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21/04/1985

mother daughter reunion

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experienceandobservation

Percy et Benjamin étaient partis il y a déjà plus d’une heure. Ton mari n’avait pu résister aux yeux suppliants de son fils de l’amener au stade pour son entraînement de fin de journée. Le match était déjà passé et tu savais déjà qu’il y aurait beaucoup de discussions tactiques plus que de jeu. Ton fils connaissait les règles et s’il y avait bien un endroit et un moment où son hyperactivité se calmait, c’était lorsqu’on l’amenait dans son lieu favoris. Voilà comment tu t’étais retrouvée seule à la maison, profitant de cet instant tranquille pour faire un peu de rangement avant de t’installer confortablement dans le canapé du salon pour continuer à éditer le manuscrit que tu avais récupéré ce matin. Le jeune Leandre voulait s’essayer à la romance ce qui t’avait fait sourire. Tu lui avais promis de lire les quelques chapitres qu’il t’avait envoyé. Tu les avais imprimés et tu avais bien fait car tu ne manquais pas de notes à gribouiller dans les marges du document, que tu avais élargies pour l’occasion. Il y avait un certain charme à retravailler sur papier et cela te manquait un peu. Mais il fallait reconnaître que les nouveaux outils numériques permettaient de belles collaborations qui auraient été impossibles auparavant. C’est le vibreur de ton téléphone qui te sortit de ton travail. Tu attrapais l’objet et vit que Jules venait de t’envoyer un message pour t’informer qu’elle serait bientôt à la maison. Un grand sourire se dessina sur ton visage et, regardant l’heure, tu décidais de te diriger vers la cuisine pour vous préparer quelque chose à manger. C’est sur fond de Taylor Swift que tu te mis à préparer un dahl de lentilles. Ta fille étant végétarienne, tu avais adapté tes menus et votre alimentation depuis longtemps. Ce n’était pas toujours facile car Benjamin et Percy faisaient énormément de sport et avaient donc besoin de leurs protéines. Heureusement, Percy n’avait aucun problème à se charger de l’apport protéine du repas, tu te concentrais sur les recettes de légumes et de graines en tout genre.

Tu étais en train de chantonner quand tu entendis la porte de l’entrée s’ouvrir. Tu ne t’alarmais pas alors que les pas de Jules s’éternisaient un peu dans l’entrée. Certainement que ta fille avait du mal à enlever ses chaussures. Le dahl lui, cuisait tranquillement et serait prêt bientôt. Tout comme le riz qui devait l’accompagner. Ce n’était pas souvent que Jules et toi aviez la possibilité de faire une soirée mère/fille alors tu espérais que ta fille voudrait bien t’accorder un peu de temps. Depuis la rentrée, tu avais l’impression que vous vous étiez vues en coup de vent plus qu’autre chose et ce n’était vraiment pas comme cela que tu voyais une relation saine entre une mère attentive et sa fille. Tu étais en train de sortir deux verres quand Jules apparut dans la cuisine. « Te voilà enfin ! Tu étais coincée dans l’entrée ? » Lui dis-tu sur le ton de la plaisanterie. Même si Jules n’avait plus l’âge des gros câlins, tu ne résistais pas à venir l’étreindre quelques secondes en guise de bonjour avant de déposer un baiser sur son front. Rien d’invasion ou de prolongé, juste une affection profonde que tu te devais de lui communiquer. « Benjamin a absolument tenu à accompagner Percy pour son entraînement alors nous sommes toutes les deux. Si tu n’as rien de prévu, une soirée avec ta mère autour d’un dahl de lentilles ça te dit ? » Il fallait bien l’avouer, tu avais mis toutes les chances de ton côté pour que ta fille accepte. Mais cela ne voulait pas dire qu’elle allait le faire, la crise d’adolescence de ta fille t’avait appris qu’il valait mieux ne rien présumer à l’avance.

