JorBir#161 - Premier jour d’indépendance

Elle dit rien de plus à propos de votre maison, c’est qu’elle ne doit pas être contre le cheminement actuel. Quand les papiers seront sur le point d’être signé tu le lui diras. Quand tu vas commencer à vider la maison également. Tu espères avoir trouvé une maison à louer avant pour éviter des déménagements à des endroits intermédiaires. T’es fatigué rien que d’y penser… Tu détestes les déménagements, depuis qu’ils sont synonyme de la perte de ta première maison. Tout allait bien quand tu l’avais encore cette maison.

“C'est trop bon en tout cas.” Et là tu captes que la conversation sur les maisons et déménagements est terminée. Au moins tu as vu son signe de tête qui confirmes que si elle a besoin d’aide elle sait qu’elle pourra te demander. “Il est joli l'appart. Une aubaine que c’était dispo.” Tu fais oui de la tête. « Vu le prix ça m’étonne pas. Aubaine n’est pas vraiment le terme qui convient dans ce sens là. » Tu dis avec un léger sourire amusé. Tu manges un bout de tes pancakes Nutella et tu t’en fou un peu autour des lèvres. « Tu veux qu’on aille récupérer tes affaires avant d’aller faire les courses ou l’inverse ? »

“So chic.” T’as pas réfléchit, t’as la chance de pouvoir te permettre ce genre de folies. Tu voulais juste partir de chez Aurora enfin. Puis tu proposes la suite de la journée. “Peu m'importe. Enfin, quoique je suis plus impatiente d'avoir mes fraises tagada que mes culottes.” T’as un petit sourire en la regardant rire. Tu t’essuies la bouche avant de reprendre ton petit déjeuner, te disant qu’elle a l’air d’aller bien. Que tu ne l’as pas envoyé dans une nouvelle spirale mais tu sais qu’il faudra mettre les choses un peu plus au claire à un moment plus tôt que tard.

C’est d’ailleurs une fois que vous êtes de retour dans le airbnb que tu comptes lancer le sujet. Tu n’as pas envie d’attendre plus tard, c’est important de le faire aujourd’hui. Tu as mis vos fringues dans les placards vides, vous avez rangé les courses dans la cuisine, tu as aussi pris tes instruments de musique qui étaient chez Aurora. Y’en a encore beaucoup dans votre maison mais pour l’instant vous n’allez pas là bas.

Le nez dans ton ordinateur tu viens d’étendre ta location de ce Airbnb pour 4 semaines et tu te sens bien soulagé de savoir que tu vas avoir 1 mois pour trouver une maison en location. Tu vas te mettre à temps plein là dessus s’il le faut mais vous aurez une maison stable dans un mois au max. Tu te le promets.

Soulagé de ce premier poids en moins des épaules tu te lèves et va rejoindre Birdie où elle se trouve. C’était un peu temps calme pour l’un comme pour l’autre, vous êtes revenu de vos courses et tout depuis 2 heures par là. « Hey… Tu veux quelque chose à boire ou à manger ? » Tu lui demandes doucement. « Tu crois qu’on peut discuter ? De ce qu’il s’est passé hier. » Tu ajoutes…

“I'm fine, thanks. I've already had one of theses babies…” Tu hoches la tête alors que tu vas te prendre un brownie emballé individuellement que vous venez d’acheter dans vos courses avant de la rejoindre vers le canapé. “Qu'est ce qu'il y a en dire de plus?” Alors là t’es surpris. Elle ne voit pas qu’il y a besoin de discuter ? Elle n’a peut être pas envie de discuter ouais, c’est plutôt ça l’option vers laquelle tu te penches. « Y’a un grand changement entre hier et aujourd’hui on est ici déjà et je t’ai pas trop laissé le choix enfin… Si tu pouvais rester chez ta soeur mais t’es venu me rejoindre et je… Ca s’est passé super vite sans préavis et on était en colère tous les deux j’ai… J’ai envie de m’excuser déjà parce que j’aurai préféré que ça se passe autrement mais j’ai atteint ma limite plus vite que j’aurai cru avec la tension… Et surtout… » Tu marques une pause. « Je sais que c’est pas facile pour toi et qu’on se comprend pas des fois mais… J’ai pas envie de faire comme si c’était normal qu’on soit là maintenant et qu’on avance comme ça sans en parler. » Tu marques une nouvelle pause. « J’étais… Contrarié hier, très contrarié. » Elle le savait déjà ça Jordan. Ca s’est bien vu.

Spoiler:

“J'avais remarqué.” Elle aussi elle était contrarié mais elle n’a pas l’air d’en faire état pour autant. Est-ce que t’es en train de ressasser des trucs alors que y’a pas besoin ? Non. Y’a besoin, tu peux pas juste rester comme ça, comme si tout ça était normal;

“Je vois pas trop ce qu'il y a à dire sur le fait qu'on soit ici. C'est de la façon dont ça a été fait que tu veux parler ou les raisons qui t'ont poussé à le faire maintenant ? Tu veux reparler de ce qui t'as contrarié ? Je sais pas mais si tu ressens le besoin de dire quelque chose… Je suis là.” Ca sonne comme si elle n’avait aucun soucis avec rien du tout et c’est étrange. « Est-ce que… » Tu cherches tes mots, t’es plutôt surpris. « T’es plus contrarié de rien ? Parce qu’on était deux à avoir les nerfs. ‘Fin j’ai… La sensation qu’on a pas terminé de conversation ou qu’on s’est toujours pas compris vu qu’on en a pas reparlé. » Ca se voit sur ton visage que t’es confus là. « Et… Tu penses quoi de la suite ? Je veux dire… Comment tu te sens ? Même si t’as l’air ok, je… comment tu te sens? » Tu en dis beaucoup des choses à la fois Jordan.

