Anyone can hold the helm when the sea is calm.

08/09/2024

Anyone can hold the helm when the sea is calm.

gifs by (c) Holdthegirl et (c) sybilish

Harbourside, Pooles Wharf Marina
15 Septembre 2024

Le week-end entamait sa dernière phase en ce dimanche. Le matin était là, il devait être un peu plus de neuf heures. Ma mère était sans doute à la messe et mon père... Sans doute encore dans le lit de sa maîtresse. De mon côté, j'étais au port sur mon dernier navire, le Bacchus. Un des trois yachts que j'avais notamment grâce à mon paternel. Il m'avait suffi de lui dire que sa très chère et tendre femme était prête à investir un plus dans mon entreprise pour me faire plaisir, il m'avait fait un prix sur la vente de ce navire. De base, il devait être vendu à un oligarque russe. Sauf qu'il ne faisait plus très bon d'être de ce pays vu le contexte.

Le vendre à son fils était sans doute mieux. Bien sûr, j'avais comme objectif d'agrandir la flotte pour le prochain été, car les deux seuls navires, que j'avais, avaient rapidement affiché complet. Malheureusement, l'été se terminant, ils allaient devoir rentrer au port pendant quelques semaines pour la réparation et l'entretient, je comptais donc sur le Bacchus pour me permettre de maintenir une activité plus ou moins stable malgré le creux de la rentrée. D'ailleurs, c'était sur ce navire que je comptais organiser ma grande soirée de Halloween. Enfin, pour ça, il allait d'abord devoir faire quelques tours sur mer... Et pour son premier tour, j'avais une personne tout à fait spéciale à inviter. Bien sûr, la dite personne n'était pas prévenue du programme, pour elle je l'avais juste invité à boire un verre sur mon navire par soucis de praticité. Ainsi que pour un petit ego trip de montrer que j'avais un gros truc sur moi. Et non, j'interdisais à quiconque de penser que je compensais quoi que ce soit. Enfin si, un vide affectif, j'avais besoin de plus gros jouet qu'un Lego... Mais... Aucun vide atomique !

Bref, Chelsea allait bientôt arriver, je pouvais déjà voir sa chevelure rousse briller de mille feux au loin dans le port, portée par la brise qui soulignait chacun de ses charmes. Enfin, ce n'était pas comme si on avait ce genre de relation. Elle avait été mon élève, quatre ans auparavant. Ma chouchoute en quelque sorte, même si elle, elle n'avait jamais eu besoin de passer sous le bureau pour valider sa formation. De toute façon, on n'appartenait pas vraiment au même monde, à côté d'elle, j'étais un démon, un succube. Elle était bien trop... Pure ? En quelque sorte du moins. J'étais persuadé que je pouvais allumer en elle une étincelle... Pas forcément en profiter, évidemment, mais en revanche m'arranger pour allumer cette petite mèche qui ferait soit l'effet d'un feu d'artifice de bonheur ou d'une vraie bombe. J'étais curieux de savoir lequel des deux, ce serait. De mon côté, je l'attendais, assis, en chemise blanche et pantalon bleu clair. Malgré la fraîcheur matinale, le soleil était déjà là pour réchauffer mon visage alors que le vent s'acharner à essayer de me décoiffer, sans succès jusque-là. Je commençais à avoir l'habitude. J'allais devoir utiliser de tout mon charme au début de cette entrevue. Pourquoi ? Car il n'était pas impossible que la dernière fois que je la vis, je me sois comporté comme un goujat.

Il fallait dire que la dernière fois que je l'avais vu, j'avais reçu un SMS d'un investisseur qui m'alertait d'un léger problème. Rien de bien méchant, juste un article qui était sorti sur une star qui aurait eu une intoxication alimentaire à la suite d'une croisière. Heureusement, la semaine d'après on apprenait qu'elle était en réalité une toxicomane et que son intoxication alimentaire devait sans doute être plus lié à une surconsommation de produit illicite qu'une quelconque indigestion. Avoir des relations dans les journaux était toujours utile. Avais-je ruiné une vie juste pour une meilleure publicité ? La seule chose que je pouvais dire, c'était que le lendemain de l'arrestation de la dite star, une autre vantait son séjour sur le Jupiter. Parfois être un homme d'affaires, c'était vendre son âme au diable. Je préférai plutôt être le diable. Après tout... Ne disait-on pas qu'il valait mieux régner en enfer que servir le ciel ? Et puis... Être le diable me permettrait d'acheter l'âme de la charmante jeune femme que l'on aidait à monter à bord du Bacchus. Me levant de ma chaise, je m'avançais vers elle pour lui tendre la main... Lui faire la bise après l'avoir vu la dernière fois... Ce n'était pas une bonne idée, du moins pas directement. Alors pourquoi ne pas jouer avec le feu ? Si elle me confiait sa main, je n'aurais qu'à faire comme tout gentleman, à savoir un baisemain dont les lèvres ne touchaient pas la peau de la demoiselle.

