I'm standing guard, I'm falling apart (gaïa)

06/10/1993

I'm standing guard, I'm falling apart

gif by (c) kreacher1x1

Si les deux premières aventures de Timothy dans les activités d’Halloween de la ville avaient été imprévues, même non désirées dans un certain sens, sa visite au Bristol Dungeon était bel et bien planifiée. Il y était venu avec Lou et Ezra, puisqu’après avoir emménagé de nouveau chez eux, chez lui, cette attraction battait encore son plein dans le vieux quartier de Bristol. Ses deux amis avaient insisté pour qu’ils aillent y faire un tour, les trois ensemble, en souvenir de leurs nombreuses participations aux événements de la ville, à une époque qui paraissait désormais révolue pour Timothy. Ce dernier eut tôt fait de regretter d’avoir accepté, d’ailleurs, puisqu’une heure à peine après avoir mis les pieds dans l’établissement, le trio avait été démantelé. Il ignorait si Lou et Ezra étaient encore ensemble, eux, mais en tout cas lui avait été laissé derrière. Il avait perdu de vue le couple alors qu’ils avaient été séparés dans la file d’attente pour monter dans l’ascenseur qui descendait jusqu’où et jusqu’à quoi ? Timothy n’en savait absolument rien. Il avait été le premier à monter dedans, mais quand il s’était retourné pour s’assurer que ses amis le suivaient, il avait juste vu des personnes refermer le grillage de l’ascenseur médiéval, et n’avait vu Lou et Ezra ni en-dedans à ses côtés, ni à l’extérieur en train d’attendre la prochaine descente.

Une fois en bas, Timothy avait attendu cinq ou six nouveaux groupes qui avaient fait toute cette descente. Il n’avait même pas encore pris le temps de trop regarder où il avait atterri. Pour être bien honnête, il ne se sentait plus vraiment à l’aise ici, dans cet espace fermé, étroit, bondé de gens qu’il ne connaissait pas. Aucune trace de Lou et Ezra. Il avait sorti son téléphone portable, s’attendant à voir un message texte de l’un de ses colocataires pour le tenir au courant de ce qui se passait là-haut, mais rien. Et surtout, pas de réseau, en fait. Il soupira, agacé et un peu nerveux, et s’en alla parler à une personne qui gérait les sorties de l’ascenseur. « Excusez-moi, j’aimerais remonter, s’il-vous-plaît. » L’homme le regarda d’un air pas mal blasé. « No can do, mate. Tu dois faire le parcours du sous-sol, c’est l’ascenseur à l’autre bout qui remonte les gens. » Timothy soupira de nouveau, se tournant pour regarder autour de lui. « C’est pas vrai … » Lâcha-t-il pour lui-même. Cet ascenseur qui descendait tous ces gens, il remontait bien à chaque fois, non ? Pourquoi ne pouvait-il pas remonter avec ? Mais Timothy n’était pas du genre à s’obstiner ou à mettre son pied à terre, alors il se contenta de paniquer en-dedans de lui, sans répliquer.

02/10/1991

i'm standing guard, i'm falling apart / @timothy dunham

11/2024 bristol dungeon (spooky scary bristol)

Gaïa n'avait jamais été une grande fan d'halloween. Elle n'avait jamais succombé à l'appel mystique de la saison, probablement parce qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de fêter un halloween traditionnel étant enfant. Quelle mauvaise image les enfants Salvatori auraient ils donné de leur famille s'ils étaient aller faire du porte à porte déguisés en petits malotrus, hein? Si la journaliste se bornait à mettre quelques citrouilles en céramique sur les étagères de son salon, car néanmoins séduite par les couleurs chaudes de l'automne, c'était bien tout ce qui pouvait la relier de loin à une fête comme halloween. Pendant la majeure partie de l'évènement populaire, elle n'avait donc observé les festivités organisées par la ville que de très loin, fascinée par l'entrain bruyant des gens quelle que soit l'attraction, ces mêmes gens qui pensaient probablement que les films d'horreur devraient être hissés au rang de chefs d'œuvre.

Malgré tout, elle qui ne voyait vraiment pas l'intérêt de toute cette agitation autour d'une fête grossière, se retrouvait maintenant devant l'entrée du Bristol Dungeon, avec l'objectif de pondre un article dessus à la demande d'un journal local, article qui serait publié à la fin des festivités, comme une sorte d'hommage. Poussée par la curiosité, la journaliste avait accepté, sans savoir le moins du monde dans quoi elle venait de s'embarquer. En solitaire, jetant de temps à autre des regards en coin à un groupe d'adolescents bien trop excités par l'environnement effrayant, la jeune femme avait suivi le mouvement des visiteurs jusqu'à se retrouver devant un ascenseur, qui paraissait si vieux qu'un instant, la jeune femme s'était demandée s'il ne s'agissait que d'un morceau de décor. Mais non. En grinçant, les portes s'étaient ouvertes, et les gens s'étaient engouffrés à l'intérieur dans la hâte, quand un employé de l'attraction, admirablement bien costumé pour l'occasion elle devait l'admettre, leur avait grogné un avertissement à propos des horreurs les attendant dans les profondeurs de la terre... Comme si les visiteurs en avaient quelque chose à faire. Les portes refermées derrière le petit groupe dans lequel elle se trouvait, l'ascenseur s'était mis en marche, entamant sa descente grinçante vers le sous-sol.

