petits fours et charité ; arian

“Petits fours et charité .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : Arian avait attendu cette soirée avec autant d’impatience que d’angoisse. Mais voilà, c’était maintenant. Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas retrouvé mélée à la foule d’un gala de charité. Quoi que. “Bien longtemps” soit sans doute quelque peu exagéré. Il faut dire que le dernier avait tout de même eu lieu cette année. Quoi qu’il en soit, il avait opté pour un simple costume bleu à cette occasion. La couleur n’était pas choisie au hasard. En effet, l’objet de ce gala était de récolter des fonds en faveur de diverses associations investies dans la recherche concernant le spectre autistique. Et le bleu était, comme certains le savent peut-être, la couleur de cette lutte d’après “Autism Speak” à travers le monde. A leur yeux, cette couleur symbolise le rêve et la vie, parce qu'elle est douce et apaisante, et semble appréciée des personnes autistes qui connaissent souvent des troubles sensoriels. Comment le savait-il? Elisabeth. Sa jeune sœur de quinze ans sa cadette, était elle-même concernée par ce trouble.

A son grand damn, elle ne serait pas présente parmi eux ce soir-là. Elle était retournée à Londres dans la maison familiale quelques jours plus tôt. Et de toute façon, elle n’aurait certainement pas été capable de surmonter les troubles causés par la présence de foule, de bruits et de lumières criardes.

Quoi qu’il en soit, la salle de réception du Waldorf Hotel s’était parée elle aussi de bleu. Contrasté par du blanc cassé afin de ne pas alourdir l’espace. Les meilleurs décorateurs semblaient avoir travaillé à cette ambiance apaisante, mais chaleureuse. Un buffet imposant trônait à gauche de la pièce, proposant tout un tas de mignardises et autre verrine en vue du cocktail dinatoire à priori proposé. Les boissons, elles, étaient servies à droite, laissant l’espace au centre pour une scène improvisée sur laquelle trônait un simple pupitre sur lequel apparaisait clairement un cycle reconnaissable: Le signe infinie paré de multitude de couleur, représentatif de la cause mentionnée ce soir là. Ca et là, des table rondes savamment préparé permettait à ceux qui le souhaitaient de se servir au buffet de venir s’installer. Aucun nom n’était indiqué, le placement était libre. Mais chaque invité avait bien entendu un siège.

De nombreuses invitations avaient été distribuées il y a déjà de cela plusieurs mois. Notamment dans le milieu médical, mais aussi scolaire, et plus largement dans d’autres secteurs. De nombreux convives étaient déjà arrivés. Et la pression retombait un peu pour Arian. Nul doute que la soirée serait un succès. Il s’était entouré des meilleurs pour son organisation. Ca et là, le personnel s’affairait déjà à servir tout un chacun. Au quatre coins de la pièce, la sécurité était également présente. L’ambiance quant à elle, était allégé par un orchestre d'instruments à corde accompagné d’un piano.  Rien n’était laissé aux hasard.

Serrant quelques mains en adressant des sourires poli, Arian semblait bien plus dans son élément qu'ailleurs. Se rendant à la table des boisson, il se laissa servir une coupe de champagne. C’est en se retournant qu’il tomba sur…« Wendy? » Répondit-il ouvertement surpris. Ce soir-là, il semblait moins enclin à masquer ses émotions. Il n’était pas au travail après tout. Pas vraiment. Ceci dit, la présence de la jeune femme était plutôt logique. Compte tenu de son activité professionnelle, elle avait très probablement reçu également une invitation. « Effectivement, ça ne devrait pas me surprendre cela dit. » Sans doute ne comprendrait-elle pas son allusion. Après tout, elle n’avait à l’heure actuelle pas franchement de façon de savoir qu’il était à l’origine de l’organisation de ce gala. Les invitations - à la demande d’Arian - était signée “E.S”. Ce qui n’était absolument pas ses initiales. En vérité, il s’agissait de celles de sa sœur. Mais ça, personne n’avait besoin de le savoir. Une subtilité qu’il gardait pour lui. Personne ne devait avoir connaissance de son existence. Au-delà du courroux de son père qu’il n’était plus très sûr de crainte, il s’agissait aussi de sa sécurité. « Disons qu’ici, le ciel ne devrait pas me tomber sur la tête. » Rétorqua t-il en un haussement d’épaule, regardant machinalement le plafond pour illustrer ses propos. Plafond constellé de LED blanches semblable à un millier d'étoiles. Elisabeth aurait adoré.

