a new hope (tyfael)

Si Rafael voulait bouger, vous alliez bouger. Tu avais choisi ce bar parce qu’il offrait à la fois la possibilité de passer des moments calmes mais avait le potentiel de se transformer en dance floor si une impulsion était donnée. Et des impulsions, tu n’avais pas de mal à en donner. Tu demandais donc à Rafael sur quelles chansons il aimait danser. Tu avais déjà ta petite playlist mais rajouter les favoris de Rafael ne ferait pas de mal. Il se mit à réfléchir quelques instants, te faisant remarquer que ce n’était pas une question simple. Tu espérais que cette fois il répondrait pour que tu puisses mettre ton plan à exécution. Il semblait avoir lu dans ton esprit car il finit par dire : « I love Dancing Queen by ABBA and… Like a Virgin by Madonna. » Tes sourcils se lèvent à ces paroles. Tu te demandes si Rafael a fait exprès et vu son air satisfait, tu ne peux t’empêcher de penser que c’est bel et bien le cas. « Oh really? » Lui répondis-tu sans attendre aucune réponse. Deux classiques, deux chansons qui n’auront aucun mal à parler aux autres personnes présentes dans le bar pour les convaincre de se lever. Tu indiques à Rafael d’aller vous chercher à boire pendant que tu t’occupes du DJ. Le gars est persuadé qu’il est en train de faire un set de malade, complètement dans son univers mais la vérité c’est qu’il n’est pas aussi bon qu’il le pense. Enfin, qu’importe, il accepte ton billet pour se mettre à passer ta playlist que tu lui partages. C’est vraiment ce que les DJ détestent faire mais tu oses espérer qu’il arrivera au moins à gérer les transitions correctement. Tu abandonnes le DJ pour prendre la direction du bar où se trouve Rafael en possession de vos deux nouvelles boissons. Aux premières notes de Murder on the dancefloor il te dit : « A bit of a creepy first dance, don’t you think ? » Tu hausses les épaules, c’est une chanson qui fait se lever les gens, peu importe son titre et vu le sourire du bel homme en face de toi, il n’avait pas l’air de trop s’en plaindre. « It will get people out of their seat, it’s therefore a perfect first song. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Quand tu organisais tes fêtes, tu veillais à embaucher de bons DJ et tu leur laissais une liberté complète sur les chansons qu’ils passaient. Cela ne t’empêchait pas d’avoir toujours une playlist de secours ou de favoris si le mood de la soirée changeait. Alors que vous repreniez la direction des banquettes, Rafael te demanda : « Tell me Tybalt, what are the two songs you like to dance ? » Tu pris toi aussi le temps de réfléchir. Pas parce qu’aucune chanson ne te venait en tête mais plus parce que si vous jouiez aux chansons et aux sous-entendus, il était hors de question que tu ne fasses pas un effort. « Gimme! Gimme! Gimme! d’ABBA et Get Low de Lil Jon are my go-to songs for parties. » Dis-tu d’un air faussement innocent en sachant très bien que ces deux chansons étaient sur ta playlist et feront forcément leur apparition. Tu déposais ton verre sur la table après en avoir pris plusieurs gorgées. Ta tolérance à l’alcool fait qu’il t’en faudra plus pour commencer à en sentir les effets mais le bar n’est pas très loin. « And you asked me about my favorite romantic comedy… I love Lalaland. It’s more a musical, but… I don’t know… Mia and Seb are… I love what they have… I mean before they broke up, of course. » Tu avais oublié cette question, tu avais accepté que tu n’aurais pas de réponse et pourtant … Il te fallut aller chercher dans tes souvenirs parce que tu n’avais pas vu ce film dernièrement. Pourtant tu étais certain de l’avoir vu une fois, sous la contrainte fort probablement. Une histoire d’amour donc qui se terminait par une séparation, ça arrivait assez peu souvent pour que cela te remémore quelque chose. « I’ve seen it once. I think. The fact that they don’t end up together is probably the only reason I remember it. I'll have to watch it again sometime. » Cela ne servait à rien de faire croire à Rafael que tu étais toi aussi un amoureux de ce film. Les deux personnages tombaient amoureux et la vie finissait par les séparer, tout cela en musique. Oui, ce n’était pas le genre de films que tu regardais par toi-même. « Now, you know a lot a things about me. » Son sourire s’est fait taquin et il te rappelle celui que tu avais vu dans sa salle de sport. Celui qu’il avait arboré alors qu’il n’avait pas hésité à te présenter ses plus beaux atouts. Tu finis ton verre avant de le poser sur la table et Rafael fit de même avant d’attraper ton index. Un frisson parcourt tout ton corps car c’est le première fois que Rafael initie le contact. Cela te rassure un peu, cette envie de se rapprocher n’est pas présente que chez toi. Le geste était innocent, tout comme les mouvements sur la musique qui résonne désormais dans le bar. Mais ce serait une tragédie que d’en rester là. Ton index étant accroché au sien, tu l’attires vers toi, le faisant tourner sur lui-même de manière à ce qu’il se retrouve collé contre toi. « Hello you. » Lui murmuras-tu avant de le libérer lui laissant la possibilité de rester là où il était ou de se décaler. Tu préfèrerais le garder contre toi un peu plus longtemps mais il paraît que l’on ne peut pas toujours avoir ce qu’on veut dans la vie. Alors tu lui laisses le choix et dans tous les cas, tu seras là pour le rattraper.

