☆ Tessa & Aliyah › BLACK CAT, NINE LIVES

Black cat, nine lives

@Tessa Mulligan ☆ Aliyah Reeves

gifs by (c) frankeggelhoffer et (c) Emma

Elle se balance d’avant en arrière, Lola. Elle a enlacé ses genoux de ses petits bras encore potelés et ses yeux bordés de larmes fixent avec anxiété son chaton. Il n’est pas en grande forme. Il ne mange pas, ne boit pas et, forte de mon expérience professionnelle, j’aurais deviné qu’il s’agissait surtout des conséquences de ses vaccins. Or, je tremble autant que ma ville : la raison m’a échappée. Evidemment, je tente de le cacher. Ma fillette n’a pas besoin d’assumer, en plus des siens, les états d’âme de sa mère. quand mon rôle est de la soulager. Je m’y efforce à grands renforts de mots de réconfort, de ”Tout va bien se passer. Il va aller mieux très vite, dès qu’on aura vu Tessa Tu sais que c’est une magicienne et qu’on peut lui faire confiance.” J’y crois même si je n’en mêne pas lage. Je ne doute pas des compétences de cet employeur devenue, avec le temps, une amie sincère. Je suis simplement pétrie de tracas depuis de longues années. L’émotion ne me quitte plus, elle me colle au corps comme une seconde peau depuis ma rupture avec Mickey. Elle s’est amplifiée après qu’il ait fui sans autre forme d’explications qu’un “prends-soin de lui, de toi et de la petite.” Le poids de mon angoisse s’est alourdi dans mon estomac. Où est-il ? Que fait-il ? Lui est-il arrivé quelque chose ? A-t-il fui cet agresseur qui l’a déjà blessé à l’arme blanche ? L’a-t-il retrouvé ? Je ne suis pas taillée pour vivre dans l’incertitude et je souffre. Je souffre comme Lola qui s’éteint chaque jour un peu plus. L’absence de son père la blesse et je n’ose imaginer sa douleur si, d’aventures, la boule de poils adoptée par ce dernier pour ravir le coeur de sa gamine succomber à ses symptômes. Comment agir si ce n’est en rameutant mes proches ? Malgré l’heure avancée de cette nuit fraîche, j’ai appelé ma mère en quête d’encouragement, j’ai commandé un taxi tant j’ai peur de prendre le volant dans cet état et, surtout - avant tout - j’ai suplié notre sauveuse de nous rejoindre sur notre lieux de travail.

Au téléphone, elle s’est distinguée par son altruisme habituell. Dans la salle d’examen, tandis qu’elle ausculter Simba avec soin, elle a dispnsé à l’endroit de Lola des commentaires rassurants. La petite, appuyée contre mon flanc, a déserré la prise de ses bras enroulés autour de ma taille. Elle s’est détendue après chaque bonne nouvelle et j’ai respiré plus librement.”Tu vois, ce n’était rien de grave. Et puis, si Tessa veut bien, maman va rester avec lui pour le surveiller toute la nuit. Je vais demander à Tita de venir te chercher. D’accord ?”Cette enfant est une tête de mule : elle ne prétend pas être ailleurs qu’après du chaton qui nous aura gardé éveiller une partie de la nuit et déranger mon amie. ”Est-ce que ça t’ennuie si on reste toutes les deux ? Je ne la mettrai pas à l’école demain matin, mais je demanderai à ce qu’on passe la prendre le plus rapidement possible.”me suis-je enquis de mon air de cocker. Il n’est pas l’oeuvre d’une quelconque manipulation, il évoque simplement tout ce qu’une mère est prête à envisager en sacrifices pour son enfant et je ne doute pas que Tessa le comprendra sans me prêter d’intentions mauvaises. ”Je te suis reconnaissante, tu sais. Vraiment. Merci infiniment. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi. Je m’occupe de tout. Je connais bien la maison. Je vais installer Lola ici, avec moi...” A proximité de son bébé et de sa mère. ”De ton côté, tu devrais rentrer. La nuit a été longue par ma faute. Tu mérites de te reposer parce que ton agenda est chargé demain.” ai-je ensuite chuchoté, profitant que mon enfant s’apaise à l’aide de caresses destinées à son meilleur ami, à son dernier lien avec Mickey.