Reportant son regard sur Wendy, il la détailla sans gêne. Il restait néanmoins très direct. « Je te retourne le compliment. »  Reprit-il de sa voix grave et toujours sans timbre à l’heure actuelle. Il faut dire que dans ce genre de soirée, les gens avaient quand même rarement l’air de sacs. D’ailleurs, Arian s’était toujours dit que c’était parfois un peu surfait, tout ça.

Bientôt, les lumières se tamisèrent légèrement, et une femme monta sur la petite scène aménagée à cet occasion. Prenant place derrière le pupitre, elle prit la parole d’une voix claire, avec une éloquence maîtrisée. “Mesdames et Messieurs, bonsoir ! Permettez-moi, tout d’abord, de vous remercier de votre présence aujourd’hui. C’est pour moi, comme chaque année, un grand plaisir de vous retrouver, et c’est très chaleureusement que j’accueille ici chacun d’entre vous au nom de notre lutte.Cette soirée est un de ces moments d’échange autour d’objectifs communs, où nous nous retrouvons tous.” amorça-t-elle alors avec chaleur et conviction. Nommant les quelques associations mises à l’honneur et détaillant l’objet de la récolte de fonds ainsi que le déroulement de la soirée et les animations disponibles, elle acheva son discours par: “Mais assez parlé, je laisse désormais la place à notre mécène, sans qui l’organisation de ce gala n’aurait pas été possible”. Les applaudissements se firent nombreux. Arian se pencha alors vers Wendy afin qu’elle puisse l’entendre. « Je reviens dans une minute. » Précisa t-il avant de parcourir les quelques pas qui le séparait de la scène d’un pas cadencé, sans aucune précipitation. Il monta les deux marches et tendit une main à la femme qui venait de prendre la parole, la gratifiant d’un large sourire avant de prendre place derrière le pupitre, face à l’auditoire du jour. C’est avec beaucoup d’aisance qu’il reprit la parole, après que le calme soit revenu dans la salle. « Et bien que rajouter d'autres. Je pense que Madame Coolidge ici présente en a déjà dit beaucoup. Mon nom est Arian Lloyd, vous me connaissez peut-être pour d'autres raisons que l’objet du gala de ce soir. Je veux que vous sachiez que ce ne sont pas les instituts Wellness qui sont à l’origine de cette soirée. Elle est à mon unique initiative et les fonds seront effectivement entièrement reversés aux associations citées plus tôt. Si vous avez été convié ici ce soir, c’est parce que nous pensons que de part vos activités, vous êtes potentiellement confrontés, de près ou de loin, aux difficultés que peuvent représenter l’encadrement et l’accompagnement de personnes touchées par l’autisme. Mais aussi parce que je suis convaincu qu’à titre privé, nous avons la possibilité de mobiliser bien plus de ressources  utiles et disponibles qu’en attendant que les regards publics se tournent vers la cause. Alors, profitez de votre soirée, nous comptons sur vous.  » Le discours était bref. Ce n’était pas “son gala”. C’était bel et bien celui des associations représentées. Gratifiant les convives d’un sourire radieux que peu de gens lui connaissent sans doute, il quitta la scène pour retrouver sa coupe de champagne, tendue par l’un des commis. Il le remercia d’un signe de tête avant de revenir vers Wendy; A partir de maintenant, les organisateurs se débrouillent. Il n’était plus qu’un convive comme les autres. Quoi que, moyennement puisqu’il fût arrêté à plusieurs reprises avant de pouvoir rejoindre Wendy.

C’est bien plus détendu que lors de leur dernière rencontre qu’il reprit. « Je dois bien admettre que je n’ai pas pensé que tu viendrais à ce type de gala. » Prévint Arian simplement, sans trop savoir pourquoi elle ne serait pas venue. Il ne la connaissait pas assez pour juger de ses hobbies. Il remarqua malgré tout qu’elle ne lui avait pas encore parlé de Marion et en venait à se demander quand est-ce que ça viendrait.

