des conseils à la pelle. (elizabeth et rafael)

30/07/1995

des conseils à la pelle

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Journée idéale, beau temps et soleil rayonnant, les températures sont clémentes et surtout l’envie de sortir pour profiter du grand air. Sofia a réclamé pour sortir, pour aller s’amuser au parc comme elle le demande. Il a accepté à la seule condition que ses devoirs pour le lendemain soient bien faits. Des mathématiques, de la lecture, et un exercice d’écriture. Elle est en plein apprentissage de la lecture et de l’écriture, et elle est demandeuse. Le soir, maintenant, c’est elle qui veut lire, alors il a acheté des livres pour enfants, pour apprendre à le faire. Ils rient le soir, et c’est une bonne nouvelle. Ça fait longtemps qu’il n’avait pas vu ça, qu’il n’avait pas ressenti ça. Cette sensation de bonheur qui peut faire son grand retour. Et soudainement, les pleurs reviennent, les hurlements la nuit ainsi que les cauchemars et les questions qui reviennent en boucle.

Il doit trouver des solutions, il faut résoudre les problèmes un à un, les prendre à bas le corps parce qu’il n’y a pas le choix. Sofia mérite le meilleur, et surtout il le lui doit, il est son tuteur, son parrain et son père de substitution. Rafael doit être là pour elle, il doit tout faire pour elle et pour ne pas la laisser tomber, quitte à oublier ses propres soucis.

Alors une fois ses devoirs terminés, il l’aide à enfiler son blouson ainsi que ses chaussures qui courent vite pour qu’elle soit fin prête à aller dans le parc. Lui aussi s’équipe en prenant avec lui un livre : Call Me By Your Name de André Aciman. Il ne l’avait encore jamais lu, c’était un manque à combler, et il doit avouer qu’il aime beaucoup, même si la plume de l’auteur est parfois… plate. A son humble avis. Une écharpe autour du cou, il ferme la porte de la maison derrière eux. Tous les deux en voiture, il déteste cette idée, depuis… depuis Miguel et sa femme, conduire est un supplice, mais il doit le faire, il n’a pas peut pas faire sans. Cette phobie naissante, il la combat, il voit une psychologue pour ça, pour beaucoup de choses en réalité. Et s’il n’en parle à personne, ce n’est pas pour rien, il a peur de tout ça, comme si en parler était… accepter que ça n’arrive. Il les aimait tous tellement, qu’il ne veut pas oublier, qu’il n’a pas envie d’oublier. Il a besoin de se souvenir de leur présence, de leur voix et de leur amour. Les Casey ne sont plus que trois, et ils… ce n’est pas comme s’ils étaient tous… Lupita est un électron libre, et elle gère à sa façon. Il ne peut pas juger, il ferait pareil, sauf qu’il y a Sofia, et qu’il ne peut pas se le permettre.

Une fois arrivé, il descend de la voiture et aide sa nièce à en faire autant. Elle trépigne, elle sautille et chante une comptine de l’an dernier.

— Ne cours pas trop Sofia, tu pourras le faire dans le parc.

Elle s’arrête, l’attend et lui tend une petite main qu’il empoigne dans la sienne qui fait le double. Elle ricane, et elle avance à nouveau pour aller rejoindre l’endroit plein de verdure et de nombreux jeux pour enfants.

— Je t’aime tonton.

Il finit par la lâcher, un sourire béat au visage, lui répondant que lui aussi l’aime, et elle court, lui, se pose sur un banc pour commencer à lire, son sac à dos posé à côté de lui, rempli de victuailles et de quoi prendre le goûter quand le moment sera venu. Il regarde Sofia, il la voit commencer à faire du toboggan, ou même à se faire des copines comme elle les appelle. Il sourit tendrement en la voyant faire. C’est un amour, et il est heureux de l’avoir dans sa vie. Mais il entend ce bruit, et il sursaute, une sirène, les pompiers. Et comme à chaque fois, il déteste ça, le replonge dans des drames lointains qu’il préférerait oublier. Les yeux plongés sur les lignes de son livre ouvert, dans le vague, comme s’il avait déconnecté.