Tu vois dans son légèrement changement de posture qu’elle va enfin te donner une réponse qui a du sens pour toi. “Tu t'attends à quoi, à ce que je casse tout et que je sois une boule de nerfs ? Évidemment que je suis contrariée. Je suis frustrée, en colère et ça ne va pas partir de si tôt. C'est là, constamment, mais…” Eh ben, il a fallut que tu lui sortes les vers du nez pour l’entendre dire ça. “T'es parti et ca a fait un mal de chien. Ca a pris le dessus sur le reste.” Mais est-ce qu’elle se souvient pourquoi t’es parti ? “On devait partir de chez Aurora de toute façon. C'est vrai que j'aurai aimé que ce soit fait différemment mais… C'est fait. On y est. Peut être que le fait d'être au dernier étage d'un immeuble me rassure aussi. Mais je me vois pas ne pas être avec toi. Quitte à ce que je passe pour la plus grosse niaise du monde, t'es ma maison et j'irai là où tu seras.” Tu pensais pas à ce point là, donc c’est des nouvelles informations que tu prends là. “Je peux tout perdre mais pas toi. Le reste est matériel. Pas toi. Ça aide à revoir ses priorités.”

Tu vas poser une main sur sa cuisse. « Je suis parti parce que sous le coup de la colère t’as dit n’importe quoi à mon sujet, comme si c’était de toi que je voulais m’éloigner alors que je te disais juste comment je me sentais. Mais… Encore une fois on était trop énervé pour avoir une vraie conversation et tu m’as fait vriller parce que c’est tellement loin de la réalité. Je veux pas être loin de toi et c’est pas parce qu’on s’engueule que tu vas me perdre B. » Tu caresses sa cuisse de ton pouce. « Mais faut que tu me crois quand je dis que j’en peux plus d’être chez ta soeur et je m’en fou si ça te met les nerfs mais je vais pas me retenir de te dire comment je me sens. Comme là t’es encore contrarié mais tu passes outre mais je… Tu passes outre parce que tu veux pas me perdre mais tu vas pas me perdre et je veux pas que tu sois contrarié. Je veux qu’on discute et je veux pas répéter les mêmes conneries et te contrarier encore… » Tu espères que tu vas voir un peu plus claire mais là tu sens que c’est en bonne voie. Tu as déjà bien des informations supplémentaires.

“Je te rappelle que tu m'as sorti ça après une dispute. Et t'es parti alors que j'étais sortie faire un tour, ce qui est d'ailleurs huge pour moi soit dit en passant car c'est pas arrivé depuis longtemps, donc ça a été pire qu'une gifle à ce stade. Tu m'avais dit que tu partirais plus comme ça et tu l'as fait quand même donc…” Tu retiens un soupire parce que ça n’avancerait à rien. “Je n'ai pas les épaules assez solides en ce moment pour ne pas me laisser submerger. Et encore une fois, on venait de se disputer. Donc ce n'était pas le meilleur des contextes. Tu peux pas te retenir de dire comment tu te sens et je peux pas retenir mes émotions. Va falloir jongler avec tout ça.” « Je sais. » “Je suis pas quelqu'un de posé, de calme, de rationnel. Faut pas que tu t'attendes à ce que je réagisse avec de la réflexion.” « C’est pas ce que je te demande, mais c’est pour ça que je veux qu’on en parle maintenant. Maintenant qu’on est posé et je savais pas où tu étais parti mais je savais qu’il valait mieux pas que je te suive, on avait besoin d’être seul tous les deux je pense… Et oui je suis parti alors que je t’ai dit que je le ferai plus mais je t’ai donné l’adresse où j’allais… » Tu comprends bien que c’est toi qui a fait le plus mal dans ton geste. « Et désolé d’être parti mais j’avais atteint mon max… C’était ça ou je vrille complet et j’ai choisi ça. Je me suis choisi moi. » Pour une fois. Et tu l’as fait un peu trop tard à ton goût parce que ça n’aurait sûrement pas été jusque là si vous étiez parti avant. Mais visiblement tu pouvais attendre encore longtemps car Birdie n’avait pas spécialement envie ou besoin de quitter les murs de chez sa soeur. Tu enlèves ta main de sa cuisse. « Je te dirai plus tôt la prochaine fois, comment je me sens, ce dont j’ai besoin, parce que j’ai pas envie de t’en rajouter sur les épaules quand c’est trop tard alors que tu vas pas bien. » Tu soupires doucement, assez triste de toute cette situation. Tu te frottes les yeux de ton pouce et index.

“Ok. Je sais pas quoi te dire de plus honnêtement.” Y’a que toi qui a besoin de parler visiblement. “Je sais juste que ca sera pas la dernière fois et c'est comme ça. On a nos personnalités, faut faire avec.” Tu hoches la tête, n’ayant plus le coeur d’ajouter quoi que ce soit de plus. « Ouais. » Et tu laisses s’échapper un soupire. Tes yeux se posent sur la baie vitrée. T’as besoin de regarder la vue et de te rappeler que tu es tout petit dans ce monde, que tout ça n’est pas la fin du monde. Que c’est juste une période merdique, temporaire. Mais vraiment merdique… T’en as les larmes qui te montent aux yeux. Tu te sens pas mieux qu’avant cette conversation, mais au moins tu auras dit des choses en plus qui t’ont hanté toute la journée et la veille. « Ca va pas encore vraiment de mon côté… » Merci Captain Obvious. Mais au moins tu l’as dit et faut faire avec.