est venu éclairer son visage. Elle est belle Gigi, elle l’a toujours été mais à cet instant, tu prends le temps de le remarquer. Chassant cette pensée de ton esprit, tu rediriges ton cerveau vers la tâche principale qui est de lui donner une aspirine. Puis tu t’installes sur le lit et tu l’invites à faire de même. Mais il y a quelque chose qui cloche avec Gigi. Tu ne comprends pas quoi et tu ne sais pas mettre le doigt dessus mais elle n’est pas comme d’habitude. La crainte que tu entends dans sa question te surprend. Quand tu étais venue à sa rescousse, tu t’étais dit que vous en rigoleriez bien le lendemain matin. Après tout, il arrive à tout le monde de lâcher prise, de ne pas contrôler sa consommation d’alcool et de faire des choses dont on est pas fier. C’était vraiment la base pour toi qui sortais tout le temps. Gigi n’avait fait rien de tout cela, elle ne s’était pas ridiculisée, loin de là. Alors tu essaies de raconter les choses avec un peu d’humour et encore une fois, tu constates que cela tombe à plat. Tu es bien conscient de ne pas être un grand humoriste mais en général, tes blagues pourries elles fonctionnent avec la demoiselle. Mais là, à part la sentir se tendre à tes côtés, tu n’as pas droit ne serait-ce qu’à un sourire. Gigi est comme tétanisée et tu commences vraiment à te faire du souci. Alors tu lui reposes la question, tu lui demandes de nouveau si tout va bien. « Je vais bien, rassures toi. » Son sourire forcé t’inquiète encore plus que son visage figé. Tu repenses à ce que tu viens de lui dire, à ce que tu lui as raconté mais rien ne te saute aux yeux. Si tu étais plus égoïste, tu ne chercherais pas plus loin et tu te contenterais de profiter de la migraine qui s’éloigne petit à petit. Cependant, Gigi est ton amie, tu n’aimes pas la voir ainsi, surtout quand tu ne comprends pas pourquoi. Elle agite l’eau dans son verre, doucement, comme par réflexe plus que pour les restes de l’aspirine. Le silence règne dans la pièce. Il n’est pas pesant, c’est un silence de lendemain de soirée où chacun repense à ce qu’il a accompli la veille. Et puis, le regard dans le vide, Gigi te demande : « Personne ne m'a touchée ? » Elle aurait voulu lâcher une bombe qu’elle n’aurait pas pu mieux s’y prendre. Tu te relèves brusquement sur le lit, hésitant presque à lui demander de répéter. Mais le silence dans la pièce faisait que tu étais certaine de ne pas avoir mal entendu. Et une ampoule s’allume dans ton esprit. Est-ce que quelqu’un avait déjà touché Gigi sans son consentement ? La colère arrive ensuite parce que personne ne mérite une chose pareille. « Gigi regarde moi. » Tu déposes le bout de tes doigts sur son menton pour tourner son visage vers le tient. « Non, personne ne t’a touchée. » Tu prends le temps de prononcer les mots doucement, laissant le temps à Gigi de les entendre et de les assimiler. « Et personne ne te touchera jamais sans ton consentement dans une de mes soirées d’accord ? » Tu ne pouvais bien sûr pas passer ton temps à faire le vigile ou la police. C’était pour cette raison que tu engageais des personnels de sécurité pour tes plus grosses soirées. Celles dans ton loft, c’était gérable et surtout, toujours sur liste. Un faux pas et vous êtes blacklistés. « La prochaine fois que tu veux te prendre une cuite, tu m’embarques. A défaut de jouer au wingman, je me porte volontaire pour être ton garde du corps et te garantir une bonne soirée. » Tout le monde devrait pouvoir faire la fête sans se préoccuper d’être drogué ou agressé ou les deux. Tu ne savais pas si cela allait rassurer Gigi ou la faire rire mais tu voulais qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur toi. Délicatement, tu repoussais une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles, avant de lui dire doucement : « Si jamais tu veux en parler, je suis là d’accord ? » Tu n’étais pas un psy mais tu ne la jugerais pas non plus. Tu serais bien mal placé, toi qui enchainais les conneries et les faux pas. Des amis, tu n’en avais pas beaucoup. Par contre, tu prenais soin de ceux que tu avais.