« Chels... Toujours un plaisir de te voir. Comment vas-tu ? Oh... Et le navire te plaît ? Je me suis dit que ce serait plus agréable pour un petit-déjeuner. J'espère que tu as faim ! »

23/07/2001

Anyone can hold the helm when the sea is calm

Chelsea Cavanagh & @Aaron Ackerman

Les paupières de Chelsea s’ouvrirent, mais menacèrent de se refermer aussitôt. Elle regarda l’heure qui était affichée juste en face de son lit, qui était une heure à laquelle elle avait l’habitude de dormir le dimanche, parce qu’il s’agissait de son jour de récupération. Elle ne prévoyait généralement rien d’autre que de se reposer et d’amener son grand-père au port durant celui-ci, une tradition à laquelle elle ne dérogeait tout bonnement jamais, quand Raghnall était disponible. Il ne l’était pas aujourd’hui, mais elle devait tout de même impérativement se rendre au quartier d’Harbourside, il s’agissait même de la raison pour laquelle elle ne pouvait pas traîner dans ses draps. Elle se mit à rouspéter une fois qu’elle se leva, qu’est-ce qu’il lui avait appris d’accepter cet horaire ? La rousse n’avait pas dû avoir toute sa tête, pour accepter celui qui arrangeait Aaron, alors que celui-ci ne méritait pas la moindre faveur. Elle n’avait pas manqué de lui dire que son attitude lui avait déplu, elle avait horreur qu’on insiste pour qu’elle se rende quelque part, pour ensuite la délaisser dans un coin, tout ce que le Ackerman avait fait, en somme. L’étudiante en photographie pouvait remercier Bowie d’avoir sauvé sa soirée, car si celui-ci ne l’avait pas abordé pour discuter, elle aurait quitté le navire sans rien en tirer de positif.

Aaron lui avait promis qu’il allait se rattraper, sans plus de détails, elle avait donc été suffisamment curieuse pour lui accorder le bénéfice du doute. Chelsea savait parfois se montrer clémente, il aurait peut-être été un peu sévère de rembarrer une personne avec laquelle elle venait de renouer. Elle avait recommencé à lui parler régulièrement par nostalgie, les fous rires qu’ils pouvaient partager ainsi que leurs longues conversations sur la mer et la navigation lui manquaient, elle n’avait jamais trouvé une autre personne avec qui en parler autant, même pas au sein de sa propre famille. Les Cavanagh étaient vraisemblablement lassés de parler de leurs ancêtres marins, de ce sang bleu qui coulait dans leurs veines, mais c’était encore loin d’être le cas de la jeune femme. Le port représentant toute la vie d’Aaron, elle espérait que lui aussi, était encore capable d’en parler des heures, elle pensait déjà au sujet qu’elle allait aborder avec lui sous l’eau chaude de sa douche. Elle nourrissait un rêve que seul lui pourrait comprendre, un projet un peu fou, elle avait hâte de le lui partager. Elle enfila un jean gris clair à la coupe cigarette - qui donnait un semblant de volume à sa frêle silhouette - un pull dont l’aruzin se rapprochait remarquablement de la couleur de ses yeux, des baskets blanches avant de terminer sa tenue avec des boucles d’oreilles argentées. Une tenue simple qui ne le surprendrait probablement pas, parce qu’elle n’avait jamais jugé que le port était un endroit où il fallait être chic.

Une façon de pensée qui n’était visiblement pas partagé par son hôte, qui était vêtu d’une chemise et d’un pantalon uni. Elle n’était pas vraiment étonnée de le découvrir aussi soigné, parce qu’elle avait toujours senti qu’il tenait à avoir une certaine image, encore plus lorsqu’il se trouvait sur son terrain. Un côté impeccable qui lui donnait envie d’ébouriffer ses cheveux blonds, qui lui paraissaient toujours parfaitement en place, contrairement à sa chevelure qui devenait sauvage au moindre coup de vent si elle avait le malheur de la laisser détachée, comme à cet instant. Elle enjamba le navire et se retrouva face à un Aaron qui lui tendait la main, qu’il était vieux jeu. L’étudiante en photographie la saisit, parce que dans le fond, elle appréciait les comportements qui dénotaient positivement de ceux du commun des mortels, mais aussi parce qu’elle pressentait qu’elle aurait le droit à un princess treatment qui ne serait pas pour lui déplaire. Il avait commencé à lui parler en se montrant charmant, avant de lui demander comment elle allait et comment elle trouvait ce bateau. « J’espère que cela vaudra le coup de m’être levée si tôt. » Dit-elle pour le défier. « Parce que tu vas regretter de m’avoir tiré de mon lit, dans le cas contraire. » Elle plissa des yeux quelques secondes, avant de s’éloigner de lui. Chelsea croisa ses bras dans son dos et inspecta le navire. Un yatch qui lui semblait des plus classiques, elle ne leur avait jamais vraiment trouvé de charme, elle préférait largement les voiliers d’antan. « Il est spacieux. » Et c’était ce qu’il y avait de plus important, vu ce qu’il devait vouloir en faire. « Clinquant, tout ce qu’il te faut pour ton business, non ? » Il était un homme d’affaires qui ne devait rien laisser au hasard après tout. Aaron avait l’espoir que la demoiselle ait suffisamment d’appétit pour le petit-déjeuner qui les attendaient. « Je rêve d’un bon café. » Un désir pas franchement étonnant, venant d’une personne aussi peu matinale qu’elle.

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