Invités par les organisateurs, les convives s'installent peu à peu à table. Arian se dirigea machinalement vers la table la plus proche de leur position. « A moins que tu aies des amis à rejoindre, tu peux venir à notre table si tu veux. » Proposa t-il alors que quelque personnes s’installaient à la même table qu’Arian. Il connaissait pas mal de monde en réalité. Certains par le travail. D’autres par des activités annexes. D’autres pas du tout, à vrai dire. Il avait laissé les organisateurs faire.    
 

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“Petits fours et charité .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : Le gala débutait. Le discours d’ouverture passé, l’appréhension s’était envolée et à présent, Arian pouvait profiter de sa soirée. Il n’avait pas forcément trop fait de retours aux précédentes annonces de la jeune femme qui était devenue malgré elle, sa partenaire de la soirée. C’est en prenant place à la table qu’il y apporta une réponse. « Il aurait été très mal venu de ma part de venir ici vêtu d’une tenue de sport. Même si j’admet que ça aurait été bien plus confortable. » Précisa t-il alors en récupérant sa coupe de champagne que l’un des serveurs venait de poser devant lui. Le gratifiant d’un signe de tête en guise de remerciement, il reporta son regard clair en direction de Wendy, tout en portant sa coupe à ses lèvres. Il est vrai qu’il ne pouvait pas nier que le costume n’était pas la tenue la plus confortable qui soit. Même si, par chance, les siens étaient tous taillés sur mesure.

« Plein de surprises? Je ne sais pas, c’est peut-être que tu n’étais pas bien renseigné. »  Précisa-t-il alors en lui adressant un clin d'œil. Il était bien plus détendu maintenant que l’organisation était faite. Les gens s'installent peu à peu. Lui se contenta de répondre à Wendy. Il n’était même pas allé chercher de quoi se restaurer pour le moment. « Un garde du corps hein? Ok alors, il me faut au moins ça. » Assura t-il alors que son regard parcourait la pièce. A vrai dire, il en comptait au moins quatre. Effectivement là pour la sécurité de l'événement, mais certains d'entre eux faisaient partie de son effectifs personnel et avaient des ordres très stricts le concernant. On est jamais trop prudent lorsqu’on organise un évènement de cet ampleur sans prévoir de reverser le moindre centime aux colombiens. « Pas trop ne signifie pas, pas du tout. Tu perds ton temps si tu comptais sur l’alcool, cette coupe sera à la fois ma première et ma dernière. » Prévint il alors avec une certaine malice. Il ne mentait pas. Arian ne buvait jamais beaucoup. Pas assez pour que qui que ce soit profite de sa faiblesse. D’ailleurs, faible, il ne pouvait pas l’être. Impossible. Il en allait de sa propre vie pour tout dire.

La question tomba. Effectivement, rien de surprenant après tout. Si elle l’avait questionné sur Marion, il était naturel qu’elle le fasse aussi pour ça. « Je m’étonne de constater la curiosité qui t’anime pour tous les aspects de ma vie, je vais finir par me poser des questions Wendy. » Assura t-il alors, facétieux, dans l’unique but de la mettre dans l’embarras. Contournant habilement la question par la même occasion.

Deux personnes ne tardèrent pas à rejoindre la table. Quatre sièges disponibles, les quatre étaient désormais pourvus. L’une étant la femme à l’origine du discours d’ouverture, madame Coolidge. L’autre, un homme d’environ soixante cinq ans. Le sourire d’Arian disparu presque instantanément alors qu’il portait son regard sur eux deux. La femme pris la parole en premier. “Si ça ne vous fait rien, nous nous joignons à votre table. J’ai croisé Monsieur Lloyd au buffet, je ne savais pas que votre père nous faisait l’honneur de sa présence Arian !” Lança t-elle, pleine d’enthousiasme.

Si Arian était surpris, il n’en montra pas le moindre signe, retrouvant son masque de marbre en un instant. Le switch était tellement fulgurant qu’il n’en était presque pas humain. Ceci dit, à en juger par la faciès de l’homme qui lui faisait désormais face, il avait de qui tenir. Monsieur Lloyd père ne montrait pas la moindre émotion. « Bonsoir père. » Avait-il simplement formulé. Sa relation avec son père n’était pas conflictuelle. Il était certes un homme dur, mais il n’avait pas de courroux envers lui. Néanmoins, sa présence ici n’était pas de bonne augure. Arian ne l’avait pas invité, ni consulté pour la mise en place de cet évènement. Et bien qu’il soit majeur et vacciné, probable que ça ne passe pas. Vraiment pas.

