(sikey) return of the tiger

03/11/1989

☾ Return of the Tiger

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09/2024 Blind Tiger, Stokes Croft

S'il n'avait initialement pas prévu un retour en grande pompe et s'imaginait même raser quelque peu les murs après sa réapparition, Mickey n'a pas eu droit à autre chose qu'un accueil tempétueux de la part de ses proches – à la hauteur, sans doute, de la trahison que le boxeur a signé en partant comme il l'a fait. S'évaporer du jour au lendemain leur a laissé de quoi croire qu'il ne reviendrait peut-être jamais ou pire, qu'on finirait par le retrouver en train de moisir lui aussi dans un canal comme cet enfoiré de Dom. On ne devait pas donner cher de sa peau à Bristol, c'est même ce que Calvin lui a confirmé car chaque soir au Blind Tiger, les ragots allaient bon train quant au sort réservé à son patron. On ne parlait pas forcément d'une disparition volontaire le concernant, certains effleuraient même l'idée que Mickey pouvait avoir croisé les mauvais types et à force, c'est comme si plus personne n'attendait réellement son retour. Trois mois seraient donc suffisants pour être enterré, conjugué au passé comme si le tigre n'était pas connu pour avoir plus d'un tour dans son sac, ainsi que la fâcheuse habitude d'être toujours là où on ne l'attend pas. Manque de bol pour ses détracteurs et tous ceux qui auraient préféré le savoir mort, l'ancien champion n'en a pas encore fini avec cette ville où ses attaches sont bien trop nombreuses pour le tenir éloigné plus d'un été. Il n'a jamais été question de partir pour toujours, et c'est peut-être bien ce qu'il a en tête de rappeler à tout le monde ce soir en remettant enfin les pieds dans son antre, là où personne n'a intérêt à l'avoir oublié.

Le vieux tigre ne s'est pourtant pas empressé de retrouver son rang de patron, le Blind Tiger n'a tout simplement pas été son premier sol foulé à peine son retour effectué car il fallait déjà digérer le reste, et remettre à peu près en ordre une vie laissée plusieurs mois entre parenthèses avant de replonger officiellement le nez dans ses affaires. Autant avouer surtout qu'il lui fallait dans un premier temps évaluer l'étendue de la colère et de la déception qui lui étaient vouées, car Mickey a désormais la garantie qu'une partie de sa famille n'a plus confiance en lui et que d'autres le méprisent, dans une configuration pour le moins attendue des choses. C'est ainsi que l'on traite les lâches dans son genre, pas de quoi le pousser d'ailleurs à donner ses raisons car elles seraient sûrement plus difficiles à accepter que son départ, et les étiquettes peu flatteuses qu'on lui associe sont déjà bien assez nombreuses. S'il évoquait ces fameuses accusations qui lui pendent au nez, il serait presque trop aisé de douter de lui et c'est précisément la perche que Mickey ne souhaite pas leur tendre, pour éviter d'avoir à lire dans leurs yeux des choses qu'il ne pourrait pas supporter. Se justifier n'est donc toujours pas au programme et l'ancien champion compte bien balayer tout ce qu'il pourra ce soir en ne pensant à rien d'autre qu'à son bar, dont il finit par passer les portes en grand seigneur qu'il n'a jamais cessé d'être. Sa démarche est assurée, comme s'il tenait à marquer sa présence et à asseoir sa supériorité car le patron est de retour plus impudent que jamais, et la récréation définitivement terminée.