En bas, il faisait bien plus sombre. C'était la première chose que l'italienne avait remarqué, ça et le jeune trentenaire qui discutait nerveusement avec l'un des employés du lieu. « Excusez-moi, j’aimerais remonter, s’il-vous-plaît. », qu'elle l'avait entendu dire, malgré la distance les séparant. « No can do, mate. Tu dois faire le parcours du sous-sol, c’est l’ascenseur à l’autre bout qui remonte les gens. » Ils étaient donc tous coincés, donc. Sauf en cas d'urgence, imaginait Gaïa, mais vraisemblablement l'air mal à l'aise du jeune homme n'était pas suffisant pour envisager une remontée par l'entrée. « C’est pas vrai … » La journaliste aurait presque éprouvé de la pitié pour lui, s'ils s'étaient retrouvés dans une situation autrement plus inquiétante qu'un ridicule donjon faussement hanté. Néanmoins, quand elle était passée à côté de lui, carnet et stylo à la main, elle lui avait offert une remarque. « Ne vous inquiétez pas, on sera dehors avant d'avoir laissé échapper le moindre cri. » De toute façon, ce n'était que de la comédie, des acteurs, rien de plus. Il suffisait de le garder à l'esprit. Suivant le groupe, Gaïa avait pénétré dans une première salle, immense, une réplique de village en ruines, poussiéreux et crasseux, un premier faux cadavre aux extrémités noircies affalé à quelques mètres, des gémissements douloureux résonnant dans l'air un peu plus loin. L'atmosphère était carrément glauque, l'italienne voulait bien l'admettre. Avant d'avancer plus, elle s'était retournée pour s'adresser à l'homme auquel elle avait adressé un semblant d'encouragement, un peu plus tôt. Toujours planté à côté de l'employé, et ce dernier apparemment toujours pas décidé à le laisser remonter par ce côté de l'attraction, il semblait hésiter. « Vous venez? Les autres vont pas nous attendre. Et puis, à moins que vous puissiez vous téléporter d'un endroit à un autre, ou que vous soyez en train de mourir, la seule sortie, c'est par là. » D'un doigt parfaitement manucuré, elle avait pointé la salle lugubre dans son dos. S'il ne se décidait pas vite, il devrait faire le sombre trajet en solitaire, vu qu'apparemment, les descentes de groupes avaient cessé pour le moment.

par alcara

06/10/1993

I'm standing guard, I'm falling apart

@Gaïa Salvatori ☆ Timothy Dunham

gif by (c) kreacher1x1

Un long soupir s’échappa d’entre les lèvres de Timothy, qui n’avait aucune envie d’être ici, ni ailleurs. Il aurait voulu disparaître quelque part dans les méandres de ce sous-sol lugubre, qu’on l’oublie et qu’il s’oublie, un court moment. Il plongea les mains dans les poches avant de son jeans, restant sur place. Ce n’est pas qu’il avait peur, pas vraiment, c’est juste qu’il avait l’impression d’étouffer. S’il avait accepté de venir c’est parce que la présence de Lou et d’Ezra pouvait le garder les deux pieds sur terre. Ses amis l’empêchaient de partir dans mille et un scénarios, prisonnier de son esprit qui tournait à cent miles à l’heure. À l’heure actuelle, ils étaient introuvables. Ce n’était pourtant pas leur genre de lui jouer ce genre de tour. Ils savaient fort bien que Timothy ne serait pas à l’aise ici, seul parmi tout ce monde. Il était d’une contradiction totale, le plongeur, puisqu’il avait passé trois années à vivre presque complètement seul sur son voilier. Ce n’est pas la solitude qui le tracassait. C’était de se sentir seul, quand il était pourtant entouré de tout plein d’âmes tellement plus enjouées que la sienne. Son esprit n’était en paix que dans les grands espaces ouverts, aussi. Et ici, c’était tout le contraire. Il avait l’impression que les murs se refermaient autour de lui, sur lui.

C’est une voix à sa droite qui le fit légèrement sursauter, l’extirpant de ses pensées. Il esquissa un faible sourire alors que plus loin dans le couloir, on pouvait discerner plusieurs cris, provenant des différentes salles où, sans doute, défilaient différentes mises en scène effrayantes. « Ce n’est pourtant pas ce que me laisse croire ce que j’entends. » De toute façon, ce n’est pas ce qui inquiétait Timothy. Il se doutait qu’il ressortirait d’ici, sans lâcher un cri - même en n’étant clairement pas la personne la plus courageuse qui existe. Il doutait cependant d’en ressortir en paix d’esprit, tranquille en-dedans. La jeune femme fit quelques pas vers l’avant, avant de se retourner, s’adressant de nouveau à lui. Il ne pouvait certainement pas se téléporter, Timothy, mais être en train de mourir, ça c’était toujours un peu une possibilité, avec lui. Il jeta un coup d’oeil à l’employé à côté de lui, qui ne lui adressa même pas un regard, puis il regarda de nouveau la brunette. Il hocha la tête avant de s’avancer à son tour, pour suivre le groupe, et la jeune femme du même coup. « Juste pour l’info, je suis pas juste complètement perdu ou bizarre, d’être venu ici alors que clairement, je n’en ai pas envie. J’étais avec des gens, mais je les ai perdus de vue. Si ça se trouve, ils sont encore en haut. » Déclara-t-il en jetant un bref coup d’oeil à la jeune femme. Elle était seule également, ce qui le poussait à se questionner à son tour, mais il ne le mentionna pas.