L’homme répondit par un signe de tête en guise de salutation, avant de tourner son regard clair - à l’instar de celui de son fils - en direction de Wendy. “Tu l’as finalement remplacée hein? Tu aurais pu nous en parler au moins.” Lança Monsieur Lloyd à l’adresse de son fils sans détourner son regard de la jeune femme. Arian réprima un soupir, qu’il savait très mal venu en présence de son père et de son amour du protocole. « Vous vous trompez. Wendy est une…amie. » Précisa simplement Arian comme s’il devait se justifier. Il restait néanmoins distant. Plus aucun sourire n'existait sur son visage désormais. Il semblait mesurer ses mots. Aucune réponse ne vint à cette annonce. Arian se leva simplement. « Bien, je vais chercher quelque chose à manger. » Précisa t-il simplement, désamorçant la situation. Son pas n’était pas précipité, mais il aurait pu l’être s’il ne s’était pas maîtrisé. Si son père était là, ce n’était pas un hasard. Il n’approuvait pas. Restait à savoir jusqu’à quel point et comment il comptait le lui signifier. Il le savait calculateur, aussi, il s’attendait à tout.

Parvenu au buffet, il soupira profondément. Il n’avait clairement pas besoin de ça. La presse n’allait probablement pas rater l’information. Manger….C'était le plan A pour oublier cette histoire un instant. Il aviserait ensuite. Il entreprit donc de remplir une assiette de quelques mignardises. Prenant un temps méticuleux pour faire son choix, retardant au maximum le moment où il devrait se rasseoir.
   
 

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“Petits fours et charité .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : A l’annonce de la jeune femme, Arian ne pu que s’imaginer cette salle remplie de gens affublés de tenues de sport. Non. Décidément. Inconcevable. Même pour lui. Il avait toujours été habitué à un certain standing. Aussi, s’il était possible de le dérider sur certains sujets, probablement pas celui-ci. « Hum…Non, très mauvaise idée »  Assura t-il sans que l’on sache vraiment s’il prenait le sujet au sérieux ou pas. Quoi qu’il en soit, tous deux passèrent rapidement à autre chose. Et la jeune femme admit que peut-être n’avait-elle pas posée assez de question à son sujet. Une fois n’était pas coutume. Et d’ailleurs: « Pas dit que j’y aurais répondu de toute façon. Quant à Marion…Pas dit non plus » Admis Arian sans le moindre mal. Prétendre le contraire eut été un mensonge. Pas qu’il n’en prononce jamais, mais il les masquait bien plus habilement habituellement. Il n’avait pas la réputation d’être un livre ouvert. Et même s’il était plus détendu dans ce genre de soirée, il en demeurait quelque peu opaque. Ceci dit, il ignorait complètement ce que son ex-femme aurait bien pu raconter sur lui à ses amis. Il ne lui connaissait cependant pas un tempérament de commère. Si elle l’avait été, ses parents ne l'auraient jamais encouragé à l'épouser.

Wendy reprit, alors que le regard d’Arian balayait les yeux, faisant l’inventaire silencieux de tous les agents de sécurité. Il reporta son regard sur elle, haussant un sourcil. « Ah oui, c'est très impressionnant. Nul doute que ça me sera très utile » Reprit-il d’une voix sans timbre. Il avait néanmoins esquissé un sourire. Comprenant la plaisanterie. Il n’était pas très second degré, mais tout de même, il ne pouvait pas être binaire à ce point. Elle n’imaginait pas à quel point elle pouvait se tromper. A quel point il ne pouvait pas franchement plaisanter avec ça. A quel point il pouvait parfois vivre dangereusement, malgré ses airs de parfait businessman. A quel point elle ne ferait pas le poids s' il devait être pris pour cible. C’était presque ironique. Non. Ça l'était complètement.

Bref. Le champagne lui plaisait. C’était une bonne chose. De toute façon, ce n’était pas lui qui l’avait choisi. Et pour cause: « Pour être tout à fait franc, je ne raffole pas du champagne. J’ai laissé les organisateurs choisir celui-là. Heureux qu’il te plaise. » Pour sa part, il avait le brandy en préférence, ou un bon rhum. Mais ce n’était pas le genre de soirée pour ça. Aussi, il avait opté pour l’alcool socialement admis ce soir-là.

