(joseph) young and damaged

03/11/1989

☾ young and damaged

gifs by (c) sebastiansource et (c) beyoncesdragon

2006 chez Rachel

Si le jeune Michael ne tient plus en place depuis ce matin, c’est parce qu’il n’a jamais eu aussi hâte de partager sa nouvelle passion avec quelqu’un. Certains adolescents de son âge ne jurent que par leurs console de jeux mais lui, c’est en frappant dans un sac tel que son cousin le lui a appris qu’il s’épanouit et cela fait plusieurs mois que ça dure, avec de nets effets obtenus sur cette colère qu’il ne savait avant ça pas dans quoi investir. Il fallait trouver quelque chose pour la canaliser, la transformer en quelque chose qui ne serait pas susceptible de le détruire et grâce à Jackson, Michael sait désormais ce qui l’anime : ce sport salvateur qu’est la boxe, et lui permettant aujourd’hui de placer son énergie dans une activité plus saine et contrôlée. Aux yeux de sa grand-mère, ce sport reste pourtant bien trop violent mais l’adolescent au tempérament de feu n’a pas été exclus de son lycée depuis des semaines, alors Rachel doit elle-même s’incliner face aux bienfaits d’une telle pratique. Et puis, autant avouer aussi que Michael a quelqu’un à épater et qu’il tient plus que jamais à l’idée de montrer à Joseph ce qu’il sait maintenant faire de ses poings. Son ami en a longuement entendu parler mais ce n’était pas suffisant, pas alors qu’il pourrait à son tour se frotter à la boxe et y trouver sa révélation – mais pour l’heure, Michael voudrait déjà l’initier à ce sport particulièrement adapté aux garçons comme eux, du moins, lorsqu’il s’obstine à croire que ce qui a fonctionné pour lui fonctionnera forcément aussi pour le Keegan. Jo, ce gosse de la rue qui pourtant démontre bien moins d’envie d’en découdre au quotidien que Michael, persuadé à tort qu’un simple entraînement pourra tout changer aussi pour son ami. Il l’attend donc avec l’impatience d’un enfant, et bondit sur la porte d’entrée à la seconde même où Joseph annonce sa présence. « Allez viens, j’ai trop de trucs à te montrer ! » Et déjà, les deux garçons prennent la direction du garage de Rachel où la petite session du jour va pouvoir joyeusement commencer. Sur le papier, rien n’indique après tout que les choses pourraient mal tourner.

Son cousin affairé ailleurs, c’est seuls que les plus jeunes vont pratiquer car Michael a déjà beaucoup appris de Jackson, bien assez pour pouvoir dispenser à son tour ses meilleures techniques. Au centre de la pièce, un sac de boxe flambant neuf que Rachel a consenti à lui acheter pour le tenir un peu plus tranquille, et parce que le savoir à la maison pour s’entraîner vaudra toujours mieux que de le voir traîner ailleurs, se dit-elle. « J’peux pas croire que t’as jamais frappé dans un sac ! Tu rates, j'te jure. » lance-t-il avant d’inviter Jo à poser ses affaires dans un coin, là où ce dernier trouvera de la place. Le garage est encombré de meubles que sa grand mère prévoit de vendre mais Michael ne voit pas les difficultés que cette dernière rencontre pour leur offrir de quoi manger, et sa dernière passion en date coûte aussi plus cher qu’il ne le croit. Un sac de frappe, les paires de gants allant avec, c’est un budget pour une petite famille comme la leur mais tout le monde s’accorde au moins à dire que cela le vaut bien. « J’fais ça depuis des mois et j’ai beaucoup moins envie de foutre le feu à mon bahut depuis, mon cousin dit que c’est tout le pouvoir de ce sport. » Cette pratique le détourne également des vilaines consommations auxquelles le garçon est depuis un certain temps abonné, mais de ça il ne viendra pas se vanter. « J’aimerais être aussi fort que lui un jour. » il reprend en pensant à son cousin, premier admirateur du concerné depuis qu’il a annoncé aux Reeves vouloir devenir flic comme le très regretté Clancy. Là où Mickey, lui, se rêve peut-être bien en nouveau Muhammad Ali même s’il n’est pas encore question de briller au-delà des murs de ce garage car passer pro, lui ? Cela ne semble encore possible dans aucune réalité aujourd’hui. Et tandis que Michael met en place ce qui doit l’être, Rachel passe une tête pour s’assurer – sans doute – qu’ils ne font pas de bêtises. « Les garçons, je vous dépose de quoi goûter après l’entraînement. » Des biscuits et des briques de lait trônant sur un plateau que Rachel glisse sur le coin de meuble près de la porte, voilà leur récompense et ce qui motive aussi doublement l’adolescent. « Allez-y doucement avec le visage, hm ? » Il fallait s’y attendre, sa grand-mère ne cessera jamais de s’en faire pour la violence de ce sport mais entre le savoir en train de boxer et l’imaginer retourner des classes entières, le choix reste vite fait. « T’en fais pas manou. » Un regard échangé plus tard, Rachel se retire pour laisser les deux garçons en tête-à-tête avec leur sac de frappe. Michael ne perd après ça pas une seconde, car comment est-il censé apprendre à Jo à boxer s’ils ne rentrent pas dans le vif du sujet ? « Alors, quelle paire de gants tu préfères ? » il questionne, désignant d’un mouvement de tête les deux paires disponibles : la bleue et la rouge.