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@Tessa Mulligan ☆ Aliyah Reeves

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J’ai d’abord rencontré une Tessa royale dans son rôle de vétérinaire et, maintenant que je suis confronté à l’amie qui nous a rassurées à propos de Simba, je reconnecte avec ma réalité. Je ne vais pas bien et, non, ça n’ira pas. Bien sûr, je peux assumer une nuit inconfortable dans sa clinique et une journée de travail le lendemain sans fléchir. Mais, si derrière sa question se dissimule un sous-entendu en lien avec ma nervosité palpable, ma réponse ressemblerait à un non. Non, je n’aurais pas dû envisager que le chaton de Lola aurait pu perdre la vie après ses vaccins. Mais, oui, j’ai paniqué au point d’être inconséquente. Oui, je perds pied peu à peu parce que je suis fatiguée de lutter contre des vagues d'angoisse qui me repoussent toujours plus loin vers le large. Sauf que ce n’est pas l’objet de l’interrogation à laquelle j’ai rétorqué un ” Excuse-moi. J’étais ailleurs.” suivi de mensonges dont je suis l’unique récipiendaire : ”Ne t’inquiète pas pour nous. On en a vu d’autres. Et elle, peut-être trop pour son âge.” Ma séparation d’avec son père, les railleries de ses camarades parce que longtemps elle l’a peut fréquenter, sa disparition et ses problèmes d’enfant qui ont plus d’épaisseur que le béton armé à ses yeux. ”Puis, tant qu’elle peut veiller sur Simba, tout lui va.”

A-t-elle remarqué l’humidité autour de mes paupières, ma boss ? est-ce le moteur de ce geste réconfortant ou encourageant ? Sa main, sur mon avant-bras, est-ce une invitation à la confidence ? J’aurais tant à raconter sur mon histoire. Je rapporterais ma culpabilité à l’endroit de Mickey, ma colère envers ce dernier, celle qui m’est aussi destinée à force de nourrir des doutes à propos de mes choix. Le regret recouvre ma vie de son manteau opaque et trop chaud sous lequel j’étouffe trop souvent. Pourtant, je me tais. J’adresse plutôt un de mes sourires façonnés de ma longue expérience en matière de secret. Je ne les aime pas : je ne suis pas énigmatique. Je suis de celle qui dédramatise mes emmerdes parce qu’il y a plus triste ailleurs et que c’est là-bas que je suis la plus utile. ”Ne te fais pas de mouron pour moi. Tu en as déjà fait tellement en venant jusqu’ici alors que tu m’avais prévenue qu’il pourrait être apathique. Mais, je l’ai vue tellement triste et inquiète.” Une fois de plus. Une fois de trop, ai-je réprimé de peur de m’enfoncer dans la forêt trop sombre de l’aveu. ”Mais, je prends le canapé et pas seulement parce que je n’ai pas envie de te contrarier.” ai-je cédé en tapotant le dos de sa main et en me répétant, inlassablement, des “tout se passera bien, dès demain.

Tessa confiant à Lola des “fausses” responsabilités est si touchant que mon menton tremble un peu, mais quoique je ne sois pas étranglée par la fierté, j’ai resserré la bride autour de mes émotions. Elle entrave leur mouvement pathétique. et, manquant d’air, elles s’évanouissent juste avant les consignes auxquelles j’ai obéi sans broncher. J’ai tiré les couvertures du placard, préparé un lit de fortune pour mon enfant et je l’ai aidée à s’endormir. Mon bébé a sombré en moins de deux minutes et j’ai retrouvé super-woman dans la salle d’examen. ”ce n’est pas bon pour toi, le café. Normalement, je devrais insister pour que tu rentres te reposer, mais je peux pas te cacher que j’ai besoin de compagnie. Je te retiendrai pas longtemps, promis.”  L’amie est plus égoïste que l’employée. C’est rare, trop pour que je ne m’en tienne rigueur. ”Je travaillerai plus fort demain.” J’ai déjà commencé : je l’aide à ranger son matériel. ”Tu as été super avec elle. Elle t’admire beaucoup, tu sais. Elle dit qu’elle veut être vétérinaire, comme toi, mais le lendemain, elle veut devenir dessinatrice. Alors ?” J’ai haussé les épaules et mon rire échappé a résonné avec plus de sincérité. ”Pourquoi tu ne viendrais pas manger à la maison tout bientôt . ça nous ferait plaisir et même si je te dois rien, je te dois bien ça quand même. Puis, tu as un truc avec les gamins, tu sais. Si tu as pas peur d’être forcée d’admirer ses dessins, tu es plus que la bienvenue. Je serais ravie.” Souligné ses aptitudes à attendrir les gamins, était-ce dépassé les bornes ? Je suis embêté et le cache du mieux que je peux, songeant que ma spontanéité donne désormais la main à ma bonté : elles causeront ma perte. Toutefois, bien que je m’en morde les doigts et que j’espère de tout coeur que passe au bleu mon indélicatesse, je n’ai présenté aucune excuse. Au lieu de ça, je l’ai détaillée en toute discrétion.