Mais arriva Monsieur Lloyd père et la discussion demeura là. Arian ayant habilement quitté la table. Nul doute qu’il serait contraint d’y retourner, mais pour l’heure, il préférait choisir entre les toast à l’avocat ou les verrines au saumon. Oh et bien merde. Il prendrait les deux. Après tout, c’était lui qui avait payé tout ça hein. Wendy ne tarda d’ailleurs pas à le rejoindre. C’est vrai qu’il ne lui avait pas forcément fait de cadeau en la laissant planté là bas seule. Ceci dit, il la savait peu timide. Et bien qu’impressionant, son père était un homme poli. Jamais il n’aurait fait d’esclandre en public. « M’attirer des ennuis? Je suis adulte Wendy. » Souligna t-il simplement sans même lever les yeux vers elle, trop occupé à remplir son assiette. Ceci dit, il avait un peu peur de la suite. Il faisait néanmoins tout son possible pour conserver un air neutre. Elle ne devait pas déceler chez lui le moindre doute concernant ce qu’il venait de se passer. Elle s’y engouffrerai sans aucun doute avec toutes ses questions auxquelles il ne pourrait pas répondre.

Mais alors qu’elle déroulait la suite, il se stoppa. Sa stupeur ne dura qu’une fraction de seconde, il parvint à la faire disparaître aussitôt au profit de son masque impassible. « Tu as dis quoi? » Questionna t-il alors, comme s’il n’avait pas entendu. Il avait entendu. La question était purement rhétorique. De toutes les idées de la terre, il avait fallu qu’elle ait celle là. Et pour le coup, si tout un chacun pouvait croire que c’était les mots en eux même qui le surprenait, ça n’avait rien à voir. Elle avait, sans le savoir - comment aurait t-elle su - mis un pied dans quelque chose qui la dépassait complètement. A présent, Arian faisait usage de toute sa maîtrise pour conserver un faciès impeccablement dénué de sentiments. Elle ne devait pas voir l’inquiétude poindre dans son regard. Et pour cause. Le nom de Lloyd était quelque chose de sacré aux yeux de son père. Marion avait été choisie pour le porter, bien que Wendy l’ignore probablement. Et….Il se trouve que Marion…a disparu. Si son père croyait un instant aux dires de Wendy, elle était dans une situation bien plus complexe qu’un simple jeu. Mais si Arian indiquait qu’elle avait menti, nul ne savait ce qu’il ferait. « Oui, allons sur le balcon. » Acquiesça t-il en troquant son assiette contre un deuxième verre de champagne. Trahissant ainsi l’annonce faite plus tôt. Il était rare qu’il déroge mais là, ce n’était pas de nourriture dont il avait besoin pour gérer ça.

Parvenu sur le balcon, il inspira profondément, avant de soupirer longuement, glissant sa main libre sur sa nuque. Il était bien plus tendu que précédemment.« Ecoute Wendy…Ce n’est pas un jeu... » Précisa t-il alors. Il ne semblait pas fâché. Il ne l’était pas. Cette discussion pourrait sembler anodine. Elle ne l’était pas. Et là, il ne voyait pas bien comment gérer ça sans trop lui en dire. « Mon père prend ça très à coeur…S’il croit ce que tu viens de lui dire, il va vouloir en savoir plus sur toi. »Et ta famille, et tes amis, et ton chien…Et tout ce qui t’entoure pour pouvoir mieux te détruire si besoin. Mais bien évidemment, ça, il ne pouvait pas le lui dire. Il ne pouvait pas lui dire non plus que s’il croyait à tout ça et n’approuvait pas l’union - bien qu’elle soit fictive - il ferait en sorte qu’elle ne dure pas. Par tous les moyens. Tous. Et une simple farce se transformait en drame. Seulement pour Arian qui voyait déjà la tâche d’encre grandir sur le papier pour en atteindre les bords, là ou Wendy ne voyait qu’une minuscule goutte qui sèche aussitôt déposée.

Sans doute devait-elle se dire qu’il prenait ça bien trop au sérieux. Elle aurait raison, de son point de vue. Mais elle n’avait pas toutes les informations. Lui si. Il réfléchissait. « Tu lui as donné ton nom?. » Question anodine, mais en fait, il connaissait assez bien son père pour savoir qu’il ne ferait probablement pas de recherche si Arian désamorçait tout de suite le truc. En revanche, s’il savait déjà à qui il avait à faire, il déroulerait la pelote de laine sans vergogne.