Force est de constater au moins que les initiés n'ont pas filé chez la concurrence et que ses meilleurs clients ont continué de faire du Blind Tiger leur lieu d'habitude, à l'image de cette rousse dont il ne perçoit que le dos et qu'il identifie pourtant sans mal. C'est comme si Siobhan n'avait jamais quitté son bar et l'avait même attendu, il semble d'ailleurs que la jeune femme soit en pleine discussion lorsque Mickey s'en approche. Est-elle en train de plaisanter sur sa disparition comme il croit bien l'entendre ? Cette idée lui arrache un sourire à demi-amusé avant qu'il ne vienne subtilement se glisser à ses côtés. « On s'amuse bien à ce que je vois. » Oh, qu'elle ne se sente surtout pas forcée d'avorter sa passionnante discussion pour lui, Mickey y prête même une oreille particulièrement attentive. Car s'il s'avère qu'on parle de lui, autant le faire avec le principal concerné aux premières loges pour qu'il n'en rate pas une miette. « Fidèle au poste. » remarque-t-il, alors que fidèle ne doit habituellement pas être un qualificatif souvent employé en ce qui la concerne. D'un simple regard jeté à son barman, Mickey fait comprendre qu'il compte renouer avec ses habitudes et boire un bon vieux Whisky, car ceux de Londres n'avaient assurément pas la même saveur. Puis, son verre en main, le boxeur observe un instant sa cliente qui en a plus d'une fois dépassé le titre avant de se demander à quel accueil il pourrait cette fois avoir droit. « T’as prévu de me tomber dessus à bras raccourcis toi aussi ? Parce que je te préviens, j'suis pas d’humeur. » Il ne pense pas que Siobhan puisse lui en vouloir mais il ne sait au final jamais vraiment à quoi s'attendre avec elle, car il mentirait s'il disait parfaitement la connaitre. La rousse reste une énigme sur bien des points et Mickey n'a aucune envie de percer tout ce mystère qui l'entoure, car il n'y a rien de plus lassant qu'une relation sans surprise. « Je t’ai quand même un peu manqué j’espère. » siffle-t-il avant de boire une gorgée de son verre, sans être trop certain de la réponse qu'il voudrait obtenir. Ils ont longtemps joué à un jeu dangereux tous les deux, et c'est l'un de ces soirs où Mickey n'estime plus avoir grand-chose à perdre. Car sans doute a-t-il déjà tout perdu.

25/09/2024

return of the tiger
feat Siobhan Sallinger & @Mickey Reeves

septembre / 2024 Est-ce que la rareté de sa présence en Angleterre la rendait attendue ? La réponse était probablement positive, Siobhan ne comptait plus le nombre de messages qui lui demandaient quand est-ce qu’elle se rendrait à Bristol. Elle laissait parfois des indices sur les réseaux sociaux, lorsqu’elle faisait comprendre à ses abonnés qu’elle se trouvait trop loin de sa terre natale pour y retourner rapidement, même s’il lui arrivait de poster des photographies volontairement en retard pour expliquer qu’elle ne pouvait pas s’engager à voir quelqu’un. L’hôtesse de l’air pouvait avoir l’air lâche, mais elle s’évitait surtout des prises de tête inutiles, elle détestait de devoir se justifier, d’être forcée à faire quoique ce soit, alors elle abusait de son métier. Un travail qui ne cessait pas de lui paraître idéal, il ne nécessitait pas d’être bardé de diplômes, de maîtriser l’art de la négociation comme personne, de devoir faire certaines tâches chez elle, une fois qu’elle quittait les aéroports elle était tout simplement libre. Une liberté qu’elle appréciait moins lorsqu’elle se trouvait à Bristol, parce que cette ville ne pouvait plus la surprendre. Elle avait l’impression d’en connaître tous les recoins, tous les visages, alors qu’il s’agissait d’une ville comptant un nombre colossal d’habitants. Était-elle devenue insensible au charme anglais ? C’était probablement le problème, elle n’arrivait plus à s’émerveiller devant les paysages de sa contrée et ne se retournerait plus dans la rue, comme si elle ne rencontrait plus d’hommes attirants, ce qui était encore plus problématique. Siobhan ne trouvait plus de jouets, elle tournait en rond alors elle fit défiler sa liste de contacts, jusqu’à ce qu’un nom ne lui donne envie de s’arrêter. Le doigt de la rousse cessa de se mouvoir lorsqu’il se retrouva juste au-dessus de celui de Mickey. Depuis combien de temps n’avait-elle pas vu ce bon vieux Reeves ? Plusieurs mois, un trop nombre important de semaines s’étaient écoulées, mais elle ne craignait pas pour autant d’avoir été oubliée par l’ancienne star de boxe. Elle se demandait juste ce qu’il avait pu devenir pendant tout ce temps, est-ce qu’il tenait toujours son bar ? Est-ce qu’il continuait de délivrer ses produits favoris ? Il n’y avait qu’une seule façon d’en avoir le coeur net : se rendre au Blind Tiger.