12/05/1988

des conseils à la pelle

@ELIZABETH DONOVAN ☆ @RAFAEL CASEY

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Ce n'est pas sa semaine normalement mais son ex mari n'a pas eu d'autres choix que de demander à Elizabeth de s'occupe de Marlon aujourd'hui. Ce n'est pas pour lui déplaire puisque sept jours loin de son fils, c'est toujours un calvaire pour la maman qu'elle est. Pour autant, elle se sent chanceuse parce qu'elle n'est pas en conflit constant avec le papa et le partage de la garde s'est fait naturellement, d'un commun accord. Il n'y a pas eu de cris ou d'attaque à travers leurs avocats à ce sujet et Lili sait que c'est loin d'être une généralité. Ils ont toujours eu beaucoup de respect l'un pour l'autre et leur mariage s'est terminé dans la douleur, certes, mais surtout au détour d'une conversation calme, sincère et à l'écoute de l'autre. Malgré tout l'amour qu'ils se portent l'un pour l'autre depuis toujours, ils ne se rendaient plus heureux. Ils ont bien essayé de faire des efforts, de suivre une thérapie. Et si ça marchait un petit temps, ça ne durait jamais bien longtemps alors ils se sont rendus à l'évidence que leur relation touchait à sa fin, qu'ils n'étaient plus faits l'un pour l'autre. Même si elle a toujours été d'accord avec cette décision, Elizabeth a beaucoup de mal à faire son deuil de cette relation et a passé à autre chose. Il est et restera l'amour de sa vie, elle ne veut personne d'autre. Peut-être qu'elle se ferme trop de portes en pensant ainsi mais elle n'arrive pas à faire autrement pour le moment, à voir les choses différemment.
Main dans la main avec son fils dans les rues de Bristol, ils se dirigent tout droit vers le parc où ils passent souvent leurs après-midis quand il fait beau. Comme aujourd'hui. C'est leur petit rituel à tous les deux et jamais ils ne dérogeront à cette habitude. Sur le chemin, ils discutent, de tout, de rien, de ce qu'il a fait chez papa en ce début de semaine, de ce que maman a fait en son absence, de ce qu'ils feront la semaine prochaine, de l'école. Le trajet se passe plus rapidement ainsi et ils arrivent au parc. Marlon se fait plus pressant pour rejoindre l'air de jeux et quelques copains qu'il a l'habitude de croiser ici. Il attrape la main de sa maman pour la trainer et ça le fait doucement rire. Vas y, je ne suis pas loin. Fais attention à toi. Dit-elle avait qu'elle ne le laisse courir pour rejoindre ses amis. Souriant face à la scène qu'elle a devant elle, son regard se porte finalement vers les bancs pour en trouver un de libre où elle pourrait se poser en attendant. Elle aussi, elle reconnaît quelques têtes de parents. Au fil des années, eux aussi, ils se sont liés d'amitié même si Elizabeth a pu avoir leurs enfants en classe. Elle a toujours mis un point d'honneur à séparer la Elizabeth qu'elle est à l'école et celle qu'elle est dans la vie de tous les jours. Elle leur adresse un sourire et un signe de la main mais aujourd'hui, ce n'est pas vers eux qu'elle va. Son regard a reconnu un visage qui lui est familier et elle décide de s'approcher de lui. Bonjour. Mais aucune réponse, ses yeux ne quitte pas son livre. Il ne semble ni l'avoir vu, ni l'avoir entendu. Il semble même complètement ailleurs, ne semble pas aller bien non plus. L'anglaise ne souhaite pas lui faire peur alors elle se pose délicatement à côté de lui pour l'avertir de sa présence. Vous allez bien ? Ce vouvoiement reste même s'ils sont en dehors du cadre scolaire et de cette relation enseignante et parent d'élève. Même si elle n'est plus l'enseignante de Sofia, elle la croise régulièrement dans les couloirs ou dans la cour de récréation. De loin, elle s'assure que tout va pour le mieux pour la petite fille et se montre présente pour elle.

