La veille du Mariage - Carmine&AJ

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @Carmine Cavendish  & AJ Buckley

Un petit détour par l’Angleterre au milieu de ta retraite Canadienne mais tu ne pouvais pas manquer le mariage de Carmine. Tu sais qu’il ne s’agit que d’une vitrine mais ça ne veut pas dire que tu peux passer ton tour et continuer ta vie alors que Carmine a besoin de soutien. Une partie de toi se demande pourquoi il tient autant à rester au sein de cette famille qui l’emprisonne tout simplement, mais une autre le comprend, car tu as été à sa place. C’était à un degré nettement moindre mais tu sais ce que c’est d’être enrôlé dans l’engrenage d’une famille qui se sait influente. Dans une famille qui a déjà tout prévu pour ses enfants. Un chemin large mais qui ne va dans une seule direction. Des possibilités se trouvent ici et là sur la route de ton ami, mais la destination finale elle bien fixée. Tu n’insistes jamais là dessus. Tu ne le questionnes jamais là dessus non plus. Il a 40 ans, c’est un adulte, il sait pertinemment pourquoi il fait ces choix. Tout ça est plus grand que lui et c’est également très important pour lui. Alors si tu peux être pour ton ami une bulle d’air frais au milieu de cette fournaise, même si ce n’est que pour quelques petites minutes, et bien tu le seras. Tu aurais aimé un soutient comme celui que tu lui donnes si les places étaient inversées. Tu le comprends, tu sens son mal être et être présent dans les moments difficile c’est ce que tu lui offres de très bon coeur. Histoire que ça passe un peu mieux. T’es la vaseline de cet enculage qui va se dérouler pour ton ami.

Avec ta valise que tu tires sur ses roulettes, tu viens d’arriver via la voiture avec chauffeur que tu as commandé à l’aéroport pour rejoindre directement le lieu du mariage. Un grand palais évidemment, c’est tout ce qui était à attendre pour le moment. Tu sors ton téléphone, restant devant le domaine, n’osant pas mettre les pieds à l’intérieur. Tu envoies un message à Carmine que tu avais déjà prévenu de ta proximité. Cette fois ci le message est pour annoncer que tu es bel et bien là. Quelques instants après tu vois sa silhouette prendre forme jusqu’à ce qu’il soit devant toi. C’est avec un large sourire que tu lui fais une accolade. « Pas mal le domaine. » Evidemment. « Presque aussi beau que le marié. » Tu lui fais un clin d’oeil.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @AJ Buckley et Carmine Cavendish

Dépossédé de l'organisation de son propre mariage, Carmine n'avait pas remarqué qu'AJ avait répondu positivement à l'invitation. Sa Majesté savait que son ami avait prévu de passer l'été au Canada. Puisque Archie avait affirmé ne pas vouloir être présent, Cavendish s'apprêtait à faire face à son destin seul. Bien sûr, il y avait sa sœur, Grace, ainsi que le reste de sa famille présente sur le domaine ou devait avoir lieu l'union avec la promise que lui avaient choisi ses parents. Mais les rapports n'étaient pas les mêmes. C. n'était pas dupe. La bonne entente soudainement revenue au sein du clan familial ne dépendait que de l'accord convenu quelques semaines auparavant. Fin juillet, quelques semaines après sa consécration en marge du festival de Cannes où il avait annoncé amorcer une carrière de réalisateur, C. s'était rendu à Londres. Là-bas, au sein du manoir familial, le fils prodige avait chèrement négocié son célibat. Convaincu que l'appartenance à la lignée des Cavendish était un atout pour son projet, il avait accepté de composer avec les freins que cet état de fait induisait, à savoir le conformisme et les traditions. Rien de surprenant à ce qu'on lui eût demandé d'épouser son ex-compagne en échange de l'appui de la marque à la création de sa maison de production. Le scandale de la NBC avait échaudé les actionnaires. On avait souhaité cadenasser toute éventualité en collant au visage de l’empire le statut d'homme marié et parfaitement heureux au bras d'une femme.

Si cette fable cousue de toutes pièces n'était pas entièrement fausse - jamais Carmine n'aurait pu prétendre être malheureux en compagnie d'Abigaël - elle n'était pas complètement vraie non plus. Au fur et à mesure que l'heure fatidique du grand " oui " approchait, l'Anglais sentait grandir en lui l'angoisse de faire le mauvais choix. Il avait reçu avec autant de surprise que de soulagement le premier message de Buckley lui indiquant son arrivée imminente et s'était précipité dans la cour après réception du deuxième. Cela faisait deux semaines qu'une grande partie des Cavendish venus du monde entier pour assister à la noce s'étaient réunis au sein du domaine. L'endroit, immense, pouvait héberger une centaine de personnes dans le confort et la tranquillité propres aux établissements de ce genre. Nonobstant, après tant de jours passés à contrôler le moindre de ses faits et gestes afin d'éviter tout incident diplomatique susceptible de ternir l'ambiance ou de vexer les esprits les plus susceptibles, Carmine était tout simplement heureux de voir un visage extérieur et amical.

« Pas mal le domaine. Presque aussi beau que le marié. » L'accueillit AJ. C. après avoir ouvert l'immense portail en fer forgé, enveloppa Buckley de ses bras dans une accolade pleine de gratitude. « Viens-là ! » Lorsque ses lèvres furent à portée d'oreille, Carmine murmura un « Ça me fait tellement plaisir de te voir. » soulagé. Puis, conscient que des yeux les regardaient peut-être depuis l'autre côté des rideaux tendus aux multiples fenêtres de la grande demeure, il se décolla du musicien et attrapa la poignée de sa valise. « As-tu fait bon voyage ? » Questionna-t-il tout en invitant AJ à le suivre.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @Carmine Cavendish  & AJ Buckley

C’est une étreinte qu’il t’offre en guise de bonjour. « Viens-là ! »  Tu as lâché ta valise pour lui rendre son accolade. Tu sens dans son langage corporel qu’il est en train d’éprouver cette période. C’est certainement la plus dur, cette étape du mariage car il y a du monde. Les yeux de toute sa famille sont braqués sur lui. Ce sera sans aucun doute plus simple une fois que toute la cérémonie dans ces lieux mêmes sera terminée. « Ça me fait tellement plaisir de te voir. »  Tu frottes doucement son dos afin de lui insuffler un peu de tendresse, de soutient. « Je pouvais pas te laisser tout seul ici. » Car c’est ce qu’il se passe à tes yeux. Il est tout seul devant tous les autres. Tu ne sais pas si sa femme est tout aussi prise au piège dans le sens où elle s’en serait bien passée de ce mariage, mais pour toi, il est tout seul. Tu ne sais pas non plus s’il a d’autres alliés qui seront là pour le soutenir, tu t’en rendras bien compte au fil du séjour.