@Gigi Meadows  

tw: avances non consenties, allusion à une agression Personne ne m'a touchée ?
Sans surprise, l’effet produit par ces mots sur Tybalt est immédiat. Il faut dire qu’ils ne laissent guère grande place à l’imagination. Elle le regarde se redresser alors que le jour se fait dans son esprit puis marquer une hésitation, ne sachant à l’évidence que faire ou dire. Loin d’elle l’idée  de lui reprocher. Ce n’est pas une discussion qu’elle a beaucoup eut. C’est même inédit, si on exclut les échanges avec Marlow puis avec sa soeur, les deux personnes qui l’ont successivement rencontrée cette nuit-là.
Elle n’avait pas l’intention d’en parler aujourd’hui.
Mais elle n’avait pas l’intention de vriller hier soir.
Il fallait que ça sorte, il fallait qu’elle puisse savoir ce qu’il s’était produit (ou, en l’occurence ce qu’il ne s’était pas produit). Même si elle n’avait pas envie qu’il sache, même si elle n’en a pas envie. Elle est moins agitée que quelques instants plus tôt, mais elle n’en a pas moins une pierre logée dans l’estomac.
Elle déteste tout ça.
Elle déteste ressentir ce qu’elle ressent.
Elle déteste que ça lui soit arrivé.
Elle déteste qu’une partie d’elle, malingre et terrifiante, persiste à croire qu’elle aurait dut l’éviter. Qu’il aurait fallu pour ça qu’elle soit plus intelligente.
Elle déteste savoir qu’elle n’était pas suffisamment intelligente pour prévenir ce qui s’est produit à l’époque.
Et elle déteste savoir qu’elle n’était pas plus intelligente hier soir, qu’elle doit de ne pas avoir reproduit ses erreurs qu’à la présence d’une tierce personne.
Qu’importe qu’elle ait confiance en Tybalt. Qu’importe qu’il ne se soit rien passé de grave même si, bien sûr, c’est important. Cela la contrarie, le fait qu’il ait dorénavant connaissance de ce morceau d’elle, de son vécu, mais pas autant que la pensée de ce qui aurait pu se produire.
Elle en sait quelque chose, en a l’expérience.
On peut être hanté par des choses qui ne se sont pas produites.
Elle se perd un peu en elle-même, happée par ses pensées, son corps toujours tendu même si un peu de sa panique a reflué. Elle se sent nauséeuse et ça n’est pas dut qu’aux abus de la veille. Elle se supporte à peine, s’extirperait de son corps comme on se débarrasse d’un vêtement poisseux si elle en avait la possibilité.
C’est le mot. Poisseuse. Sale. Souillée.
« Gigi regarde moi. »
La voix de Tybalt lui parviens un peu étouffée, alors même qu’il n’a pas parlé  doucement, alors même qu’il se trouve juste à côté d’elle. Il s’en aperçoit car il place ses doigts sous son menton, capture son visage et son attention. Elle se force à se focaliser sur lui, ne serait ce que pour étouffer un peu les voix qui s’élèvent à l’intérieur de sa tête.
« Non, personne ne t’a touchée. » Elle essaie de s’abreuvoir de ses mots comme on se délecterait de quelques gorgées d’eau bien froide après une longue traversée dans le désert.
Personne ne t’a touchée.
Il laisse un moment passer, précisément pour qu’elle effectue ce travail, pour qu’elle embrasse et digère cette vérité.