31/10/2004

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"Jules Donnelly" ☆ @Sloane Arden

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J’ai quitté le hangar de la vague avec des pieds de plomb. Je n’ai pas envie d’en partir, de rentrer chez moi pour m’enfermer dans ma chambre avec pour seule compagnie mes syllabi, d’abandonner mes amis et nos projets. Pour être honnête, j’aurais pris racine si Alex, travaillant de nuit en cette période d’Halloween, n’avait pas été obligé de prendre congé. J’aurais envoyé valser le sérieux de l’étudiante pour me gargariser de sa présence, pour m'instruire de ses idées, pour m'inspirer de sa personnalité tout en influençant la sienne. Au lieu de ça, j’ai embrassé l'équipe, donné l’accolade au leader et cherché en chemin de bonnes raisons de me plonger dans mes bouquins. Au moins suis-je imaginative, j’en compte au moins trois : mes parents, mon impression que pour déjouer les pièges de notre société nécessité d’en comprendre les mécanismes et ma peur de l’échec. En ai-je déjà supporté un ? Je n’en ai pas souvenir et cette fatalité-là - l’expérience est inévitable -, elle me terrifie. Je crains la honte, la déception des autres, la mienne aussi, la démotivation qui me pend au nez compte tenu que je déteste le sujet de mon cursus. Il m’intéresse, évidemment, mais je ne vibre pas pour ces notions d’économie. Est-ce bien utile de m’accrocher ? Dois-je arrêter ? Peut-être, mais que faire d’autres ? Hormis les combats menés par la vague, j’ignore ce qui m’animerait réellement ou autant que les plantes, la poterie ou l’ésotérisme. Par habitude, et bien que nous nous quittons à peine, j’ai tenté de joindre Alex pour m’enquérir de conseils. Il n’a répondu ni à la première ni à la seconde tentative et j’ai bougonné, non pas à cause de la déception ou de ce que je lui en tiendrais rigueur. Il me rappelle, il le fait toujours. Mon troisième essai, alors que j’investis le couloir de la maison parentale, était voué à lui laisser un message vocal; Il l’écoutera lorsqu'il aura le temps. En attendant, tandis que je traîne dans le hall avec l’espoir de gérer mes émotions déroutantes, je me suis laissé réconforter par les relents de légumes fruits et de lait de coco qui me chatouille les sens. Maman est là, c’est évident. Quant à Percy et mon frère, si j’en crois les indices du porte-manteau, ils sont absents. Tant mieux. J’aime leur présence, mais je crois que j’ai besoin d’un temps seul avec l’éditrice. Qu’impote qu’il soit coloré de confidences ou non, sa simple présence m'insufflera de la force, de la tempérance, de ce calme utile à me projeter avec efficacité vers mon avenir. Aussi mon sourire éclatant est-il sincère, autant que ma curiosité alors que j’ôte le couvercle de la casserole. ”C’est la meilleure idée du monde. ça tombe vraiment à pique.” Paupières closes, j’ai humé la vapeur parfumée des épices indiennes avant d’embrasser ma maman. ”J’étais au téléphone si tu veux tout savoir.” ai-je finalement répondu, jouant aux effrontées feignant d’être agacée d’être enlacée. En réalité, ça ne me dérange pas. De coutume, j’apprécie ces instants complices baignés de douceur. Or, je me sens fragile aujourd’hui, tellement que duper est plus facile. La pantalonnade m’évitera de flancher. ”Et j’avais prévu de rester là, d’étudier un peu si j’ai la foi. Si c’est pas de la chance ça ?” Déjà, je tire la vaisselle des placards pour dresser la table. ”Merci, ma petite maman. ça me fait plaisir. Tu vas pouvoir me dire comment tu vas comme percy n’est pas là.” Et, par extension, les jeunes oreilles de mon petit frère à l’abri d’aveux contre lesquels il n’est pas armé. ”Et me dire comment lui il va…” me suis-je enquis en pliant des serviettes en papier. ”Je le trouve bizarre en ce moment. Absent ou détaché. Je ne sais pas trop. il n’a pas râlé alors que je lui ai confisqué le générateur et il me l’avait strictement interdit.”ai-je conclu en découvrant au frigo une bouteille de rouge. Je bois peu, c’est contre la doctrine de ma philosophie de vie. Je ne suis qu’un être humain, cependant, un être faillible. ”Et, on en pense quoi de ça pour accompagner ton dahl ?” ai-je proposé en agitant ma trouvaille sous le nez de Sloane.