« As-tu fait bon voyage ? »  Qu’il te demande alors que l’étreinte a pris fin et qu’il est en train de tirer ta valise. Tu le suis, tes yeux allant un peu partout car l’endroit est majestueux. « Oui ça a été. J’ai mangé. J’ai dormi. And repeat.  » Tu es un homme simple quand on y regarde de plus près.

Une fois à l’intérieur des murs tu regardes toujours partout mais cette fois ci dans le soucis de croiser quelqu’un. Tu n’as pas envie de dire des choses qui pourraient mettre Carmine mal si certains pouvaient vous entendre. Alors tu restes bien silencieux jusqu’à ce qu’il vous conduise dans des quartiers qui sont bien plus privé. Tu ne sais pas si c’est les tiens, si c’est les siens, tout est si beau, ça pourrait même être ceux de feu Elizabeth II. « Est-ce que les murs sont bien insonorisés ? » Tu demandes sincèrement curieux. « Je n’aurai pas envie de déranger qui que ce soit. Pas sûr que je puisse dormir tôt ce soir vu l’acompte que je me suis fait pendant le vol. Je saurais rester discret dans tous les cas si besoin. »  En d’autres mots, tu veux savoir si vous êtes libres ici de parler ou non.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @AJ Buckley et Carmine Cavendish

« Oui ça a été. J’ai mangé. J’ai dormi. And repeat. » « Lucky you... » Carmine, lui, n'avait pas beaucoup d'appétit et la qualité de son sommeil n'avait fait que se détériorer au fil des jours. Les graviers de l'allée menant au château se prenaient dans les roulettes de la valise d'AJ, obligeant son hôte à maintenir une poigne ferme autour de la poignée. Sur le chemin, ils croisèrent les Rolls Royce, les Bentley et les Aston Martin garées en rangs bien nets. Des voitures de collections appartenant aux différents membres de la famille Cavendish. Insensible à cet étalage de richesses, C. ouvrit la porte à son ami. Dans le hall, le major d'homme avança d'un pas, prêt à les débarrasser de leurs effets. Sa Majesté leva la main en signe de refus. « Merci Edmund, je m'en occupe. » « Certainement, Monsieur. » Répondit l'homme d'âge mûr avant de disparaître au détour d'un couloir.

Des couloirs, il y en avait beaucoup. Larges, interminables, décorés avec goût dans un style anglais traditionnel qui n'était pas sans rappeler l'intérieur de la maison de Carmine, à Bristol. Toutefois, à la différence du logement de C., on dénotait ici une ambiance lourde et solennelle. Le poids de l'histoire embaumait l'air autant qu'il pesait aux clous des murs sur lesquels étaient exposées d'immenses peintures représentant les Lords de la famille. Gouverneurs, explorateurs, entrepreneurs, chevaliers, prix nobel, mathématiciens célèbres ... Pas étonnant que leur arrière-arrière-arrière-...-petit-fils complexait à l'idée de ne jamais être à la hauteur de leur gloire. Cette dernière, gravée dans le cuivre des plaques sous les cadres, s'accompagnait des dates de vie et de mort de ses ancêtres. En passant sous leurs yeux peinturés, C. se fit la réflexion qu'amener AJ dans ce couloir était la plus provocante des invitations. Se retournaient-ils dans leur tombe en devinant que Carmine et Buckley avaient couché ensemble ?

« Est-ce que les murs sont bien insonorisés ? » Demanda AJ. La question surprit Carmine qui l'écouta parler de son désir de ne déranger personne. « Cette aile du château est réservée aux invités. » Par opposition à celle privatisée pour la famille, ou l'hostilité envers AJ était plus élevée que C. ne l'aurait cru. La Marque avait peut-être réussi à faire disparaître la quasi-totalité des articles et autres postes numériques relatant du scandale de la NBC et de Melbourne ; il n'en restait pas moins que la famille de Sa Majesté connaissait le visage de Buckley. Carmine espérait sincèrement qu'aucun de ses proches ne se montrerait désobligeant envers son ami lors du mariage. On savait se tenir chez les Cavendish, mais l'on savait aussi se montrer particulièrement blessant, que ce fût par le silence jugeant ou par les regards méprisants ... « Il n'y a personne d'autre dans le coin. » Précisa-t-il en posant la valise d'AJ. « Cette porte mène à ton salon privé, celle-ci à ta chambre ainsi qu'à ta salle de bain. » Il pointait du doigt les portes, une à une. « Par ici la bibliothèque, par là la salle à manger. Utilise ce téléphone pour joindre la cuisine, ils te serviront ce que tu désires, quelle que soit l'heure. »

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @Carmine Cavendish  & AJ Buckley

« Lucky you... »  Tu imagines bien que de son côté avec l’anxiété au ventre ça n’a pas du l’aider pour manger ni pour dormir. Ca te serre le coeur de l’imaginer si mal. Comme si avoir 40 ans n’était pas assez douloureux pour lui, voilà qu’il doit se marier avec une personne qu’il n’a pas envie d’épouser. La richesse qui vous entoure dans ces lieux est inestimable. Y’en a partout. Des voitures… « Merci Edmund, je m'en occupe. »  « Certainement, Monsieur. » … des domestiques, des peintures j’en passe et des meilleurs. Tu ne regardes pas au détail, tu es bien trop époustouflé par sa globalité. C’est très impressionnant.

« Cette aile du château est réservée aux invités. »  Qu’il t’explique une fois arrivé à destination. « Il n'y a personne d'autre dans le coin. »  Tu hoches la tête comprenant que vous êtes bien libre ici bas. « Cette porte mène à ton salon privé, celle-ci à ta chambre ainsi qu'à ta salle de bain. »  Tu suis des yeux ce qu’il te montre au fur et à mesure. « Par ici la bibliothèque, par là la salle à manger. Utilise ce téléphone pour joindre la cuisine, ils te serviront ce que tu désires, quelle que soit l'heure. »  Ton attention se reporte de nouveau sur Carmine alors que tu as un sourire bien large sur le visage après cette dernière information. « Tu as gardé le meilleur pour la fin. » Car tu es un estomac sur pattes. Il le sait.