« Et personne ne te touchera jamais sans ton consentement dans une de mes soirées d’accord ? » Elle n’acquiesce pas, demeure immobile, se contente de le regarder de ses grands yeux bruns expressifs. Elle le croit. Du moins elle sait qu’il pense ce qu’il dit et qu’il fera tout son possible pour respecter cette promesse. Elle sait aussi, pourtant, que cette promesse est rangée dans la catégorie de celles qu’on ne peut garantir. Il ne peut pas avoir les yeux partout. Il ne peut pas la protéger de tout. Ni lui ni personne d’autre. Elle ne le lui demande pas. Ce n’est pas son rôle, pas plus que celui de qui que ce soit d’autre. Qu’importe qu’elle en ait besoin parfois, qu’elle en ait eut besoin hier soir et qu’elle en ait encore eut besoin avant ça, il y a des années, quand cette protection lui a manqué, quand personne n’était là. Elle doit apprendre à se débrouiller toute seule sinon elle va droit dans le mur. A moins qu’elle n’y soit déjà.
« La prochaine fois que tu veux te prendre une cuite, tu m’embarques. A défaut de jouer au wingman, je me porte volontaire pour être ton garde du corps et te garantir une bonne soirée. » Ça la fait sourire. Pas un sourire à la Gigi. Pas un sourire pétillant, qui irradie jusqu’à ses yeux et qui vous réchauffe immédiatement de l’intérieur. Mais c’est un sourire quand même. Un sourire qui vaut son pesant d’or, en fait, quand il apparaît après une confession comme celle-là. Non qu’elle se soit vraiment confessée. Elle ne lui a pas fait le récit de cette soirée.
Elle ne le fera jamais. Ça n’a strictement rien de personnel. Elle ne veut pas en parler. Quand bien même elle voudrait d’ailleurs, les zones d’ombres sont toujours là, jalonnant la pire nuit de sa vie. Le vide englobe tout ça, un vide dont elle ne peut qu’espérer qu’il ne finira pas par l’engloutir des pieds à la tête.
« Si jamais tu veux en parler, je suis là d’accord ? » Elle acquiesce avant que le mot ne quitte ses lèvres. « Merci. » Elle acquiesce avant que le mot ne quitte ses lèvres. « Merci. » Pas que pour ça, pour ces mots là. Pour hier soir. Pour tout.
Doucement, elle se retire un peu, physiquement, se renfonce dans l’oreiller dont elle s’est détachée le temps de cette conversation. Elle descend le contenu du verre qu’elle tiens encore, en priant pour que cette aspirine ait des vertus magiques qui lui permettront de se débarrasser totalement de l’inconfort qu’elle éprouve encore.
Une femme à le droit de rêver.
Non qu’elle y croit vraiment. Elle n’est pas aigrie, Gigi, mais elle sait reconnaître une cause perdue quand elle en voit une.
Elle laisse le silence s’installer quelques instants, ferme les yeux, les rouvre.
Elle finit par pousser un soupire, comme pour relâcher ce qui reste de tension. Non que ce soit si simple, mais bref. « J’ai un peu plombé l’ambiance. » Lâche-t’elle en insufflant à sa voix une légèreté qu’elle n’éprouve pas mais dont elle a besoin. Elle tourne de nouveau les yeux vers Tybalt, l’urgeant du regard de la suivre.
Elle a besoin de parler d’autre chose et elle a besoin qu’il joue le jeu.
S'il te plait.
« T’as passé une bonne soirée toi ? » Elle veut une diversion. Le récit d’une histoire, même courte, dans laquelle elle n’a pas sa place.