Il porta sa coupe de champagne à ses lèvres. Ses pensées se bousculaient dans son esprit alors qu’il réfléchissait à un stratagème pour désamorcer la chose. Elle ne devait pas passer pour une menteuse - il a horreur de ça - mais elle ne pouvait pas avoir raison - il n’approuverait pas - et donc….Une idée lui vint. « Tu lui as dis quoi exactement? Qu’on se fréquente? Depuis longtemps? » Il avait besoin de précision pour que son idée soit plausible. Quoi de mieux qu’une relation éphémère pour cocher toutes les cases. Pas de risque de mariage, pas de mensonge. Elle était blanchie. Il devenait son alibi, sans même qu’elle n’en ait conscience, en fait.
   
 

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“Petits fours et charité .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : Comme elle l’avait pressenti, il avait éludé habillement - ou pas, pour le coup - toutes les questions qui avaient suivi. Il avait néanmoins esquissé un sourire bref à certaines de ses annonces. Trop sérieux? Combien de fois on le lui avait dit. Mais le fait est qu’il avait appris très jeune à être capable de montrer deux visages. Véritable acteur dans l’âme, il avait une capacité surprenante à camoufler la moindre émotion. Un atout majeur dans son milieu. Et bien qu’il ne soit effectivement pas le plus enjoué des hommes, il savait aussi s’amuser. Mais force était de constater que ce n’était ni le lieu, ni le moment à ses yeux. Sans parler du fait que pour l’heure, il connaissait trop peu Wendy pour ça.

La suite des “réjouissances” se déroulerait donc sur le balcon. Soit. Fort heureusement il s’agissait d’un balcon relativement grand. Une vingtaine de mètres carrés à vue d'œil. Arian notifia cet élément dans son esprit comme s’il avait son importance. Évidemment, ça n’en avait aucune. C’était sa façon à lui de rester concentré. Il aurait pu ne pas s’occuper de quoi que ce soit. Mais il ne maîtrisait pas complètement les conséquences. Il savait son père très méfiant. D’autant plus lorsque cela touchait à sa famille. Arian ne pouvait que trop le savoir. Il avait été éduqué toute sa vie pour faire ce qui devait être fait, pour succéder à celui qui avait bâti l’empire. Il savait pertinemment que son père n’avait pas l’habitude de s’encombrer d’un grain de sable dans les rouages. Et Wendy était devenu un grain de sable.

Et s -  il devait bien l’admettre - Arian avait la même facilité que son père à balayer les encombrants, il ne pouvait pas cette fois ci. Pourquoi d’ailleurs? Il se posa intérieurement la question alors qu’elle reprenait en mentionnant les intentions sous-jacentes de Monsieur Lloyd père. « Il veille au bon fonctionnement de la société, c’est tout. »  Nuanca simplement Arian d’une voix qu’il était de nouveau parvenu à rendre sans timbre. Non sans mal. “C’est tout”. Sa réponse pouvait sembler anodine. Elle trahissait néanmoins le fait qu’il ne se rende même pas compte que lui-même et la société ne faisait qu’un aux yeux de son père. Arian incarne les Instituts Wellness. Et les Instituts Wellness font partie intégrante d’Arian. Ca en avait toujours été ainsi. Il était né pour ça. Et finalement, aucun conflit n’était jamais né de ce fait puisque Arian n’avait jamais rien trouvé à y redire. D’ailleurs, en dehors des instituts, c’était bien l’activité annexe qui comptait aux yeux de son père. Mais l’un n’existait pas sans l’autre.

Ceci dit, ça ne l’aidait pas. Jamais Wendy ne comprendrait qu’il prenne les choses autant à cœur compte tenu de la banalité de la situation. Il avait beau minimiser tout ce qu’il voulait, le simple fait qu’il réagisse prouvait que quelque chose clochait. Pourquoi avait-il fallu que son père se mêle de cette soirée?