Tu entres dans ta chambre pour y poser ta valise et te sentir un peu moins exposé que dans un couloir bien qu’il ait dit qu’il n’y a personne d’autre dans le coin. « J’aurai envie de te proposer de rester ici avec moi mais je me doute que ça ne sera pas vu d’un très bon oeil. J’imagine qu’ils savent exactement qui je suis. » Tu annonces alors que tu reprends totalement ton sérieux. « Ta chambre est loin d’ici ? » Tu demandes alors que t’es toujours plutôt planté debout au milieu de la chambre qui est visiblement plus grande que ton appartement. C’est con à dire mais même si ne reste pas avec toi ce soir, pour que tu lui insuffle tout le soutient et le véritable amour que Carmine mérite, tu veux pouvoir l’imaginer à proximité. Comme si tu allais pouvoir lui envoyer du courage au travers des murs et des couloirs juste par la force de ton esprit. « C’est quoi ton programme de ce soir ? » Car demain c’est le grand jour et tu te doutes qu’il va être très demandé.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @AJ Buckley et Carmine Cavendish

« Tu as gardé le meilleur pour la fin. » Un sourire en coin fendit le visage de Carmine, preuve qu'il avait en effet prémédité l'ordre de son introduction. « I know you. » Sa Majesté attendait de voir la tête que ferait son ami face au buffet du lendemain. Comme tout le reste, le service traiteur sélectionné pour le mariage était digne d'un couronnement princier. Les Cavendish avaient dépensé sans compter afin de répondre aux standards de qualité d'acceuil de leurs invités prestigieux. C. imaginait Buckley se goinfrer de petits fours préparés par les chefs multi étoilés et cette vision lui faisait chaud au coeur. Buckley mangerait pour deux. Lui n'avait plus vraiment d'appétit.

AJ entra dans sa chambre, C. resta dans l'encadrement de la porte. « Ils feindront de ne pas te reconnaître, si ça peut te rassurer ... » Mais était-ce véritablement rassurant ? L'hypocrisie sociale dont faisaient preuves les membres du clan Cavendish était à la fois typiquement anglo-saxonne et exacerbée par leur appartenance aux sphères les plus élevées de la société. Dans l'univers des Cavendish, les apparences avaient leur importance ; faire bonne figure n'était pas quelque chose à prendre à la légère. Carmine était la preuve vivante que le clan tenait à son image de Marque. Visage de toute la dynastie dans l'imaginaire collectif, il était accessoirisé au point de se préparer à un mariage que ni lui ni Abi n'avaient souhaité. Il s'agissait là de la dure réalité de son existence, mais c'était aussi l'opportunité que l'ex mannequin avait saisie pour tourner le drame à son avantage. At least, se répétait-il lorsque les doutes le submergeaient, sa nouvelle condition d'homme marié lui permettrait de s'épanouir sur le plan professionnel, de porter à bien son projet de maison de production. Avec l'accord de la Marque, le budget était passé de partiellement restreint à illimité. Tel était le prix de son célibat. Les Cavendish avaient ainsi prouvé que tout s'achetait dans ce bas monde ... « Ta chambre est loin d’ici ? C’est quoi ton programme de ce soir ? » « À l'extrême opposé. » Répondit-il nonchalemment. À croire que même l'architecture des lieux était contre leur amitié. « Je ne te surprends certainement pas en te disant que je n'ai pas beaucoup sommeil, ces derniers temps ... » C. eut un sourire las. Il restait digne mais admettait ses difficultés à composer avec la situation délicate dans laquelle il se trouvait. Tel un véritable Lord, Sa Majesté keepait son calme et carryait on. « Ça te dit de visiter ? » Le domaine était immense, des installations supplémentaires avaient même été dressées en prévision de la noce. Partir à l'exploration leur éviterait de croiser des membres de la famille tout en leur assurant l'intimité recherchée pour leur conversation.

Voyant AJ prêt à le suivre, C. l'entraîna dans une autre aile de la demeurre. Il poussa une double porte en bois sculpté derrière laquelle apparut la salle de bal. Immense et superbement décorée, la pièce était éclairée par des lustres en cristal suspendus au plafond si haut qu'on peinait à en appercevoir les voutes. L'odeur de fleurs frâiches se mélangeait à celle du parquet ciré. Tout au bout se dressait l'estrade sur laquelle l'orchestre jouerait en live face à quelques dizaines de tables rondes recouvertes de nappes blanches et d'argenterie ancestrale. Les verres, les couverts, la porcelaine : Absolument tout dans ce lieu référait à la monarchie anglaise. D'élégants cartons, sur lesquels les noms des invités étaient imprimés en lettre d'or, s'alignaient à côté des assiettes. Il suffisait d'avancer dans les rangs pour constater que seule une poignée d'invités célèbres et triés sur le volet avait été retenue pour le repas du soir. Les autres auraient à se contenter du vin d'honneur juste après la cérémonie de mariage. « Je venais souvent me cacher ici, quand j'étais petit. » Imaginez les parties de cache-cache dans un château aussi grand. « Grace ne regardait jamais derrière les rideaux. » Carmine avait un sourire dans la voix à l'évocation de ces souvenirs heureux. Sa soeur serait son témoin. Comme tous les autres membres du clan, elle savait que ni son frère, ni Abi n'avaient été consultés dans le choix de les unir. C. se demandait si leurs parents comptaient réserver le même traitement à leur fille. Il espérait que Grace ne se retrouverait jamais au bras d'un mari qu'elle n'aurait pas choisi.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @Carmine Cavendish  & AJ Buckley

« I know you. »  Tu hoches la tête avec un sourire entendu, un peu amusé. Tu as toujours un petit écho dans ta tête qu’il connait une certaine partie de ton corps mieux que personne car au jour d’aujourd’hui, il est le seul à l’avoir exploré. Il te connait, c’est indéniable.

Puis tu parles des autres une fois que vous êtes à l’abri des oreilles indiscrètes. « Ils feindront de ne pas te reconnaître, si ça peut te rassurer ... »  C’est super triste en réalité mais tu n’es pas surpris pour autant. Toute cette situation est triste à en crever mais Carmine est comme atteint du Syndrome de Stockholm. Tu ne pourras pas le faire sortir de là. Il veut y rester. Un peu comme s’il était membre d’une secte avec le cerveau lavé. C’est comme ça que tu vois les choses. Tu espères juste qu’il y trouve véritablement son compte au milieu car sinon c’est vraiment trop triste.

Alors tu espérais pouvoir passer du temps avec lui. Ce soir car ça ne sera sûrement pas le cas demain. « À l'extrême opposé. »   « Evidemment. » Ca te fait sourire sincèrement. La tentative de les éloignés est belle, même si toutes les distances du monde ne changera pas qu’il a été au plus profond de ton être. Ils ne le savent pas, mais toi si, et c’est un joli pied de nez interne que tu apprécies de pouvoir leur faire à ces idiots. « Je ne te surprends certainement pas en te disant que je n'ai pas beaucoup sommeil, ces derniers temps ...  »  Ton sourire amusé s’envole bien vite car la réalité de la situation n’est pas des plus plaisante pour ton ami et tu le vois bien dans tout son être là. « J’imagine ouais… » C’est là que l’alcool et les drogues entrent en jeu normalement. Tu lui soumettras l’idée si besoin est.