21/04/1985

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@Jules Donnelly ☆ Sloane Arden

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Avoir un enfant à dix-neuf ans n’avait rien eu de facile. Au fil des années, tu avais eu de nombreuses fois la question de la part de personnes surprises de cet aveu, la question de savoir si tu regrettais d’avoir eu à grandir si vite, si tu regrettais d’avoir mené cette grossesse à son terme. L’avortement n’avait jamais été une option pour toi. Tu n’avais rien conte, les femmes avaient le droit de décider ce qu’elles voulaient faire de leur corps et de leur vie. Pour toi cependant, il n’y avait pas eu de choix à faire. A aucun moment tu ne t’étais imaginée ne pas avoir cet enfant malgré le fait que tu n’étais qu’une pauvre étudiante en littérature, que ta relation avec Reed était naissante et peu installée, que tu n’étais pas certaine d’être à la hauteur. Ce soir, comme toutes les autres fois où tu voyais ta fille, tu savais que tu avais fait le bon choix. La voir grandir, évoluer, devenir une femme à part entière était un merveilleux cadeau à tes yeux. Alors peu importe ce que pouvaient bien penser les gens, Jules était heureuse, c’était tout ce qui comptait finalement. Et maintenant que Jules construit sa vie d’adulte, il est important pour toi de conserver des moments où vous pouvez être toutes les deux. Votre lien avait toujours été unique et tu tenais à ce qu’il ne s’érode pas au fil des années. « C’est la meilleure idée du monde. ça tombe vraiment à pique. » Tu souris alors que tu la regardes s’approcher du plat qui continue à cuire tranquillement. Ce repas n’était qu’une excuse pour passer du temps ensemble, pour partager un moment tout en nourrissant votre corps d’un repas végétarien. Tu avais appris que ce n’était pas si simple que ça de cuisiner des légumes et d’autres formes de protéines, il fallait être inventif pour maximiser les apports nutritifs. Tes bras encerclèrent ta fille et tu ne prêtais aucune attention à son agacement. C’était votre rituel et elle savait que tu y tenais. « J’étais au téléphone si tu veux tout savoir. » Ton sourire ne quitta pas ton visage. La répartie de ta fille ne t’était pas étrangère, tu espérais qu’elle ne finirait pas par lui causer des ennuis. Avec toi, elle ne risquait rien, elle avait déjà fait bien pire lors de son adolescence. « Et j’avais prévu de rester là, d’étudier un peu si j’ai la foi. Si c’est pas de la chance ça ? » Il était hors de question qu’elle néglige ses études pour passer du temps avec toi, elle aurait sans doute un peu de temps pour étudier quand vous aurez fini de manger. « Je mesure tous les jours ma chance de t’avoir encore à la maison. » Lui dis-tu sincèrement. Si elle avait décidé de prendre son indépendance et de partir vivre hors de la maison, tu savais que tu ne la verrais pas aussi souvent. « Et hors de question de négliger tes études, ne prends pas de retard à cause de moi. » Tu te souviens de cette période de ta vie. Jongler entre les cours, les révisions, ton travail à mi-temps et Jules avait demandé une organisation en béton. Heureusement, ton père et ta belle-mère avaient été là pour vous, cela aurait été impossible sans le support de vos familles. « Merci, ma petite maman. ça me fait plaisir. Tu vas pouvoir me dire comment tu vas comme percy n’est pas là. Et me dire comment lui il va… Je le trouve bizarre en ce moment. Absent ou détaché. Je ne sais pas trop. il n’a pas râlé alors que je lui ai confisqué le générateur et il me l’avait strictement interdit. » Jules met la table et tu la laisses faire tout en l’écoutant parler. Ton coeur se serre quand elle t’avoue avoir remarqué que Percy n’est plus le même en ce moment. Cela ne t’étonne pas, Jules a toujours été quelqu’un de sensible à son entourage, toujours à l’affut de ce qu’il se passe autour d’elle. L’amour et les relations de couple ne sont pas toujours simples mais tu aurais aimé que tes enfants ne soient pas touchés par tout ça. Impossible cependant, quand les parents souffrent, les enfants le perçoivent. « Qu’as-tu fait avec le générateur ? » Lui demandas-tu légèrement suspicieuse. Tu faisais confiance à ta fille mais des fois, elle semblait tout faire pour se mettre dans les pires situations. Et si Percy le lui avait interdit, c’était qu’il y avait une raison. Jules ouvrit ensuite le frigo et en sortit une bouteille de vin rouge avant de dire : « Et, on en pense quoi de ça pour accompagner ton dahl ? » Tu laisses échapper un petit rire avant de secouer la tête. « Un verre, pas plus. On travaille toutes les deux demain. » Tu laissais Jules se charger de vous servir alors que tu allais chercher le dahl de lentilles pour le déposer sur la table. Tu récupérais ensuite le riz qui avait cuit dans une casserole à côté. Il était hors de question que vous buviez toute la bouteille de vin en pleine semaine, il fallait rester raisonnable. Tu laissais le silence s’installer le temps que vous preniez place à table. Jules devait attendre que tu adresses ses commentaires sur Percy, ce que tu feras mais tu ne savais pas encore jusqu’où tu devais aller. Ta fille était adulte certes, mais tu te devais de la protéger. « Je vais bien, je ne te cache pas que je suis un peu fatiguée ces derniers temps. Entre mon boulot, ton frère et ses activités et tout le reste, ce n’est pas toujours simple de se poser. » Et tu essayais de te poser le moins possible. S’occuper était aussi une manière de ne pas avoir à trop penser au comportement de Percy et à ce que cela pouvait vouloir dire. « Percy n’en parle pas mais la mort de Tristan l’a profondément touché. » Même à toi il n’en parle pas mais il est évident que c’est cet évènement qui avait tout déclenché. « Je pense qu’il a encore du mal à s’y faire et à retrouver son quotidien. » Tu n’en savais rien. Tu ne savais pas ce qui lui passait par la tête et cela te faisait bien plus mal que tu ne voulais l’avouer. Tu ne savais pas ce que pensera ta fille de tes réponses mais au moins, tu ne lui mentais pas.

