Pour esquiver la pluie - [ft. Wendy Bradford]

“Pour esquiver la pluie .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : La nuit, tout est plus calme. Et Arian, trop habitué à l’agitation de ses journées bien remplies, appréciait réellement cette tranquillité. C’est pourquoi il n’était pas rare de le voir courir de nuit. Ou simplement marcher les mains dans les poches. Partout était mieux que chez lui. Nul part aussi. Il n’appréciait pas plus que ça l’enfermement et sortait à chaque fois qu’il le pouvait. Au grand damn de l’homme qui le suivait ce jour-là en courant plusieurs dizaines de mètres derrière lui, l’air de rien. Un garde du corps habilement déguisé en joggeur. Rien de bien inventif, mais le stratagème avait fait ses preuves.

De par ses activités douteuses, Arian ne pouvait pas franchement se permettre de sortir seul le soir. Mais il avait horreur d’avoir quelqu’un sans arrêt collé à ses basques, alors c’était pour l’heure tout ce qu’il avait trouvé pour ne pas se balader avec une arme en permanence. Sans parler du fait que le simple t-shirt et le pantalon de jogging qu’il portait ce soir-là ne lui permettaient pas franchement de la dissimuler correctement. Quoi qu’il en soit, c’est au son de “Nuvole Bianche de Ludovico Einaudi” qu’il poursuivait sa course. Il faisait frais ce soir-là, si bien qu’une légère volute de vapeur d’eau s'échappait des lèvres de l’homme d'affaires alors qu’il courait a un rythme régulier le long du port de Bristol.

La vue était imprenable. Les notes lisses et délicates du piano dans ses oreilles, il se vidait enfin la tête. Un regard vers le ciel et une mine un peu déçue s’afficha de manière furtive sur son visage. Pas d’étoiles ce soir, les nuages étaient de la partie. L’automne s’annonçait quelque peu maussade. Rien de bien intéressant en somme. Accélérant la course, il essayait de faire taire les réflexions qui lui revenaient soudain en tête. Il avait toujours eu du mal à ne penser à rien. Si bien qu’il dormait peu, ses traits tirés le trahissaient d’ailleurs sur ce point.

La musique toujours bien présente, il n’entendit pas les prémisses d’un orage. Ce n’est que lorsque le vent se leva soudainement qu’il stoppa progressivement sa courses, retirant ses écouteurs tout en se mettant à marcher, le souffle court. Il se tourna vers l’homme qui le rattrapait. « Nous ferions bien de ne pas trop trainer » annonça t-il alors à l’homme qui acquiesça. Sitôt dit, une pluie fine se mit à tomber. Bientôt remplacer par des gouttes plus imposantes. Arian se remit à courir. Il connaissait le quartier par cœur, il avait déjà une idée en tête. C’est néanmoins trempé que les deux hommes entrent dans la salle de fitness la plus proche. D’un signe de tête, Arian fit comprendre à l’homme qui l’accompagnait d'aller voir ailleurs. Ici, ils ne se connaissaient pas. Néanmoins, il savait qu’il devait continuer de garder un œil sur son patron.

Le jeune dirigeant était déjà venu dans cette salle une fois ou deux. Et avoir des accès au cas où étant un atout, il avait un abonnement de nuit à tous les lieux susceptibles de lui servir de refuge. Il passa donc la carte d’accès dans le lecteur après le sas et ouvrit les portes de la salle pour eux deux. Ils étaient trempés. Arian réprima un frisson, appréciant la chaleur de la pièce. Il n’y avait pas grand monde ici. Il s'avança simplement, attrapant une des serviettes en libre service pour s’essuyer le visage. Il soupira, balayant la pièce d’un regard, il n’aurait plus qu’à continuer son sport ici en attendant que la pluie ne cesse.
 

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“Pour esquiver la pluie .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : La soirée s’annonçait déjà pourrie. Réellement. Même si en vérité, Arian n’avait rien contre la pluie, il s’en serait passé sur ce coup là. Mais c’est en entendant une voix familière qu’il su alors que cette soirée n’avait pas finie de le surprendre, mais alors pas du tout. Lui qui comptait simplement se détendre après une journée de boulot éreintante, c’était à priori manqué. S’essuyant une dernière fois le visage avant de glisser la serviette sur ses épaules, il resta de marbre à l’approche de la femme dont il ne connaissait que trop bien le nom: Wendy. Réellement surpris par sa présence ici, il ne démontra pour autant pas la moindre stupeur. « Toi… »  Amorça-t-il d’une voix grave, presque las. « Ici… » Conclut t-il alors en un presque soupir, qu’il réprima pour ne pas paraître irrespectueux. Il avait tout de même un standing à conserver. Et dans le fond, il ne lui repprochait rien, si ce n’était d’être une bonne amie pour son ex-femme.

Cette femme, il l’avait cotoyée longtemps. Il ne savait plus trop depuis combien d’années, mais cela remontait à l’époque où il vivait à Londres, et qu’il était marié. D’ailleurs, probable qu’elle était également au mariage. « C’est bien le dernier endroit où je m'attendais à te voir. » exprima t-il simplement. C’était une simple vérité. Son regard se tourna vers son garde du corps qui s’était simplement mis à courir sur une tapis au fond de la pièce. Pas de danger immédiat, il pouvait donc simplement rester en attente. Arian reporta son regard sur la jeune femme qui lui faisait face, posant inlassablement la même question. A chaque fois qu’il la croisait il y avait le droit. Et à chaque fois, il éludait habilement. « Wendy, je n’ai plus de contact avec elle, c’était précisément le but de notre divorce. » Reprit-il alors en lui adressant un rictus poli en guise de sourire.