@tybalt weatherton

S’il y avait bien une personne qui comprenait le concept de ne pas se fier aux apparences, c’était bien toi. Très peu de personnes connaissent vraiment Tybalt Weatherton même si une grande part des habitants de Bristol pensent te connaître sur le bout des doigts. Pourtant, ce n’est pas comme si personne ne connaît le concept de réputation et d’image publique mais tu tenais si bien ton rôle que la réalité et la fiction ne faisaient plus qu’un. Gigi n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer le véritable Tybalt mais ce matin, tu n’avais pas le choix que de montrer une petite partie de l’homme que tu étais réellement. Ta soeur se plaignait de ta mauvaise réputation, des scandales que tu apportais à la grande Maison Weatherton. Mais elle ne te remerciait jamais de ne pas créer de plus gros scandales. Jamais tu ne t’étais retrouvé mêlé à des affaires de drogue, des affaires de viol ou de harcèlement, des dérapages judiciaires en tout genre, en bref, des affaires sordides qui pourraient réellement porter atteinte à l’entreprise familiale. Ton oisiveté était ce que tes aînés, amoureux et mariés à leur boulot te reprochaient. Tu considérais que l’offense n’était pas très grande et qu’ils pouvaient vivre avec. Ton père n’avait pas toujours été un homme présent mais il avait su t’inculquer des valeurs importantes et le respect des femmes en était un. Il ne s’était jamais remarié après son divorce et même si tu n’avais jamais croisé de femmes à la maison, tu n’étais pas assez con pour ignorer qu’il avait dû en avoir un certain nombre dans son lit. Il avait toujours été clair, homme ou femme, le respect de l’autre devait primer. Voilà pourquoi tu n’aimais pas l’idée que Gigi ait pu être abusée. La veille dans ta soirée ou à n’importe quel moment. L’idée qu’une femme ne puisse pas profiter de sa soirée parce que les hommes ne pouvaient pas se tenir te révoltait. Et c’était ce que tu essayais de lui faire comprendre avec des mots parfois maladroits mais qui étaient sincères. Tu voulais qu’elle se sente bien quand elle répondait à tes invitations, qu’elle n’ait pas à s’en faire. Et si cela voulait dire mettre un garde du corps en surveillance à quelques mètres d’elle les prochaines fois, c’était un coût que tu supporteras avec plaisir. A ta question elle répond d’abord d’un hochement de tête avant de dire : « Merci. » Il y a un peu d’incrédulité dans sa voix, comme si elle ne te croyait pas vraiment, comme si c’était trop beau pour être vrai. Pourtant, tu voulais qu’elle y croit, tu voulais qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur toi. Votre relation avait commencé dans un lit, certes. Cela ne changeait rien à tes yeux, tu la protègeras du mieux que tu pouvais. Le silence s’installa de nouveau dans la pièce. Tu te rendis compte que c’était une des premières fois où tu te trouvais en présence de Gigi et le silence régnait. Elle avait pour habitude de remplir la pièce de sa bonne humeur et de ses sourires. Aujourd’hui, l’ambiance était toute autre. « J’ai un peu plombé l’ambiance. » Un demi sourire amusé se dessina sur tes lèvres. Tu n’osais pas laisser échapper un rire, c’était sans doute trop tôt. Il valait mieux des fois plomber l’ambiance plutôt que de ne rien dire, tu ne savais que trop bien ce que le silence pouvait infliger. Passant de nouveau une main sur ton visage, tu souris cette fois quand elle te demanda : « T’as passé une bonne soirée toi ? » Il était rare que tu ne passes pas une bonne soirée. Tu avais appris à t’amuser très jeune et étonnamment, tu ne t’en lassais pas. Fermant les yeux, tu repensais à cette soirée et ce que tu pourrais bien raconter à Gigi pour la distraire. Parce que oui, tu avais bien compris son manège. « Très bonne soirée ! Ça faisait longtemps que j’en avais pas fait en plus petit comité, c’était sympa. » Réduire une liste d’invités à quelques noms était toujours la chose la plus difficile à réaliser. « J’ai été nommé roi du dancefloor après avoir tout donné sur du Shakira. Vraiment, tu as loupé un moment mémorable ! » Certaines vidéos devaient déjà tourner sur les réseaux sociaux. Ta fratrie sera encore une fois catastrophée, ce n’était pas comme si c’était nouveau. Attrapant la bouteille d’eau, tu ressers de l’eau et en bois une grande gorgée. « Tu veux manger un truc ? Je t’offre le brunch post-soirée pour te changer les idées. Je dois pas avoir grand chose dans les placards. » Et tu ne saurais pas vraiment le cuisiner pour être tout à fait honnête. Puis changer d’air était certainement la meilleure des choses à faire pour Gigi.

