le projet. (carmine et kennedy)

18/01/1993

le projet

@CARMINE CAVENDISH ☆ @KENNEDY SWANN-MONAGHAN

gifs by (c) crédits non trouvés.

Est-ce qu’il se sent bien à son travail ? Oui. Est-ce qu’il avait toujours rêvé de faire ça ? Non. Kennedy ne se voyait pas écrire des publicités pour les autres, lui il rêvait de faire de grands films, des séries ou encore de l’animation. Mais il a bien fallu prendre ce qui venait. Cette opportunité qu’il a eue, celle de travailler pour la Cavendish Prod., c’était inespéré. D’autres auraient tué pour avoir ce job. Lui, il a l’a eu parce qu’il présente bien, parce qu’il vient du milieu de la télévision, parce qu’il a du bagout et qu’il sait ce qu’il fait. Il sait très bien que d’autres avaient largement plus leur place que lui à ce poste. Seulement, c’est lui qui a été pris et bien qu’il apprécie énormément ce qu’il fait, il sait qu’il ne finira pas toute sa vie ici, ou du moins il l’espère. Il aimerait beaucoup pouvoir partir, il voudrait faire plus, mais pour le moment, ce n’est pas encore envisageable, alors il fait ce qu’il a à faire, et surtout, il se fait un nom, il se fait sa place.

Et puis ce projet qu’on lui a confié, que Carmine Cavendish lui a confié, c’est l’occasion rêvée. Il n’est pas encore… disons qu’il n’est pas non plus le meilleur, il le sait, mais il a des compétences que d’autres n’ont pas, dont une imagination à toute épreuve. Alors faire la publicité de Virtuoso, cette marque de luxe, avoir été demandé par le patron lui-même, ça lui prouve qu’il a de la valeur, qu’il doit se montrer à la hauteur des attentes qu’on a. Depuis qu’il a appris qu’il allait travailler là-dessus, il ne pense qu’à cela, et ses cahiers de notes se remplissent, se raturent, se jettent et se rachètent. Il essaie de trouver les idées les plus innovantes qu’il puisse.

Le moment fatidique approche, il doit commencer à présenter des pistes, à montrer à son patron ce qu’il a pour le moment ; alors il attrape toutes les notes, les clés USB remplies et se rapproche de la salle de présentation où d’autres personnes l’attendent. Les mains tremblantes, il se recoiffe rapidement avant de pénétrer dans le couloir puis d’entrer dans la pièce.

— Bonjour à tous, dit-il en posant ses affaires sur la place qui lui est réservée.

Kennedy a peur, mais il ne le montre pas, il doit cacher les failles, il doit absolument se faire violence et avec un sourire il commence à allumer l’ordinateur portable ainsi que le projecteur pour publier des maquettes de ce qu’il a envisagé.

— Alors, je vous préviens, tout ce que je vais vous montrer, ce ne sont que des ébauches qui partent dans tous les sens, rien n’est arrêté, et je suis à l’écoute de toutes vos recommandations, remarques ou critiques positives comme négatives.

Il démarre alors un diaporama avec une première diapositive dans laquelle il montre des images d’un bateau de croisière en pleine fête, une multitude de gens. Ainsi que celles de groupes de musique qui jouent pour un public huppé.

— Ma première idée serait de jouer sur une caméra survolant une fête, une caméra qui filme en 360° et de diffuser toute cette vidéo sur le dôme, ainsi chaque personne ne verrait pas la même chose mais participerait à cette effervescence. On peut envisager la possibilité de faire venir un groupe de musique connu mondialement pour animer tout cela.

Il s’arrête de parler et laisse les autres s’imprégner de l’idée, peser les possibilités, et surtout les laisser réfléchir quant à la faisabilité de la chose, sachant que le faste américain et anglais n’est pas le même, les attendues ne sont pas les mêmes. Kennedy sait qu’un public états-unien n’a pas les mêmes goûts que ceux de son pays d’adoption.

16/06/1984

Debut novembre 2024
Maison mere de la Cavendish Prod.
@Kennedy Swann-Monaghan et Carmine Cavendish

tw : classisme.

