(jazzbros #01) murder on the dancefloor

murder on the dancefloor

If you think you're getting away, I will prove you wrong, I'll take you all the way, boy, just come along, hear me when I say, hey : It's murder on the dancefloor, but you better not kill the groove, gonna burn this goddamn house right down. ★★

@LEROY KERSEY ☆ @ANWAR ZEHRI

gifs @quillsandink & @drvgonqueen

09/2024 majestic horn (old city)

« Admets que ça te manque. »
« Quoi, galérer des nuits entières sur le siège passager avec du mauvais café ? »
« L’imprévu. Ne pas savoir à quelle heure tu vas rentrer chez toi, la chasse … »
« C’est ce qu’on est en train de faire, non ? Alors pourquoi ça me manquerait. »

Il était trois heures et quart du matin, et la vieille Vauxhall de son ancien acolyte des stups attendait garée le long d’un trottoir de Kingsdown, face à la barre HLM d’où n’était pas supposé sortir le gros poisson après qui ils en avaient. Et c’est précisément parce qu’il n’était pas supposé en sortir que Derek et Anwar l’attendaient le pied ferme, les yeux rivés sur le hall 3B comme on surveillait le lait sur le feu pour éviter qu’il ne déborde. Le hasard qui avait mené la criminelle et les stups sur les traces du même individu arrangeait les affaires de celui qui se tenait derrière le volant plus que de son passager, et ça, l’un et l’autre le savaient parfaitement. Par chance pour le second, les appels du pieds (professionnels) de son ancien collègue se limiteraient ce soir-là à cela, car alors qu’Anwar tendait la main vers la banquette arrière pour récupérer le thermos de café dans l’idée de s’en resservir un gobelet, son acolyte s’était exclamé en chuchotant « Ça mord ! ». Dans le hall 3B la lumière venait de s’allumer, et quelques instants plus tard leur homme en était ressorti d’une démarche nonchalante, à mille lieues de l’air préoccupé qu’il aurait dû arborer à l’idée de ne pas respecter le contrôle judiciaire lui interdisant d’être hors de chez lui au milieu de la nuit. « Et tu me dois cinquante balles. » Faisant la sourde oreille, comme s’il ne se rappelait pas très bien avoir parié que leur suspect sortirait avait trois heures du matin, Anwar avait préféré ouvrir sa portière une fois leur poisson à bonne distance « J’y vais à pied, check la géoloc sur WhatsApp. » Remontant la capuche de sa veste sur son crâne, il avait refermé la portière sans la faire claquer et emprunté le même chemin que le bonhomme qui tournait au coin de la rue.

Aurait-il pu prédire qu’une heure et demie plus tard il devrait escalader un conteneur à ordures pour y récupérer un sac en plastique (et son contenu), étalant au passage des restes écrasés de banane sur sa manche gauche tandis que son jean se retrouvait quant à lui recouvert de … Dieu savait quoi, d’ailleurs, voilà une question à laquelle le brun ne voulait pas de réponse, la grimace de son collègue tandis qu’il était remonté à bord de la voiture valant mille mots. « J’te confirme, ça me manque absolument pas. » Il y avait eu d’autres mensonges avant celui-ci et il y en aurait d’autres après, mais pour l’heure Derek avait fait semblant de le croire, et enfermant son butin dans une enveloppe kraft avant de la poser sur le tableau de bord, Anwar avait retiré ses gants de latex et attaché sa ceinture, pas mécontent de rejoindre le poste de police pour y prendre une douche, se changer, et plus important encore se préparer un café digne de ce nom. Ah, oui, et rédiger son rapport.

***
Il était sept heures passées de vingt minutes lorsqu’il avait enfin émergé du commissariat, baillant à s’en décrocher la mâchoire et prouvant qu’il ne tenait plus les nuits blanches comme s’il avait vingt ans. Avant de mettre le contact sur sa voiture, il avait pianoté un message à l’intention de la mère d’Alma, proposant d’aller la déposer à sa place à l’école, et probablement trop heureuse de pouvoir retourner traîner au lit sur sa journée de repos cette dernière avait accepté sans trop se faire prier. Anwar, pour sa part, voyait l’option de retrouver son propre lit s’éloigner en vérifiant une nouvelle fois sa montre après un dernier signe de la main à sa fille, à la porte de sa classe de maternelle. Il était huit heures et demi, il devait être de retour au bureau pour midi ; Ce serait une sieste, tout au plus, et chaque minute semblant désormais précieuse il avait opté pour sa solution de secours désormais favorite. Voilà comment, lorsqu’il était arrivé au Majestic Horn ce matin-là, Leroy avait découvert un Anwar ronflant sur le canapé du bureau qu’ils utilisaient pour régler la paperasse et la comptabilité du club – un bureau qui, qu’on se le dise, servait donc bien plus à Lee qu’à son acolyte, sauf lorsqu’il était question de l’utiliser comme dortoir. Tant et si bien que lorsque sa montre avait sonné à onze heures pile, Anwar n’avait pas été surpris le moins du monde de trouver son associé installé sur l’une des tables du club avec sa paperasse, et lui avait offert un signe de main et un bâillement en guise de bonjour. « J’suis passé faire un somme, j’avais que deux heures devant moi. » La main passant d’abord dans ses cheveux, puis contre ses yeux pour tenter de se réveiller tout à fait, le brun avait posé les yeux sur la tasse de café vide abandonnée sur la table. « Je t’en refais un ? » Pour lui ce serait un double, encore qu’il n’excluait pas la possibilité d’aussi embarquer une canette de Redbull avec lui au moment de repartir. « T’es là depuis longtemps ? Je t’ai même pas entendu. » Soit il avait dormi comme une masse, soit Lee avait fait en sorte de se montrer silencieux ; Le plus probable était un mélange des deux.