Pari tenu ☾ Joliver ☽

pari tenu

 @Jonathan Barrow ☆ Oliver Lewis

gifs by (c) may0osh & alieneen

octobre / 2024
au bar

Le silence qui a suivi la soirée désastreuse - John débarquant à l’improviste lors d’une soirée avec AJ - a forcément été un peu compliqué à gérer pour le restaurateur dont les inquiétudes et les questionnements sont montés en flèche avant de retomber en trombe. Faut dire que même s’il n’avait jamais imaginé cette éventualité, il ne s’attendait tout de même pas à la réaction - ou manque de réaction, vraiment - de John. Lui qui se laissait aller à l’imagination d’un amour un jour réciproque est forcé de constater que les choses ne sont pas ce qu’elles peuvent être dans ses rêves, que la réalité est tout autre et qu’il vaut mieux pour toutes les parties impliquées qu’il ne cesse de se faire des idées à tort et à travers - et qu’il ne cesse également d’en attendre plus que ce que John ne peut lui donner. Ce sont ces idées en tête qui lui permettent de sauter le pas et d’envoyer un message à son meilleur ami - faisant abstraction de leur dernière rencontre et des jours de silence qui ont suivi. Bien vite, il place les bonnes habitudes au devant de la scène : quelques bières, un match de foot, quelques copains dans leur bar fétiche et le rendez-vous est pris, plaquant un sourire soulagé sur le visage du plus jeune, dont le côté parfois un peu dramatique s’était imaginé perdre son meilleur ami pour toujours et de façon définitive.

Comme promis par messages interposés, Oliver arrive au bar une bonne quarantaine de minutes plus tard, vêtu d’un match de l’équipe de Bristol caché sous une veste en cuir qu’il ne tardera pas à retirer si on en croit la chaleur ambiante du bar - la surexcitation générale d’un soir de match et l’alcool qui semble déjà couler à flot y est sûrement pour beaucoup, le stress et l’appréhension qui émanent du corps de Oliver peuvent également entrer en compte. Alors qu’il scanne la foule, une main se lève et il ne perd pas une seconde pour rejoindre son ami au niveau du bar, ne s’arrêtant qu’une ou deux fois pour apporter accolades et autres réassurances quant au match qui opposera ce soir l’équipe de Bristol à celle de Stoke. A peine arrive-t-il près de John qu’il se reçoit une cacahuète qui rebondit sur son épaule pour tomber par terre ; il suit le mouvement avant de le regarder, un air pas du tout impressionné sur le visage. « Vraiment ? » qu’il demande avant que ça ne lui décroche un rire ; et d’un coup d’un seul, il sent toute la pression sur ses épaules se dissiper. Ils sont toujours eux.

Une tape dans le dos et il n’hésite pas à prendre place sur le tabouret à côté de John, se penchant un peu sur le comptoir pour observer le barman - et le saluer, ils se connaissent depuis des décennies désormais - et lui commander une bière, pas besoin de se lancer dans quoique ce soit d’autre pour le moment. « Pas de maillot aujourd’hui ? » qu’il constate alors en voyant la tenue sobre qu’arbore John. « Et personne t’a foutu dehors ? Tu sais bien que c’est presque un délit. » Il taquine, lui tape l’épaule au passage avant de retirer sa veste pour la poser sur le tabouret, arborant fièrement les couleurs de l’équipe qu’il compte bien supporter ce soir. « Moi j’suis un vrai fan ! Si fan que je te parie qu’on va gagner. » Sa bière arrive et il la récupère du comptoir pour en boire immédiatement quelques gorgées - c’est simple, finalement.

