Mise en scène - ft. Tybalt Weatherton

“Mise en scène” Latoyia Haynes & Tybalt Weatherton : Ce soir-là, Latoyia avait changé de visage. Troquant son habituel pantalon cargo et le reste de sa tenue anti-feu, elle avait basculé dans le monde qu’elle s’efforçait de quitter. Issu d’une famille prestigieuse, de l’autre côté de l’océan, il lui arrivait encore de représenter les Haynes en certaines occasions. Ce soir, il s’agissait d’une soirée mondaine dont elle avait oublié la teneure. Faisant simplement acte de présence comme à son habitude. Elle ne déteste pas ces soirées. Pourtant, elle ne les affectionne pas particulièrement non plus. Il y a de cela quelques jours, ses parents lui avaient fait faux bonds. Ils devaient venir à Bristol à l’occasion de cette soirée - entre autres choses - mais avaient finalement décliné l’invitation pour un prétexte obscur; sommant Latoyia de s’y rendre.

Globalement, la jeune femme n’avait pas pour habitude de faire ce que l’on attendait d’elle. Et depuis bien longtemps elle faisait en sorte de dépendre un minimum de la fortune familiale. Mais en échange de la tranquillité qu’ils lui laissaient pour vivre sa vie loin de l'existence fastueuse de sa lignée, elle apportait de temps à autre sa maigre contribution. C’est ainsi qu’elle s’était retrouvé dans cet hôtel de luxe en plein centre de Bristol, vêtue d’une longue robe noire surmontée d’une imposante parure. Elle semblait dans son élément.Elle l’était, en quelque sorte. Elle avait beau sembler rustre la plupart du temps, elle avait appris l’étiquette très jeune. Et ce soir, la Lati qu’elle était devenue avait été laissée un instant au placard, au profit de son visage le plus…parfait, aux yeux de la bonne société.

Serrant quelques mains, et adressant quelques sourires polis, feints à la perfection, elle avait fini par se retrouver piégée avec un vieux monsieur qui, à priori, était un ancien collègue de sa mère, à New York. Il avait vu et fait tellement de choses qu’elle ne pouvait en placer une. Son arrogance n’avait sans doute d’égal que son manque de délicatesse puisque cela faisait plus de quinze minutes qu’il tentait de l’inviter à danser. N’ayant pas plus envie que ça de se retrouver à son bras, au risque de découvrir en plus, des mains baladeuses, elle s’était tournée vers la première personne qui se trouvait là.  « Darling, vous me ferez bien l’honneur de cette danse. » Avait-elle prononcé d’une voix claire, nette et sans aucune hésitation, plongeant son regard dans celui qu’elle venait de capturer à son tour, attrapant ses mains pour l'entraîner dans la valse actuellement jouée, laissant en plan le vieux pervers d’une manière habile.

Habile, peut-être pas. Sans doute que le jeune homme à qui elle venait de forcer la main ne verrait pas cela d’un très bon œil, aussi, elle reprit rapidement.  « Excusez-moi de vous avoir forcé la main, mais vous n’avez pas idée du calvaire que ça représente d’être sans cavalier dans ces soirées grotesques. » Lança t-elle avec sa franchise habituelle. Presque prête à se faire rembarrer. C’était toujours mieux que de poursuivre la discussion stérile avec ce vieil avocat gâteux.

 

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