(m/f) the chosen family.

S U N N Y
Jusqu’à cette nuit fatidique. Le train de vie de Marcus s'était transformé en un mélange de fête, de musique assourdissante, de rires forcés, d'excès en tout genre. Chaque week-end se ressemblait : des apéros qui s'étiraient en soirées interminables, des clubs où il se perdait dans des rythmes hypnotiques, des visages familiers dans des éclats de lumière, et cette douce illusion que tout était sous contrôle. Cette soirée-là n'était pas différente, du moins au début. Ils s'étaient retrouvés chez un pote pour un before. Les baffles crachaient un mix que Marcus se surprenait à apprécier. À ses côtés, il y avait Vincent, surnommé "Sunny" pour son éternel sourire optimiste, son fidèle acolyte.
Sunny, de deux ans son cadet, avait croisé Marcus en salle de sport. L'admiration du jeune blond l'avait poussé à lancer la conversation. De là, ils étaient devenus inséparables : séances régulières, conseils, et peu à peu, Sunny s’était glissé dans l'univers débridé de Marcus. Ensemble, ils avaient écumé Berlin, Paris, Amsterdam, gravant des souvenirs de folie. Sunny suivait Marcus partout, même dans sa descente, qu'il croyait pourtant contrôler. "Je peux arrêter quand je veux", clamait-il à qui voulait l'entendre, se persuadant que ce n'était rien de grave.
Cette nuit-là, entourés de gens qu’ils appelaient des amis – des inconnus croisés au fil des soirées et devenus potes sous l’effet des substances – ils s’étaient retrouvés dans un club underground. Marcus, à la demande d'un ami, avait fait un passage éclair derrière les platines. Il avait refusé de rester trop longtemps, ce n'était pas une soirée pour travailler, mais pour s’abandonner. Sunny, quant à lui, continuait la fête avec les autres. Ils étaient tous en pleine effervescence, baignant dans une euphorie factice, le sourire facile, les sensations amplifiées par leur consommation.
Puis tout s'est écroulé. On est venu le chercher. Sunny ne se sentait pas bien. Marcus l'a rejoint rapidement, et dès qu'il a posé les yeux sur lui, il a su que quelque chose n’allait pas. Le teint livide, le regard perdu, Sunny vacillait. Il avait goûté à cette nouvelle dope que Link, un autre pote, se vantait d’avoir dénichée. Marcus ne l’avait pas sentie dès le départ, avait prévenu Sunny de ne pas y toucher, mais la curiosité l’avait emporté.
Le malaise s’aggrave. Marcus décide qu'il faut l'emmener à l'hôpital. Mais les autres, ces soi-disant amis, s’y opposent fermement. "Pas besoin de se faire repérer", disent-ils. Link risque gros si ça tourne mal. Alors ils essaient de calmer Sunny, de le soutenir comme ils peuvent. Mais l'état du jeune homme ne s'améliore pas. Il s'effondre, pris de convulsions.
Panique générale. Marcus, pétrifié, appelle finalement les urgences, malgré les protestations. La peur monte, et alors que le blond se tord au sol, les autres prennent la fuite, un à un, lâchant des excuses rapides, effrayés par les conséquences. Marcus se retrouve seul, à essayer de maintenir Sunny conscient, à tenter de ne pas céder à la panique.
Il se sent coupable, tellement coupable. Si Sunny traînait avec ces types, c’était parce que Marcus l’avait emmené dans ce monde. Il savait comment le blond le regardait, avec cette admiration naïve. Et il avait merdé. La réalisation le frappe de plein fouet, brutale, insoutenable. Sunny n'aurait jamais dû finir comme ça, et pourtant, tout ça, c’était de sa faute.