31/10/2004

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"Jules Donnelly" ☆ @Sloane Arden

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Attirée par le fumet exotique du dahl de ma mère - elle le cuisine comme personne - j’ai cheminé du hall vers la cuisine un rien plus sereine. Pour la plupart des adultes accomplis, mes problèmes seraient jugés insignifiants. Certains lèveraient les yeux au ciel face à leur vacuité. D’autres, en revanche, me conseilleraient de ne pas me prendre la tête parce que je suis jeune, que j’ai le temps, que ce n’est pas grave, à mon âge, d’abandonner un cursus au profit d’un autre. Et, peut-être aurait-il raison, sauf que la vie est courte - l’accident de Tristan m’a heurtée moi aussi. J’en parle peu parce que la dureté de l’événement me tétaniserait si je m’y penchais réellement -, que j’ai des projets et que du haut de mes dix-neufs ans, je me sens déjà pressée comme un citron. Je brûle d’accomplir de grandes choses. Je tremble à l’idée d’être insignifiante. Opter pour une autre voie, c’est perdre une année, c’est assumer d’avoir gaspillé des mois à travailler avec acharnement pour exceller, mais pas longtemps. Se pourrait-il que mes remises en question soient le fruit de mon agacement d’être mésestimée par mon professeur référent ? Suis-je simplement vexée qu’il me considère trop idéaliste ? Il le clame avec dédain, prouvant qu’il se retient de me traiter d’idiote par respect pour mon nom de famille. Or, je suis convaincue de la véracité de mes théories et, surtout, je persiste à croire qu’il n’est pas trop tard pour transformer le monde. il a juste besoin d’être éduqué, besoin que l’on cesse de lui mentir, que la politique soit authentique et moins capitaliste. Qu’importe que l’on m’épingle, sur le front, l'étiquette de la candide écervelée affaiblie par son optimisme. J’accepterais mon sort si j’étais écoutée. Là, ce n’est pas vraiment le cas. Mais, est-ce trop demandé à cette génération d’égocentrique ? Honnêtement, je n’ai pas encore statué. Alors, pour ce soir - ce soir seulement - je capitule. Je m’abandonne à la joie futile de me nourrir de mon plat préféré et de coyer ma mère pour cette attention. Elle en sème tant autour d’elle, des preuves de son affection. quoique notre complicité n’ait pas à être prouvée, je lui suis infiniment reconnaissante d’embellir mon quotidien quand ça m’est nécessaire, par instinct, sans même le réaliser. Je lui prête d’ailleurs un sixième sens aiguisé auquel je me fie assez pour feindre que tout va bien, que je suis heureuse, épanouie au point de soupirer dès lors qu’elle me serre dans mes bras. En réalité, ça ne me déplaît pas plus que ses questions. Ce qui me déplaît, c’est qu’elle puisse écourter ce moment privilégié pour que j’étudie. ”ça tombe bien, je ne prévois pas de partir tout de suite, mais je peux te faire croire le contraire si ça peut m’éviter de passer la soirée dans ma chambre. Je ne suis pas en retard, tu sais.” Je ne le suis jamais. Je suis réputée pour mon sens de l’organisation et pour ma ponctualité. Mon atout ? Mon bullet journal créatif. J’y couche la liste de mes obligations, de mes rêves. J’y recense mes souvenirs, mes émotions, mes réussites et mes échecs. Y trouvera-t-on bientôt l’expression de mon désarroi d’être confrontée, pour la première