24/04/1988

TW : racisme, mention de violence et abus

Pour Joseph, arriver à l’heure à un rendez-vous n’est pas difficile. Libre comme l’air, montre au poignet, il peut se déplacer du nord au sud de Bristol en une trentaine de minutes. L’horaire de passage des autobus est imprimé dans sa tête. Aux arrêts, il prend le temps d’assimiler la moindre information sur les cartes, les heures, les routes barrées, les nouveaux détours. Lorsqu’il pleut ou lorsqu’il fait trop froid pour marcher, il se trouve un autobus et s’installe à l’arrière pour observer les paysages défiler de l’autre côté de la vitre, à travers les gouttelettes de pluie qui font la course ou la condensation. Il croise souvent le chemin de personnes qui ont sont figés dans une routine, reconnait beaucoup de visage dans les trajets qu’il affectionne le plus. Il adore le parcours 101 qui passe au ras de la campagne, et à chaque fois qu’il longe l’immense ferme de bétail, il colle son nez à la fenêtre et tente de compter le nombre de vaches dans le champ. Il y en a une en particulier qu’il a tant vue qu’il l’a surnommée la girafe. Le motif de ses taches brunes lui rappelle celui d’une girafe. C’est une histoire qu’il ne peut raconter à personne.

Enfin, si. Il pourrait la raconter à Mickey, sauf qu’il a l’impression que le cerveau de son ami n’est pas constitué des mêmes atomes que le sien. Mickey ne tient pas en place. Il est parfois agressif. Impatient. Lui et Joseph n’ont presque aucun point en commun ; et pourtant, le second continue de s’attacher au premier, parce qu’il n’est pas un adulte, il ne lui dit pas quoi faire, il ne le regarde pas d’en haut et, surtout, il ment pour le protéger. Joseph n’a jamais été l’un de ses camarades d’école. Ils se sont rencontrés au détour d’une ruelle, et certainement que Cyril lui aurait dit de se tenir loin de lui. Parce qu’il n’a pas la peau blanche. Peut-être que c’est l’esprit de contradiction de Joseph qui lui a donné envie de découvrir ce garçon sans même craindre une seconde que les avertissements de son père puissent valoir quelque chose. Oh, Joseph n’avait peut-être jamais parlé à un garçon noir auparavant… Mais il n’y avait que des hommes blancs qui l’avaient fait saigner. Le cœur de Joseph n’a jamais été gorgé de haine. Seulement du désir d’aller mieux. Alors, cette main tendue, il l’avait prise et il avait souri en pensant que tout irait mieux désormais.