« Ça te dit de visiter ? »   « Seulement si c’est toi le guide. » Car c’est avec lui que tu veux passer du temps. Et vous voilà parti pour explorer les alentours. L’endroit est absolument incroyable. Immense. Impressionant et très très beau. Tu as les yeux partout. Les murs. Les plafonds. Les sols, les meubles, j’en passe et des meilleurs. Au moins tu visualises totalement comment le lendemain va être disposé même si tu l’avouerais sans peine, tu n’as pas peur d’eux, t’es prêt à parler avec quiconque, presque comme curieux de voir quel genre de conversation ils pourraient avoir. Quelque chose te dit qu’ils ne viendront pas à toi et que tu seras bien tranquille, mais il est évident que tu ne te sens pas intimidé du tout. « Je venais souvent me cacher ici, quand j'étais petit. »  Ton esprit essaie d’imaginer une version gamin de Carmine. « Grace ne regardait jamais derrière les rideaux. »  Ton visage tourné vers celui de ton ami, tu l’observes avec sa nostalgie, ou peut être plutôt, sa mélancolie à l’évocation de ces vieux souvenirs.

« Est-ce que des fois tu te demanderais comment serait ta vie si t’étais pas né Cavendish ? » Tu lances, comme ça. Tu sais pas si ça va être un soulagement ou une douleur de penser à ça. De flirter avec le doux rêve d’une autre vie. « Tu serais mannequin, ou acteur. Ou les deux. Et réalisateur en plus. Tu aurais été le boy toy de Karl Lagerfield pour une ascension un peu plus rapide parce que je t’imagine bien impatient même si t’as le potentiel de tout faire tout seul. » Tu pars dans ton imagination là. « Et t’aurais un only fans où tu vends des photos de tes pieds et peut être plus… » Tu finis avec cette touche d’humour au cas où le reste ne soit pas le genre de chose auquel Carmine veut penser. Mais tu as envie de le faire réfléchir aux autres possibilités de sa vie… Tu tentes. Tu veux juste l’aider même si tu sais pas vraiment comment t’y prendre.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @AJ Buckley et Carmine Cavendish

C. se perdait dans ses souvenirs. En observant les épais rideaux de velours suspendus aux fenêtres de la salle de bal, il repensait à sa prime jeunesse ainsi qu'à l'insouciance y étant associée. Quand défiler était encore un jeu. Quand son jeune âge empêchait les journalistes ou les paparazzis de le harceler. Quel chemin accompli depuis cette époque ... « Est-ce que des fois tu te demanderais comment serait ta vie si t’étais pas né Cavendish ? » Sa Majesté tourna la tête en direction de Buckley. Cette question impromptue faisait écho à celle que son ami lui avait posée lors de l'appel, dans la salle de bain, quelques heures après leur sortie incognito au bar gay. À l'époque, AJ lui avait demandé de visualiser un futur selon ses goûts. Carmine avait ainsi pu prendre conscience que son aspiration profonde était de produire et de mettre en scène. Un sourire reconnaissant étira ses lèvres. Cavendish réalisait à quel point son ami, par le simple fait de s'intéresser à lui, lui avait permis de trouver une meilleure voie que celle de la perdition. C. était peut-être sur le point de s'enfermer dans un mariage forcé, mais ce dernier lui ouvrait la porte sur un quotidien professionnel bien moins ennuyeux que celui qui était le sien avant son arrivée à Bristol. Les choses bougeaient. Petit à petit. Pour le meilleur et pour le pire. « Non ... »  Répondit-il sur un ton intrigué. Carmine voyait bien qu'AJ avait une vision très claire en tête. Curieux, il écouta le chanteur dépeindre le portrait de sa vie alternative. Ses expressions faciales changeaient au fur et à mesure que Buckley ajoutait des détails de plus en plus farfelus. Sa Majesté, déjà fortement amusé par Lagerfield, finît même par éclater de rire à la mention du Only Fans.

« Ne me dit pas que tu traines sur ce site. » Bien sûr que les fans avaient milité pour que Cavendish s'y inscrive. Carmine aurait certainement pu encaisser plusieurs années de salaire en y postant une seule photo de lui dénudé, mais son Altesse aspirait des formes de renommée plus gratifiantes. Quelque part, C. se plaisait à exister davantage dans les fantasmes de son public qu'au travers de la réalité crue proposée par les clichés figés dans le temps. L'imaginaire l'avait toujours plus excité que le concret. Il oubliait parfois que tout le monde n'était pas aussi cérébral que lui. « À mon tour. » Reprit-il après avoir tiré une chaise sur laquelle il s'assit confortablement. Il invita AJ à le rejoindre en tirant celle d'à côté. Devant eux, sur la scène inanimée, reposait l'imposant piano de l'orchestre. « Voyons voir ... » Carmine ferma les yeux. Il imagina son ami au début de la vingtaine. « Un agent t'a repéré au karaoké et t'as convaincu d'abandonner le rock pour monter un boys band. Te voilà star des hits parades avec trois autres garçons de ton âge. Tu as aussi abandonné la bière. Sur les posters, c'est toi "mister 6 packs". » C. ricana gentiment. Du bout de l'index, il s'amusa à piquer le ventre de son voisin. En secret, il avait plus d'une fois jalousé la capacité d'AJ à boire comme un trou sans pour autant finir bedonnant. Si Carmine avait ingurgité les mêmes quantités d'alcool que le chanteur, jamais sa carrière de mannequin n'aurait pu voir le jour. « Votre tournée mondiale remplit les salles comme aucune autre auparavant. Alors tu décides de tenter une carrière solo, mais ça ne prend pas. Tu noies ta déception dans l'écriture de tes mémoires et deviens parolier de nombreux artistes, ce qui te permet, au fil des années, de retourner à l'anonymat. » C. marqua une pause dramatique afin de mieux introduire la chute. « Mais quand tu dragues au bar, la carte du boys band marche à tous les coups et tu deviens le tombeur de Bristol ! »