Une dizaine de jours s'étaient écoulés depuis son retour de Vegas et la signature du contrat VIRTUOSO. Comme il l'avait promis, Carmine avait passé le projet de la célèbre marque de voyages de luxe au top des priorités de sa maison de production. Chez Cavendish Prod., on axait le travail dans la création de matériel promotionnel de qualité, mais pas que. C. tenait à ce que les livrables fussent tous signés d'une griffe caractéristique. Il savait, pour avoir passé une carrière entière dans le monde de la mode et des apparences, qu'une image de marque soignée faisait toute la différence. Ce que Sa Majesté vendait à ses clients ne se résumait pas qu'à des supports de communication derniers cri. Carmine vendait son expertise, sa connaissance des mécanismes de l'attention humaine ainsi que son regard critique sur une industrie ayant immortalisé chaque instant de son évolution d'enfant star à mannequin incontournable. Avoir passé sa vie à se faire filmer et photographier lui conférait un point de vue que bon nombre des réalisateurs présents sur le marché de la production marketing n'avaient pas. Ce matin-là, alors qu'il se rendait aux bureaux de sa compagnie, en plein centre-ville de Bristol, Cavendish arrivait plus exigeant que jamais mais aussi d'excellente humeur. Pour Sa Majesté, le meilleur labeur était celui que l'on réalisait dans le plaisir et il fallait bien reconnaître que vivre de sa passion n'était pas donné à tout le monde. S'il passait tant de temps à travaillait, c'était aussi parce que Carmine ne voyait pas les heures passer ...

À la table de réunion, C. siégeait à sa place habituelle : celle face au mur de rétroprojection. Certains de leurs collaborateurs, en déplacement ou en vacances-travail, assistaient au meeting par le biais de l'interface de réalité virtuelle au sein de laquelle existait une dimension entière dédiée à la Cavendish Prod. Carmine n'était pas américain, mais il avait saisi l'importance d'exister dans le Metaverse pour une compagnie tel que la sienne. Avec Apple, Google et d'autres grands noms de la Silicon Valley, Cavendish Prod. s'illustrait de par les possibilités de travail hydride qu'elle offrait à ses employés.

C. accueillit Kennedy avec un sourire avenant. La personne en charge de la coordination des bureaux déposa sur la table l'habituelle tasse de thé sans laquelle Sa Majesté refusait de commencer la journée. Puis le scénariste commença sa présentation. Durant cette dernière, Cavendish prit des notes sur son ordinateur portable. Méthodique, il listait ses remarques afin de ne pas interrompre le créatif dans son exposé. Quand vint le moment de commenter, C. insista pour que les autres parlent avant lui. En chef d'entreprise avisé, il préférait entendre l'avis de ses collaborateurs avant de donner le sien ; ne pas biaiser les remarques spontanées par des rapports de subordination quelconque. Afin, il décroisa les mains : « Merci pour ce travail de recherche Kennedy. » Commenca-t-il, respectueux. « L'idée d'une expérience visuelle différente en fonction de l'endroit ou se trouve le spectateur me plait beaucoup. Envisages-tu que le groupe change à chaque diffusion ? » Quoi de mieux pour inciter les gens à rester, à se déplacer, voire à revenir pour assister aux projections qui - à elles seules - seraient de véritables évènements. VIRTUOSO avait précisé dans son cahier des charges que les spots promotionnels de la marque seraient diffusés de manière programmée dans le but de permettre aux habitants de Vegas de se réunir autour de la sphère, mais aussi d'inciter les touristes à réserver leur place. Rien n'était laissé au hasard : leur client témoignait d'une expérience redoutable en termes de modèle d'affaire. Chaque action commerciale était étudiée pour ramener autant de notoriété à la Marque que de profits secondaires. Cette capacité à monétiser le moindre aspect de leurs campagnes impressionnait Carmine. Le réalisateur souhaitait offrir à son client le meilleur matériel possible. « Je me permets de souligner que ce genre de visuel n'est pas représentatif de la clientèle à laquelle nous nous adressons ... » La photo de la fête sur le navire qu'avait choisi Kennedy pour illustrer son concept lui inspirait le dégoût. Cavendish faisait partie de la classe sociale ciblée par VIRTUOSO et à aucun moment Sa Majesté ne s'imaginait danser sur le bord d'une piscine, un cocktail à la main sur fond de toboggans en plastiques, en train de reproduire des scènes de Sprink Break beaucoup trop middle class pour lui. Il faudrait éviter de présenter ce genre d’images à UpChurch. « As-tu des propositions à nous faire concernant les destinations ? » Puis qu'il s'agissait du deuxième sujet le plus important pour leur client. D'une part : la quantité des infrastructures et le luxe des navires ; d'autre part : la désirabilité des destinations proposées à la carte.