Il arrive pile à l’heure devant la porte. Il toque trois petits coups. C’est son ami qui vient ouvrir la porte. Il n’a même pas le temps de le saluer, qu’il se fait tirer jusqu’au garage, où Mickey prétend avoir trop de trucs à lui montrer. Ce n’est pas la première fois que Joseph voit son garage, mais, cette fois, il y a une sorte de grosse poche de sable au milieu de la pièce. Elle est suspendue au plafond grâce à une chaîne sans rouille. « J’peux pas croire que t’as jamais frappé dans un sac ! Tu rates, j'te jure. » Laissant son sac couler le long de son épaule il s’exclame : « C’est donc ça qu’tu fais depuis des s’maines ! » Il savait que lui et son cousin avaient passé beaucoup de temps ensemble, et tout naturellement Joseph leur avait laissé leur bulle. Il avait d’ailleurs trouvé que Mickey semblait plus reposé depuis un temps, ce qui était assez ironique en vue de l’activité qu’il pratique. Frapper dans un sac lui semble une activité violente. Joseph n’a jamais été très physique. « J’fais ça depuis des mois et j’ai beaucoup moins envie de foutre le feu à mon bahut depuis, mon cousin dit que c’est tout le pouvoir de ce sport. » Il aime l’entendre parler. Il est le plus calme du duo, préfère écouter que prendre les devants. Leur dynamique n’a pas changé depuis le jour de leur rencontre. Si ça ne plaisait pas à Mickey, il aurait disparu depuis longtemps. Joseph s’accroche à cette idée pour penser qu’il a sa place ici, même si tout crie le contraire. « J’aimerais être aussi fort que lui un jour. » Il y a des étoiles dans les yeux du rêveur. Joseph sourit. « J’suis sûr que tu l’seras si tu bois ton lait. » Il n’est pas encore bien large, mais ça viendra s’il a les mêmes gênes que Jackson. Il en impose, celui-là. Joseph a beaucoup du mal à maintenant le eye contact avec lui.

Rachel passe une tête dans le garage et le réflexe de Joseph est de fixer Mickey plutôt que sa grand-mère. S’ancrer à lui. Éviter de se faire repérer. Il a l’impression d’être un visiteur clandestin. N’importe quel garçon bien élevé aurait remercié Rachel pour l’attention et le goûter, mais Joseph, dans toute son authenticité de gamin détaché de la réalité, ne prononce pas un mot et laisse son ami gérer l’interaction. Il prétend être trop occupé à détailler la boîte remplie de raquette de tennis à sa droite. Quand les deux garçons sont seuls à nouveau, il peut se permettre de respirer et de songer à son offre. Les paires de gant brillent. Il s’agit d’un objet que Joseph n’avait jamais vu de ses propres yeux. Dans les bandes-dessinées, elles ne sont pas aussi détaillées. « La bleue. » Qu’il choisit sans hésiter. Il n’aime pas le rouge. Il a trop souvent taché ses draps de cette couleur. « Elle a dit d’faire doucement avec le visage ? » Il y a une petite inquiétude dans sa voix plus fluette. « C’est dans le sac qu’on va frapper nah ? »

@Mickey Reeves

03/11/1989

☾ young and damaged

@Joseph Keegan ☆ MICKEY REEVES

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Des semaines et même des mois que cela dure, oui. Pour tout dire, Michael n'a plus tellement la notion du temps depuis que la boxe s'est immiscée dans sa vie et par la même occasion dans son esprit, pour donner un sens à beaucoup de choses qui en étaient dépourvues jusqu'ici. Pendant longtemps il a cogné dans tout ce qui pouvait se présenter pour tenter de ressentir autre chose, et pour cracher cette fichue colère qui lui collait à la peau, mais il y a des limites à vouloir détruire le monde quand on n'a que dix-sept ans. À vouloir s'auto-détruire, aussi, quand on est l'ainé de sa fratrie et que l'on traîne les responsabilités qui vont avec. Heureusement que son cousin était là pour lui montrer qu'un autre monde que celui de la rue existe, et que certaines formes de violence peuvent être contrôlées lorsqu'on ne cherche pas le chaos à tout prix. C'est une autre façon de voir les choses, une autre forme d'énergie que Michael peut aller puiser en lui et enfin quelque chose de positif qu'il semble avoir entre les mains – un projet, aussi flou soit-il encore, car il a au moins l'ambition de ne plus se défouler sans rien contrôler. La boxe a tout d'un sport fait pour lui, Jackson ne s'y est pas trompé et n'a pas non plus utilisé en vain sa propre expérience pour tenter de le sauver à son tour, car cette pratique a décidément l'étonnant pouvoir de remettre dans le bon sens les hommes de la famille. Ce n'est pas ce qui rendra à Michael ses parents et donc ce qui éradiquera la source même de sa rage, mais cela reste un bon moyen de la transformer et de contenir ce qui n'allait pas tarder à exploser, d'après son cousin. Et puis, le pouvoir de la boxe devrait se vérifier aussi sur Joseph dans une configuration des choses à laquelle Michael croit très fort, si fort qu'il ne pouvait pas passer une semaine de plus à lui parler de sa si formidable découverte sans que celle-ci ne devienne aussi la sienne. Ils auront bientôt ça en commun tous les deux, il n'existe aucun monde dans lequel l'adolescent n'en soit pas déjà convaincu car ce sport est magique, il ne répare peut-être pas les gens mais il les ajuste, alors ce doit être forcément bon à prendre.