Le lieu lui avait toujours plu, il se démarquait des autres établissements de Bristol, elle lui vouait donc une fidélité que peu d’endroits pouvaient susciter chez elle, mais ces derniers temps elle devait avouer qu’elle n’y avait pas mis les pieds. Le barman ne manquera pas de lui faire la réflexion, tout en cherchant à la flatter, en lui faisant comprendre qu’ils avaient besoin de ‘ belles femmes comme elle ’ pour entretenir l’intérêt des clients, mais elle n’y voyait qu’une tentative de drague pas assez directe. Elle se demanda l’espace d’un instant s’il savait qu’elle figurait parmi les conquêtes de son patron, si cette information l’empêchait d’agir normalement, elle décida donc d’aller droit au but. « Personne ne te surveille tu sais, pas besoin de faire le timide, à ce qu’il paraît le boss ne pointe plus le bout d’son nez. » Il suffit pourtant qu’elle ne parle du loup, pour que celui-ci ne daigne apparaître ou plutôt pour que le vieux tigre ne se glisse à ses côtés. Elle avait immédiatement reconnu son timbre de voix. « Jaloux qu’on s’amuse sans toi, Mick ? » Répliqua-t-elle sans attendre, avant de lui faire un clin d’oeil. Il semblait tout de même satisfait de voir qu’elle comptait toujours parmi les clientes de son bar. « Pour ton plus grand plaisir. » Dit-elle en levant son verre, parce que des clientes comme elle, il ne devait pas y en avoir dix. Il chercha à savoir si elle allait lui chercher des poux, tout en lui signifiant que cela n’était pas le moment. Elle se mit à plisser légèrement des yeux, il n’avait pas de comptes à lui rendre, mais elle devait bien avouer que cela l’avait ennuyé de ne plus avoir son meilleur dealer et que l’amant qu’il avait pu être par le passé lui manquait aussi parfois. L’hôtesse de l’air n’avait pas pour autant envie de le flatter, il ne le méritait pas après s’être fait passé pour mort pendant autant de temps. « J’ai la tête de quelqu’un qui va te faire un sermon ? » Est-ce qu’il l’avait bien regardé ? Est-ce qu’il ne la connaissait pas assez pour savoir qu’elle n’était pas une donneuse de leçons ? « Mais si t’as envie d’être puni on peut toujours s’arranger... » Siobhan afficha un sourire des plus évocateurs. Elle pouvait sévir dans un autre contexte, cela ne la dérangeait pas, bien au contraire. La Sallinger se mit à s’accouder au bar. « Qu’est-ce qui t’arrive pour avoir besoin d’une déclaration d’amour ? » Qu’elle lui demanda en devenant soudainement sérieuse. Est-ce qu’il ne serait pas de retour sur le marché, par le plus grand des hasards ? ...

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03/11/1989

☾ Return of the Tiger

@Siobhan Sallinger ☆ MICKEY REEVES

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Le Bling Tiger ne semble pas avoir souffert des mois d'absence de son patron et c'est le signe qu'il aurait eu tort de ne pas miser sur Calvin pour maintenir à flot ses petites affaires, cet homme décidément plein de ressources auquel Mickey confierait presque sa propre vie parfois – et c'est indirectement ce qu'il a fait en lui laissant les rênes de cet endroit et du reste, quand il y pense. C'est simple, il ne fonde une telle confiance en personne d'autre et sûrement pas en son personnel, découvrant au même titre que ses clients son grand retour car les prévenir, Mickey n'en voyait pas l'intérêt. La plupart ne sont là que pour servir des verres et ramasser à la fin du mois leur salaire, mais il constate en revanche que les souris ont un peu trop tendance à danser lorsque le chat s'est éloigné, à l'image de ce barman se laissant un peu trop facilement détourner par les charmes de sa meilleure cliente. Siobhan a les arguments pour ça, il est lui-même très bien placé pour le savoir, mais certains devraient apprendre à rester à leur place quand on sait que Mickey n'a jamais eu le moindre scrupule à se débarrasser de qui que ce soit. Des types capables de préparer des boissons il peut en trouver à la pelle dehors, et tant pis si sa prochaine réaction doit indirectement donner raison à la Sallinger quant à son potentiel côté jaloux. « J'interromps surtout quelque chose on dirait, il s'en passe des belles quand je m'absente. » remarque-t-il d'une voix grinçante. Siobhan est libre de s'amuser autant qu'elle le souhaite mais son employé, lui, ferait bien de garder la tête froide et la braguette bien fermée. Ce pauvre gars doit d'ailleurs avoir un nom mais il n'en a de toute façon pas besoin pour l'interpeller ensuite, comme en témoigne son regard qui se heurte au sien sans prévenir. « Hey toi, je te paye pas pour faire du gringue aux clientes alors un p'tit conseil, reste focus sur tes verres. » Cela pourrait sonner comme un simple avertissement, oui, seulement il n'en est rien. Son jeune barman ne le sait pas encore mais il passe officiellement sa dernière soirée ici car si le vieux tigre a fait le plein de quelque chose durant ces trois, ça n'était sûrement pas d'indulgence. Il est revenu pour régner sur cet endroit comme il avait l'habitude de le faire avant ça et ceux prenant leur boulot par-dessus de la jambe sont destinés à se voir montrer la porte, sans aucune autre forme de procès. Mickey est aussi impitoyable qu'imbuvable en tant que patron et cela ne changera pas. Son bar, ses lois.