30/07/1995

des conseils à la pelle

@ELIZABETH DONOVAN ☆ @RAFAEL CASEY

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Roman un peu nul, il doit l’avouer. Il ne rentre pas du tout dans l’histoire de ces deux personnages, on lui avait décrit Call Me By Your Name comme un véritable chef d’œuvre, mais ce qu’il en retient, c’est un ennui puissant qu’il ne supporte quasiment pas. Rafael n’avait déjà pas aimé le film, mais le livre est encore plus déplaisant. D’autant que cette histoire d’amour entre les deux personnages principaux est carrément malsaine, un jeune garçon et un homme plus vieux que lui… et que Elio est encore mineur. Non, en réalité, c’est glauque. Il soupire rapidement, et jette un œil aux alentours afin de voir si Sofia est toujours en vue, ce qui est bel et bien le cas, elle s’amuse déjà avec des « copines » qu’elle n’avait jamais rencontrées. Un sourire attendrit vient inonder son visage contrit par cette lecture épouvantable.

Il finit néanmoins par s’y replonger, refusant d’ouvrir son téléphone portable, ne voulant pas faire comme certains à scroller sur des applications de vidéos idiotes et surtout voulant se couper du travail. En tant que grand patron, il y a toujours quelque chose à faire, des réponses à donner à des questions parfois idiotes.

Puis Rafael remarque que quelqu’un s’assied à côté de lui, doucement. Il relève le visage, ferme son livre en mettant son marque page et constate avec bonheur qu’il s’agit d’une personne qu’il connaît.

— Oh, bonjour Madame Donovan.

C’est l’ancienne institutrice de Sofia, celle de l’année passée. Elle était très présente quand il avait besoin d’aide, Rafael était perdu quant à son nouveau statut de parent. Il ne l’est pas à proprement parler, c’est le tuteur de la petite, mais… c’est comme si, il n’y a plus que lui pour elle. Elizabeth Donovan était une aide inestimable. D’autant plus que Sofia avait une confiance incroyable en elle. Il était déçu quand il a vu qu’elle n’avait plus sa « maîtresse préférée », mais ainsi va la vie malheureusement.

— Vous allez bien ?

Question épineuse. Vouvoiement toujours de vigueur. Ils ont toujours cette barrière, d’autant qu’il n’est pas dit que Sofia n’ait plus cette femme comme institutrice un jour ou l’autre, le jeu des mutations ou des changements de classe. Il sourit tristement, parce que non, les choses ne vont pas très bien, mais ils font face, ensemble, l’oncle et la nièce.

— Nous faisons au mieux. On suit les séances de psychologie pour faire qu’elle aille bien, et c’est fastidieux, elle… commence à comprendre, mais n’accepte pas.

Quand une enfant de cinq ans perd ses parents du jour au lendemain, bien évidemment que la situation est difficile à gérer pour elle. Rafael est là pour la réconforter, la câliner quand il le faut, et surtout il fait tout pour elle, parce qu’il n’a pas le choix.

— Et vous, comment allez-vous en ce début d’année scolaire ?

Il ne connaît pas vraiment le métier d’enseignant, du moins, que ce qu’il en a vu à la télévision et parmi quelques connaissances, mais ce qu’il imagine très bien, ce doit être le stress d’une nouvelle rentrée quand on ne connaît pas encore les nouveaux élèves que l’on va avoir durant toute une année.

Quant à lui-même, il ne dit rien, il n’a pas envie d’embêter quelqu’un avec ses propres problèmes, et pourtant ils sont très nombreux. Entre Tybalt qui refait surface, entre l’acceptation de la garde de sa nièce, le fait qu’il soit devenu le directeur général d’une grande entreprise et ses différents deuils qu’il n’a pas encore eu l’occasion de complètement faire, Rafael est perdu. Il se perd, mais il tente de garder la tête hors de l’eau, seulement, ne dépassent que son nez et sa bouche, pour tenter de reprendre son souffle face à la douleur, la peur et l’incompréhension.