En terminant sa phrase, il se tourna vers la porte de sortie. Vitrée. Trahissant toujours le déluge. C’était une issue valable s’il voulait choper la crève. Il pouvait tout aussi bien appeler son chauffeur. Mais quelle image donnerait-il s’il se défilait maintenant. Ce n’était pas une solution viable. « Tu avais des sujets de discussions bien plus intéressants que ça lorsque tu venais dîner. Et si tu redevenais cette femme là? Cesses donc de vivre dans le passé. Elle te donnera des nouvelles si elle le souhaites. » Conclu t-il simplement en s’avançant dans la pièce, contournant la femme qui lui faisait face. Il sortit son portefeuille de son jogging et glissa une pièce dans la machine à café qui trônait à côté de celles distribuant toutes sortes de boissons énergisantes et de barres protéinées. Il avait choisi son poison ce soir-là. « Un café? » . Proposa-t-il alors l’air de rien, sur le ton de la discussion. C’était son métier d’éluder les questions gênantes. Aussi, il resterait là avec elle, autant de temps qu’il faudrait pour qu’elle se lasse de lui poser toujours la même.  
 

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“Pour esquiver la pluie .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : Le cliquetis de la pièce insérée par Arian dans le distributeur retentit dans la salle de sport déserte. En fond sonore, seul le vrombissement du condenseur des frigos des distributeurs se faisait entendre. Ca, et le rouli régulier du tapis sur lequel Leith courait. Le garde du corps n’avait d’ailleurs pas décroché le moindre mot depuis leur arrivée. Les ordres, sont les ordres. Il n’est pas payé pour discuter. Le déluge qui tombait encore au dehors était à peine audible. Il faut dire que la salle se trouvait au rez-de chaussé d’un immeuble de bien des étages. « Les deux. Si je me souviens bien, tu n’es pas une grande adepte de sport. Pourquoi avoir quitté Londres? » Questionna Arian sans aucune délicatesse. Il n’était pas connu pour ça. Et pour l’heure, elle était venue de son plein gré lui adresser la parole. A ses risques et périls.

Le distributeur délivra un premier café qu’il sorti de son réceptacle avant de le poser sur la table haute disponible à côté des machines afin de se poser un peu pour se restaurer. Il recommença l’opération en vue d’obtenir un second café, pour lui cette fois. Vu la soirée, il en aurait bien besoin. « Qu’est ce que tu peux bien en savoir. A moins que ça ai changé, tu n’as jamais été mariée. » Rétorqua t-il toujours sur le même ton, toujours occupé avec la machine à café, il ne daigna pas lui lancer le moindre regard. Ses mots étaient froids. Mais lancé sur le ton de la discussion. Comme s’il ne voyait là aucun problème. Arian avait toujours été direct, au risque, parfois, de se montrer blessant. Il n’en avait toujours eu que faire. « Et tu semble oublier une chose: Ce n’est pas parce que tu n’as pas de nouvelle, que je n’en ai pas. » Lança t-il alors sans ciller. Impossible alors de savoir si cette information avait une valeur, mais il se montrait, une fois encore, bien trop factuel pour ne pas obtenir au moins un minimum de crédit.

Récupérant sa boisson, il la posa également sur la table, prenant place sur l’un des tabourets de bar positionné devant celle-ci, relativement haute. A demi assis, il laissa ses mains glacées envelopper le gobelet salvateur avant de porter son regard clair en direction de la jeune femme. Il demeurait impassible, comme à son habitude. « Tu ne lis pas la presse Wendy? Je n’ai pas d’ami. Tout le monde le sait. » Reprit-il toujours aussi placide avant de porter le gobelet à ses lèvres sans même détourner son regard de Wendy. Il l’observait. Il observait tout le monde. Ce qu’il venait de dire n’était en fait, pas tout à fait vrai. Mais les rumeurs à son sujet allaient bon train et il savait que la presse le décrivait comme un parvenu égoïste et sans attache. Il n’avait jamais démenti. Bien qu’il y ai de grosses nuances à apporter à tous ces dires. Il n’avait pas d'énergie à accorder à des ignares. Et surtout, aucune envie de justifier quoi que ce soit.

D’un geste presque mécanique, il avait reposé le gobelet, le faisant tourner sur lui-même de manière machinale. Il se tempérait. C’était sa façon à lui d'absorber l’agacement. Mais elle avait d’elle même atténué les choses en changeant de sujet. « Effectivement. Je ne vais jamais dans les salles de sport. Je préfère courir dehors plutôt que de m’enfermer dans une salle qui empeste la transpiration. J’ai juste pris un abonnement au cas où. » Avoua t-il sans mal. Bien qu’à présent, l’espace étant vide de presque tout occupant, l’odeur ne l’avait heureusement pas frappé. « Mais toi, pourquoi tu viens ici, aussi tard en plus. Tu pourrais croiser des gens louches. » Acheva t-il alors en posant son menton dans sa main, accoudé à la table. Il la fixait. Sous entendant presque que c’était lui le type louche qu’elle pourrait croiser. Mais il n’en était rien. Si elle le connaissait assez, elle se rappelait qu’il faisait rarement des sous entendu, préférant s’exprimer clairement, la plupart du temps.   
 

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