Mais déjà, il ne pense plus à cet incapable auquel il aura tout le temps de signifier son renvoi plus tard, car ce qui l’intéresse est plutôt de savoir à quel accueil il doit exactement s’attendre de la part de Siobhan. Est-ce qu’elle aussi compte lui faire longuement la morale et lui reprocher de s’être évaporé comme un lâche ? Pour ça, il faudrait déjà que la rousse ait remarqué son départ et il semble au moins que ce fut le cas, quand bien même elle n’en a certainement pas souffert comme d’autres. Il n’a brisé aucune promesse avec elle, n’a pas non plus le sentiment que Siobhan soit du genre à s’en faire pour lui alors qu’ils ont jusqu’ici principalement partagé des verres, de la poudre et un lit, et celle-ci laisse bien vite entendre que les sermons ne passeront effectivement pas par elle aujourd’hui. S’attendait-il réellement à récolter sa haine ou son amertume ? « Non, c'est vrai, mais c'est sûrement l'habitude qui parle avec tout ce que j'ai pris dans la gueule ces derniers jours. » Il lui accorde donc être influencé par l’accueil qui lui a déjà largement été réservé, ce qui tend à le mettre sur la défensive par principe. Sifflant une nouvelle gorgée de son verre, Mickey reprend avec un soupçon de frustration dans la voix. « On peut pas dire que mon retour ait été très bien accueilli, si tu préfères. » Elle peut dès lors en tirer les conclusions qui l’arrangent car il ne tient pas forcément à entrer dans les détails ce soir. Le sujet est sensible comme elle peut l’entendre, et Mickey pas mal échaudé par certaines paroles dont on l’a gratifié. Il se fend toutefois d’un sourire lorsque Siobhan se dit prête à le punir, dans un sous-entendu que le vieux tigre n’a aucun mal à saisir. « Tu perds pas le nord toi, y'a cinq minutes t'étais encore prête à m'enterrer comme les autres. » Et sans doute que cela l’a un peu vexé dans le fond, motivant en grande partie sa réaction face au barman. Il fallait le prévenir qu’en disparaissant trois mois, tout le monde serait prêt à commander son cercueil et les fleurs allant avec. Et tandis qu’il cherche à savoir s’il a un peu manqué à sa meilleure cliente, la question qu’il récolte lui arrache une grimace qu’il ne cherche même pas à retenir. Là encore, le sujet est sensible. « Me parle pas d'amour, j'ai aucune envie d'avoir ce mot-là à l'esprit ce soir. » Et en l’occurrence de penser à sa relation sacrifiée avec Zoya, dont il a brisé le cœur et les espérances en s’en allant. Il avait ses raisons de le faire, mais aucune qu’il ne puisse se permettre de donner pour l’heure et c’est de ne pas pouvoir s’expliquer envers son ex-petite amie qui est sûrement le plus dur. Incroyable mais vrai, le vieux tigre a bien un cœur. « J'ai réussi à tout ruiner en disparaissant mais ça devrait pas franchement t'étonner, ça. » Elle sait qu’il a déjà anéanti sa brillante carrière alors dans le fond, de quoi n’est-il pas encore capable ? Siobhan ne l’a jamais connu comme un homme franchement raisonnable, et sa prédisposition à prendre les mauvaises décisions n’est plus à prouver, autant bien se l’avouer. « Et de ton côté, qu'est-ce que j'ai raté en trois mois ? » il questionne entre deux nouvelles gorgées, réellement curieux d’apprendre de quoi sa vie a été faite quand il n’en faisait plus du tout partie. « Je sais que t'as pas beaucoup pointé le bout de ton nez ici, j'étais peut-être loin mais j'avais des yeux sur place pour surveiller cet endroit. » Et son regard glisse aussitôt du côté de Calvin, dont l’imposante carrure se tient dans un coin de la pièce et dont le sérieux ne saurait être ébranlé. Pour le coup, c’est une chance que Siobhan n’ait pas jeté son dévolu sur son homme de confiance.