Il y avait dans la voix de Sa Majesté des inflexions de joie notables. Ce petit jeu l'amusait. Cela le distrayait de ses tracas. Assis en compagnie de son ami face à la piste sur laquelle Abi et lui danseraient bientôt leur première valse de couple marié, il sentait l'étau de la pression relâcher quelque peu son étreinte. Le fait de savoir que tout serait différent dès le lendemain donnait à Cavendish l'envie de profiter de chaque instant. L'après-midi touchait à sa fin, mais ils avaient encore toute la soirée et toute nuit pour penser à autre chose.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @Carmine Cavendish  & AJ Buckley

Tu n’es pas serein après avoir posé cette question et ajouté en plus ta propre vision de ce que sa vie aurait pu être si son nom n’était pas connu dès sa naissance (et même bien avant cela). « Non ...  »  Non il n’y avait pas songé. Tu trouves ça fou quand toi tu as passé beaucoup de temps à t’imaginer dans milles autres scénarios. Tu serais pas du tout chanteur aujourd’hui si tu n’avais pas été oppressé à être un autre tout au long de ta vie. T’es content de voir ton ami rire à tes théories sur sa vie alternative de non Canvendish. « Ne me dit pas que tu traines sur ce site. »  Tu fais non de la tête avec un sourire amusé sur ton visage. C’est drôle de voir que c’est surtout ce point là qu’il a relevé. Tu as déjà essayé un jour oui, de t’y inscrire pour voir, mais c’était trop compliqué à ton goût et tu avais le soucis de ne pas être repéré avec ton nom d’une manière ou d’une autre.

« À mon tour. »  Tes sourcils se haussent devant ce qui s’annonce, tu aimes bien le voir se prêter au jeu. « Voyons voir ... »  Tu le regardes tout en t’installant sur une chaise proche de lui. Tu attends de voir, ton sourire à son maximum. Tu t’attends à ce qu’il se fasse une vie alternative à lui… « Un agent t'a repéré au karaoké et t'as convaincu d'abandonner le rock pour monter un boys band. »  Mais c’est de toi dont il s’agit et y’a un rire qui s’échappe de ta gorge. « Te voilà star des hits parades avec trois autres garçons de ton âge. Tu as aussi abandonné la bière. Sur les posters, c'est toi "mister 6 packs" »  Tu ris encore plus fort d’imaginer. Le voilà qui vient pointer ton ventre de son index. Tu lui fais un clin d’oeil parce que t’es un petit con premium quand même, faut pas l’oublier. « Votre tournée mondiale remplit les salles comme aucune autre auparavant. Alors tu décides de tenter une carrière solo, mais ça ne prend pas. Tu noies ta déception dans l'écriture de tes mémoires et deviens parolier de nombreux artistes, ce qui te permet, au fil des années, de retourner à l'anonymat. »  Tu hoches la tête, pensif. Tu es en train de visualiser tout ce qu’il dit.

« Mais quand tu dragues au bar, la carte du boys band marche à tout les coups et tu deviens le tombeur de Bristol ! »  Nouveau rire qui sort de ta gorge car le tombeur de Bristol c’est hilarant. « Pourquoi ça sonne comme un nom de serial killer ? Le tombeur de Bristol. »  Tu secoues la tête, très amusé. « Du coup j’aurai pas trouvé l’amour le vrai dans cette version. Triste. » Tu marques une pause. « Je me serai abonné à ton only fans dans cette version et tu serais tombé sous mon charme ou sous mes billets et mes requêtes peu habituelles que je t’envoie… » Tu marques une pause, pensif. « En fait j’ai aucune idée si mes kink sont habituels ou pas mais tu m’as compris, dans cet univers là je me démarquerai des autres et tu succomberais à mon charme. » Ca t’amuses beaucoup ça, ça te fait aussi très rêver, on va pas se mentir. Pas que ce soit avec Carmine, mais d’avoir quelqu’un dans cet univers alternatif. « Je crois que finir seul c’est ce qui me fait le plus peur moi… » Tu dis sur un ton bien moins amusé. Ton sérieux retrouvé à présent. Lui c'est l'âge qui lui fait peur, et toi la solitude. Peut être bien que son mariage est arrangé, mais il a quelqu’un à ses côtés, une personne auquel il tient. Ce qui n’est pas ton cas. La solitude est un vrai problème pour toi depuis que ton frère et ta soeur ne sont plus de ce monde. Tu la ressens comme dix tonnes qui s’ajoutent sur tes épaules à chaque fois que ton esprit se laisse vagabonder.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @AJ Buckley et Carmine Cavendish

« Pourquoi ça sonne comme un nom de serial killer ? Le tombeur de Bristol. » Carmine joignit son rire à celui d'AJ. Vu sous cet angle, on ne pouvait pas retirer à ce surnom un petit côté glauque. « Mourir d'amour ! » S'exclama-t-il, tentant de sauver les meubles entre deux gloussements. « Du coup j’aurai pas trouvé l’amour le vrai dans cette version. Triste. » Le sourire de C. se figea. « Je me serai abonné à ton only fans dans cette version et tu serais tombé sous mon charme ou sous mes billets et mes requêtes peu habituelles que je t’envoie… » Ses sourcils se haussèrent. AJ s'apprêtait-il à lui prédire une mort alternative, terrassé par le tombeur de Bristol ? « En fait j’ai aucune idée si mes kink sont habituels ou pas mais tu m’as compris, dans cet univers là je me démarquerai des autres et tu succomberais à mon charme. » Cavendish posa une main sur son cœur, feintant d'avoir reçu un coup de foudre en pleine poitrine. Il s'amusa à remonter l'extrémité de sa chaussure le long du mollet de Buckley, caressant au passage le tissu de son jean. Une provocation complice agrémentée d'un retour de clin d'œil. Si AJ était un petit con premium, Sa Majesté, lui, ratait rarement une occasion de charmer son monde.

« Je crois que finir seul c’est ce qui me fait le plus peur moi … » Oh. Interpelé par le changement de ton, C. cessa son petit jeu d'allumeur. Il ajusta sa position sur la chaise tout en observant AJ. L'air sérieux de ce dernier l'invitait à réfléchir. Sans mal, il se mit à la place de son ami endeuillé. Il repensa au départ de Levi ainsi qu'aux tendances autodestructrices du chanteur chaque fois que le moral n'était pas au rendez-vous. Carmine, qui n'avait jamais été seul de sa vie, n'était pas capable d'imaginer l'angoisse ressentie par Buckley. Sa chance insolente l'avait jusqu'alors préservé du deuil. Le petit prince des Cavendish était vierge de ce genre de traumas. En revanche, sa grande sensibilité lui permettait de capter les ondes émises par son voisin. Des ondes de détresse refoulées, étrangement similaires à celles l'ayant habité deux mois auparavant, le jour de son anniversaire.