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 @Jonathan Barrow ☆ Oliver Lewis

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octobre / 2024
au bar

Le rire de John arrive évidemment jusqu’aux oreilles d’Oliver, douce musique qu’il ne connaît que trop bien pour en avoir été la raison de très nombreuses fois. Les deux sont amis depuis si longtemps qu’ils se connaissent par coeur et les années n’ont effacé ni la complicité, ni les traces d’humour - parfois peut-être enfantines mais qui font les personnes qu’ils sont aujourd’hui. Oliver regrette parfois ce temps où seuls les rires parsemaient leurs journées et non les larmes qui s’amusent des fois de lui, lui rappelant cet amour impossible et ces années perdues. Pour autant, il ne changerait sûrement pas la situation actuelle si on le lui proposait ; preuve en est la peur qui s’est insinuée en lui ces derniers jours à l’idée qu’il puisse perdre son meilleur ami - et tout ce que ce dernier lui offre en secret. Un regard vers John, non il ne changerait ça pour rien au monde - ou presque.

Mais ce soir, ce n’est pas le moment de penser au terrible secret qui les lie depuis tant d’années et qu’il emportera certainement dans sa tombe ; ce soir, c’est soir de fête et il se vante gracieusement de sa tenue de conséquence, fier d’avoir pensé à porter le maillot et d’avoir ainsi le dessus sur John, il faut se satisfaire des petits plaisirs. Si John se lance avec passion dans une explication des futurs scores - selon lui -, Oli, lui, fait beaucoup moins attention aux statistiques et autres références censées prédire la saison ; préférant largement se laisser porter par la surprise d’un match et ses aléas. Encore une de leurs nombreuses différences. « Et voilà c’est reparti ! » qu’il lance d’un air désespéré avant de se tourner vers le barman qui les regarde déjà, un rire aux lèvres. « T’entends ça ? ça fait quoi ? 2 minutes que je suis là et il m’emmerde déjà avec ses statistiques ! » Son attention se reporte sur son ami alors qu’il pose une main au niveau de son épaule qu’il serre entre son pouce et le reste de ses doigts. « Quitte la RAF, deviens prof de maths mon gars, ça t’ira à ravir. » Il le taquine mais il connaît son amour du sport - il ne peut pas rivaliser, ils ne vivent pas les matchs de la même façon mais ça ne les empêchera pas ce soir de passer un bon moment. Il hoche la tête à ses mots, prend quelques secondes de réflexion avant d’apporter son verdict. « Ok ok ! Moi j’dis 2-1 pour nous. » Petit éclair de malice dans le regard, Oliver poursuit. « On parie quoi ? » Il a un petit sourire sur le coin des lèvres, le genre que seul John devrait pouvoir lire ; il a plein d’idées sur les paris que lui souhaite mettre dans l’équation. « Qu’est-ce qui te ferait plaisir si tu gagnes ? » Ces mots sont plus bas, il fait exprès de baisser la tonalité de sa voix, de laisser ces paroles juste pour lui. Quels sont tes rêves les plus fous ? qu’il demande sous cette question.

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octobre / 2024
au bar

Un petit regard amusé vers le barman et Oli se lance dans une fausse moquerie des mots de son ami ; ils finissent toujours par se chamailler pour un oui ou pour un non, exagérant certainement la chose pour se donner en spectacle et amuser la galerie. Peut-être que parfois, il fait exprès d’aller à l’encontre de John pour le simple plaisir de pouvoir rire un peu, un petit regard empli d’affection qu’il tente toujours de dissimuler quand ils sont ainsi en public. « Très bonne idée de reconversion, tu feras des ravages ! » qu’il rétorque alors, se rendant compte l’espace de quelques instants qu’il ne serait forcément pas contre cette fameuse reconversion ; ça lui éviterait des semaines d’inquiétude à l’idée que John ne revienne pas, une pensée qu’il tente d’étouffer la plupart du temps mais qui n’en reste néanmoins parasite dans son esprit.