La venue de Rachel ne le détourne pas de son objectif, bien au contraire, et sa grand-mère n'a pas refermé la porte derrière elle depuis dix secondes que déjà, Michael se tient prêt à aborder la seule chose qui puisse vraiment compter. Boxer, boxer, boxer. Ça le démange, il veut pratiquer et certainement pas seul, car Jo ne l'a pas rejoint dans ce garage pour seulement observer. « La bleue. » Le choix de son ami fait, Michael défait le scratch de chaque gant avant de l'inviter à les enfiler. Pour cela, il n'hésite pas à l'aider avant de procéder de la même façon avec sa propre paire, sans passer par l'étape bandes de protection car celles-ci ne devraient pas être très utiles aujourd'hui. Disons surtout qu'il ne compte pas taper très fort pour le premier entrainement de son ami, celui-ci semblant justement un peu perplexe vis-à-vis des mots prononcés par Rachel. « Elle a dit d’faire doucement avec le visage ? » Relevant brièvement la tête, l'adolescent se contente de hocher cette dernière car oui, ils ont entendu la même chose et sa grand-mère n'a sûrement pas glissé cela par hasard, le connaissant. « C’est dans le sac qu’on va frapper nah ? » Oh, c'est donc ce qui l'inquiète ? Le sac leur servira bien, mais Michael n'a jamais dit qu'ils se limiteraient pour autant à celui-ci. « Ouais..! » qu'il confirme, avant de nuancer dans un petit rire amusé : « M'enfin tu connais le principe de la boxe, j'espère ? » On frappe dans un sac pour s'entrainer, mais aucun boxeur n'irait bien loin s'il ne se mesurait pas aussi à de vrais adversaires avant de monter sur le ring. Ils sont deux, ils sont équipés, autant donc en profiter se dit-il. « T'imagines, j'risquerais pas de progresser si je faisais que taper dans un sac. Mais t’inquiète, je sais que tu débutes. » Une façon d'insinuer, sans doute, qu'ils ne seront pas forcés d'y aller comme des brutes car Jo doit aussi assimiler la technique, ce qui ne l'empêche pas de taquiner gentiment son ami. Michael lui assène alors un petit coup bien placé sur l'épaule, dont il contrôle heureusement la force. « Hop. Juste pour tester tes réflexes. » Et son équilibre dans la foulée, qui ne semble pas être aussi bon que ce qu'il aurait pu penser – et dire qu'il l'a à peine touché. « Maintenant frappe. » il lance sans prévenir, en venant bousculer un peu plus son ami dans un élan voué uniquement à le motiver. C'est comme ça que Jackson parvient à le booster, en le secouant quelque peu, il n'y voit donc aucun mal. « Dans le sac pour commencer, si tu veux. » Et parce qu'il ne saurait sans doute pas où viser sur lui, ça Michael l'anticipe un peu. Désireux de voir Jo se lancer, il n'hésite pas à propulser le sac contre lui pour que son ami vienne sans attendre le repousser. « Allez, sans réfléchir. » La technique viendra plus tard, il veut déjà voir ce qu'il a dans le ventre et où ses coups se placeront, instinctivement, avant d'être officiellement face à face sans plus aucun sac pour amortir les coups à leur place. Et rien que d'y penser, l'adolescent a hâte.