dancing through life. (diego)

Il avait eu la nuit et le début de matinée pour rêver à lui, à Diego, au baiser qu'ils s'étaient échangés, à cette situation, à ce ricochet de mots qui les avaient conduit là, à cet instant. Son rêve s'était déguisé en fantasme et la nuit, trop douce, prit fin lorsqu'il vit que la lumière était bien là, dans la villa qu'il occupait pour l'été, alors que l'heure avoisinait midi.Il se sentait décalqué, à coté, ne sachant comment se juger ou juger même cette situation. Il mit du temps à émerger, sortant du lit, trainant dans le salon alors que ses amis étaient partis en randonnée. Il faisait virevolter cette carte de visite entre ses doigts, l'air pensif et perdu. Il était divisé : s'il y avait une partie de lui qui se disait qu'il fallait fuir inévitablement car cette histoire n'apporterait rien de bon, une autre partie avait envie : que c'était bon d'être séduit, dragué, plu par quelqu'un qui s'était mis littéralement à nu pour lui. Il était resté taciturne le reste de la soirée, déjà parce qu'il était fatigué et que surtout, il ne savait rien de ce Diego sur la question : voulait-il garder le secret ? avait-il déjà quelqu'un ?

Les quinze heures approchaient dangereusement et il se prépara comme s'il allait à un rencard, mettant son plus bel habit, se parfumant, se rappelant par moments qu'il y allait seulement pour une leçon de musique. Il prit une grande inspiration, fermant la porte derrière lui, partant avec sa guitare dans son étui pour marcher une vingtaine de minutes à l'adresse indiquée par le Salvatori. Il profita de la vue des beaux paysages en chemin, s'abstenant de faire des pauses, ne voulant pas retarder le rendez-vous. Il aurait peut-être du insister pour avoir son portable. Et il arriva à la dite villa : quelle baraque. pensa-til. La sonnette semblait cassée, ou vieillotte donc il se permit, sans gêne, de passer le portillon pour remonter le petit chemin jusqu'à la porte principale. T'es fou, complètement fou, Coby. Il vit la porte s'ouvrir avec Diego dans l'embrasure et il eut un grand sourire, sincère, heureux, ne sachant pourquoi. Sans aucune salutation, il dit en lâchant ses affaires « Avant toute chose... » et il se permit de se coller à lui, venant l'embrasser presque langoureusement, se collant à lui quelques instants. Il doit te prendre pour un fou. « Ca avait bien le même goût. » lâcha-t-il avec un rire presque nerveux. « Alors, on commence par quoi ? »

Au petit matin, il était difficile de savoir si ma rencontre avec Cody avait eu lieu seulement dans mes échanges avec Morphée ou si elle avait réellement existé. A ce stade, on ne peut évidemment pas parler de sentiment. Non, c’était plutôt une attraction incontrôlable, un besoin insatiable d’en connaître un peu plus sur lui.
D’ailleurs, les images de la soirée me revenaient comme dans un rêve : une mer d’huile illuminée par la lune, un baiser délicat, des sourires à en perdre le compte… Le rêve allait-il se poursuivre aujourd'hui ? C’était en tout cas mon objectif lorsque j’ai proposé au beau musicien de me rejoindre sur les hauteurs de la ville, au sein même de la villa Salvatori. Allait-il changer ses plans pour me rejoindre, moi l’inconnu de la plage qui n’avait partagé qu’en tout et pour tout qu’une petite heure de sa vie ? Je n’en avais aucunement la certitude mais l’espoir était lui bien présent.

Les heures s’écoulaient difficilement, plus lentement qu’à l’accoutumée en tout cas. Peut-être mon regard était-il un peu trop accroché à cette satanée horloge ? Le fait de ne pas savoir s’il sera présent à l’heure convenue rend l’attente d’autant plus insupportable. Je finis par me lancer dans quelques occupations histoire d’occuper mon esprit : un petit tour dans les vignes, du rangement à droite et à gauche et quelques petites actes administratifs dont il fallait bien se débarrasser un jour. Il me restait alors juste le temps de prendre une douche et d’enfiler une tenue légère d’été constitué d’un ensemble short et chemise en lin, un incontournable pour résister à la chaleur souvent écrasante de l’été sicilien.

“Elio, donne la patte ! C’est bien mon loup…” Assis sur le fauteuil du salon, je fais face au chien de la famille, Elio. Un labrador de 9 qui a fait son arrivée dans la famille à l’aube de ma majorité et pour qui je vous un amour sans faille. Notre session de jeu dure quelques minutes avant que du mouvement à l’extérieur de la maison le rende alerte.
15h indique ma montre. Je me lève rapidement pour jeter un œil par la fenêtre.
Là bas, près du vieux portail en fer forgé, Coby, en chair et en os, pénètre dans le domaine Salvatori. Avant d’ouvrir la porte, je fais quelques retouches sur mes cheveux dans le miroir de l’entrée et prends une grande inspiration.
“Je vois que tu as trouvé le chemin !”
Coby me sourit comme dans mes souvenirs mais reste silencieux. Il se dirige d’un pas décidé vers moi et, après avoir déposé l’ensemble de ses affaires sur le sol, vient dérober mes lèvres d’une manière un peu plus sensuelle que la veille.
« Ça avait bien le même goût. » confesse-t-il en riant avant de demander la suite du programme.
“Wow… euh… ben je sais plus du coup !”. J’avoue que je n’avais pas anticipé des retrouvailles aussi intenses. “Je hmm…”. Soudain, une petite truffe noire apparaît entre mes jambes, suivie d’une petite tête enjouée, enthousiaste à l’idée de rencontrer le nouvel arrivant. “Je te présente Elio, je te préviens, il se pourrait qu’il soit un peu pot de colle ! Il adore se faire des nouveaux amis !”. Sur ses mots, le chien remua du popotin pour forcer le passage entre mes jambes et venir saluer Coby.
“Je te propose un truc à boire pour commencer ?”.
Je l’invite alors à entrer dans la villa. Cette dernière a gardé l'empreinte des années passées. Dans la famille, nous ne sommes pas vraiment des amateurs de l’architecture moderne, on aime l’authenticité et c’est ce qui ressort de cette demeure transmise de génération en génération.
“Bienvenue chez moi du coup ! Est-ce que tu voudrais goûter la citronnade que j’ai faite ce matin avec les citrons du jardin ?”.
Quelques secondes plus tard, je nous rapporte deux verres accompagnés de glaçons. “Alors, vous avez bien terminé la soirée hier ?”