Bien vite, les pronostics arrivent sur la table et Oli se laisse quelques secondes d’intense réflexion avant de se décider sur son choix final, scellant ainsi un pacte entre les deux hommes. Son regard change, sa voix aussi ; il le provoque et rêverait de voir une lueur s’éclaircir dans ses yeux, mais rien, l’autre ne se saisit d’aucune perche comme à l’accoutumée. Oliver n’est même pas déçu en entendant le pari que John souhaite placer sur la table, se contentant d’hausser un sourcil à sa demande. « Il suffit de demander, pas besoin d’un pari pour ça. » qu’il rigole, bien que ça ne soit pas tout à fait la vérité ; il lui faudrait sûrement pas mal de ces pintes de bière pour qu’il en arrive à faire une telle chose, pas impossible, juste difficile ! « Qu’est-ce que tu dis de ça ? » Oli se laisse une seconde pour boire une nouvelle gorgée de sa boisson. « Si c’est ça ton rêve le plus fou. » Il hausse les épaules, garde un sourire au bout des lèvres ; il sait que l’autre aurait pu trouver bien mieux s’il avait cherché un peu au fond de ses pensées, il sait aussi qu’il ne se l’autorisera jamais. « Si je gagne, tu dois te teindre les cheveux en rouge et blanc. » Les couleurs de la ville ; lui aussi peut sortir un pari bien loin des meilleures idées que son imaginaire peut venir lui proposer.

Le coup d’envoi est lancé, le match peut commencer. On entend le sifflement de John se mêler aux cris de joie de toutes les personnes présentes dans cette pièce. Oliver tape dans ses mains, applaudit le lancement du match et se concentre sur la balle pour ne manquer aucun moment. Son épaule cogne contre celle de Jonathan mais lui ne s’en formalise pas, les yeux concentrés sur l’écran de télévision. Deux minutes seulement après le coup d’envoi, l’équipe de Stoke marque son premier but, entraînant une vague de protestation alors qu’Oliver lève les bras au ciel. « Mais non ! » qu’il s’agite alors, clairement mécontent de la situation. Une dizaine de minutes passent, un deuxième but marqué par Andrew Moran et Oliver ne supporte déjà plus de regarder l’écran et d’y constater le 2-0 en faveur de Stoke qui s’affiche pour le narguer. Il souffle, se repose contre le bar, termine sa bière. « Bon bah j’imagine que personne ne dansera sur le comptoir ou fera un tour chez le coiffeur. » qu’il marmonne alors, déçu, se reconcentrant tout de même sur le match qui continue sous ses yeux malgré la promesse de défaite - pour le moment !

Les bières s’enchaînent, les cacahuètes aussi, aucun but n’est marqué pendant la prochaine demi-heure et Oli ne tient déjà plus en place, récupérant une cacahuète avant de s’approcher de son ami. Faisant mine de rester concentré sur le match, il passe un  bras vers ses épaules et glisse la cacahuète dans son t-shirt avant de repartir, plutôt fier de sa bêtise enfantine. C'est à ce moment précis que la tension monte d’un coup dans le bar et il reporte alors son attention sur la balle, envoyée en direction de Wells qui place un bon coup de pied… et marque ! Effusion de joie dans le bar avant que la tension ne remonte d’un coup, ne leur laissant presque pas le temps de célébrer ce retour dans le jeu ; l’équipe de Bristol se lance à nouveau en direction des cages adverses. Il n’y croit pas mais observe l’action et quelques secondes plus tard, le score est enfin égalisé sur leurs écrans. Deuxième effusion de joie, il ne peut pas s’empêcher et saute au cou de son ami, l’excitation trop importante pour être contenue. Beaucoup des gaillards de ce bar se serrent dans les bras, se tapent le dos, certains s’embrassent le front - pas de limite par ici et quand il s’agit de leur équipe préférée, pas de limite pour Oli non plus dont le sourire pourrait dépasser son visage et qui peine à se séparer de John.