Le temps des grands discours est terminé. Etrangement, tu n’as pas vu le temps passer. Comme quoi, avoir des conversations qui ne sont pas superficielles et hypocrites, cela peut être captivant. C’est surtout le fait d’avoir appris des choses sur Rafael, des choses que tu ignorais et que tu n’aurais pu apprendre autrement qu’en passant du temps en sa compagnie, qui te grise complètement. Ce soir, vous dessiniez les contours d’une nouvelle relation, quelque chose de plus doux que la violence qui avait rimé avec vos échanges adolescents. Violence verbale, jamais physique. Ce soir, il n’y avait que des sourires et de la complicité qui se dessinait et vous liait un peu plus à chaque minute. Etrange sentiment que celui que tu ressentais, presque inconnu ou plutôt oublié. Tu maintenais ce que tu avais déjà dit à Rafael, il n’avait jamais été comme les autres et à tes yeux, c’était une qualité inestimable. La musique est lancée, il est temps de passer à autre chose et de se laisser aller. Rafael t’a confié que ce n’était pas simple pour lui d’arrêter de penser. Pourtant, tu étais bien décidé à lui faire tout oublier. Lui faire oublier qu’il n’était pas un très bon danseur (à vérifier, tu ne savais pas si tu pouvais le croire), lui faire oublier le passé qui vous unit, lui permettre de vivre dans le moment. C’était ta spécialité. Tu n’aimais pas te surcharger de choses sur lesquelles tu n’avais plus la main ou que tu ne savais pas si elles arriveraient. Vivre à cent pourcent le moment présent était ta manière de profiter de la vie. Une insouciance qui t’était permise par ton statut et l’argent de ta famille mais que tu savais être un privilège.

La musique vous envahit, les corps s’animent. Rafael est rapidement contre toi, son corps s’imbriquant avec le tien à la perfection. Oui, tu n’as plus envie de penser. Tu as envie de te laisser porter par cette montée d’adrénaline. Cette proximité est inespérée, presque irréelle. Rafael est là et il ne recule pas. Il semble déterminé à ne pas reculer parce que tu l’as vu hésiter. Quelques secondes mais tu l’as vu hésiter. Et il n’y a rien de plus gratifiant que de savoir qu’il est dans tes bras parce qu’il veut y être, parce qu’il l’a choisi. « Hello » Vos souffles se mêlent et se rencontrent, la musique résonne mais tu as l’impression qu’elle est bien loin. Tu essaies de mémoriser chaque sensation, n’ayant pas envie d’oublier quoi que ce soit de cette soirée. Quand Rafael pose sa main au creux de tes reins, un frisson d’excitation parcours ton corps. C’est inattendu, tu ne sais pas pourquoi mais tu ne t’attendais pas à ce qu’il ose. C’est loin de te gêner, au contraire. Tu plonges ton regard dans le sien et le laisse te pousser vers la piste de danse. Cette nouvelle facette de Rafael, celle du séducteur qui ose, elle t’attire encore un peu plus. Tu ne sais pas ce que vous êtes en train de faire, où tout cela va vous mener mais tu n’as qu’une envie, c’est de le découvrir. Tu regardes ce bel homme s’éloigner, finir son verre puis se focaliser de nouveau sur toi. Il fait quelques pas de danse qui te font éclater de rire alors que tu l’attends, l’attirant de nouveau vers toi. Et puis c’est à ton tour de faire quelques pas de danse. Ils sont peut-être tout aussi ridicules mais qu’importe. Tu laisses ton corps bouger sur la musique, veillant à ce qu’il soit toujours en contact d’une manière ou d’une autre avec Rafael. Alors que la chanson prend fin et qu’une autre commence, tu t’approches de Rafael, passant ses bras autour de ton cou avant de te coller à lui et de lui dire : « Now, let’s danse. » Le reste, c’était comme un échauffement. Un moyen de faire tomber les barrières, de voir où vous vouliez aller. Désormais, tu n’hésites plus, ton corps entraine celui de Rafael dans un corps à corps qui te fait tourner la tête. Tu as oublié à quel point ces sensations peuvent être plus enivrantes que n’importe quel alcool. Tes mains sont posées sur les hanches de Rafael, gentiment en place pour l’instant. Il ne faut pas aller trop vite, ce serait idiot que Rafael panique et décide de te fausser compagnie. « Having fun mister I think too much? » Un grand discours était inutile mais tu voulais t’assurer que tu ne faisais pas fausse route.