« Hey ... » Reprit-il sur le même ton qu'AJ pour ses 40 ans. C. posa sa main sur la cuisse du musicien. Il y exerça une pression compatissante de ses longs doigts fins. « Est-ce que ça te semblerait crédible d'imaginer qu'ils t'attendent quelque part, de l'autre côté ? » Carmine marchait sur des œufs. Sa Majesté savait pertinemment que le sujet abordé n'était pas dénué de potentiel émotif intense. Il ne souhaitait pas plonger AJ dans un état dépressif qui aurait été justifié compte tenu de l'ampleur de ses pertes, mais il ne désirait pas non plus agir comme si de rien n'était ou bien tenter de le réconforter avec des phrases toutes faites et clairement pas à la hauteur de la situation. " Un de perdu, dix de retrouvés " : quel horrible mépris pour la tristesse des âmes en peine. Cavendish aurait pu rassurer Buckley en lui disant qu'il était jeune, beau et talentueux ; qu’au aucun moment il ne croyait possible l’éventualité qu’il finisse seul, mais l'expérience lui avait appris que ce genre de discours n'avait que peu d'effet sur le moral d'une personne anxieuse. AJ et lui se ressemblaient beaucoup sur ce point.

Alors, Carmine fit ce qu'il aurait aimé qu'on lui fasse en pareil moment : il glissa ses doigts dans la main du chanteur et tira gentiment sur sa prise. « Viens-là. » Encouragea-t-il tout en se redressant pour marcher jusqu'au piano. En seulement quelques pas, Buckley et lui se retrouvèrent sur l'estrade. C. invita AJ à prendre place à ses côtés, sur le banc de l'instrument. Sans rien ajouter, il entreprit de jouer pour son ami. Les premières notes, douces et mélancoliques, invitaient au lâché-prise.

D'une voix légèrement plus aiguë que celle avec laquelle il s'exprimait dans la vie quotidienne, Sa Majesté se mit à fredonner les paroles de la chanson. « Keep living like the sun don't set ... »

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @Carmine Cavendish  & AJ Buckley

Un sourire amusé se forme sur ton visage quand Carmine joue celui qui est touché par les mots avec sa main sur sa poitrine. Il ne s’arrête pas là. Tu sens son pied sur ta jambe. Tu le regardes, très amusé. Ca te plait toujours de savoir que tu lui as plu assez pour qu’il couche avec toi. Tu sais qu’il peut avoir qui il veut et que ça n’était peut être qu’un caprice qu’il voulait sur le moment mais c’est toi qu’il voulait. Carmine a des hauts standards et ton égo en sera toujours gonflé à bloc quand tu repenses qu’il t’a voulu de cette manière là.

Sauf que l’humeur descend un petit peu quand tu dis à voix haute une de tes plus grandes peurs. La première fois que tu formules ça si ouvertement. Avant tu cherchais juste à combler tes journées avec quelqu’un. N’importe qui. Carmine en haut de ta liste lorsque vous avez commencé à vous côtoyer. Tu te souviens de cette première journée au centre commercial avec lui avec pour excuse d’avoir besoin d’un avis sur des nouvelles fringues que tu voulais t’acheter. La réalité c’était que tu voulais pas passer la journée seul. Il te fallait une présence avec toi. « Hey ... »  Sa voix est douce, sa main est sur ta cuisse. Tu n’oses pas affronter son regard pour autant. La pièce dans laquelle vous êtes est si grande et majestueuse, y’a beaucoup de points où tu peux poser ton regard pour observer longuement. « Est-ce que ça te semblerait crédible d'imaginer qu'ils t'attendent quelque part, de l'autre côté ? »  Un léger sourire s’affiche sur tes lèvres car il a bien compris, Carmine, que ce n’était pas vraiment la solitude dans le sens ne pas avoir de deuxième moitié, d’âme soeur, de compagnon, boyfriend, c’est bien plus large que ça et ça a tout à voir avec le fait de ne plus avoir du tout de famille génétique à tes yeux. Tu vas poser ta main sur celle de Carmine car tu as juste besoin de proximité même si tu sais qu’il est un véritable ami et qu’il ne s’évaporera pas. Tu peux compter sur lui et tu en as d’autres aussi mais tu as aussi la grande présence d’esprit de savoir que les gens ne sont pas immortel. Tu restes silencieux parce que tu ne sais pas quoi répliquer et si tu parles y’a des chances que l’émotion t’envahisse et t’as pas vraiment envie de ça.

Carmine prend ta main dans la sienne et t’entraine avec lui. « Viens-là. »  Tu te lèves, le suit, gardant vos mains jointes. Installé au piano, il lâche ta main car il se met à jouer. Tu écoutes la mélodie autant que sa voix et tu savais déjà que Carmine était brillant sur beaucoup de points et c’est presque normal de le voir jouer une chanson au piano et de chanter en même temps. « Keep living like the sun don't set ... »  La chanson et le moment sont beaucoup trop beau, fort, intense. Tu vas passer ton bras dans son dos car t’as juste besoin de sentir que t’a quelqu’un avec toi là. Tu prends fort sur toi pour pas te mettre à pleurer mais l’émotion est bien là. Tu veux juste pas rendre le moment trop dramatique. C’est Carmine qui va se marier de force demain, c’est à lui qu’il faut que vous vous focalisiez. Ce moment là est sorti sans vraiment que t’y penses. Les paroles de la chanson te restent bien en tête en tout cas et tu te dis que pour que Carmine la connaisse si bien c’est qu’il s’identifie à celle ci également. Dans une autre mesure certainement, mais c’est obligé.

Tu laisses le silence vous envelopper, ton bras dans son dos, ta tête qui est vers la sienne. Tu soupires doucement, laissant ressortir toutes les émotions, pour te relaxer davantage et puis tu te redresses un peu plus correctement. Tu as conscience que même si vous êtes totalement seul à ce moment précis, peut être que quelqu’un pourrait débarquer et tu n’as pas envie de faire un seul faux pas pour Carmine ici. « Je te veux en featuring sur une de mes prochaines chansons. » Ca sonne comme une boutade là, mais tu es très sérieux. « Ou une reprise. » Car tu as beaucoup d’idées pour l’avenir et tu n’as pas encore tout bien canalisé. Evidemment tu préfères partir sur un autre sujet que ce qui vous a plongé dans la douceur de cette chanson interprété au piano par ton ami, pour toi. Tu reposes ta main sur sa cuisse brièvement avant d’ajouter de manière bien plus solennelle. « Merci. » Car sa chanson t’a fait du bien.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @AJ Buckley et Carmine Cavendish