fois, à un échec ? ”J’ai donc tout mon temps pour ce soir si tu en as aussi. Tu as peut-être un nouveau script à lire.” me suis-je enquis en dressant la table, prête à lui proposer un coup de main. Je ne suis pas la plus grande fan des romans qu’elle édite, mais ça me plairait de découvrir son univers de l’intérieur, histoire de mieux comprendre ce qu’elle aime tant dans son métier. ”Enfin si tu veux.” La dernière assiette posée, j’ai fouillé le réflexe davantage par réflexe que par nécessité. La bouteille de vin ne m’a sauté aux yeux d’emblée : je n’en cherchais pas et, qui plus est, mon attention est dévouée à ma mère, à Percy, à cette ambiance étrange qui tapisse les murs de cette maison. Autant dire que je ne meurs pas d’envie de révéler ce qu’est devenu le générateur de mon beau-père. Je préfèrerais découvrir quels secrets pourraient raconter ses murs. Cela étant, je me prête au jeu du “confidence pour confidence”. ”Oh, pas grand chose, rassure-toi. Il est dans le van. Débranché. Je ne mettrai pas le feu à la maison au cas où ça te ferait flipper. J’en ai eu besoin pour les travaux, qui n’avancent pas beaucoup d’ailleurs. Mais il m’avait dit de le ranger après l’avoir utilisé. Et je le ferai, promis. J’étais fatiguée, c’est tout.” C’est après ces aveux que j’ai proposé de déguster un verre de rouge. Mes yeux ont invité maman autant que les mots. Ma moue, quant à elle, semble dire : à ton tour, maintenant. A toi d’être sincère et de m’éclairer. ”Ce que tu peux être rabat-joie quand tu t’y mets.” l’ai-je taquinée, soufflant pour la forme plus que sur le fond. Elle a raison : il ne convient pas d’abuser, mais était-ce utile de le rappeler ? Le commentaire ralentit le rythme de la conversation. Ma curiosité toute bienveillante est aux abois désormais. Je n’ai pas souvenir de m’être un jour attablée aussi hâtivement. C’est un supplice de réprime le “bon, tu accouches” qui gît sur le bord de mes lèvres. Le savoir, quel qu’il soit, s’acquiert avec patience et, puisque j’en suis consciente, je m’efforce de ne pas la dévisager et de me concentrer sur mon assiette. ”Non seulement, ça sent vraiment bon, mais en plus, ça a l’air délicieux.” Je nous ai souhaité un bon appétit, j’ai attaqué mon assiette et j’ai attendu, sagement, ne relevant la tête qu’au son de la voix de l’éditrice. ”Tu sais que je suis là si tu as besoin. Si je peux pas, je le dirai, mais j’ai toujours du temps pour vous.” L’égoïsme est le nerf de la guerre que je mène. Mon combat est altruiste et je m’emploie à être disponible aussi souvent que possible pour les tiens. Moins pour les autres si tu les estimes trop con, mais cette vérité-là, je n’en fais pas l’étalage. ”Et je comprends pour Tristan. C’est triste ce qui est arrivé. mais, j’ai surtout l’impression que ça n’a pas arrangé les choses, mais que c’est pas vraiment le déclencheur. ça fait un bout de temps. Mais, si tu me dis que tout va bien… alors, je te crois. Parce que tu me le dirais s’il y avait autre chose, non ?” Je n’ai plus rien de la gamine à protéger à tout prix. Je suis capable de faire face. ”Parce que, je le répète, mais si je peux aider, je le ferai avec plaisir. Je peux… prendre Benji un week-end avec moi chez papa pour que vous soyez tout seul. Je suis sûre qu’il dira pas non. Puis, il s’entend super bien avec Lucas.”