@Gigi Meadows  

tw: avances non consenties, allusion à une agression Gigi n'a jamais eut la moindre difficulté pour ce qui est d'intégrer et de participer à une conversation. Elle n'a jamais été timide, même quand elle était toute petite, s'intégrant volontiers, quitte à jouer un peu des coudes pour se voir attribuer la place convoitée. Elle est fonceuse et elle prend ce dont elle a envie ou, du moins, elle essaie. Elle aime les gens. Elle aime les rencontres. Elle aime défendre ses points de vues, les exposer à des opinions contraires, pousser les autres au débat.
Elle aime jouer.
Elle aime provoquer.
Elle est drôle, divertissante, vivante. C'est ce qui attire les gens, du moins c'est ce que plus de trente-deux ans d'expérience lui ont prouvé. La vie, toutefois, lui a aussi permis de comprendre que ce qui plait aux uns n'attire pas forcément les autres et que si obtenir de l'attention de la part quelqu'un tend à flatter l'égo, il serait préférable de passer sous le radar de certaines personnes.
Il y a des rencontres qu'on regrette.
Des situations dans lesquelles on se retrouve enlisé quand, au détour d'une conversation, le monde bascule sur ses fondations. Cette fameuse nuit, cette nuit où quelque chose s'est brisé à l'intérieur de Gigi, elle était loin de se douter de ce qu'elle allait perdre avant de le perdre justement. Les feux étaient pourtant au rouge et il y avait eut des signes avant coureurs. Elle les avait ignoré, imprudente, l'alcool abusivement consommé ne l'ayant pas aidée non plus à prendre les bonnes décisions au bon moment.
Elle donnerait tout pour effacer cette nuit. Pas juste ses souvenirs, perdus pour la grande majorité de toute façon. Mais toute la nuit dans son ensemble, son existence. Elle voudrait être libérée, libre de remettre la main sur la fille qu'elle était avant cet évènement sordide.
Elle ne peut pas.
Et elle devrait avoir fait son deuil de cette personne depuis tout ce temps.
Mais ce n'est pas le cas. Parfois elle se convainc presque du contraire. C'est facile quand le soleil plane au dessus d'elle et qu'elle est entraînée toute entière dans une belle dynamique. C'est simple, alors, de repousser ses idées noires, de les maintenir à distance. Ça semble presque faisable, alors. De surmonter ça. De se dresser au dessus de cette nuit comme on enjamberait physiquement un obstacle encombrant notre chemin. Le problème c'est que l'illusion ne dure pas. Il finit toujours par se produire quelque chose qui la ramène en arrière, lui rappelant qu'elle peut courir aussi vite qu'elle veut, aller où elle veut, elle sera toujours aimantée au passé, condamnée à revenir au point de départ.

Ce n'est pas réjouissant, on peut le dire. C'est un poids permanent, dissimulé sous les rires et les sourires. Elle n'a pas envie de partager ce fardeau plus qu'elle ne l'a déjà fait. Elle ne voulait pas que Tybalt sache ça d'elle. Elle n'a pas envie qu'il se sente responsable d'elle. Il n'est pas son frère, pas plus que son père. Il n'a pas à gérer ça. Elle ne lui demande rien de tel, mais elle n'en a pas besoin. C'est le problème. Si elle n'a pas main mise sur ce qu'elle éprouve, elle est encore moins en capacité de contrôler les sentiments ou les actes des personnes qui l'entourent.
Elle est impuissante et elle a vraiment, vraiment, besoin d'être distraite de tout ça. C'est ce qu'elle réclame à Tybalt en effectuant un brusque virage dans la conversation. Elle sait qu'elle n'est pas très convaincante là, tout de suite. Son corps est toujours lesté de même que sa voix à laquelle elle ne parviens pas insuffler la lumière qu'elle y aurait facilement logé en d'autres circonstances. Mais ça va revenir, elle va se reprendre. Elle n'est pas douée pour tout, loin de là. Mais ça, elle sait faire. Elle y parviens toujours. Un pas devant l'autre, doucement d'abord, jusqu'à retrouver suffisamment d'aisance sur ses deux jambes pour se remettre à foncer vers l'avant. « Très bonne soirée ! Ça faisait longtemps que j’en avais pas fait en plus petit comité, c’était sympa. » Elle acquiesce, tâche de se focaliser sur Tybalt, de mettre le reste au placard. « J’ai été nommé roi du dancefloor après avoir tout donné sur du Shakira. Vraiment, tu as loupé un moment mémorable ! » Elle ferme brièvement les yeux, non pour soustraire son regard à celui de son ami, mais plutôt pour l'imaginer en train de se donner en spectacle. Les coins de ses lèvres se soulèvent et elle rouvre les yeux. Son sourire ne les atteins pas tout à fait mais il n'est pas non plus forcé. « C'est bien ma veine, mais avec un peu de chance quelqu'un a eu la bonne idée de filmer. A moins que tu aies déjà fait le tour des téléphones pour prévenir toute perspective d'humiliation imminente » elle remue les sourcils, la reconnaissance lisible sur ses traits alors qu'elle le chambre.
Merci pour hier, merci pour maintenant, merci.
« Tu veux manger un truc ? Je t’offre le brunch post-soirée pour te changer les idées. Je dois pas avoir grand chose dans les placards. » Est-ce qu'elle se sent prête à sortir de ce lit là, tout de suite ? Pas forcément. Mais si elle commence à attendre le moment où elle sera prête, elle risque d'attendre pour toujours. Et puis ce n'est pas franchement son genre, d'attendre.
Haut les coeurs, Meadows.
« Va pour le brunch, laisse moi juste filer sous la douche, je dois avoir une tête à faire peur. » Elle doit pas sentir très bon non plus. Pour le reste, ça viendra au fur et à mesure.

