again, seriously ? (les casey)

Encore une soirée, encore un mal de tête carabiné qui la ferait se maudir le lendemain. La fête, les rires, la musique. Des corps qui ondulent, qui se frôlent et toujours la même putain de détresse. Comme très souvent, Lupita est sortie avec des amis. Ce soir là, comme toujours, elle a noyé son chagrin dans les vapeurs d'alcool, sa douleur muselée derrière des sourires enjôleurs, son assourdissante peine étouffée derrière ses eclats de rires legers. À la voir ainsi évoluer dans ce monde comme s'il lui appartenait, on en oublierait presque les terribles épreuves qui l'ont marquée au fer rouge. Impossible de déceler ses doutes et sa peur dans son regard insolent. Celle que rien n'atteint. Celle qui se fiche de tout même, diront certains. Le coeur cadenassé. Même la plupart de ses proches s'étaient laissé piéger par l'épaisseur de l'armure qu'elle s'était créé.

Pourtant, à l'abri des regards, bien camouflée par les immenses murs que la jeune femme avait érigés entre elle et les autres, sa forteresse se fissurait chaque jour un peu plus. Un puit sans fond dans lequel elle se sentait sombrer peu à peu. Elle se débattait pour sortir la tête de l'eau mais certains jours l'appel du fond était trop tentant et la quiétude de l'abîme lui paraissait irrésistible.

Mais la jolie brune était trop fougueuse, et elle connaissait bien trop la mort pour se laisser séduire par ses bras tentateurs. Alors elle luttait contre ses pulsions. Certains jours elle parvenait même a oublier. Oublier sa souffrance, l'absence, ce vide au fond d'elle. L'effervescence des nuits, l'alcool et les charmes d'inconnus l'aidaient à panser ses blessures.

Malheureusement, il y avait des fois comme celle ci où, en dépit son bagout légendaire et de son nom de famille, elle devait malgré tout payer les conséquences de ses moments d'égarement. Comme une heure plus tôt. elle chantait a tue tête, ivre et hilare, lorsqu'elle avait croisé la route de Al, l'un des officiers que la jeune femme connaissait bien désormais. Lors de l'enième sermont de l'agent compatissant, Lupita n'avait rien trouvé de mieux à faire que de twerker et lui demander s'il allait lui passer les menottes d'une voix langoureuse et provocatrice. De toutes évidences le père de famille n'avait pas apprécié la plaisanterie.

Elle se retrouvait donc assise sur le banc glacé de cette pièce à laquelle elle commençait a s'habituer. La cellule de dégrisement. L'hispanique se massa les tempes dubboit de ses index effilés. Son frère ne tarderait pas à venir la chercher et elle se préparait déjà mentalement au savon qu'il allait lui passer. Au fond d'elle, Lupita savait que son aîné cherchait à la protéger, qu'il s'inquiétait pour elle. Comment lui en vouloir après tous les adieux qu'ils n'avaient jamais pu faire ? Pourtant, a chaque fois, la jolie brune avait envie de s'arracher la peau, de lui hurler qu'il n'était pas son père. Tellement de colère en elle, qu'elle cachait sous un masque d'indifférence. Le bruit des clefs dans la serrure, la lourde grille qui s'ouvre. Al l'accompagna jusqu'à l'accueil ou elle récupéra ses effets personnels.


A bientôt, cowboy ! Lança Lupita d'un air aguicheur a l'agent de police avant de lui envoyer un baiser imaginaire. Un regard circulaire a travers la salle déserte lui dit comprendre que son frère devait probablement l'attendre dehors. En poussant la lourde porte du poste de police, Lupita dit frappé par l'air froid de la nuit qu'il l'enveloppa, la faisant frissonner. La jeune femme repéra la voiture de Rafael sur le parking et poussa un long soupir avant de se diriger dans sa direction d'un pas traînant. A travers la vitre elle aperçut le regard noir de son frère qui l'attendait l'air furibond. Réprimant une grimace, la brune ouvrit la portière et s'engouffra dans l'habitacle.
Oh, pas la peine de tirer cette gueule ! Marmonna-t-elle en s'installant sur le siège passager.