Les mots s'envolaient en direction du haut plafond, portés par les notes mélancoliques. Sur les touches du piano, les doigts de Carmine éfleuraient blanches et noires dans une gymnastique aussi délicate qu'imprégnée. Ce morceau avait à de multiples reprises accompagné sa Majesté dans ses soirées de tristesse. Lorsqu'il se sentait incompris des siens ou que son coeur en peine tentait de se remettre d'une énième déception. Amoureuses, amicales, familiales, les désillusions de Carmine étaient nombreuses. Il y avait quelque chose de pathétique à constater qu'une si parfaite icône essuyait d'aussi tristes revers personnels. Le dernier en date était bien évidemment le refus d'Archie de se présenter au mariage. L'absence de l'actionnaire, pourtant à seulement deux heures de route de Londres, mettait en lumière la loyauté d'AJ pour qui traverser l'Atlantique n'avait pas été insurmontable. Cavendish était reconnaissant de pouvoir compter sur le soutien de son ami. C'était tout naturel pour lui d'être une épaule solide sur laquelle laisser Buckley s'appuyer en retour. La compassion entourait leur binome sagement assis face à l'instrumet et le bras du chanteur dans son dos donnait à Carmine la force d'affronter l'imminence de son changement de vie. Bientôt, il serait marié pour l'éternité. Un concept vertigineux et angoissant qu'il tentait d'apprivoiser autant que son ami tentait de ne pas sombrer dans la peur d'une éternité de solitude.

La dernière note resta suspendue dans les airs avant qu'AJ n'expire calmement son trop plein d'émotions. C. ferma les yeux. Des images d'un autre lui, à cinquante ans, se dessinaient derrière ses paupières. Abi avait vieilli mais restait élégante dans ses vêtements haute couture. Des enfants lui tenaient la main. Et lui, Carmine, souriait d'un air triste, presque résigné. Ce n'était pas ce que Sa Majesté espérait comme avenir. Ce chemin tout tracé l'asphyxiait avant même d'avoir fait le premier pas dans sa direction. « Je te veux en featuring sur une de mes prochaines chansons. » C. rouvrit les yeux, momentanément détourné de son marasme mental par les propos de Buckley. « Ou une reprise. » « Mariah sera déçue de ne pas avoir été la première. » Plaisanta-t-il, un sourire frileux aux lèvres, l'esprit encore trop tourmenté pour réellement rire de la situation. L'époque à laquelle AJ et lui avaient eu cet échange de textos concernant la possibilité de proposer un duo à Mariah Carey lui paraissait si lointaine. Dix mois à peine. Même pas un an. Avant New York et le scandale responsable de la situation dans laquelle ils se trouvaient présentement. Cavendish avait beau avoir négocié intelligemment afin d'arrondir les angles et tirer un maximum d'avantages, il n'en restait pas moins conscient de perdre au change. Une partie de lui sacrifiée sur l'autel des traditions ancestrales. Une partie que Buckley avait été le dernier à apercevoir dans son entièreté, à Melbourne. « Merci. » C. observa la main d'Asher sur sa cuisse. Cette vision gorgea ses yeux de larmes qu'il sentit perler contre ses cils. Détournant le regard, il passa les bras autour du cou de Buckley et le serra contre son torse avec désespoir.

Tout se mélangeait dans son esprit, tant et si bien que Sa Majesté ne différenciait plus la peur de la réalité. Rien ne lui garantissait qu'il finirait sa vie triste d'avoir choisi le chemin de la raison, mais rien ne lui promettait non plus qu'il pourrait encore parcourir ceux, plus fantasques, de ses passions interdites. La panique, sournoisement tapie dans l'ombre, accélérait les pulsations de son cœur pris au piège d'une femme qu'il n'aimait pas assez, d'un amant qu'il aimait trop et d'un ami qu'il identifiait comme étant le seul capable de le comprendre.

« Embrasse-moi. » Supplia-t-il à l'oreille du chanteur. « S'il te plait ... » C. ne pouvait se résoudre à embrasser la mariée sans avoir une dernière fois embrassé sa bisexualité.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @Carmine Cavendish  & AJ Buckley

« Mariah sera déçue de ne pas avoir été la première. »  Un sourire très amusé se forme sur ton visage et bon sang que ça fait du bien un vrai bon sourire sincère. Tes pensées sont allées dans tellement de sens là avec la mélodie, la chanson qu’il a interprété. C’était fort. Intense. Ca flotte encore dans l’air, ça vous enveloppe tous les deux. « En sa qualité de queen de la communauté LGBT elle comprendra que tu as des atouts plus attrayant qu’elle à mes yeux. » Car Carmine est toujours un sacré bel homme. Qu’il soit marié ou non, qu’il ait 40 ans ou non, il fait rêver beaucoup de personnes sur la planète.

Le moment redescend et tu remercies ton ami pour sa chanson, pour son humour, pour ce moment à part entière. L’intensité du moment ne vous a toujours pas quitté. Carmine te prend dans ses bras. Il te sert fort et tu sens toute sa détresse au travers de ce geste. Tu frottes son dos dans un geste que tu espères réconfortant. Tu le sais déjà mais tu matérialises dans ta tête ce qu’il va se passer demain. Carmine va se marier, avec quelqu’un qu’il ne désire pas. Ca te dépasse mais tu sais pourquoi il se laisse embrigader là dedans. Toujours la même chose. Ce cerveau conditionné depuis qu’il est né. Il n’y a rien que tu puisses faire pour le sortir de là s’il accepte ce sort. Même si ça te brise le coeur de le voir s’enfermer là dedans, tout ce que tu peux faire c’est être là pour lui. Lui donner du soutient, tenter de lui changer les idées. Lui caresser le dos comme tu le fais là. Tu restes silencieux parce que tu ne trouves pas de mots pour l’apaiser. Les gestes c’est plus simple.

