comme la plupart des midis, les lendemains de flemme, où il n’a pas eu la foi de se préparer un bento, ren se retrouve sur une banquette du five grains cafe, à déguster quelque chose sur le pouce. aujourd’hui pour sa pause, il plante ses crocs dans un panini au poulet, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone, qui joue le tout dernier épisode de one piece.
ren est à ça de bruyamment soupirer son antipathie pour koby, quand son téléphone se met à vibrer avec un appel en face-time de nana brimstone. leur dernier appel remonte au mois dernier, et s’est vite transformé en leçon de cuisine, durant laquelle ren a appris comment faire les meilleures lasagnes aux épinards de l’univers.
ren décroche avec plaisir, et ne perd pas son sourire, même pas quand il se fait réprimander de se remplir la panse de cochonneries. sans surprise, nana lui pose toutes les questions génériques du monde; la cuisine, l’horloge biologique, le système immunitaire, les dépenses, le travail, baguette…, avant de, bien entendu, en venir au sujet ultime: celui des amours. parce qu’elle sent bien, nana brimstone, que ça cache quelque chose, le fait qu’un si bel éphèbe soit encore célibataire, alors qu’il est dans la fleur de l’âge.
jusqu’à présent, ren a toujours su se trouver des excuses. le travail et la stabilité d’abord, nana. ou encore, je cherche rien de sérieux pour l’instant. voire même, je sors d'une rupture difficile, là. il les a toutes essayées. parce qu’il faut ce qu’il faut pour gaslighter sa mamie préférée… qui désespère à l’idée de rendre l’âme avant de pouvoir serrer les enfants des enfants de ses enfants dans ses bras… ren n’a jamais trouvé le courage de lui dire, qu’à moins que son seul et unique cousin décide d’un jour se reproduire, la lignée des brimstone s’éteindra avec leur génération maudite.
il a essayé toutes les excuses — sauf une. « je viens de rencontrer quelqu’un », ment-il autour d’un léger sourire. sans surprise, nana brimstone s’extasie de la nouvelle. ce qu’il n’avait pas anticipé, c’est qu’elle l’accable immédiatement de questions sur l’identité de son partenaire imaginaire. complètement pris au dépourvu, le cerveau de ren se fige. c’est de cette manière qu’il se retrouve à décrire la première personne que ses pupilles rencontrent, lorsqu’il détourne le regard du visage fripé de sa mamie à l’écran. à savoir: l’individu propre sur lui qui attend que sa commande soit prête au comptoir. « euh… il est aussi grand que moi… brun… de type ténébreux énervant, avec des pommettes sculptées à la main par les dieux… un look un peu alternatif… t’sais, avec du vernis à ongles noir et des tatouages », décrit-il, au gré des éléments distinctifs qu’il perçoit chez ce parfait inconnu. « on s’est rencontrés à mon salon », ajoute ren, au moment où leurs regards se croisent et où il réalise, à en juger le rictus qui anime le visage de l’étranger, que ce dernier à tout entendu.
l’estomac de ren se tord quand l’inconnu s’approche après avoir récupéré sa commande, tout droit vers sa table. euh??? mayday… mayday????!!!
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