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@Tessa Mulligan ☆ Aliyah Reeves

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Je ne crains pas les fortes têtes dès lors que je les estime inepte. Je m’oppose à leur bêtise avec force et conviction. Mais, dès lors que j’ai tort, je capitule sans broncher et je fais fi de ma fierté pour l’admettre. Sur l’heure, le dit cas se présentant, j’installerai donc une chambre de fortune dans le bureau de Tessa, une chambre que j’investirai après ma fille lorsque mon employeur sera enfin rentrée chez elle. Normalement, après m’être confondue en excuses - ce que je n’ai pas hésité à faire - j’aurais dû la renvoyer chez elle, la rassurer sur ce que nous allons bien maintenant que nous détenons la confirmation que Simba va bien. Or, je l’ai retenue de crainte d’affronter seule - et surtout mal - cette solitude qui suit la chute d’adrénaline. Elle est montée en flèches à cause de la panique. Elle est redescendue aussi sec et, à présent, j’ai honte. Honte d’avoir dérangé inutilement un jeune femme vaillante, certes, mais qui travaille beaucoup, qui a la santé fragile et qui mérite de se reposer au lieu de voler au secours d’une mère inconséquente et en proie à la peur. Elle est louable, bien sûr. Je n’ai aucune envie de voir mon enfant souffrir. Mais la raison aurait souhaité que je n’implique personne d’autres  dans ma folie.  Ranger la salle d’examen, tandis que Tessa termine de s’occuper du chat, est donc la moindre des choses. Veiller sur elle l’est tout autant. Plus qu’une patronne, c’est aussi une oreille incroyable et je suis fière de la compter parmi mes amies. Parfois, j’aimerais être capable de plus d’aisance à parler de mes problèmes.  Je ne dirais pas que notre relation n’est pas équilibrée. Au fond, je pense qu’elle l’est, mais un peu différemment de ce qu’envisage l’imaginaire public. parce qu’elle est ma responsable, qu’il s’agit d’une bonne âme et je refuse qu’elle nourrisse à mon égard une quelconque compassion. ”Et je suppose que c’est la même chose pour le thé. En même temps, c’est tellement bon. Est-ce qu’une vie sans café vaut la peine d’être vécue….” ai-je exagéré, concluant par un clin d’oeil. Tout à ma tâche, je n’ai pas réfléchi à l’implication de mes mots, de mes remarques, de mes questions. Tant que le sujet gravitait autour de Lola, je n’étais pendable d’aucune maladresse. Il n’y a rien de mal à confier le désir d’une enfant, dont les goûts changeront, de devenir vétérinaire parce qu’elle aurait pris pour modèle une autre adulte que sa mère - et, en l'occurrence, le choix étant bon, c’est un honneur d’être devancée par la vétérinaire. Relever son don avec les gamins n’est pas grave non plus. Evoquer la possibilité d’une Tessa maman de ses propres enfants, c’était beaucoup délicat et je m’en suis voulue d’être aussi spontanée. Pour peu, je m’en serais excusée, mais je n’ai pas osé. J’ai préféré garder l’espoir que mon indiscrétion passerait au bleu. ”C’est vrai qu’elle l’aime beaucoup. C’est son papa qui lui a offert et, avant de partir, il me l’a confiée. Elle ne l’a plus vu depuis. Du coup, ce serait dramatique pour elle s’il lui arrivait quelque chose. Mais, de manière générale, elle est attentive à tout ce qui a de la valeur.” Elle s’inquiète de moi aussi. Je n’ai de cesse de lui répéter que ce n’est pas son rôle, mais elle se soucie de mon bien-être, de mon moral, de mes états d’âme. Elle perçoit les émotions autour d’elle avec une justesse qui, d’après moi, est trop lourde à porter pour une enfant de son âge. Je ne peux changer sa nature cependant. ”Mais, ça va aller. Je vais m’en tirer. Tu sais ce qu’on dit, il y a toujours pire ailleurs. Puis, elle est en parfaite santé et ça n’a pas de prix. Non, je serai là demain, ne t’inquiète pas.” J’ai rangé les derniers outils, j’ai envisagé de le boire, ce café, mais je me suis ravisée. ”Et il n’y a pas d’obligation, voyons. ça nous fera plaisir. La semaine prochaine, ça t’irait ? Tu pars à Paris bientôt, non ? Je me trompe ? C’est quand exactement ? Et… tu as un vétérinaire de garde ou tu fermes ?.” l’ai-je interrogée sur les options pour mieux m’organiser.