21/04/1985

mother daughter reunion

@Jules Donnelly ☆ Sloane Arden

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Ta chance, c’était d’avoir deux enfants qui te permettaient d’être maman différemment. Tu étais si jeune avec Jules que ce que tu avais vécu avec Benjamin n’avait vraiment rien à voir. Trouver du temps pour chacun n’était pas simple, surtout quand tu partages Jules avec son père et ses demi-frères et soeurs. Tu sais que plus le temps passe, plus ces moments vont se faire rare. Voilà pourquoi ils sont si précieux à tes yeux aujourd’hui. A l’âge de ta fille, tu étais déjà mariée et élevais ton enfant tout en travaillant et en étudiant. Alors cela te paraissait normal que Jules finisse par s’éloigner du foyer familial pour vivre sa vie. Ce qui ne voulait pas dire que tu l’y encourageais. Avoir ta fille près de toi, la savoir dans sa chambre ou en train de bricoler son van te convenait parfaitement bien. Certaines te considéraient comme une maman poule mais tu trouvais cela un peu exagéré. Tu aimais à penser que tu étais là pour Jules, quelques fois trop sans doute, mais la plupart du temps juste ce qu’il fallait. « ça tombe bien, je ne prévois pas de partir tout de suite, mais je peux te faire croire le contraire si ça peut m’éviter de passer la soirée dans ma chambre. Je ne suis pas en retard, tu sais. » Avec de plus en plus de collègues et de proches qui avaient des enfants, tu mesurais chaque jour la chance que tu avais avec les tiens et surtout la chance que tu avais avec ta fille. Jules avait toujours été responsable. Vous aviez eu quelques moments difficiles dans son adolescence mais rien de bien grave car elle avait toujours su s’organiser de manière à mener de front ses devoirs, ses activités et son rôle de grande soeur. Jules était organisée, tu n’avais pas besoin de lui courir après pour qu’elle fasse ses devoirs, pour qu’elle se motive pour travailler ou pour qu’elle range ses affaires. C’est quelque chose que tu ne soulignais certainement pas assez mais qui t’avait enlevé un poids énorme des épaules ces dernières années. « J’ai donc tout mon temps pour ce soir si tu en as aussi. Tu as peut-être un nouveau script à lire. » Ce ne sont pas les manuscrits qui te manquent. Il y a toujours dans ton sac ou sur ton ordinateur quelque chose à lire, un nouveau texte à découvrir. Mais ce soir, ce n’est pas une priorité, tu veux passer du temps avec Jules, savoir où elle en est dans sa vie, pas seulement au sujet de ses études. Tu sais que là-dessus, Reed veille déjà bien assez. Toi, tu veux savoir ce qu’il y a autour des études et du van. Mais Jules te prend de court quand elle te propose de lire un manuscrit : « Enfin si tu veux.” » Sa proposition te prend de court car tu sais déjà ce que ta fille pense des romans que tu publies. Jules n’a jamais caché ne pas vraiment comprendre l’intérêt de ce genre de littérature. Mais elle semblait vouloir essayer, sans que tu comprennes ce qui avait changé réellement. « J’ai toujours des manuscrits qui m’attendent ma puce, si j’arrive au bout c’est que je ne fais pas bien mon travail. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Certains manuscrits arrivaient dans tes boîtes mails directement mais d’autres, tu allais les chercher en fouillant où tu pouvais. Majoritairement sur des forums ou des plateformes d’écriture. « J’ai un de mes auteurs young adult qui m’a envoyé quelques chapitres sur lesquels il s’essaye à la romance. On peut lire ça de notre côté et comparer nos notes si ça te dit. » Tu étais très intéressée d’avoir les retours de ta fille sur le sujet. Tu ne savais pas si ce que Leandre t’avait envoyé valait le coup ou pas mais cela n’avait pas d’importance. Tu voulais simplement voir ce qui attirait l’attention de Jules. « Ma fille se transforme-t-elle en romantique ? » Lui demandas-tu pour la taquiner. Alors que vous vous installiez à table, elle te questionna sur l’attitude de Percy en te faisant remarquer qu’il n’avait pas commenté son utilisation du générateur. L’idée que ta fille puisse utiliser cela sans supervision n’était pas rassurante et tu la questionnais immédiatement : « Oh, pas grand chose, rassure-toi. Il est dans le van. Débranché. Je ne mettrai pas le feu à la maison au cas où ça te ferait flipper. J’en ai eu besoin pour les travaux, qui n’avancent pas