@tybalt weatherton

Même étiqueté comme le bon à rien de service, cela ne voulait pas dire que tu n’avais pas certaines qualités ou capacités. Contrairement à ce que beaucoup semblent penser, cela demande beaucoup d’efforts que de maintenir cette position de roi de la fête de Bristol. Roi de la fête et roi de l’oisiveté, voilà l’image que tu t’évertuais à projeter depuis des années et tout le monde n’y avait vu que du feu. Etre capable de lire les personnes en face de vous, d’avoir une idée de leur humeur et de leurs intentions était ce qui te permettait de garder ce titre et de continuer à faire la une des journaux. Des conneries à raconter, ils n’en manqueront jamais. Il faut donc s’assurer que la connerie qu’ils décident de mettre sur le devant de la scène soit la tienne. Et pour cela, tu connaissais toutes les combines. Hyper-sensible refoulé, c’est dans des moments comme celui que tu vis avec Gigi que tu peux te permettre de montre une facette de ta personnalité. Ta tête toujours handicapée par une douleur qui a du mal à s’atténuer ne te permet pas d’être aussi perceptif que d’habitude mais tu remarques que quelque chose ne va pas. Tu es à des années lumières d’imaginer la discussion que vous allez avoir par la suite et pourtant … Il y a toujours ces moments dans la vie qui vous rappellent qu’un grand sourire peut cacher bien des souffrances. Et Gigi semble être une championne dans cette catégorie. Tu ne sais pas ce qu’elle a réellement vécu, elle ne veut pas en parler et c’est son droit. Tu ne peux qu’imaginer et espérer que ce n’était pas aussi tragique que ce que tu avais en tête. Ton rôle à toi ? En faire des tonnes pour la rassurer et surtout, lui assurer qu’elle pourra toujours faire la fête de manière sûre quand elle la fera avec toi. Des paroles qu’elle prend pour des paroles en l’air mais elle ne se doute pas de ce dont tu es capable pour les gens qui te sont chers. Plus le sujet s’éternise, plus elle semble mal à l’aise. Alors tu ne commentes pas quand tu remarques sa tentative de changement de sujet. Elle est brutale mais encore une fois, tu connais ton rôle et tu vas l’endosser à la perfection. Tu lui parles donc de ta soirée, excellente par ailleurs et endiablée sur le dance floor ! Elle avait manqué tes exploits sur Shakira ce qui eut au moins le mérite de la faire sourire. « C'est bien ma veine, mais avec un peu de chance quelqu'un a eu la bonne idée de filmer. A moins que tu aies déjà fait le tour des téléphones pour prévenir toute perspective d'humiliation imminente » C’est toi qui exploses de rire cette fois. Le ridicule ne tue pas et cela ne te dérangeait nullement qu’une vidéo de ce genre circule. Pourquoi prendre une telle précaution et perdre du temps inutilement ? Tu ignorais si quelqu’un avait filmé, très certainement mais ton téléphone était encore en mode avion ce qui t’allait très bien. Gigi semblait retrouver un peu de ses couleurs, prenant son temps en fermant les yeux et se reconcentrant. « J’avais trop bu pour me demander si j’étais filmé et je n’ai pas regardé mon téléphone mais je suis prêt à parier que ton voeu va être exhaussé. » Qui se priverait de mettre en ligne un contenu pareil ? Aucune des personnes qui venait dans tes soirées pour se faire mousser. Tu ne pouvais en appeler aucun ‘ami’, une réalité à laquelle tu étais habituée. La journée étant bien avancée, tu avais envie de sortir un peu et Gigi avait très certainement besoin de changer d’air. Tu lui proposais donc un brunch tous les deux qu’elle finit par accepter. « Va pour le brunch, laisse moi juste filer sous la douche, je dois avoir une tête à faire peur. » Cela ne te choquait pas mais tu ne la retins pas non plus. Cette douche, c’était aussi un moyen de nettoyer tous les mauvais souvenirs d’hier soir. « C’est la porte à gauche, tu as des serviettes dans les placards. » Lui indiquas-tu avant qu’elle ne disparaisse. Désactivant le mode avion de ton téléphone, tu ne fus pas surpris de découvrir des dizaines de notifications. Tu avais été tagué dans plusieurs posts sur les réseaux sociaux, certains simplement pour te remercier de l’invitation mais d’autres, accompagnés d’une photo ou d’une vidéo. Tu explosais de rire en revoyant tes exploits sur Shakira et enregistrais la vidéo pour la montrer à Gigi. C’est ce que tu fis quand elle sortit de la salle de bain en lui mettant le téléphone entre les mains. « Cadeau le temps que je prenne rapidement une douche. » Tu ne trainais pas plus que ça, conscient que Gigi t’attendait. Tu t’habillais rapidement avant de sortir dans la chambre et d’attraper tes lunettes de soleil. « Alors verdict ? » Demandas-tu à ton amie un sourire au coin des lèvres alors qu’elle te tendait ton téléphone.