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@Tessa Mulligan ☆ Aliyah Reeves

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Converser autour de la caféine ou des effets d’une tasse de thé est une diversion autant pour Tessa que pour moi. Et, pour cause, je l’ai remarquée cette lueur dans le fond de son regard, celle que la tristesse de ne pas être mère elle-même à celui. La mélancolie de sa grossesse passée fait-elle vaciller la flamme de son désir d’embrasser son rêve d’enfanter ? Mettre au monde des bébés que le sort lui a arraché a-t-elle entamé sa foi ? Je crois que, par empathie pour elle et envers son histoire, j’ai préféré garder ces questions sous silence en m'invitant des réponses surfaites ou variables en fonction de mes émotions. Aujourd’hui, ma maladresse m’aura instruite malgré moi : elle n’a pas abandonné, la vétérinaire. Elle espère toujours porter le monde et cajoler un petit être qui lui ressemblerait trait pour trait. Au contraire, nous n’aurions pas ressenti le besoin d’alléger la discussion quelques minutes durant. Je n’aurais pas non plus perçu sa tristesse presque trop palpable. Elle aurait sans doute balayé ma remarque d’un “Non merci, j’ai déjà donné” ou d’un “trop peu pour moi.” ponctué de la grimace de la certitude. En soi, je suis heureuse qu’elle nourrisse ce vœu malgré la maladie. C'est la preuve de sa force de caractère et de son courage. Toute femme, confrontée à l’adversité, drevrait en prendre de la graine. Moi-même, je coule vers elle un regard moins compatissant qu’admiratif. Si la chance sourit aux audacieux, Dieu prend le parti des justes. Nul doute que la chance lui sourira. Le jour où je me pencherai sur le berceau de son nouveau-né arrivera tôt ou tard. Je la féliciterai alors avec chaleur, avec une émotion incoercible. J’en suis convaincu : je prie pour elle chaque soir. Toutefois, en attendant cette heure céleste, je veille sur elle, de loin. Je m’emploie à lui faciliter la vie au cabinet, histoire qu’elle n’ait d’autres soucis que la santé de ses patients à plumes ou à poils. C’est une sorte de pacte conclu avec ma conscience, un serment duquel découle ma culpabilité de l’avoir dérangée au beau milieu de la nuit. Certes, je n’insisterai pas en lui serinant des excuses supplémentaires. Mais, la moindre des choses, à mon sens, est de m’ouvrir davantage sur ma situation familiale. Aussi lui ai-je confié toute l’étendue de l’affection de Lola pour ce chaton. N’aurait-il pas été un cadeau de son père qu’elle l’aurait aimé tout aussi fort. S’il revêt une importance capitale, c’est qu’il représente son dernier lien avec Mickey. ” Tu ne l’es pas. Ne t’inquiète pas. Si je n’avais pas voulu en parler, je me serais tue.” ai-je expliqué à une Tessa soucieuse de m’aider à ranger la salle d’examen. ”Il est parti en juillet. Il a déposé Simba pendant qu’elle était à l’école et moi, ici.” C’est Lourdes, ma cousine et colocataire, qui a réceptionné le félin et le mot qui m’était destiné. ”Il n’a pas donné beaucoup d’explications. Il n’y a pas assez de place sur un post-it.” J’ai haussé les épaules, désappointée par cette vérité trahissant ô combien je compte peu pour mon mari. ”Depuis, je n’ai plus de nouvelles et je me débrouille comme