beaucoup d’ailleurs. Mais il m’avait dit de le ranger après l’avoir utilisé. Et je le ferai, promis. J’étais fatiguée, c’est tout. » Non, tu ne pouvais pas dire que tu étais rassurée. Tu t’intéressais peu à tout ce qui était mécanique ou manuel et les paroles désinvoltes de ta fille n’apaisaient pas tes craintes. « Je pense qu’il sera mieux à sa place en effet. Pourquoi est-ce que les travaux n’avancent pas ? » Ce n’était pas comme si tu allais être la personne qui allait débloquer ta fille mais tu étais curieuse de comprendre ce qui pouvait causer des délais dont Jules était loin de se réjouir. Quand tu acceptais que vous buviez du vin mais que tu limitais la dose à un verre, elle te dit : « Ce que tu peux être rabat-joie quand tu t’y mets. » Loin de le prendre mal, tu considérais que c’était ton rôle en tant que mère après tout. Attablées et prêtes à manger, Jules ajouta : « Non seulement, ça sent vraiment bon, mais en plus, ça a l’air délicieux. » Ce compliment t’alla droit au coeur. Tu étais ravie de lui faire plaisir, tu vivais pour ce genre de compliments et de moments. Mais le sujet que vous étiez en train d’aborder était beaucoup moins sympathique. Car Jules avait bien remarqué que Percy n’était pas lui-même, quelque chose que tu regrettais profondément mais que tu ne savais pas totalement expliquer. « Tu sais que je suis là si tu as besoin. Si je peux pas, je le dirai, mais j’ai toujours du temps pour vous. Et je comprends pour Tristan. C’est triste ce qui est arrivé. mais, j’ai surtout l’impression que ça n’a pas arrangé les choses, mais que c’est pas vraiment le déclencheur. ça fait un bout de temps. Mais, si tu me dis que tout va bien… alors, je te crois. Parce que tu me le dirais s’il y avait autre chose, non ? » Elle est bien trop perspicace ta fille. C’est une bonne chose la plupart du temps mais sur ce sujet qui n’était déjà pas simple à t’expliquer à toi-même, cela ne t’arrangeait pas beaucoup. « Parce que, je le répète, mais si je peux aider, je le ferai avec plaisir. Je peux… prendre Benji un week-end avec moi chez papa pour que vous soyez tout seul. Je suis sûre qu’il dira pas non. Puis, il s’entend super bien avec Lucas. » Un tendre sourire se dessina sur tes lèvres et tu posais ta main sur celle de ta fille. Tu ne doutais pas que Reed se ferait un plaisir d’accueillir ton fils pour le weekend si Jules le lui demandait et si tu appuyais la demande. Il avait toujours été comme ça Reed, le coeur sur la main, généreux au possible. Et c’est un trait que tu voyais tous les jours dans votre fille. Toujours prête à vous aider, toujours prête à en faire plus. « Je sais que tu es là ma puce et je ne te remercierai jamais assez du temps que tu passes à t’occuper de Benjamin. Et je ne doute pas que ton père se porterait volontaire pour l’accueillir lui aussi. Mais je veux que tu puisses profiter de ta vie. Tu n’es pas responsable de tes frères et soeurs, profite de n’être pas encore tout à fait une adulte. » Toi, tu avais fait tes choix. Cela d’avoir un deuxième enfant en était un et c’était à toi d’assumer les responsabilités qui venaient avec. Jules t’aidait déjà beaucoup, il fallait qu’elle ait du temps pour elle, qu’elle profite encore de cette période où elle n’avait pas encore sur les épaules des responsabilités trop importantes. « Tu es trop intelligente pour que je te fasse avaler que tout va bien. » Finis-tu par lui dire car tu ne voulais pas qu’elle pense que tu la prenais pour une idiote. « La vérité c’est que je ne sais pas exactement ce qui ne va pas. Percy est en train de se battre avec ses démons et j’essaie de l’aider au mieux même si ce mieux n’est pas toujours efficace. » Dis-tu en haussant les épaules. Il est toujours difficile d’aider quelqu’un quand on ne sait pas exactement contre quoi on doit l’aider. « Mais je ne veux pas que tu t’inquiètes. Toute personne traverse des moments plus difficiles que d’autres dans la vie, on arrivera à surmonter tout ça, en famille. » Tu voulais être rassurante et ne pas alarmer ta fille. Percy ne t’avait pas laissé de raisons de douter sur le fait qu’il ne voulait plus faire partie de votre noyau familial alors tu continuais à y croire. Même si tu te sens démunie aujourd’hui, tu sais que tu te battras pour ton couple. Tu mèneras la bataille que tu n’avais pas menée avec Reed à l’époque.