s'évader (koby)

Il eut un petit rire étouffé, avec un air faussement renfrogné. Il se doutait que Ken n'était pas comme ça : à emmener le premier venu dans son territoire. Il se rendait compte que parfois, il lui arrivait de poser des question dont il savait déjà la réponse - il avait ce besoin de se rassurer, d'entendre des mots à la place de ses pensées. Il accueillit avec plaisir son tendre baiser, se laissant manipuler les cheveux avec un petit sourire réconforté. Il redressa son oreille, se concentrant à nouveau alors qu'il fronça les sourcils face à sa dernière demande. « Interessant parce que je suis presque sûr que quand je me suis allongé sur toi, ou encore quand j'étais sur le comptoir, c'était une invitation à ce que tu m'aimes plus. » dit-il alors qu'il caricaturait avec un jeu de sourcil parfaitement exagéré. Il se redressa, faisant un faux mouvement avec sa chevelure. S'asseyant à califourchon sur lui, il déposa ses mains sur le torse de Ken avant de lâcher d'un ton extrêmement sensuel et faussement coquin « Vous avez demandé un escort, M. Swann ? Vous avez envie de passer un joyeux moment ? Ah oui, c'est ça, comme ça. » conclut-il en poussant un petit gémissement avant de reprendre son sérieux avec un sourire taquin. « Quoi, c'est trop d'amour pour toi ? ». Toujours dans la bêtise, mais Coby savait se montrer sérieux, venant l'embrasser. Il s'était calmé à se propos - il se rappelait de ses premières fois, paniqué et complexé. Ses amis les plus insecures avaient parié sur le fait que son couple n'allait pas durer plus de trois mois et le Monaghan avait conscience qu'il avait tout sauf la carrure de Kennedy mais il s'en fichait, il y avait cru, il y croyait encore.

A quoi jouent-ils ? Pas besoin de faire un dessin, les deux époux s’aiment, se retrouvent seuls au beau milieu d’une mer sans aucun autre bateau aux environs, pour seuls voisins des mouettes volant à des centaines de mètres au-dessus d’eux, sans s’être vus pendant deux semaines entières, bien sûr qu’il y a des étincelles, une excitation qui prend le pas. Ce serait idiot de prétendre le contraire. D’autant qu’ils sont jeunes mariés et qu’ils n’ont pas encore pris le temps d’organiser leur voyage de noces.

Coby a initié les hostilités, Ken a enchaîné et les voilà tous les deux dans la chambre du bateau, l’un contre l’autre, se faisant des gestes tendres tandis qu’ils s’embrassent et se font de belles déclarations entre autres petites taquineries dont ils ont l’habitude de se gratifier l’un l’autre.

— Intéressant parce que je suis presque sûr que quand je me suis allongé sur toi, ou encore quand j'étais sur le comptoir, c'était une invitation à ce que tu m'aimes plus.

Bien sûr que c’était leurs manières de se le montrer, mais il voudrait plus, il veut plus et ce n’est pas la pression exagérée qu’il ressent dans son bas ventre, son caleçon qui se tend à cause d’un engorgement de sang dans son anatomie.

Jacob vient alors s’asseoir à califourchon sur lui, dépose ses mains sur son torse avant de lui parler, de positionner son bassin comme il le faut pour attiser une flamme déjà bien ardente.

— Vous avez demandé un escort, M. Swann ? Vous avez envie de passer un joyeux moment ? Ah oui, c'est ça, comme ça.

Il joue le jeu jusqu’au bout, jusqu’aux bruits poussés avant de reprendre son air amusé. Il rigole, il aime ses petites idioties, le fait qu’il reste fougueux comme au début, c’est ce qui le fait craquer aussi, bien que parfois il aimerait plus de sérieux.

— Quoi, c'est trop d'amour pour toi ?

— Bien au contraire, et tu le sais.

Ken ne se satisfera jamais de ce que peux lui donner son époux, il en voudrait toujours plus, parce que pour lui, leur relation est plus puissante que toutes les marques d’affection qu’ils peuvent se donner.

D’aucuns pensaient qu’ils n’y arriveraient pas, que leur couple était voué à l’échec pour de nombreuses raisons, des caractères dissemblables – encore qu’ils ne connaissent pas réellement Coby, de passions différentes qui ne sont pas compatibles, ou encore parce qu’ils n’ont pas la même vision du monde, de ce qu’est la famille et le couple. Kennedy et Jacob se sont alors amusés à leur rire au nez, à leur montrer que ce n’était pas parce qu’on le disait que c’était forcément la vérité. Ils se sont joué de ce qu’on disait d’eux, se sont joué des images qu’on leur collait à la figure comme celles du sportif décérébré et du musicien torturé. Donnant des rôles, des étiquettes qu’on leur colle en plein milieu de leur front. Ils détestent ça, ils s’en amusent, ils se réinventent et de se redécouvrent. Ken et Coby sont deux électrons libres qui se sont embrassés, embrasés. Ils s’aiment, et ce que l’on en dit leur importe peu finalement.

— Que c'était bon…

Oh oui, c’est clair. Il arrive alors par reprendre sa respiration, son cœur palpitant encore fort après le nirvana qu’ils viennent de parcourir de long en large.

— Encore un coup de la grosse cochonne.

Kennedy explose de rire, mais à en avoir mal aux abdominaux et les larmes aux yeux. Il ne s’attendait pas à ça et il doit admettre que ça lui fait un bien fou tandis qu’il tente de reprendre son sérieux. Mais chaque fois qu’il regarde le visage de Coby, tout fier de sa bêtise, il recommence à pouffer de rire.

— Bon, je vais me laver, qu’il dit tout en continuant de rire, et c’est aussi pour lui l’occasion d’éviter de se confronter encore à l’air benêt de son mari.

Alors qu’il s’éclipse en étant totalement nu, il file dans la petite salle de bain du bateau et se met sous la douche pour tenter de se débarbouiller et tenter de ne plus avoir cette impression de transpiration sur le corps.

Il ressort rapidement et enfile une nouvelle tenue, un peu plus chaude pour éviter de prendre froid sur le pont du navire. Il retrouve alors la tranquillité et prend un livre qu’il commence à lire en attendant que son compagnon se lave lui aussi.

Après quelques instants à reprendre souffle et esprits, Coby voyait son époux partir du lit, allant prendre une douche alors qu'il profitait seul d'être totalement étendu dans le lit, à rêvasser encore une dizaine de minutes. Il n'avait pas à se prendre la tête, il se sentait bien. Tout était paisible, telle le voulait la formule 'Evasion'. Il bailla quelque peu, étant bien partant pour une sieste mais il se promit qu'il ne ferait pas long feu ce soir. Entendant la douche s'éteindre, il en conclut qu'elle était vide et disponible, allant alors à la suite de Ken pour se laver. En quelques rapides minutes, juste l'histoire d'être propre. Il ne se sécha guère, empruntant sans honte les fringues de Ken dans lesquels il nageait totalement vu leurs tailles différentes mais il s'était toujours senti en sécurité dans ses gros pull. Il remonta alors sur le pont, lui adressant un petit sourire. Il avait envie de gratter un peu de la guitaire mais il ne voulait pas perturber le Swann dans sa lecture alors il s'abstint. Il avait aussi de quoi amener lire - pas de gros romans, seulement des magazines de musique mais au moins chacun avait son petit plaisir pour s'occuper et passer le reste de la journée.