@Gigi Meadows  

Le rire qu’émet Tybalt a quelque chose de franchement contagieux et si elle n’a pas retrouvé toute sa flamme et toute son énergie, pas encore, un début d’étincelle émerge par intermittence dans le regard de Gigi. Les coins de ses lèvres se soulèvent alors qu’elle fait un effort pour pousser ses idées sombres hors de son passage. L’effort lui est familier. Elle sait faire l’autruche, fermer les yeux sur l’éléphant qui se trouve dans la pièce, quand bien même l’animal imaginaire se ratatine sur elle, ses lourdes pattes pesant son ventre. Qu’importe. Le jeu du faire-semblant.
Jolie menteuse.
Non que ce soit complètement un acte, quelque chose de surfait.
Elle n’est pas surfaite. Elle n’est pas une actrice, perdue dans une interminable représentation.
Elle a simplement cette vilaine chose en elle. Ce qu’elle a vécu, ce à quoi elle ne peut pas échapper. Mais ça ne veut pas dire qu’elle ne doit pas essayer. Aller de l’avant, poser un pied devant l’autre. Chancelante d’abord, puis plus affirmée. Marcher puis courir. Jusqu’à la prochaine chute. « J’avais trop bu pour me demander si j’étais filmé et je n’ai pas regardé mon téléphone mais je suis prêt à parier que ton voeu va être exhaussé. » Elle sourit, rebroussant l’envie de se saisir direct de son portable et de se perdre quelques minutes durant dans le flot interrompu d’informations que leur octroie les réseaux sociaux.

