Good morning Bristol - (Dhruv)

Ma journée a mal commencé. Commencer par une panne de réveil n’est pas le meilleur moyen pour entamer une journée. Je me suis fait avoir bêtement. Le coup classique du « Encore cinq minutes » en éteignant mon alarme. Trop naze, je n’ai pas pensé à la reporter. Résultat, j’ai rouvert les yeux une demi-heure plus tard. J’ai bondi de mon lit en découvrant l’heure. J’ai tenté de rattraper ma boulette de mon mieux. J’ai zappé mon petit déjeuner. Je me suis limitée à un café englouti sur le pouce quand même. Je me suis lavé seulement mon visage, la douche revitalisante attendra ce soir. J’ai coiffé mes cheveux en bataille en un chignon grossier pour masquer mes épis. Quelques mèches rebelles en sorte malgré tout. Niveau fringues, je ne me suis pas cassé la tête. J’ai enfilé mon jean troué de la veille, j’ai attrapé le premier débardeur propre dans mon armoire – je me retrouve avec le noir un peu trop long pour ma carrure avec d’inscrit « Play with style » à hauteur de ma poitrine et un imprimé de manette – et j’ai sauté dans ma paire de baskets. J’ai quitté mon appartement avec vingt minutes de retard sur mon planning habituel. J’ai grappillé dix minutes. Il m’est impossible de grappiller les vingt minutes restantes pendant le trajet jusqu’à ma boutique. En revanche, je pense être capable d’en récupérer la moitié avec ma conduite !

J’ai été méga optimiste. Je suis prisonnière de la circulation. Je me retrouve bloquée derrière un 4x4. Son chauffeur ne semble pas savoir où se situe la pédale de l’accélérateur tant il roule lentement. Avoir autant de puissance sous le capot pour ne pas avancer est un gâchis. Encore un kéké qui veut se la raconter à tous les coups ! Comme si une bagnole reflétait la personnalité. Bref. Vue l’étroitesse des rues, il m’est impossible de le doubler sans mettre en danger les voitures qui arrivent en face. Je me contente de pester dans mon habitacle. Agacée, je suis tentée de le pousser. Il a de la chance que je tienne à ma voiture. Je ne veux pas l’abimer – bien qu’elle ait déjà quelques bosses. Sans être matérialiste, je l’aime ma petite citadine. Sans compter que sa taille est idéale pour se garer en ville. Je joue des insultes et du klaxon. Ça ne fait pas avancer plus vite le gus de devant, mais ça me défoule. Le conducteur me rend mes noms d’oiseau. Je réplique d’un doigt d’honneur. Hors de question que je me laisse faire même si je suis l’initiatrice de l’embrouille. Au bout de deux minutes – une éternité à mes yeux – il finit par tourner à droite et me libérer la route. Évidemment sans mettre son clignotant ! Je lui offre un ultime lever de majeur avant qu’il disparaisse de mon champ de vision. Bon débarras et à jamais !

Avec ce blaireau, mon retard n’a pas diminué. Je suis condamnée à arriver à la bourre malgré mes efforts. Je ne suis pas plus prudente pour autant. Au contraire, je reste nerveuse. Tout ça est la faute du gars précédent ! Il m’a excédée ! Et il l’a tellement fait que j’en oublie la base de la conduite : regarder devant soi. J’aperçois que trop tard ce jeune homme qui s’engage sur le passage piéton. Je me lève sur mon frein. Je stoppe ma course avant de l’écraser. Par contre, il y a eu un choc quand même. Et la silhouette est tombée par terre. Quelle poisse ! Ce n’est vraiment pas mon jour. Nullement fataliste, je suis proche de croire qu’il est écrit quelque part que cette journée devait être horrible. Et dire qu’on n’est encore que le matin. Ça promet ! J'ouvre ma portière, je descends de ma voiture et accours aux côtés de ma victime. « Je suis sincèrement désolée. Ça va ? Rien de cassé ? » A priori non. De visu, l’individu semble entier. De plus, il ne hurle pas à la mort et est conscient. J’ai toutes les raisons de penser que je m’en sors très bien. Je lui tends ma main pour l’aider à se relever. Le tout accompagné d’un large sourire pour me faire pardonner. C’est un minimum et une incitation à ne pas me faire engueuler pour mon attitude bien que ce serait légitime.