« Embrasse-moi. »  Son ton te serre le coeur. « S'il te plait ... »  Tu ne mets pas longtemps à faire pivoter ton visage juste assez pour que tes lèvres aillent se poser sur les siennes. Une de tes mains qui était dans son dos va se placer sur sa joue. Toi qui était autant alerte au cas où quelqu’un arriverait, tu te dis que Carmine doit très bien savoir ce qu’il fait, ce qu’il demande, et que les parages sont bel et bien désert. Retrouver la douceur de ses lèvres c’est te faire un allé simple vers cette soirée d’octobre à Melbourne l’année passée. T’as embrassé pas mal de type depuis, mais ton ego est toujours décuplé quand il s’agit de Carmine. Alors tu lui donnes un baiser digne de ce nom. Bizarrement ça a des airs d’Adieu, mais tu sais bien que ça ne l’est pas littéralement. Tu seras toujours dans sa vie, il est la personne de qui tu es la plus proche sur cette planète. Comme quoi ce n’est pas le nombre des années d’amitié qui comptent, c’est plutôt les profondeurs qu’on explore ensemble qui importent. Ta langue profite de la sienne, évidemment ça te donne envie de plus mais tu ne penses pas que ça ira jusque là. Carmine est bouleversé. Il a juste besoin de se sentir désiré, ou de profiter des lèvres d'un homme. C'est certainement ça les Adieux qu'il est en train de faire. Ta main qui était sur sa joue s’est déplacé sur sa nuque, puis dans ses cheveux. Tu te défais doucement de ses lèvres, gardant ton visage proche du sien, tes doigts qui caressent son cuire chevelu avec douceur alors que tu cherches son regard. Tu n’as toujours pas les mots pour l’apaiser alors tu restes silencieux.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @AJ Buckley et Carmine Cavendish

Quand AJ se mit à bouger, Carmine hésita à resserrer sa prise autour de lui afin de l'empêcher de fuir. Et s'il refusait ? Sa Majesté ne prenait pas conscience de la position dans laquelle il plaçait son ami avec cette demande aussi inattendue qu'incongrue. Buckley n'était ni Abi, ni Archie. Le solliciter à cet instant précis - celui où Cavendish s'apprêtait à faire une croix sur l'un pour marier l'autre - était égoïste. Probablement que C. aurait eu honte de son comportement s'il s'était vu agir ainsi. Il n'en était pourtant rien. Dépassé par l'angoisse et les projections alarmistes dont son imagination inondait son cerveau, le mannequin ne pensait qu'à l'urgence d'empêcher l'eau de lui glisser entre les doigts.

Ainsi, le contact des lèvres du chanteur contre les siennes provoqua le soulagement de tout son être. C. soupira dans la bouche d'AJ. Il se laissa aller à un baiser profond et dépourvu de la moindre retenue. Paupières closes, son altesse profitait des flatteries que lui offrait son complice. D'abord immobile, il laissa les mains du chanteur le décoiffer avant de poser les siennes de part et d'autre de son visage. Il n'aurait pas su dire si c'était sa salive ou celle de Buckley, mais le goût de fin de chapitre de ce baiser lui contractait l'estomac. Il venait de se tourner davantage en direction d'AJ et de laisser dégringoler ses doigts autour des pans de sa veste quand ce dernier mit fin au jeu de leurs langues entremêlées. Cette césure permit à Carmine de se rendre compte de son attitude, de la tension en train de prendre possession de son corps et des pulsions prêtes à sortir du placard dans lequel elles croupissaient depuis des mois.

Il rouvrit les yeux et tomba dans le regard du blondinet à quelques centimètres du sien. Après une période de trouble durant laquelle il dut s'efforcer de se remettre les idées en place, Sa Majesté caressa le nez d'AJ du bout du sien. « Merci. » Murmura-t-il, reconnaissant. Carmine n'avait jamais eu d'ami aussi dévoué et appréciait l'efficacité avec laquelle Buckley venait de calmer son anxiété. Simple. Pur. Sincère. Un baiser bienveillant, en parfait dont de soi-même. Un baiser lui permettant de reprendre du poil de la bête et d'affronter son avenir. « Dans ma vie alternative, je t'aurais fait l'amour sur ce piano. » Conclut-il en affichant un sourire plus confiant que le précédent. C. se lécha les lèvres, posa sa main sur le torse du blond, caressa le tissu de son t-shirt avec une touche de nostalgie dans le regard, puis se recula afin de réinstaurer entre eux une distance plus appropriée. « Demande-moi autant de fois que nécessaire à quel point tu es mignon, drôle et digne d'intérêt. Je serai là pour te le rappeler. » À défaut de promettre à Buckley qu'il ne finirait pas seul, C. s'engageait à être présent pour le soutenir chaque fois que la baisse de moral reviendrait à la charge.

« On sort prendre l'air ? » Proposa-t-il finalement. Dehors, la luminosité commençait à décliner. « Le coucher de soleil sur le vignoble vaut le détour. » Un détour qui leur permettrait de changer d'ambiance. Ce qui venait de se passer dans la salle de bal resterait un secret gardé par les grands rideaux ainsi que la porcelaine ancestrale.

Fin Août 2024
Domaine Cavendish, campagne londonienne
(outfit)  @Carmine Cavendish  & AJ Buckley

Une de tes mains toujours dans ses cheveux, les siennes à présent sur ta veste, c’est lui qui rompt le silence. « Merci. » « Tout le plaisir était pour moi. » Tu dis avec un léger sourire qui prend forme sur tes lèvres. Le moment était agréable malgré le poids qui se trouve dessus. « Dans ma vie alternative, je t'aurais fait l'amour sur ce piano. »  Ton sourire s’agrandit devant cette phrase et encore plus quand tu vois le sourire de ton ami. Y’a l’air d’avoir eu un avant et un après ce baiser. L’air se fait moins intense on dirait. « Est-ce que tu aurais filmé pour ton onlyfans? » Tu ajoutes pour aller encore plus loin dans cette vie alternative qui te plait beaucoup, même la partie onlyfans car de toute façon tout ça n’est qu’imaginaire. Tu peux faire des théories sur tout sans aucune répercussion.

La main de Carmine sur ton torse, vous n’avez pas l’air de vous détacher tout de suite. Tu laisses le moment s’étendre autant que possible. Vous êtes bien là, sur ce piano où dans une autre vie vous auriez fait l’amour. « Demande-moi autant de fois que nécessaire à quel point tu es mignon, drôle et digne d'intérêt. Je serai là pour te le rappeler. »  Ca tu ne t’y attendais pas et ça te touche en plein coeur. Y’a des larmes qui montent à tes yeux. Tu clignes assez rapidement pour les faire partir, ne te laissant pas totalement traverser par l’émotion. Tu ne sais pas quoi lui répondre. Tu serres juste ta main sur sa nuque qui traduit un merci.

« On sort prendre l'air ? »  Tu fais oui de la tête tout en récupérant tes mains pour toi. « Le coucher de soleil sur le vignoble vaut le détour. »  Tu ajoutes un nouvel hochement de tête alors que tu te lèves pour le suivre. Tu t’en souviendras de ce moment dans cette pièce majestueuse.

Une fois dehors, tu reprends la conversation. « Parle moi des projets que tu vas réaliser ou produire dans les mois qui arrivent. » Car ça tu sais que c’est un sujet qui lui plait et où il est libre de s’exprimer sans compte à rendre. Ou du moins c’est ce que tu crois et que tu espères sincèrement pour lui. « Tu rentres quand à Bristol ? »