☆Meryl & Terry • Let it be

26/08/2024

Let it be

gifs by (c) queenexcelsior et (c) ultrabwayne

Un “petit quelque chose” en plus. C’est l’expression que j’ai opposée à ma sœur pour qualifier Meryl. Je ne la connais pas pourtant. Une photo de profil sur Tinder et quelques échanges après match réciproque n’instruit personne sur la personnalité de son interlocuteur. Elle est mignonne, assurément. Elle est rayonnante sur le cliché qui habille son compte, mais ce n’est pas ce qui m’intrigue, ce qui m’a poussé à regretter d’avoir triché sur mon identité quand la situation m’a privé du bénéfice du choix. Terrence Mulligan ne s’inscrit pas une application de rencontre : il n’en a pas besoin. Il ne jouit pas non plus de l’opportunité de proposer un rencard. Comment l’organiser ? Comment révéler à la victime de ses mensonges qu’elle s’est plantée ? Toutes ces questions m’ont taraudé au fur et à mesure de nos discussions et, quoiqu’il aurait été préférable d’être honnête, j’ai présumé qu’elle comprendrait ma discrétion. Elle a l’air intelligente. Elle saisira l’enjeu, intègrera peut-être que l’ennui a forcé mon geste et que si j’ai cherché à combler ma solitude par écran interposé, je ne nourris aucune mauvaise intention à son endroit. Bien sûr, manifesterait-elle le désir de s’ébaudir entre mes draps, je ne l’arrêterais pas. Cela étant, la source de ma motivation dépasse la forme malsaine des abus d’innocence. L’est-elle seulement ? Si je m’en tiens à son propos, elle cherche à mieux s’intégrer à l’univers de Bristol. Moi, enfant du pays, soucieux d’être débarrassé des questions obsédantes à son endroit, je suis prêt à me dévouer pour lui faire visiter la ville, lui présenter quelques copains de mon enfance ou lui faire découvrir des bars remplis de jeunes en quête de fêtes. Je me souviens que, dans la voiture, j’ai répété mon texte pour justifier de mes agissements. J’ai peaufiné le discours au sujet de ma célébrité et, par conséquent, l’importance de la discrétion. Je me rappelle aussi que j’ai investi la table d’un pub en me sentant idiot avec ma fleur rouge au veston, façon Don Corleone au mariage de sa fille, comme signe distinctinf. Comment réagirais-je si elle était excessive au point de hurler et d’attirer l’attention sur nous au risque que je sois reconnu par une personne malintentionnée ? Cette crainte-là n’est pas rationnelle. Bristol n’est pas Londres. Si on ne se fond pas dans la masse, je suis respecté pour ma réussite et rarement embêté par les curieux. Je m’efforce donc de me détendre, concédant à la loi de l’attraction son pouvoir sur mon avenir. Au plus je nourrirai des pensées négatives, au plus je risque d’assister à un fiasco. Je m’apaise donc à l’aide d’une bière, si bien que mon sourire est sincère dès lors que l’attendue est apparue sur le seuil de la porte. Je l’ai trouvée aussi jolie que sur ses clichés et, intérieurement, je l’ai félicitée pour son authenticité. ”Salut Meryl. ” ai-je initié alors que j’ai avancé dans sa direction de crainte avant qu’elle ne jette un coup d’oeil dans ma direction. Je n’ai pas envie qu’elle tourne les talons avant d’entendre me explications. ”Ouais. Je sais. Je ne ressemble pas à ma photo de profil. C’est une longue histoire et je te la raconterai volontiers si tu viens t’asseoir. Tu veux bien t’asseoir ? Tu n’as pas grand-chose à perdre et tu seras libre de partir en me traitant de menteur si j’arrive pas à te convaincre que je suis de bonne foi.” ai-je proposé, lucide sur ce qu’il serait maladroit d’ajouter un “pour une fois”, car elle est rare, cette sincérité. Presque autant que le néon.

26/10/1997

Let it be

@Terry Mulligan

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Rendez-vous pris, la jeune femme s’amuse autant de la situation qu’elle s’en inquiète. Une part d’elle ne peut s’empêcher de songer aux conséquences désastreuses que pourraient avoir ce genre de rendez-vous. Pour autant, elle n’a aucune envie de s’interdire de vivre pour des peurs stupides. Le feeling aidant, elle avait accepté de passer à la rencontre physique, loin d’être frileuse, elle n’avait pu s’empêcher de prévenir Cody, pour la forme et au cas où, même si l’endroit serait fréquenté et qu’elle ne risquait pas grand chose à ses yeux. L’américaine ne s’imagine rien de cette rencontre, elle n’a jamais vraiment été du genre à prévoir les choses et dans son esprit, son objectif est clair : élargir son cercle de connaissances, car au fond, elle a beau être ici depuis un peu plus de deux ans maintenant, Meryl a toujours l’impression de ne pas être pleinement intégrée, et cela même si elle espère pouvoir compter sur quelques personnes. Bien trop souvent, elle sent les regards posés sur elle, le jugement qu’on peut émettre sur cet accent qu’on lui prétend avoir. Elle n’a d’ailleurs pas l’intention de le gommer, bien trop attachée à sa patrie, d’autant qu’à ses yeux, ce sont les anglais qui dénotent à son oreille, et elle ne compte plus les maladresses qu’elle a pu faire lorsqu’elle était serveuse ici.

Une petite boule lui tenaille l’estomac, elle a beau être à l’aise socialement, la part d’inconnue reste un poil stressante alors qu’elle foule le sol du pub, au moins elle aurait tout le loisir de se noyer dans un bon verre de bière dans le cas où ce moment tournait au fiasco. ”Salut Meryl. ” La blonde tourne la tête vers l’homme venant de lui adresser la parole, elle cherche un instant, pas certaine de comprendre tout de suite ce qui l’amène à elle. Meryl contrarie les traits de son visage en répondant un salut... incertaine, même lorsque son regard se pose sur la fleur qu’il a accrochée à sa poche. L’idée se fait son chemin et elle commence à comprendre, du moins elle doute et elle bouillonne déjà à l’idée d’avoir été prise pour une idiote. ”Ouais. Je sais. Je ne ressemble pas à ma photo de profil. C’est une longue histoire et je te la raconterai volontiers si tu viens t’asseoir. Tu veux bien t’asseoir ? Tu n’as pas grand-chose à perdre et tu seras libre de partir en me traitant de menteur si j’arrive pas à te convaincre que je suis de bonne foi.” Doutes envolés, l’infirmière n’a pas vraiment réussi à taire les émotions qui ont pu passer en elle à mesure qu’il parlait. Tantôt agacée, tantôt curieuse, elle a au moins soupiré une fois, quant à ses lèvres, elle n’a pu en cacher la mou suspicieuse. Toujours silencieuse jusqu’ici, elle accepte implicitement d’aller s’asseoir, piquée par sa curiosité. « J’apprécie moyennement d’avoir été prise pour une abrutie, je préfère te prévenir... » Son dos vient s’appuyer contre le dossier de sa chaise alors qu’elle le dévisage, son accent venant appuyer son agacement. « Si je reste, c’est uniquement car je suis curieuse d’entendre les explications fumeuses que tu vas me servir ! » Il n’a pas l’air dangereux, bien qu’elle ait appris à se méfier de l’eau qui dort... « Je suppose que c’est pas ton prénom non plus... Y avait quelque chose de vrai dans tout ce que tu as pu me dire ? »