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 @Jonathan Barrow ☆ Oliver Lewis

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octobre / 2024
au bar

L’ambiance est habituelle, une effervescence que l’on ne trouve ici que les soirs de match et qui fait chanter les habitués, bières à la main et maillots sur le dos. Si Oliver n’est pas le genre à faire la fête jusqu’au bout de la nuit, il ne peut qu’avouer apprécier ce genre de soirées et s’y sentir ici comme chez lui - les années ont sûrement forgé cette impression, la personne avec qui il se trouve presque toujours ici aussi. Le match, lui, commence plutôt mal et les grimaces générales témoignent de la déception ambiante - à commencer par la sienne. Si la plupart des présents ici partagent le ressenti de son ami - la déception d’une équipe qui ne connaît pas ses années les plus glorieuses -, Oliver préfère garder la tête haute et soutenir Bristol comme au premier jour. Tant pis si les joueurs continuent de se montrer de moins en moins bons, il conserve un optimisme déconcertant et très inhabituel pour le grincheux habituel qu’il peut être, une façon de contraster avec celui qui l’accompagne ce soir et semble se refaire les souvenirs de l’équipe du passé. « Qu’est-ce que tu fais vieux quand tu râles comme ça ! » qu’il taquine, petit coup de coude dans les côtes et sourire amusé sur le visage ; ils ont le même âge et même s’il commence à sentir le poids des années parfois, il sait qu’il lui reste encore la vie devant lui - à supporter une équipe qui ne va jamais très loin et il l’espère, à supporter un Jonathan grincheux pour des années à venir encore et qui sait - peut-être la vie, si celle-ci se décide à être clémente.

Le temps change, l’ambiance aussi, les joueurs se rapprochent des buts du camp adverse et bien vite, deux ballons sont envoyés en plein dans le filet. Les cris se font entendre, les rires également ; on trinque à la santé des joueurs, on s’esclaffe et on se tape dans le dos, on se félicite d’y avoir cru, se taquine d’avoir été si négatif. Le match n’est pas terminé mais c’est déjà tout comme - deux occasions de faire descendre les bières et resservir les verres vides, deux occasions de sauter sur son ami, une joie évidente sur ses traits. Oli se retrouve entre les bras de John - et sûrement qu’il voudrait que cet instant dure un peu plus longtemps, mais ils finissent par s’écarter et s’il croit voir quelque chose au fond du regard du Barrow, il n’en dit rien, le laisse se plaindre une nouvelle fois, sourire placardé sur la face. Quand le match se termine, aucun autre but n’a été marqué par quelconque équipe et l’égalité reste alors inscrite sur l’écran. Aucune déception pour les supporters de Bristol qui n’en attendaient sûrement pas autant, pas de victoire, certes mais il ne s’agit pas non plus d’une défaite et pour le moment, cela devra suffire. « Ok, ok, je l’admets ! On avait tort tous les deux. » Il lève les mains en signe de non-résistance, accepte de pas avoir gagné lui non plus ; sûrement un peu satisfait que l’échec soit mutuel. Le bras de John passe sur ses épaules, lourdeur accueillie avec plaisir. « Et la mienne d’abord ? Crois pas que tu vas t’en tirer comme ça. » Et peut-être parce que tout le monde semble fêter la semi-victoire, semi-défaite, surtout parce qu’il a déjà passé quelques bières depuis le début du match une heure et demi plus tôt, peut-être parce que l’ambiance est à la fête et qu’il ne pense pas trop à tout ce à quoi il doit penser, peut-être parce qu’il a bien envie de jouer avec le risque, pour une fois ; il se penche vers son ami, bouche collée contre son oreille. « On peut aussi fêter ça chez moi, je garderai juste le maillot. » Il se sépare finalement, sourire entendu avant de se retourner vers le bar et de commander les deux bières tant attendues, passant vite à autre chose et laissant John se débrouiller avec ces mots. Quand il se retourne, une bière dans chaque main, son sourire en coin ne l’a pas quitté et la malice qui se lit au fond de ses yeux ne semble être que le début de ce qu’il peut faire.