18/01/1993

le projet

@CARMINE CAVENDISH ☆ @KENNEDY SWANN-MONAGHAN

gifs by (c) crédits non trouvés.

Il sait très bien que l’idée d’une grande fête ne colle pas à l’image de Carmine. Il le sait très bien parce que son patron est toujours dans une vision classique des choses. Le souci étant qu’il se cantonne à un seul type de public et non à l’ensemble des variables possibles. Les nouveaux « riches » ne sont plus ceux d’avant et les standards différent d’un pays à l’autre. Autant de paramètres à prendre en compte. Pour le moment, il préfère ne rien dire, il attend que les autres donnent leur avis. Certains émettent des avis, d’autres critiquent ou se montrent vraiment enjoués. Il ne sait que trop penser. La vérité, c’est que ce n’est que sa première idée et qu’elle n’est pas sa préférée, bien loin de là. Mais autant toujours tout présenter, ne sait-on jamais, peut-être qu’une idée excellente en ressortira après avoir tout vu.

— Merci pour ce travail de recherche Kennedy.

Le concerné fait un geste de la tête pour le remercier à son tour. Mais il reste concentré, ne se démonte pas.

— L'idée d'une expérience visuelle différente en fonction de l'endroit ou se trouve le spectateur me plaît beaucoup. Envisages-tu que le groupe change à chaque diffusion ?

C’est vrai que cette partie-là est la meilleure, le fait que peu importe l’endroit où l’on regarde la scène diffère est excellente. La particularité du dôme permet cette innovation et en terme de publicité, ce serait un jeu que de pouvoir entrapercevoir toutes les scènes qui se joueront sous les yeux des spectateurs et potentiels futurs clients.

— Je me permets de souligner que ce genre de visuel n'est pas représentatif de la clientèle à laquelle nous nous adressons…

Voilà ce à quoi Kennedy pensait tout à l’heure justement. Virtuoso souhaite faire du chiffre d’affaire, c’est le but d’une entreprise après tout, prétendre le contraire est souvent idiot, sauf cas exceptionnels, bien sûr, et attirer plus de monde permettrait au contraire de faire gonfler les revenus et surtout de pouvoir investir à plus grande échelle encore.

— As-tu des propositions à nous faire concernant les destinations ?

Question cette fois qu’il doit prendre en compte pour la suite. En réalité, il y a pensé, il a regardé les études de marchés des agences de voyage, comparé et analysé pour voir vers où allaient le plus les gens et quelles étaient les destinations les plus en vogue.

— Le visuel n’était qu’une idée. Je ne vois pas non plus une fête où l’alcool et la drogue coulent à flot, ce n’est clairement pas cela que souhaite l’entreprise. Que diriez-vous plutôt d’une réception comme lors d’un vernissage ? Tenues chics et sobres, coupes de champagnes et petits fours ?

C’est là qu’entre en jeu sa deuxième diapositive avec la représentation d’une vaste salle de réception où des gens sont vêtus de costumes, de robes qui ne sont pas extravagantes, la décoration standard d’un blanc cassé avec de belles couleurs pour trancher sur le côté traditionnel. Le tout restant dans un aspect sobre qui ne dénote pas avec ce que l’on peut imaginer d’un tel événement.

— J’envisageais plusieurs publicités différentes, avec des passages aléatoires sur le dôme afin de montrer les différentes types de prestations offertes par l’entreprise, allant de la croisière « festive » jusqu’à celle où l’on peut se reposer dans le calme.

Au moins il annonce directement qu’il y a encore d’autres idées qui vont arriver par la suite. Ken ne veut pas non plus tout dévoiler à l’avance, d’autant qu’il faut que tout le monde puisse arriver à suivre ce qu’il dit et présente.

— Pour les destinations, cela dépend des offres de l’entreprise, mais avec les études que j’ai réalisées, les clients partent plus volontiers vers les îles Baléares, la Grèce notamment Santorin, ou alors les Caraïbes ou les pays Nordiques. Nous pouvons donc probablement tabler sur ces endroits.

Autant dire qu’ils ont de la matière et qu’ils peuvent proposer différents tableaux qui pourront ravir tous les clients possibles. Kennedy sait que de ce point de vue là, tout ira bien et que cela pourra plaire à la fois à son patron et à Monsieur UpChurch.