smells like teen spirit (ange)

smells like teen spirit

@Ange Mayfield ☆ @Balto Laurier

rues de Stokes Croft sept 24

tw : usage récréatif de cannabis, propos vulgaires

Vélo troqué pour la voiture familiale. Quarante-huit heures de repos sereinement écoulées près de la baie. Point d’arrêt non loin de Black Nore. Retour à Bristol aux émotions ambivalentes. Partagé entre un besoin de découvrir les bienfaits d’une journée calme (peut-il ?), sans avoir à penser aux couverts du jour ni à appeler la mère pour s’assurer qu’elle respire toujours d’un demi poumon. Pourtant l’autre moitié du myocarde bat seulement quand les mains sont prises entre palourdes, patates et carottes. Cerveau en ébullition dès que Caleb partage ses menus du jour, créativité renouvelée chaque instant pour satisfaire des papilles gourmandes. Alors, ainsi à moitié allongé sur le siège conducteur, The Strokes en fond sonore, Balto se laisse encore quelques minutes d’une détente arrachée. Les doigts viennent effriter, douce herbe tombant sur une feuille déjà remplie de tabac. Odeur alléchante, complète le bien-être de l’instant. Air frais souffle au travers d’une vitre grande ouverte impossible à fermer. Calme environnant qui ne perturbe rien de l’instant présent. Laisse même quelques secondes s’écouler avant de lécher le papier et entamer le cône joliment dressé. Plonge le crâne en arrière, pupilles fermées. Espoir d’une nuit paisible ; ne pourrait en être autrement quand le futur trentenaire enchaîne thérapie aquatique puis psychotrope flinguant les derniers neurones restants.

Mais cet instant ne peut évidemment durer. Serait trop beau dans une vie qui n'a jamais fonctionné comme un long fleuve tranquille. Bruits de plus en plus présents, comme s’ils s’approchent de la voiture. Ouvre difficilement un œil, suffisamment pour voir des lumières plus vives. Fronce des sourcils, se transforme en pépère appréciant son calme absolu. Se crée trois rides quand y’a un homme qui apparaît trop soudainement dans son champ de vision. N’a pas vraiment le temps de l’observer, savoir s’il le connaît, si c’est même un humain et pas un soudain alien qu’il appuie subitement sur la pédale. Automatisme en écoutant l’inconnu scander des propos. Crie des propos incompréhensibles à son égard, quoi qu’on puisse dissocier entre deux exclamations “Sérieux mais quel con” un grognement en dépassant plusieurs feux rouges “Tu m’as pris pour un taxi ?” serait certainement l’explication la plus probante. Quoi qu’il n’est pas bien certain qu’il soit poli d’ainsi motiver un chauffeur. Sait bien qu’certains souffrent d’un manque de reconnaissance crucial mais de là à monter dans sa voiture dans une impatience qui ne trouve aucune raison ? S’arrête finalement au prochain feu, vert pourtant. Évènements à l’envers dans un cirque qu’il ne capte déjà pas. Jumping Someone Else’s Train à la radio comme seule variable qu’il connaît. “Une destination mon prince ?” Sourcil levé, provocation vient se mêler d’un soupçon de malice. En a un peu rien à foutre d’où il veut bien aller, l’interrogation vient davantage sonner comme une invitation à descendre de sa caisse. Balto qu’a jamais bien l’énergie pour qui que ce soit. C’est qu’il avait une soirée en tête à tête avec dame marijuana ce soir. Dame, d’ailleurs, qu’il remarque éparpillée sur ses cuisses, ne laissant qu’une vive odeur. Se remet à râler, on lui a sucré un bout de plaisir nocif. Va devoir s’en rouler un nouveau, s’apaiser pour se remettre dans un bain d’énergie purifiée. Parce qu’avec un palpitant agressif, battant à mille à l’heure dans l’excitation des derniers évènements, c’est pas ainsi qu’il va trouver apaisement et délice. “Tu provoques souvent le bordel dans la vie des gens comme ça ?” nouvelle pique, mâche difficilement ses mots. Farfadet côté passager dont il se demande par quel hasard il a pu se foutre ici. Impatience à connaître la vérité ou je m'en foutisme à attendre son heure rêvée pour être à nouveau tranquille ?