En proie à la réflexion, il laissa Wendy s’exprimer, gardant le silence. Pensif, bien qu’il tente de le dissimuler avec l'habileté dont il avait appris à faire preuve. Il ne la quitta néanmoins pas une seconde du regard. Elle avait donné son nom…Et c’est vrai que cette page wikipédia n'aidait pas. D’ailleurs, il était presque certain qu’il était en ce moment même entrain de la consulter. « Crois moi Wendy, si j’avais voulu être rabat-joie, j’aurais pu l’être bien plus. » Lança t-il simplement, peut-être un peu par mégarde. Il n’était habituellement pas du genre à semer des petits graviers. Mais pour le coup, il ne pouvait pas dire plus vrai, même s’il ne pouvait pas en dire plus. S’il l’avait fait, il y avait deux options: Soit elle ne l’aurait jamais cru, ce qui était probable, soit elle aurait appelé la police. Ce qui était encore plus hautement probable. Et il n’était clairement pas prêt à prendre un tel risque.

Il avait beau avoir été formé toute sa vie durant pour ce type d’activité. Il savait pertinemment qu’il avait les mains sales. Depuis longtemps. Et que même s’il avait été suffisamment habile pour ne laisser aucune trace, une épée de Damocles trônait haut au-dessus de sa tête. Elle avait été placée là dès le berceau et y demeurerai probablement encore longtemps. C’était d’ailleurs un peu sa quête, briser l’épée. « Tout ce que tu as besoin de savoir, c’est que mon père est très attaché aux traditions familiales et qu’il peut se montrer très difficile à gérer quand il pense que quelqu’un est sur le point d’entrer dans la famille. Je suis surpris que Marion ne t’en ai pas parlé. »  Reprit-il en une explication vague ayant pour vocation de trouver un sens à ce qui ne pouvait pas en avoir.

Il fût néanmoins surpris de voir qu’elle proposait des solutions. Il haussa un sourcil, ne pouvant pas caché son étonnement. Il ne l’aurait pas pensé si participative. Où était l’avalanche de questions? Il ne s’en plaindrait cependant pas. « Alors, oui c’est une option. Mais sans parler de mon amour propre, il n’est pas dupe, ça serait trop gros. Toi et moi, ça ne doit pas être une relation stable d’accord? Tu es totalement contre la moindre idée de mariage. » Lança Arian d’une voix on ne peut plus sérieuse. Son affirmation finale n’avait évidemment pas vocation à prétendre quoi que ce soit, il ne la connaissait pas assez pour ça. Il énonçait là ce qu’elle devrait prétendre pour que ça passe - peut-être. « Disons qu’à aucun moment il ne doit croire que tu es amenée à porter le nom que je porte. » Précisa t-il. Visiblement pas à l’aise dans l’exercice. Il était très doué pour prétendre à tout un tas de choses. Mais ce cas de figure ne lui était encore jamais arrivé. « Nous allons retourner à table, notre absence a sans doute déjà été remarquée »  Précisa t-il alors. Vidant d’un trait sa deuxième coupe de champagne de la soirée. Il n’eut pas le temps de faire volte face, son père était déjà dans l’encadrement de la porte. “Alors les tourtereaux? Vous nous faites faux bonds?” lança- t-il alors qu’Arian se figeait presque imperceptiblement. “Je passait dire au revoir. Je ne voudrais pas gâcher votre petite fête.” Il se tourna alors vers Wendy, la détaillant des pieds à la tête, sans gène. “Neurochirgienne hein? Fils, tu as appris semble t-il”. Lança t-il alors en riant, trahissant une espère de validation silencieuse avant de reprendre. “On se voit demain Arian, j’ai des choses à te dire”. Lança t-il alors avant de faire volte face. Arian, séché, resta de marbre, ne sachant pas trop quoi faire de cette information, presque comme un gamin pris au dépourvu. Il ne savait pas trop si son père se jouait de lui ou pas. Mais une chose était sûre. Wendy ne serait pas tranquille. Il tramait quelque chose. « J’aurais préféré qu’il ne te mêle pas à nos histoires de famille » Précisa simplement Arian en reportant son attention en direction de Wendy. Notant intérieurement qu’il allait devoir trouver une stratégie pour savoir quels projets avaient son père la concernant, désormais. Elle n’était probablement pas aussi en sécurité qu’elle le pensait.
   