je peux pour répondre aux questions de Lola. Je n’ai pas envie de lui mentir en lui disant qu’il va bien ou qu’il va revenir. S’il lui arrivait quelque chose, je serais pire alors… je suis honnête, je lui dis que je sais pas, que je ne sais rien. Rien de rien.” Déchirée entre peine et colère, j’ai serré les poings sur le drap de papier. Je le tiens fermement au-dessus de la poubelle, paralysée par les nombreux scenarii qui, habituellement, m'empêchent de dormir. Je me suis remis en mouvement de peur que des larmes bordent mes paupières. Ce n’est ni le lieu ni l’instant pour m’effondrer. Ma fille se repose dans la pièce d’à côté et Tessa a son propre fardeau à porter : elle n’a pas à soutenir le mien à cause d’une faiblesse émotionnelle. ”Mais, ça va, je gère. Puis, j’ai peur de craquer justement. J’ai peur de ne pas réussir à fermer les vannes alors que Lola n’est pas la seule à compter sur moi. Je ne suis pas la seule qu’il a laissée derrière lui sans donner un numéro de téléphone où on pourrait le joindre. ” ai-je conclu, néanmoins touchée par son affirmation. Je fais de mon mieux pour porter mon bébé aux nues, pour lui éviter des traumatismes dont elle se relèvera difficilement, pour lui offrir la stabilité dont elle a besoin pour se construire. ”Merci, Tessa.” ai-je donc répliqué à son clin d'œil avec un sourire et, au bout des lèvres, une invitation à dîner pour la semaine prochaine. ”Parfait. Je regarderai dans ton agenda le jour qui convient le mieux et je te tiens au courant.” Sous-entendu, un où la clinique ne sera pas bondée de clients inquiets. ”Je te préparerai une spécialité de chez moi. Je mettrai juste un peu moins d’épices pour être sûre que ça te plaise.” Au moins, ces considérations à faire pleurer dans les chaumières sont-elles derrière nous désormais. Si elles étaient inévitables, je suppose que nous sommes au moins deux à apprécier le tour pris par la conversation. Tessa adore son frère aîné : elle ne l’a jamais caché. Elle en parle avec une fierté présumant que son voyage pour Paris est source d’excitation. Elle est perceptible d’ailleurs et elle étire mon sourire précédent. ”Je vois, oui. Pas très sympathique, mais très compétent. Et, ne t’en fais pas. Je suis sûre que ton frère aura prévu des tas de trucs pour passer du temps avec toi. Il a l’air d’y tenir ou, en tout cas, de tenir beaucoup à toi.” Chaque moment sera précieux et certains pourraient trouver enviable cette réalité. Pas moi. ”Je ne sais pas comment tu fais. Je serais triste si ma famille était loin de moi. j’ai besoin de les avoir tous à proximité pour me sentir entière. Je comprends que tu te sentes seule du coup. Tu en as parlé à ton frère ?” Je l’ai croisé une fois “en chair et en os”. Mais, si je semble le connaître, c’est de suivre son actualité grâce à la presse. ”Quant à mon week-end, le papa de son copain Selim nous a proposé d’aller jusqu’à la ferme et j’ai accepté. ça fera du bien à la petite. Le reste du temps, on va doucement préparer Halloween. Elle veut faire son costume elle-même. On a du boulot. ” ai-je plaisanté autant pour cacher mon embarras à l’évocation d’Harlan que pour souligner que les ambitions de Lola dépassent le temps que nous avons à disposition pour les réaliser.