D’autres plans que celui de passer la matinée au lit portable en main se dessinent. Des plans qui commencent à s’imposer en elle et qui l’enthousiasment de plus en plus. La vérité ? Elle aurait bien besoin de sommeil. Cela fait des jours qu’elle n’a pas passé une bonne et longue nuit. Elle a besoin de souffler, de recharger ses batteries. Le soucis, c’est qu’elle est persuadée que le sommeil ne viendra pas la cueillir, pas maintenant. Pas alors qu’elle vient de se rappeler à ses propres ténèbres. Elle crains presque de dormir en fait, persuadée que le vide en elle l’engloutira dès lorsqu’elle perdra pied, trouvant un répit trop court dans l’étreinte des bras de Morphée.
Non, elle préfère se mettre un coup de pied aux fesses et sortir de ce lit, puis de cet appartement. La présence de Tybalt va l’aider à reprendre progressivement du poil de la bête et un bon brunch aussi. Si elle ne se sent pas franchement affamée, là tout de suite, la nourriture est également synonyme d’énergie.
Hors de question, toutefois, qu’elle passe le pas de la porte sans avoir pris une douche au préalable. Elle n’est pas particulièrement obsédée par l’image qu’elle dégage, mais elle éprouve le besoin presque physique de passer quelques secondes sous un jet d’eau chaude. « C’est la porte à gauche, tu as des serviettes dans les placards. » Elle acquiesce, sortant du lit. « Merci. » Elle se fend d’un sourire chaleureux à l’intention de son ami et trace son chemin jusqu’à la porte qu’il a désigné, récupérant au passage la robe dont elle n’a pas le souvenir de s’être extirpée la veille. Elle ne marque pas d’hésitation en attrapant le vêtement même si elle préférerait enfiler autre chose. Tant pis, elle n’a pas de tenue de rechange à disposition.

Elle disparaît dans la salle de bain et se débarrasse rapidement de ce qu’elle porte pour se glisser sous le pommeau de douche en un temps record. Un soupire lui échappe quand l’eau chaude entre en contact avec sa peau, lui accordant un peu de répit. L’envie la prends de se laver la tête, mais elle n’y cède pas. Elle se force à ne pas passer qu’un court moment dans la douche, soucieuse de ne pas faire poireauter Tybalt trop longtemps. Une fois sèche, elle repasse sa robe, lissant le tissu légèrement froissé avec ses mains avant de s’attaquer à l’image d’elle que lui renvoie le miroir.
Elle n’a pas une mise aussi épouvantable qu’elle le pensait. Elle a l’air fatigué, mais ses yeux sont alertes et ses cheveux tombent en une masse bouclée sur ses épaules quand elle défait le chignon expéditif qu’elle s’était fait avant de se glisser sous l’eau. Elle dégote une brosse à dents neuve dans un tiroir et s’occupe de ses dents avant de faire ce qu’elle peut avec son visage. Ne se trouvant pas l’air trop hanté, elle finit par quitter la salle de bain au bout d’une quinzaine de minutes.
Pas trop mal.
Quand elle passe la porte, Tybalt lui tend son portable dont l’écran illuminé réclame son attention immédiate. « Cadeau le temps que je prenne rapidement une douche. » Offrande qu’elle accepte de bon coeur, laissant son ami disparaître derrière elle. Elle se rassoie sur le lit et jette un coup d’oeil à la vidéo. Elle sourit à la vue du spectacle donné la veille par Tybalt, un sourire qui dégringole un peu alors qu’elle se demande où elle était à ce moment précis, quand son ami était occupé à faire son show. Elle aurait préférée être avec lui, à se déhancher sans aucune peur du ridicule.

Elle n’a pas le temps de s’appesantir à nouveau là-dessus, heureusement. Avant que son moral n’ait le temps de trop rechuter, Tybalt émerge à son tour de la salle de bain. Elle se lève, tendant la main pour lui rendre son portable. « Alors verdict ? » Elle se fend d’un haussement d’épaules, un nouveau sourire prenant d'autorité possession de ses lèvres. « J’ai vu pire » mais elle a aussi vu mieux. Elle s’accroupit pour récupérer ses chaussures, une paire de bottines. Elle les enfile rapidement avant de se redresser, combattive, prête à passer la porte de cette chambre le coeur moins lourd, ou tout du moins en essayant de s'en convaincre. « C'est parti ? » C'est parti.

fin du rp.

@tybalt weatherton