La soirée prend une tournure qui ressemble bien plus à ce dont tu as l’habitude. Tu investis toujours la piste de danse. C’est plus fort que toi, dès que tu entends de la musique, tu sens ton corps s’animer. Peut-être que tu aurais dû prendre des cours à une époque, peut-être que cela t’aurait plu de découvrir cet art. A la place, tu avais développé tes compétences tout seul, dans les diverses soirées où tu passais tes week-ends, cherchant d’abord à reproduire ce que tu voyais avant de te lancer. Désormais, tu passes une partie importante de la soirée sur la piste de danse et tu te fiches bien que cela plaise ou pas aux personnes avec toi. Il y a quelque chose de libérateur quand on se laisse aller et que votre corps prend le dessus. Cette libération, tu la lis sur les traits de Rafael et dans cette aisance qu’il semble soudainement gagner. Cela te fait sourire car c’est une facette de plus que tu découvres de cet homme qui t’attire comme un aimant. Ils seraient nombreux les gens qui ne comprendraient pas pourquoi tu t’embêtais avec lui alors que tu pourrais avoir n’importe qui de plus important ou de plus médiatique ou de plus quelque chose. Mais tu n’aimais pas la facilité et surtout, tu n’étais pas quelqu’un de bling bling au fond. L’amour n’était pas un sentiment que tu avais beaucoup pratiqué mais tu avais besoin de t’attacher à des gens frais, pas à des façades. « Don’t talk and danse. » Tu ne te fais pas prier, laissant ton corps parler pour toi. C’est une forme de discussion après tout même si elle n’est pas vocale. Rafael se laisse aller et suit les mouvements de ton corps. Tu n’as pas envie de le laisser filer alors tu veilles à garder sa chaleur contre toi. Ton corps répond au sien naturellement et tu n’as pas envie que cela s’arrête. Tes yeux dévorent Rafael qui a fermé les siens et qui profite à fond, sans retenu. Savoir que tu as le pouvoir de lui faire perdre pied, de le faire arrêter de réfléchir te plaisait. Les yeux de Rafael s’ouvrent et vous continuez à danser. De manière plus ou moins ridicule en fonction des moments et en fonction de vos envies. Tu laisses ton partenaire se lâcher, il en a clairement besoin et tu n’hésites pas à en faire de même. Le ridicule ne te faisait plus peur depuis longtemps, tu emmerdais les gens qui se permettaient de te juger sans te connaître. Un grand sourire est plaqué sur ton visage, cette fois naturel et pas taquin. Tu t’amuses et ça, c’est plus rare que les gens peuvent le penser. La chanson Like a Virgin se met à retentir dans le sous-sol et un regard à Rafael lui fait comprendre que tu avais passé commande. Tu ne comprends pas réellement ce qui se passe car quelques secondes plus tard, Rafael est venu passer ses bras autour de toi et t’enlace sans un mot. Vous ne bougez pas, ou si peu alors que tu sens son nez dans le creux de ton cou. Ton rythme cardiaque s’accélère, tu es certain que Rafael peu l’entendre. Cette fois, tu n’as pas envie de résister, l’une de tes mains vient enlacer sa taille alors que l’autre vient se poser sur sa nuque. Tes doigts se perdent dans ses cheveux, touchant enfin ces boucles qui sont apparues dans un certain nombre de tes rêves ces derniers temps. Tu ne dis rien, tu bouges un peu au rythme de la musique mais c’est comme si le monde extérieur n’existait plus. Tu te surprends à chantonner près de son oreille : « Gonna give you all my love boy. » Cette chanson était plutôt parfaite pour la circonstance, pour le coup Rafael avait bien choisi. « Been saving it all for you. » Une phrase sur deux, celles qui arrivent encore à se frayer un chemin jusqu’à ton cerveau en tout cas car cette proximité avec Rafael est loin de te laisser indifférent. « You’re so fine, and you’re mine. Make strong, yeah, you me me bold. » D’habitude, tu n’as pas besoin de qui que ce soit pour oser. Mais tu n’as pas envie de faire un mauvais pas. Tu n’as pas envie de briser ce moment hors du temps. Alors tu déposes un baiser dans la chevelure de Rafael avant te taire de nouveau.