 

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“Petits fours et charité .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : La soirée ne se passait décidément pas du tout comme Arian l’avait imaginée. Pour autant, il n’était pas du genre à se laisser décontenancer par si peu - si tant est que l’on puisse parler de “peu” -. Il avait appris à faire face à bien des situations bien plus délicates, et celle-ci ne faisait pas exception. D’ailleurs, outre le désagrément que lui causait son père, c’était davantage le fait que Wendy y soit mélé qui l’agaçait. Il la savait curieuse. Elle était bien loin d’être une femme dénuée d’intelligence et il était probable qu’elle sache qu’il ne lui disait pas toute la vérité. Comment aurait-il pu?

Néanmoins, une chose était sûre. Elle ne se doutait pas de l’étendue de la situation. Gageons qu’elle se contente de croire à une père difficile et un fils pas franchement plus simple. La toile d’araignée qui se trouvait derrière eux étant bien trop complexe pour qu’elle puisse en mesure l’étendue seule.

Elle n’avait pas prêté attention aux éventuels dires de Marion. Bien. C’était déjà une bonne chose. Arian l’avait écouté sans desserrer la mâchoire. Il n’était pas question pour lui de lui fournir davantage d’éléments pour le moment. Elle en savait déjà bien trop.

Il ne reprit la parole qu’après le départ de son père. « Fuir hein? C’est peut-être le mieux à faire. » Admit-il alors en reportant son regard clair en directement de la jeune femme. Son annonce pouvait sembler presque lugubre. Elle n’avait pas vocation à l’être mais c’était peut-être la décision la plus censée. Ceci dit, Arian savait pertinemment que le fait qu’elle quitte la soirée ne la mettait à l'abri de rien. Et pour l’heure, si son père croyait vraiment à leur pseudo union - bien qu’Arian en doute fortement - elle n’était pas en sécurité. Ceci dit, s’il se montrait trop protecteur, elle se douterait de quelque chose. Ils n’étaient pas assez proches pour qu’il le soit. « Je ne peux pas quitter la soirée, mais je peux demander à ce qu’un chauffeur te raccompagne si tu veux. Je te dois bien ça. J’ai conscience que la situation semble déroutante, mais je ne peux pas te l’expliquer. Il est comme ça. » Précisa-t-il en une tentative quasi désespérée de surveillance camouflée. Il était fort probable qu’elle soit venue par ses propres moyens. Mais après tout, qui ne tente rien n’a rien.

Il avait néanmoins pris les devant, prenant son téléphone dans la poche intérieur de son veston, il avait signifié par écrit à l’un de ses gardes du corps de ne pas lâcher Wendy d’une semelle, discrètement. Et il pouvait lui faire confiance, tous étaient dotés d'excellentes capacités et ne l'avaient jamais déçu. Et pourtant, sa vie, il la mettait régulièrement en jeu. Ceci dit, se départir d’un atout n’était pas franchement sécuritaire pour lui, il fallait qu’il songe à recruter.

   
 

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“Petits fours et charité .” Arian Lloyd & Wendy Bradford : Si pour lui, la soirée était loin d’être terminée, force était de croire que c’était le cas pour Wendy. Incroyable comme une petite phrase lancée au hasard avait fait basculer sa vie, sans même qu’elle ne s’en rende compte d’ailleurs. C’est avec une inquiétude grandissante, mais habilement dissimulé qu’Arian dû la laisser partir ce soir-là. “Ne t’inquiète pas” disait-elle. Comment aurait-il pu ne pas s’inquiéter? Elle ne mesurait pas l’étendue des difficultés à mesure. L'étendue du danger qui planait sur elle. En une soirée, l’épée de Damoclès habituellement au-dessus de la tête de Monsieur Lloyd fils avait migrée subtilement au-dessus de Wendy. Fantomatique. Invisible. Mais Arian, lui, la voyait. Il ne connaissait que trop bien les méthodes de son père, et par extension, de son entourage.

« Moi aussi. Rentre bien. Bonne soirée Wendy. » répondit-il simplement tout en la raccompagnant vers la sortie de l'Hôtel. Mais alors qu’elle quittait les lieux, son regard se tourna vers une voiture noire garée un peu plus loin. Les phares s’allumèrent alors que la neurochirurgienne montait dans sa voiture. A partir de maintenant, tant qu’Arian ne changeait pas d’avis, elle ne serait plus jamais seule. Même s’il était hors de question qu’elle le sache.

Le regard clair du dirigeant suivit les deux véhicules jusqu’à ce qu’ils aient disparu. Retournant à l'intérieur pour faire ce qu’il savait faire le mieux: semblant.


   
 

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